
Chapitre 23 : Contre vents et marées
Write by Une vie pleine de péripéties
La tension dans l'air était palpable alors que la mère de
Karl se dirigeait vers la salle à manger, invitant tout le monde à la suivre.
Sherie, les mains moites, se leva lentement. Elle sentit les regards de la
famille de Karl sur elle, scrutant chaque mouvement, chaque réaction. C’était
difficile de ne pas ressentir la différence entre le monde dans lequel elle
avait grandi et celui qu’elle découvrait aujourd’hui. Chaque geste semblait un
test, chaque regard, un jugement sur sa capacité à être « à la hauteur ».
Ils se dirigèrent vers la table à manger, où une somptueuse vaisselle en
porcelaine blanche était disposée avec soin. Des chandeliers en cristal
brillaient, et l'odeur délicate du repas concocté avec soin se mêlait à l’air
de la pièce. La table semblait presque trop parfaite, trop bien ordonnée, comme
si chaque objet avait sa place dans un tableau soigneusement agencé.
Sherie prit place à côté de Karl, qui la regarda tendrement avant de lui
sourire d’un air rassurant. Sandra, qui scrutait tous les faits et gestes de Karl,
sentit la jalousie la consumer lentement. Jamais il ne l’avait regardée comme
ça. Pendant des années, elle avait espéré qu’il la regarde ainsi, qu’il la
traite avec autant d’égards et d’amour. Une vague de frustration, mêlée de
colère, monta en elle. Elle détestait Sherie, les voir comme ça la rendait
folle.
Sherie en revanche observa discrètement la mère de Karl, qui semblait
concentrée sur la disposition des couverts. Elle la trouvait intimidante.
Chaque mouvement de la femme était empreint de maîtrise, une précision qui la
mettait mal à l’aise. Les discussions reprirent lentement, et bien que Sherie
se sente un peu isolée, elle écoutait attentivement, prenant mentalement des
notes sur les détails. Chaque mot qu'elle prononcerait, chaque sourire qu'elle
offrirait, serait scruté.
Le repas commença après une courte prière de Mme Kodjo. À un moment, elle prit
la parole pour demander à Karl s’il aimait son repas.
— C’est délicieux, maman, comme toujours.
Elle sourit tendrement à son fils. Elle l’aimait tellement. Il représentait sa
fierté. Elle n’osait pas l’avouer, mais tout le monde savait que Karl Gabriel
était son préféré de tous ses enfants.
Un incident fit pourtant basculer l’atmosphère : un détail que Sherie ignorait…
la règle immuable de la famille. On ne touche pas à son téléphone à table chez
les Kodjo. Sherie, distraite par un message d’Andy, sortit son téléphone sans
réfléchir. Elle tapota rapidement l'écran, dans l’innocence du geste.
La réaction de la mère de Karl fut immédiate :
— Qu'est-ce que c'est que ça ? À table, on ne touche pas à son téléphone. C'est
un manque de respect envers ceux qui partagent ce moment avec toi.
Sherie leva les yeux, surprise. Elle ne savait pas que c'était une règle sacrée
chez les Kodjo. Elle se sentit déstabilisée, mais tenta de masquer sa gêne sous
un sourire timide.
— Désolée, je ne savais pas... Je ne voulais pas être impolie. Je m’excuse.
Dit-elle en rangeant précipitamment son téléphone.
Karl intervint en lui caressant le bras, comme pour la rassurer :
— Je ne lui avais pas dit, maman. C’est ma faute. Ce n’est pas grave, mon cœur.
Il lui adressa un sourire rassurant.
Mme Kodjo se contenta de regarder son fils, une expression indéchiffrable sur
le visage, avant de se concentrer à nouveau sur son assiette.
Le repas reprit, mais Sherie sentit les regards des sœurs de Karl sur elle.
Elles avaient été présentées brièvement à son arrivée : Sophie Estelle,
l’aînée, suivie de Maureen Gabrielle. Après un silence lourd, entrecoupé par
les bruits de couverts, Sophie Estelle brisa la glace :
— Karl n’a pas l’habitude de nous présenter quelqu’un, donc j’imagine que c’est
sérieux... Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble, Sherie ?
