Chapitre 22

Evra Bello

Journée pourrie. Sophie a été aux petits soins avec moi. Elle est passée au bureau avec un délicieux plat de gombo qu’elle a cuisiné pour moi. L'imposteur qui se cachait derrière son pseudo a bien essayé de m’avoir. J’ai douté de ma bien aimée par sa faute. Je suis certaine que c'est une magouille d'une de ses amies pour nous séparer. Cette autre flamme a fermé son compte. Si jamais je mets la main sur elle, elle risque de me sentir passer.

Je remarque que le site m'a trouvé un « match », une personne qui irait parfaitement avec mon profil. Poussé par la curiosité, j'y jette un coup d’œil et que ne fut pas ma surprise de  constater que c’est cette jeune femme de mauvaise foi, cette hypocrite, mesquine et combien détestable Sarah Johnson, l’usurpatrice du siècle. Celle là même qui n'a pas hésiter à faire croire aux clients de Sophie qu’elle était la propriétaire de la boutique de vêtements, celle là même que Sophie de bon cœur a accueilli chez elle et qui n’a pas hésité à lui voler sa maison.

D’ailleurs je vais déposer une plainte au tribunal à cet effet.

J'aurais dû, mais surtout j'aurais voulu ignorer, que ce fichu site dit qu'elle est ma paire parfaite.

Impossible de lui parler en gardant la vraie identité.

La seule option qui s'offre à moi c’est de créer un nouveau compte avec quelques petites fausses informations pour tromper le système. Après avoir créé une nouvelle adresse mail, j’ai pu créer mon compte en tenant compte des renseignements qu’elle adonnés. Sa fiche marquait « Sarah Johnson, 25 ans. Jeune femme bien dans ses talons, désireuse de trouver l’à peu près de la perle masculine (encore que je sais que ça n’existe pas.). Plaisantin s'abstenir, car recherche d’une prise en charge totale… »

Je calque ma fiche suivant ses dires en mentionnant mon désir de prendre soin de mon éventuelle moitié à cent pour cent, comme au temps des grands parents. Je voulais passer pour un pro féministe.

Je sais qu'elle a dû recevoir une alerte comme quoi elle a un « match » parfait. Connaissant un peu la personne qu'elle peut être, elle ne me fera pas signe. Ayant besoin d'aller à la pêche aux informations, je n’ai nul autre choix que de lui écrire le premier. Je vais rapidement prendre une douche, histoire d’être prêt à dormir à tout moment de la conversation.

Quand je reviens dans mon lit, je constate qu’elle m'a écrit. Ça je ne m’y attendais pas le moins du monde.

-Sarah : bonsoir ’’havre-B’’

Je le reconnais, je n'ai pas cherché loin. J'ai mis le H de mon second prénom auquel j’ai inversé mon prénom usuel Evra et j’ai ajouté le B de mon nom.

-havre-B : bonsoir  Sarah.

-Sarah : j’ignorais que des hommes comme vous existaient. Heureuse de le savoir.

-moi : et si vous me parliez de vous ?

-Sarah : qui s’y mieux que les autres pour parler de soi…mais je vais essayer de m'y atteler. 25ans, je suis en poste dans une structure financière où j’occupe un poste aux ressources humaines. Je n’ai pas eu une vie facile, mais j'ai eu la grâce de trouver une bonne âme qui m’a soutenue et aimée

Il faut dire que sa réponse m'ait quoique peu déconcertée. C'est une fausse fille, je pensais qu’elle se serait vantée d’être une responsable mais elle fait preuve d'humilité.

-Sarah : et vous ? On pourrait se tutoyer si ça ne dérange pas

-moi : moi que pourrais-je bien dire ? Je suis un petit acteur économique. Je me débrouille mais je m’en sors plutôt bien. Dis-moi qu’est ce qui pousse une jeune femme comme toi à chercher des relations sur un site de rencontre ? Enfin si ce n’est pas indiscret…

-Sarah : Ô que non ça ne l'est pas. En fait je suis pour une solitaire et la seule personne que j’ai qui est ma meilleure amie, ma sœur Sophie m'a conseillé de commencer par là.  Je ne sors pas du tout. Ma vie se résume à mon travail et mon activité, l’église et la maison.

-moi : activité ?

-Sarah : oui je fais dans la vente de vêtements pour femmes…

Elle continue de dire qu’elle fait dans la vente de vêtements ? Et elle dit que sa seule amie c'est Sophie. Ma Sophie ?

-moi : n'as-tu pas de famille ?

-Sarah : nous en parlerons avec le temps

-moi : entendu

-Sarah : je vais devoir te laisser car demain j’ai une longue journée

-moi : une dernière question. Tu es pour être prise en charge entièrement par un homme ?

-Sarah : ma nana disait toujours tu dois être mariée avant tout à ton travail et ensuite faire des concessions pour donner de la place au mari que Dieu te donnera. Tu devras être une parfaite polyandre. Pour te dire, je ne peux ne pas travailler et si je travaille je dois être en mesure de m'assumer. Quand j’aurai un homme dans ma vie, on partagera les charges. Je ne pourrai pas accepter d’être une acquisition. Bonsoir et à bientôt qui sait

Elle s'est déconnectée. Elle a un quelque chose de mystérieux et d’attachant. Je suis encore plus perdu. Elle ne va tout de même pas jouer un rôle à chaque fois. Elle ne me connaît pas. Je doute qu'elle soit aussi fausse que ça. Je vais devoir bien creuser pour avoir le fin mot de l’histoire.