Chapitre 23 : Tout problème a une solution...
Write by Sandy BOMAS
VANESSA
Je suivais Corinne comme une gamine qu’on accompagnait à l’école le premier jour de classe. Si on m’avait dit que je mettrais les pieds un jour dans un commissariat de police et de surcroit pour porter plainte Olivier j’aurais bien insulté la personne qui m’aurait vomi ce que j’aurais pris pour un scénario digne d’un film de Spielberg.
Le commissaire était un homme fort et imposant, il avait la cinquantaine bien entamée. A son passage dans les couloirs des « bonjour chef » raisonnaient par ci par là. Une fois dans son bureau, il nous fit signe de prendre place. Et demanda à Corinne, sa nièce, ce qui nous amenait le voir.
-Tonton comme je te l’ai dit au téléphone tout à l’heure, on vient te voir parce que Vanessa qui est une petite sœur a quelques soucis avec son compagnon.
Le commissaire me regarda de la tête aux pieds, se racla bruyamment la gorge avant de prendre la parole.
-Huuum….Vous êtes mariés légalement ?
-Non… Mais nous sommes fiancés à la coutume….
-Hummmm
Corinne prit le certificat médical et le donna à son oncle qui le lisait silencieusement le compte rendu du médecin. J’avais aussi rajouté des photos que j’avais prises le matin et que j’avais développées à Labocolor de Mbolo* (centre commercial).
« J’ai l’impression de tourner dans un épisode de New York Unité spécial »
-C’est la première fois qu’il lève la main sur toi ?
-Oui…
-C’est arrivé comment ?.....
Je me lançai dans un récit version courte du début du déclin, jusqu’à l’épisode d’hier soir.
-Donc ton mari fait un enfant dehors, dépense tout ton argent parce qu’il entretien son deuxième bureau et quand tu lui demandes des explications il te frappe ? Mais il y a des gens qui jouent avec les enfants des autres hein ! Regarde- moi ça ! En tout cas on va lui faire comprendre que dans ce pays il y a une loi. Il se croit où ? Et avec ça tes parents ne sont pas au courant je paris !
Je fis non de la tête
-C’est pas possible !....Grogna la commissaire. On va saisir le procureur !....
J’écoute silencieusement le commissaire qui parle de garde à vue pendant quarante -huit heures, de détention préventive jusqu’au procès.
« La prison ?! Le procès ?! Mon Dieu est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce que j’ai envie qu’Olivier aille en prison ? Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en arriver là quand même….C’est quand même mon…. »
Je n’osais pas interrompre le commissaire qui m’expliquait toutes les éventualités sur la conduite à tenir et les démarches à effectuer par rapport à ma situation. Je murmurai deux mots à l’oreille de Corinne qui nous excusa toutes les deux auprès de son oncle et nous sortîmes.
-Corinne…. commençai-je timidement, je ne te remercierais jamais assez pour ce que tu fais pour moi, sans l’intervention de ton mari et toi hier nuit, je pense que je n’aurais pas pu me défendre devant un Olivier fou à lier…..
Je marquais une pause, pris une profonde inspiration avant de demander hasardeuse :
-Mais est-ce qu’il n’y a pas une autre solution que de mettre Olivier en prison et d’aller jusqu’au tribunal ?
- Vanessa ne me dis pas que tu le défends encore après ce qu’il t’a fait ?!
-Non Corinne… Je ne le défends pas… Tout ce que je veux c’est qu’il comprenne qu’il n’a pas le droit de lever la main sur moi….Je veux juste que ça ne se reproduise plus….
-Huummm…..
-Et puis si je l’envoie en prison, si on va jusqu’au procès et tout, ça veut dire que je renonce définitivement à sauver mon couple….Et puis ça risque d’engendre des problèmes de famille graves....
-Et s’il te cause quelque chose de grave s’il continu de te battre ou pire s’il te tue ça ne va pas aussi engendrer des problèmes de familles graves ? Je doute fort que tes parents se réjouissent s’ils venaient à l’apprendre….
-Me tuer ?!