Karl ne lui laissa pas le temps de répondre. Il répondit à sa place :
— Suffisamment pour que je veuille vous la présenter. Je tiens à elle, et c’est
ce qui compte.
Le message était clair : il ne voulait pas que ses sœurs mettent Sherie mal à
l’aise.
Sophie se tut, mais son sourire en coin laissait planer un doute. Puis ce fut au tour de Maureen :
— Alors, tu fais quoi dans la vie, Sherie ? demanda-t-elle d’un ton qui se
voulait innocent.
Sherie se racla la gorge et répondit timidement :
— Je suis maquilleuse professionnelle.
— D’accord… mais tu as bien une autre activité, non ? Je veux dire,
maquilleuse, c’est plus un hobby. Ça ne nourrit pas vraiment son homme.
— Non, répondit Sherie. C’est ce que je fais pour l'instant. Je cherche un
autre travail, mais à part quelques stages, je n'ai rien trouvé…
La mère de Karl, qui jusque-là n’avait pas pris part à la conversation, demanda
d'un ton plus direct :
— Quel est ton niveau d’études ?
— J’ai une licence en marketing, Madame… euh, maman, dit-elle doucement.
Sophie, à la limite de la moquerie, lança :
— Une licence en marketing… et tu n’as toujours pas trouvé de travail ? C’est
étonnant, avec toutes les opportunités qu’il y a pour les gens ambitieux. Tu
aurais pu continuer avec un Master…
La mère de Karl haussait un sourcil, observant attentivement Sherie. Son regard
passa de son fils à cette jeune femme, un mélange de curiosité et de jugement.
— Et tes parents, que font-ils ?
— Ma mère est décédée à ma naissance, et mon père est retraité. Il travaillait
dans l’assurance avant, dit Sherie, la voix un peu tremblante.
Karl perçut immédiatement la gêne de Sherie. Il sentit la désapprobation qui
émanait de sa mère, même si celle-ci ne disait rien.
— Maman, vous la mettez mal à l’aise avec vos questions.
Mme Kodjo se calma instantanément, ses yeux se radoucissant :
— Mon chéri, on voulait en savoir plus sur... ton amie, dit-elle d’un ton plus
mesuré.
Karl se redressa, un éclair de détermination dans le regard.
Après le repas, ils se dirigèrent vers un petit salon pour prendre des
digestifs. Sophie, visiblement satisfaite de la conversation, demanda à Sherie
ses projets à court et à long terme. Avant qu’elle ne puisse répondre, Sandra,
avec un léger rire moqueur, lança :
— Peut-être qu’elle attend que Karl lui ouvre des portes, hein ? Après tout, il
est bien placé…
Karl, se redressant brusquement, la fixant froidement :
— Non mais ça ne va pas, Sandra ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?
Tu crois que c’est le moment de balancer ça ?
Sandra, faussement choquée, répondit d’un ton désinvolte :
— Je dis juste ce que tout le monde pense, Karl. Tu mérites mieux qu’une…
maquilleuse sans avenir.
Maureen, murmurant à Sophie, mais assez fort pour que Sherie entende :
— Même moi, à 23 ans, je gérais déjà un projet de start-up… On voit les
ambitions…
Sophie, calmement, ajouta :
— Il faut de l’ambition. Tu ne peux pas construire une vie de famille sérieuse
juste avec des pinceaux et des paillettes.
Karl, frappant légèrement la table, les regarda, furieux :
— Arrêtez ! Ce n’est pas parce qu’elle ne rentre pas dans votre moule qu’elle
n’en vaut pas la peine. Vous êtes certes mes aînées, mais ça ne vous donne pas
le droit de vous comporter ainsi. Il s’agit de ma vie, mon choix.
Un silence lourd tomba dans la pièce. Mme Kodjo, calme, prit une gorgée de son
thé, croisa les mains et dit d’une voix mesurée :
— L’amour… C’est beau. Mais le mariage, Karl, ce n’est pas juste l’amour. C’est
une alliance entre familles, entre mondes. Et parfois, ces mondes sont trop
différents pour se rejoindre.
Sherie, les yeux humides, baissa la tête. Karl lui prit la main dans un geste
protecteur.
Karl, d’un regard déterminé vers sa mère :
— Je me doutais que je n’aurais pas ton approbation, maman. Mais tu vois,
maman, c’est ce monde différent que j’ai choisi. Alors il va falloir que tu t’y
habitues.
