Chapitre 23 : Le test ADN

Write by Auby88

Margareth IDOSSOU

A toute vitesse, je parcours le trajet qui va de la Clinique à la villa des da SILVA. Je klaxonne comme une folle.

 

" Cette petite femme va aujourd'hui savoir de quel bois je me chauffe. Hypocrite ! Elle sait que je suis Mélanie DALI, raison pour laquelle elle me tient bien loin de sa fille. Je me rends à présent compte que le jus de fruit a été versé à dessein sur ma chemise, sans doute pour m'empêcher de découvrir une vérité cachée dans l'album photo de ma fille. Je la hais. Oui, je la hais. Elle a voulu me duper, mais elle ne sait pas encore à qui elle a affaire. Margareth IDOSSOU ! Personne ne se moque ainsi de moi. Personne ! "


Mon mobile sonne. C'est David. Je laisse sonner. Je finis par éteindre le mobile. Je n'ai point envie de l'entendre. Je ne lui en veux pas. Il n'y est pour rien. Mais je n'ai point envie qu'il essaie de me dissuader de quoi que ce soit. David est toujours resté pacifique pendant que moi je suis devenue une boule de nerfs. J'ai le sang très chaud.


Devant la satanée demeure, je me trouve enfin. J'arrête mon moteur, m'apprête à descendre mais finalement reste à l'intérieur. Dans mon accès de colère, je n'ai pas vraiment réfléchi.

Comment puis débarquer là-bas sans preuve et avec juste des suppositions ? C'est sûr qu'elle me prendra pour une baratineuse et me ridiculisera. Je me dois d'être plus intelligente qu'elle. Plutôt que de me revéler sans preuve devant elle, je jouerai à son petit jeu. Et lorsqu'elle s'y attendra le moins, je lui ferai face avec mes preuves à l'appui.


J'inspire puis démarre. Je suis un petit peu plus calme. Mais pas complètement. Il reste au fond de moi de la colère que je me dois de libérer à tout prix. Sur la plage de Fidjrossè, je décide d'aller marcher. Il n'y a pas trop de monde. Je m'arrête quelques minutes dans un endroit isolé. J'en profite pour me soulager. De toutes mes forces, je CRIE, je CRIE jusqu'à en perdre la voix. Je PLEURE, je PLEURE comme jamais auparavant.

Puis, je déambule sur des kilomètres, le long de la plage jusqu'à la tombée de la nuit. Je finis dans l'une des chambres du "Sea View Hotel" pas loin de là.


Le lendemain

Je me suis réveillée de bonne heure. Je n'ai presque pas dormi. Ma mine est défaite. Je vais prendre une douche et m'apprête pour sortir. Direction : inconnue. Du moins jusqu'à onze heures. Je n'ai vraiment pas envie de voir qui que ce soit de mon entourage.

A nouveau, je vais sur la plage. Sous une paillote, je me laisse choir, regardant de temps en temps ma montre et cogitant sur ce que je m'apprête à faire. Ce doit être parfait. A onze heures, je quitte les lieux pour me rendre dans un supermarché. J'achète un paquet bien couvert de 10 jus de fruits distribués avec des pailles. Un seul fera mon affaire, mais j'ai besoin de prendre des précautions.


Vers midi, je me pointe devant l'école de ma fille. Elle sortira d'un moment à l'autre. Je garde mes yeux rivés sur le portail de l'école. Dès que je la vois, je sens mon coeur battre de plus en plus fort. Je sors précipitamment de ma voiture et vais vers elle.

- Sibelle ! m'écrie-je en lui faisant​ la main.

- Tata Margareth !

Je la serre tout contre moi, fortement. Je n'ai pas envie de relâcher mon étreinte, tellement j'ai attendu ce moment. Tellement de nuits où je me demandais ce que cela me ferait quand je reverrai ma fille. Certes, j'ai déjà serré Sibelle dans mes bras, mais toutes les autres fois ne sont pas comparables à cette fois-ci. Je me sens vivre. Je me sens maman. Je me résigne finalement à retirer mes bras.

- Tu m'as tellement manqué, princesse.

- Toi aussi, tata. Mais à chaque fois que je voulais t'appeler, maman disait que tu étais très occupée.

Cette "sorcière​" ne paie rien pour attendre.

- Je vois. Dis, Sibelle. Cela te dirait de venir quelques minutes dans ma voiture ?

- Bien sûr que oui.

Elle me suit et je l'installe à l'arrière de la voiture. Près d'elle, se trouvent les jus de fruits. Je déchire un peu l'emballage et la prie de se servir.

- A toi l'honneur, Sibelle.

Elle ne se fait pas prier. Elle en a toujours raffolé. Elle prend un jus et utilise la paille pour en vider le contenu. Pendant qu'elle s'empresse de prendre un autre, je me dépêche de récupérer sa paille usagée sans qu'elle s'en rende compte. Je la mets dans un mouchoir propre et la laisse sécher quelques minutes. Elle me regarde en souriant tellement, elle est ravie par ma surprise.

- Prends-en encore deux que tu peux emporter chez toi.

- Merci tata Margareth. Tu es plus que gentille !

Je souris et lui dépose un bisou sur le front.

- N'oublie jamais que je t'aime, Sibelle. Vas-y. Le chauffeur doit t'attendre.

Elle me gratifie d'un bisou sur la joue. Je la regarde s'en aller. Ensuite, je me dépêche de mettre la paille usagée dans un petit sac en plastique.


J'avoue que pendant un laps de temps, j'ai bien failli disjoncter. J'ai bien failli démarrer mon moteur, avec Sibelle à l'arrière. Pour partir, loin de tout, loin de tous. Pour recommencer tout à zéro. Rien que ma fille et moi. Le plan parfait. Mais alors, que lui aurais-je dit ? Comment aurais-je pu expliquer à cette fillette que sa mère n'est pas sa vraie mère et que je suis sa vraie mère ? Comment pourrais-je lui expliquer que je l'ai abandonnée volontairement et que je ne l'ai jamais recherchée durant dix ans ?


Je sais que d'aucuns diront que je devrais remercier Judith pour avoir bien pris soin de ma fille, pour l'avoir autant aimée. Mais mon coeur meurtri actuellement et toutes ces semaines d'angoisse que j'ai vécues en pensant à ma fille m'empêchent de réagir comme le ferait le commun des mortels. Tout ce que je veux, c'est reprendre ma fille. Et cette paille va m'être d'une grande aide. Je souris.


Je m'empresse de boire moi aussi un jus à la paille, puis je prends le volant. Je compte me rendre dans un laboratoire spécialisé pour réaliser un test ADN. Je sais que j'ai normalement besoin de l'autorisation des tuteurs légaux de Sibelle et que ma démarche peut ne pas être valide devant la loi, mais je m'en fiche pour l'heure. Je veux juste avoir la preuve que Sibelle est ma fille, pour la brandir devant les da SILVA, en particulier devant Judith.

Je suis certaine que je tomberai sur un laborantin peu scrupuleux et vénal qui acceptera de réaliser le test moyennant sûrement le double du prix normal. De toute manière, je suis prête à tout … pour ma fille.









DESTINS DE FEMMES