-Oui te tuer Vanessa ….
-C’est clair….Mais la prison c’est quand même….
-Quand même QUOI ? Trop ? Ecoute Vanessa, je comprends ton inquiétude mais crois- moi il est temps qu’Olivier se rende compte que ce qu’il a fait est grave et qu’il ne faut pas que ça se reproduise. Tu as été trop gentille avec lui depuis le début et je doute fort qu’il change. Si tu veux avoir mon avis la situation entre vous ne fera qu’empirer…. Si tu ne fais rien….
Elle marqua une pause. Voyant que je ne répondais rien elle rajouta d’une voix un peu plus calme :
-Je vais demander à Tonton Jean-Claude s’il n’y a pas une autre solution….Viens on repart dans son bureau, il va te dire quelles sont toutes les possibilités….
J’étais fébrile à l’idée d’envoyer Olivier en prison, même pour quarante- huit heures. J’en fis part au commissaire qui fit preuve de compréhension, même si son non verbal traduisait le contraire de ce qu’il laissait paraitre.
« Je sais, il doit penser que je suis trop bête…. »
-Bon, vu l’urgence de la situation, on va solliciter le juge des référés. Je vais garder ton certificat médical et les photos. Ce sont des preuves qui vont accompagner le procès- verbal appuyer la demande auprès du juge. Le plus important pour l’instant est de veiller à ce que tu ne subisses plus aucune violence.
J’acquiesçai silencieusement.
-Prends mon numéro avec Corinne et s’il y a le moindre problème n’hésite pas à m’appeler.
-Merci beaucoup Tonton Jean-Claude
-Merci beaucoup….
CYNTHIA
« Je n’ai pas eu de nouvelle de Vanessa depuis la matin alors qu’on a fait le programme pour aller au marché aujourd’hui. C’est bizarre qu’elle ne réponde pas au téléphone. J’espère juste qu’elle n’a pas changé d’avis en ce qui concerne la veillée .Bon je vais faire un tour chez elle pour en avoir le cœur net. »
-Kôkôkô* (Toc toc toc) Vanou ! Vanou !
“Mais la fille là est où ? Et avec ça son gardien n’est même pas là ! Je dis hein mais on les paye même pour quoi ceux- là ? Tchippp ! Mais où est-ce qu’elle a bien pu aller ? Elle est en arrêt de travail, normalement elle ne devrait pas être bien loin puisque sa voiture est là. Je vais un peu demander à sa voisine. Je sais qu’elle s’entend bien avec la dame qui habite juste en face”.
Après un appui long sur la sonnette, j’attendis un bon moment avant que quelqu’un se manifeste. Une vague de soulagement s’empara de moi quand j’aperçu la silhouette de Vanessa encadrer la porte d’entrée de la maison des voisins.
« Elle a une drôle de démarche, c’est bizarre, mais on dirait qu’elle boite même un peu. »
-Oh Vanou ! C’est comment ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
Je ne lui laissais même pas le temps de donner la moindre explication que je me jetai sur elle comme une bête affamée. Son visage paraissait enflé et je voyais comme des marques sombres et ce malgré la tonne de fond de teint qu’elle avait badigeonné sur son visage pour camoufler les « marrons ».
-Oh Cynthia….
-Vanou ne me dit pas que c’est ce à quoi je pense !
-Partons à la maison ma co.
Elle s’excusa auprès de Corinne à qui je fis signe de la main. La situation était très inquiétante, ce n’était pas le moment de trainer chez la voisine.
A peine étions nous arrivées chez Vanou que je la bombardais de question. Son récit glaça mon sang dans mes veines.
« Quel enfoiré cet Olivier ! »
-Mon Dieu ! Mais heureusement que tes voisins étaient là ! Non mais qui mange Olivier ? Que le con de la fille à quoi ?
-Cynthia ….
-Vanou pardon….Comprends moi… là là là je suis plus que dépassée. J’ai moi-même envie de le bastonner s’il se pointe ici tout de suite.
- Ekeuh ma co !... C’est bon je n’ai rien de cassé… Tu ne vas bastonner personne. Sa sentence arrive ….