Il se tourna vers Sherie et dit:
— Viens, on s’en va.
Elle se leva précipitamment, le cœur lourd, et dit au revoir, d’une voix
maladroite, aussi gênée que le reste de la soirée se termine de cette façon
Le trajet jusqu’à chez Karl se fit dans un silence lourd,
presque oppressant. Une fois arrivés, Karl aperçut les larmes dans les yeux de
Sherie. Il la prit doucement par le visage, caressant ses joues du pouce, et la
fixa longuement.
— Ce n’est pas grave, murmura-t-il. Je t’aime. (C’était la première fois qu’il
le lui disait, et la simplicité de ses mots fit monter les larmes aux yeux de
Sherie.)
— Je t’aime aussi, Karl, répondit-elle d'une voix tremblante, pleine d’émotion.
Mais ta mère et tes sœurs ne m’aiment pas.
— On s’en fout. Ce n’est pas avec ma mère ou mes sœurs que tu partages ta vie,
c’est avec moi. Et puis, ton père non plus ne m’aime pas.
— C’est différent, dit-elle, sa voix se brisant légèrement.
— Ah bon ? En quoi c’est différent ? Il ne m’aime pas. Il pense que, parce que
je viens d’une famille aisée, je veux profiter de toi. La mienne pense que toi,
tu veux profiter de mon argent. On est pris dans des histoires de famille, toi
comme moi. Alors arrête de croire que tu es la seule à en pâtir.
Elle ne dit rien, se mordillant la lèvre, essayant de retenir les larmes qui
menaçaient de couler.
Karl soupira, passant ses mains dans sur la nuque, avant de poser un regard
plein de tendresse sur elle.
— Je ne veux pas qu’on se prenne la tête pour ça, Sherie. On s’aime, et on
restera ensemble, quoi qu’il arrive. C’est tout ce qui compte.
Il l’attira doucement vers lui, la regardant dans les yeux, avant de
l’embrasser tendrement.
Elle se détacha légèrement, se mordillant la lèvre:
— Arrête de faire ça, tu me donnes des idées… pas catholiques. Dit-il d’une
voix rauque
Elle sourit et le regarda une étincelle de désir dans les yeux.
— Alors partage les avec moi, dit-elle coquine.
Karl s'approcha d'elle et se mit à lui retirer ses vêtements. Il en fit de même
pour lui, et il l'embrassa à nouveau, leurs souffles se mêlant. Il la prit
doucement par les hanches, ses mains explorant la douceur de sa peau. Elle
frissonna sous ses caresses et frémit quand il se mit à lui titiller les
tétons, se laissant aller à la sensation exquise. Elle se mit à lui caresser
son membre.
Leurs regards se croisèrent, une étincelle de désir
illuminant l'espace entre eux. Il l'embrassa lentement, ses lèvres glissant sur
les siennes avec une tendresse ardente. Les caresses devenaient de plus en plus
passionnées, et leurs souffles s'accéléraient au rythme de leurs cœurs
battants. Chaque mouvement était un mélange de tendresse et de passion, créant
une connexion profonde, presque spirituelle. Il la pénétra avec douceur, les
râles de plaisir résonnant dans la pièce. Ils s'abandonnèrent à la plus vieille
danse du monde, se laissant porter par la vague de leur amour.
Louise Akissi Mensah Epse Kodjo
La famille Kodjo incarne l’élégance, la réussite et
l’influence. À sa tête, Louise Akissi Kodjo, femme de tête et pilier du clan.
Issue d’une lignée respectable, elle a su allier traditions et modernité avec
brio. Son histoire avec son époux Gabriel Kodjo a été tumultueuse, marquée par
des coups bas au sein de sa propre famille, des rivalités et des tromperies.
Mais Louise ne s’est pas laissé faire. Aujourd’hui, elle dirige la famille
d’une main de fer, imposant respect et admiration.
Elle est le ciment qui unit un clan façonné par des
traditions, des luttes et des triomphes. Mariée depuis 40 ans à Gabriel, ancien
ministre des Mines et de l'Énergie, elle a dû naviguer dans un monde où les
jalousies et rivalités sont omniprésentes.
Dès leur union, Louise a ressenti le regard critique de sa
belle-famille. Sa belle-mère, autoritaire et traditionnelle, la considérait
comme une intruse dans une dynastie réservée aux membres de sa propre ethnie,
les baoulés. Louise, bien qu'éduquée et issue d’une famille aisée, devait
constamment prouver sa valeur. Ses belles-sœurs et cousines, souvent rivales,
cherchaient à séduire Gabriel. Certaines y parvinrent même. Louise dut gérer
les infidélités de son mari avec dignité. Mais une chose était non négociable :
un enfant adultérin.
Aujourd'hui, Gabriel possède plusieurs entreprises prospères
dans le secteur de l’or et du pétrole, un empire bâti grâce à sa vision
stratégique. Louise est fière de son mari, non seulement pour son succès, mais
aussi pour l’héritage qu’il a créé, un impact durable pour la prochaine
génération.
Les épreuves l’ont endurcie, renforçant son caractère.
Louise a appris à se battre pour sa place, ne se laissant jamais abattre par
les mensonges et trahisons. Elle a mis en avant sa résilience et son
intelligence pour transformer les adversités en forces. Maintenir l’intégrité
de sa famille et offrir à ses enfants un environnement stable et aimant est sa
plus grande victoire.
Ses deux filles aînées, Sophie-Estelle et Maureen Gabrielle,
perpétuent ce prestigieux héritage. Sophie-Estelle Kodjo Epse Perrin, 43 ans,
l’aînée, brillante, déterminée, et posée, occupe un poste de haute
responsabilité au sein du groupe NSIC Assurances. Femme d’affaires accomplie,
elle évolue avec aisance dans les milieux financiers d’Afrique de l’Ouest, où
son nom inspire respect. Mariée à Thomas Perrin, un entrepreneur
franco-ivoirien, héritier d’un groupe familial dans le secteur du BTP, leur
union incarne le lien entre les affaires européennes et africaines. Ils sont un
couple très en vue, invités réguliers des galas et réceptions diplomatiques.
Maureen Gabrielle Kodjo Epse Sery, 40 ans, la deuxième
fille, est raffinée et stratégique. Consultante en image et communication
institutionnelle, elle se spécialise dans l’accompagnement de figures
politiques et d'affaires en Afrique de l’Ouest. Elle est mariée à Eric Sery, un
diplomate ivoirien en poste à Genève, après avoir travaillé à Addis-Abeba et
Washington. Leur union est intellectuelle, profondément ancrée dans le soft
power. Toujours tirée à quatre épingles, Maureen Gabrielle excelle dans l’art
de la présence discrète mais remarquée. C’est une femme de l’ombre au réseau
puissant, souvent perçue comme la voix de la raison et du recul stratégique. Son
rôle est essentiel dans la préservation de l'image de la famille, et elle est
souvent sollicitée pour des conseils stratégiques lors d'événements mondains.
Henri, 36 ans, est le rebelle de la famille. Chirurgien
diplômé d’Oxford, il fait toujours les choses à sa manière. À la grande
désapprobation de sa mère et de ses sœurs, il a épousé Cristina Torres, une
Espagnole rencontrée à Londres, et s’est installé en Espagne pour échapper aux
tensions familiales. Chaque rencontre avec sa mère, ses sœurs et son épouse
finissait souvent en dispute, Henri préférant la tranquillité de sa nouvelle
vie.
Karl, 29 ans, l’avant-dernier, est la prunelle de sa mère.
Il est né à un moment où tout semblait s'effondrer pour Louise. Gabriel voulait
la quitter pour une autre, son amie. Louise était enceinte, la grossesse
fragile, et elle risquait de tout perdre. Gabriel resta à ses côtés, se sentant
coupable de l'état de sa femme. Après la naissance de Karl, tout changea entre
Gabriel et son amante. Karl devint l'héritier qu'il attendait, celui qui
ressemblait à son défunt père.
Louise admire son fils. Il a choisi de suivre les traces de
son père dans les affaires familiales. Elle le voit comme l’incarnation de ses
espoirs et de ses luttes. Karl dirige désormais les entreprises familiales
d'une main de maître et semble destiné à succéder à son père. Il est beau,
charismatique et intelligent. Pour Louise, son fils mérite le meilleur.