-Et même si tu n’as rien de cassé…C’est grave ….Je n’ose même pas imaginer ce qui pourrait se passer si tes parents te voyaient dans cet état…..Mon Dieu et ton œil….Est-ce que tu vois même quelque chose ? Et puis arrête de défendre Olivier tu m’énerves !
-C’est bon je ne suis pas aveugle non plus…
-Et puis tu me fais même encore la bouche hein !…
Le joli visage de Vanessa ressemblait à une toile dont l’artiste avait complètement raté l’agencement des couleurs. Elle faisait pitié à voir.
« Mon Dieu mais qu’est-ce qui se passe souvent dans la tête des hommes au point de faire du mal à la personne soit disant aimée ? »
-Bon on a assez parlé de ma casse avec Olivier. Parlons d’autre chose pardon….
« Elle veut changer de sujet….Je la comprends… »
-Oh ! Regarde la montre Guess que mon dragueur des finances là m’a offerte
- Montre un peu…
Elle tira sur bras pour regarder la montre dans les moindres détails.
-Elle est jolie !
-Oui…Mais s’il pense qu’il va voir mon slip juste parce qu’il m’a offert une montre, il se met le doigt dans l’œil. D’ailleurs il va d’abord bien dépenser son argent là avec moi il va voir ça !
-Huuum escroc !
-Escroc de quoi ? Nous sommes au vingt et unième siècle comme dit Mathilde l’émergente
-Mathilde l’émergente c’est qui encore ?
-Oh tu ne connais pas la go dont la bande audio circule en ce moment sur les réseaux sociaux ?
-Non, je ne connais pas Mathilde l’émergente. C’est qui cette go ?
-Il faut que je te fasse écouter ça, elle est trop marrante je te dis. Un peu fofolle mais dans le fond elle dit la vérité. Ce qu’on a entre les cuisses là c’est un trésor, on ne doit pas le donner à n’importe qui
-Donc toi tu estimes que tu ne dois le donner qu’à celui qui dépense son argent pour toi ?
-Oui oooh !
-Mais ma co, donc tu vends ton corps ?
-Ah Vanou pardon ne commence pas avec ton raisonnement de Mbeng là !...
-Quel raisonnement de Mbeng ?
-Pour moi un homme un vrai doit dépenser pour moi.
-Ah bon hein ?
-Oui ooh !
-En tout cas….Il faut bien prendre les cadeaux du pauvre gars
-Mais c’est ce que je fais non ! Tu ne vois pas la montre ?
-Ris bien….
-Tu veux que je pleure ?
-Le jour où il va te coincer tu sauras !
-HOoou Jamais !
-Ok on est là non ? Tu viendras me raconter….
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OLIVIER
« Mais qu’est-ce qui s’est réellement passé pour que je fasse dégénérer les choses de cette façon ? Merde ! J’ai vraiment fait le con…..Comment je vais faire pour arranger les choses ? Et moi qui m’étais dit que j’allais arranger les choses avec Van’s surtout après avoir rencontré Victoria hier à la clinique, j’étais vraiment prêt à lui annoncer moi-même pour la naissance du petit….Mais il a fallu qu’elle me mette hors de moi….C’est de sa faute ! Oui c’est de sa faute ! Est-ce qu’elle ne pouvait pas attendre qu’on discute tranquillement le matin comme je le lui proposais ? Hein ? Etait-ce si difficile ? »
J’étais en train de faire les cent pas dans mon bureau comme un lion en cage quand on frappa à la porte.
-Entrez !
-Monsieur …..
-Quoi ?!
Ma secrétaire se tenait à l’entrée de la porte ensauciçonnée dans un tailleur visiblement trop petit pour elle.
-Il y a un monsieur qui veut vous voir…..
-Dis-lui que je ne veux voir personne !
« J’ai mes problèmes ce n’est pas le moment !... »
-Mais Monsieur…..Il dit qu’il est de la police ……
« La police ?! Merde ! C’est quoi ce bordel ?! »
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