Le benjamin, Ange, est décédé dans un tragique accident de
voiture, laissant un vide immense dans le cœur de la famille.
Sophie-Estelle (après le départ de Karl et Sherie) :«
Tu as vu comment il était, maman ? C’est incroyable… Cette fille n’a rien à
offrir. Elle n’a même pas l’allure ! »
Elle hausse les épaules, un éclat d’indignation dans la voix. « C’est une
maquilleuse de bas étage, sans situation ni nom. Ce n’est pas une femme pour
Karl, il mérite tellement mieux. »
Elle se tourne vers Maureen et ajoute :
« On doit faire quelque chose. Si elle veut s'accrocher à lui et à son
compte en banque, on va lui montrer que ce monde-là n’est pas le sien. »
Maureen (imitant Karl) : Vous êtes
certes mes aînées, mais c’est mon choix. Je ne savais pas que ton fils avait
aussi mauvais goût maman. Je me demande vraiment où il va chercher tout ça...Le
problème, c’est qu’il ne pense même pas aux conséquences. Karl a toujours été
exigeant, et aujourd’hui il se contente de n’importe quoi.
Mme Kodjo poussa un long soupir :
Elle ne le mérite pas, c’est sûr, mais si c’est le choix de Karl, alors je
ne m’y opposerai pas. Pour l’instant.
Oui, ce qu’elle avait vu dans les yeux de son fils l’avait
freinée ; elle ne voulait pas le perdre. Si elle devait faire profil bas, elle
le ferait pour l’instant.
Sophie (d’un air dégoûté) : « Ne comptez pas
sur moi pour assister à cette mascarade. Vraiment… Et elle, là, avec son petit
sourire timide, je parie qu’elle sait exactement comment jouer sa carte. »
Elle prend une gorgée de son verre, les yeux mauvais.
« Il a complètement oublié qui il est. Qu’est-ce qu’il lui trouve ?
Franchement, on dirait qu’il est aveugle... »
Maureen acquiesça.
Sophie s’adressa à Sandra : Je
pensais que c’était sérieux entre vous. Comment as-tu fait pour qu’il t’échappe
?
Sandra (haussant les épaules) : Je ne
sais pas, Sophie. On était bien, et d’un coup, elle est apparue, et il ne veut
plus me sentir.
Sophie : Si je ne connaissais pas ma
famille, je penserais qu’elle l’a envoûté mais c’est impossible. Personne ne
peut envoûter Karl. Mais sérieusement, Sandra, tu as vraiment laissé une fille
comme ça t’éclipser ?
Sandra (fronçant les sourcils) : Je ne
sais pas ce qu'il lui trouve. Elle n’a même pas d’allure. C’est comme si elle
venait d’un autre monde.
Maureen : Peut-être que c’est justement
ça qui l’attire.
Sophie (durement) : Oui, mais il
pourrait choisir mieux. Quelqu’un qui a un peu plus d’ambition... (Elle
fronce les sourcils.)
Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On doit garder un œil sur eux. Elle est fausse
et manipulatrice, ça sent l’arrivisme à plein nez.
Maureen : Je suis d'accord. Mais nous
devons être subtilement stratégiques, il va falloir être ingénieuses. Pas
question de le braquer. Après tout, si on veut qu’il revienne dans le droit
chemin, il faut le convaincre, pas le brusquer.
Sophie (avec un regard déterminé) : Il
doit être conscient des conséquences que cela va engendrer. Karl ne peut pas se
permettre de s’afficher avec n’importe qui. Il n’a pas pensé à notre image.
Mais enfin, depuis quand il traîne avec la populace ?
Sandra, d’un ton moqueur : Alors,
préparez-vous. La prochaine réunion de famille pourrait être un vrai spectacle.
Je parie qu’elle ne saura pas gérer la pression.
Maureen, soupirant : Tu trouves ça
drôle, Sandra ? Et on se demande comment cette fille insignifiante a pu
t’évincer aussi facilement. Peut-être que tu devrais commencer à penser à ta
propre vie. Faire des commentaires sur la relation de Karl ne te rendra pas
plus heureuse. Car vu comment c’est parti, je doute fort qu’il te reprenne,
même s’il la quitte.
Il est déjà allé trop loin, la présenter à nous et à maman...
Elle regarde dans le vide. Tu sais, Karl ne fait jamais les choses à
moitié. À cette allure, ils risquent de se marier dans six mois. (Frissonnant.)
Il ne se rend même pas compte qu’il risque de bousiller son image, notre image.
Et ça, on ne peut pas le laisser passer. Pas nous.
Sandra, se renfrognant : Tu penses que
je vais rester à me morfondre pendant que Karl s'amuse avec une inconnue ?
Sophie, avec un sourire moqueur : Peut-être
que tu devrais essayer d'être un peu moins agressive. La subtilité, ça te dit
quelque chose ?
Maureen, prenant un ton sérieux : Écoutez,
ce n’est pas une compétition. Nous devons nous concentrer sur Karl. Si nous
voulons qu’il prenne conscience des choses, nous devons l’amener à réfléchir,
pas le mettre sur la défensive.
Sandra, d’un ton cynique :Et comment comptes-tu faire ça Maureen ?
Lui faire une petite leçon de morale ? Tu as vu comment il nous a parlé et
s’est comporté ? Et il est têtu comme une mule.
Sophie, levant un sourcil : Mais si on
arrive à lui faire comprendre que Sherie n’est pas la personne qu’il pense,
qu’il lui faut, peut-être qu’il reviendra sur son choix.
Maureen, réfléchissant à voix haute :
Mais de manière intelligente. Pas question de lui faire un affront direct,
mais de lui montrer, subtilement, qu'il va se retrouver dans une impasse s’il
continue sur cette voie. L’idée ici, c’est qu’il soit capable de voir que ce
qu’il a choisi, ça ne correspond à rien de ce qu’il représente.
Elle marque une pause avant de s’adresser à nouveau à Sophie.
Mais pour ça, il va falloir qu’il se retrouve dans une situation où il ne
pourra plus ignorer les failles. Si elle perd son calme, si elle se trahit
d’une manière ou d’une autre, il pourra peut-être enfin comprendre que ce n’est
pas avec elle qu’il doit construire sa vie.
Sophie (Regardant sa sœur.) : Et
c’est là qu’on va frapper. Un dîner, une réunion familiale, un peu de pression
sociale. Et je suis sûre qu’elle ne saura pas gérer. Toute cette fausse
modestie, cette image parfaite… ça ne tiendra pas à la première vraie épreuve.
Elle se tourne vers Maureen, un regard qui brille d’une lueur froide.
On va l’amener là où elle ne veut pas aller. Il faut qu’elle perde son
masque. Un endroit où tout le monde sera là. Le genre d’événements où les
petites faiblesses apparaissent. Karl n’aura d’autre choix que de les voir.
Oui, et je pourrais faire une petite « enquête » pour découvrir qui elle est
vraiment. Je suis certaine qu’il y a des choses cachées derrière cette façade.
Sandra : J’ai déjà enquêté sur elle, tu
ne trouveras rien, mais je ne suis pas convaincue. Karl ne sera pas très
heureux de savoir que vous la piégez.
Maureen, avec assurance : C’est
exactement ce que nous devons éviter. On doit l’amener à se poser des questions
de lui-même, à réaliser que cette relation n’est pas celle qu’il lui faut. Elle
veut une place dans son monde, mais elle n’a pas les clés.
Sophie (avec un rictus satisfait) :«
Je m’occuperai de lui mettre la pression. Son regard brillant d’une
détermination glacée. « Et si jamais elle essaie de nous manipuler… je m’en
charge. Personne ne nous prend pour des imbéciles. Pas dans notre monde. »
Maureen, un sourire narquois : On
commence donc par agir comme si rien ne nous dérangeait. Juste assez pour
garder l'œil ouvert et préparer notre plan. Qu’est-ce que tu en penses, maman ?
Elle s’adressa à leur mère.
Celle-ci répondit : Je ne participerais pas à tout
cela, la dernière chose que je veux c’est que mon fils s’éloigne, mais si vous
êtes sûres de vous, faites ce que vous voulez sans m’y associer.
Elles acquiescèrent d’un hochement de tête.
Un silence lourd s'installa, chaque membre de la famille sentant que les dés
sont déjà jetés.