Chapitre 24
Write by Djelay
Des heures s’écoulent avant que Lili ne revienne. Elle s’accroupit en face de moi et me caresse la joue.
- Kevin va bien. Il a repris connaissance et n’a rien de grave. J’ai dit à Dav que tu t’étais endormi. Je ne crois qu’il m’ait cru mais il n’a pas insisté et est parti.
- Merci. Lui dis-je.
- Viens, tu vas prendre une douche et te coucher.
- Je vais retourner dans l’autre chambre. Je me doucherai là-bas.
Je tente de me lever mais elle m’en empêche.
- Non ! ce soir tu restes dormir ici. C’est moi qui prendrai soin de toi aujourd’hui.
Sa tentative d’ôter mon bas de kimono échoue. Je l’arrête avant même qu’elle ne parvienne à me toucher.
Lili,
Voir Mike dans cet état me brise le cœur. Lui qui d’habitude est si fort, si serein, si maître de lui. J’aimerais tellement lui être d’un réconfort comme il l’a été pour moi quand j’en avais besoin. Pourquoi me repousse-t-il ? Lentement il se met debout puis se dirige nonchalamment vers la salle de bain. Je l’observe tandis qu’il disparaît derrière la porte. Son silence est une torture pour moi. Je n’ai aucune idée de ce qui a bien pu lui arriver aujourd’hui mais cela doit être extrêmement grave pour qu’il soit aussi laminé. Assise sur le lit, j’attends patiemment qu’il revienne de sa douche. Le seul moyen de l’apaiser c’est de lui offrir mon corps. Mike s’est toujours senti mieux, après m’avoir fait l’amour alors si j’arrivais à lui donner envie de moi peut-être qu’après il se reprendrait. Quand je pense que ça fait une semaine que nous nous évitons presque du moins qu’il m’évite. Même si cette situation m’arrangeait au début, je dois avouer qu’au bout de trois jours, il me manquait. Ses caresses me manquaient, ses baisers, toutes ces choses qui nous unissaient me manquaient. Cependant j’étais trop fière pour le lui dire. Il m’a quand même achetée, c’est complètement ignoble. Il lui suffisait de me demander tout simplement. Je n’aurais sans doute pas accepté dans l’immédiat certes, mais peut-être que j’aurais cédé avec un peu d’insistance. Je me redresse en le voyant sortir de la salle de bain. Il a meilleure mine. Toujours en silence, il récupère son pyjama dans le dressing. Son pyjama ? Il n’en porte jamais pour dormir.
- Que se passe-t-il Mike ? Lui demandé-je d’une voix inquiète.
- Rien qui ne te concerne.
Je ne crois pas mériter une telle froideur. Il revient je ne sais d’où, il tue presque Kevin et ça ! Je compte avoir des réponses et ce n’est pas… La sonnerie de mon téléphone m’interrompt. Oh non ! Pas lui ! Ce n’est vraiment pas le moment-là, en plus à cette heure. Je fixe l’écran de mon portable tandis que Mike me regarde d’un air curieux.
- Tu ne réponds pas ?
Il a quoi à être agressif bon sang ! Je lui lance un regard méchant avant de décrocher.
- Salut Stan.
Un coup d’œil vers Mike me fait comprendre qu’il est rouge de colère. Les mâchoires crispés et les sourcils plissés, il me fusille du regard.
- Je vais bien, ne t’en fais pas.
- Je suis passé chez toi à deux reprises Lili mais je n’ai trouvé personne. Tu ne réponds plus à mes appels depuis quelques jours et tu me dis que tu vas bien ?
- Oui. Ça va !
- Si tu as un problème, tu sais que tu peux m’en parler n’est-ce pas ?
- Oui je sais mais tout va bien. Tu n’as donc…
Mike m’arrache mon portable à ma grande surprise.
- Mais qu’est-ce qui te prend. M’écrié-je.
Il m’ignore.
- Hey, je n’ai pas encore eu l’occasion de te rencontrer cher Stan. Alors si tu es malin fais en sorte que cela n’arrive jamais. Et cesse de tourner autour de Lili où tu auras à faire à moi. En passant, ne l’appelle plus.
Il raccroche puis balance mon téléphone sur le lit. Il se rapproche ensuite de moi.
- Que ce soit la dernière fois que tu parles à ce type.
Moi qui m’inquiétais pour lui, je constate qu’il n’a pas tardé à se reprendre. Me disputer avec lui, ne servirait à rien. Je retourne donc au lit duquel je n’aurais jamais dû sortir. Comment aurais-je pu en entendant les cris de Mike ? La rage qui ressortait de sa voix faisait froid dans le dos. Guidée par celle-ci, j’ai atterri droit sur le tableau le plus effrayant qu’il m’a été donné de voir. Kevin semblait mort et Mike qui n’arrêtait pas de le cogner encore et encore. Le simple fait d’y repenser me donne la chair de poule.
- Tu m’as compris Lili ? Insiste –il.
- Oui j’ai compris. Lâche-moi maintenant.
- Et tu adoptes un autre ton.
Il me rejoint dans le lit et me retourne.
- Et regarde-moi quand je te parle.
- Tu veux quoi à la fin ? M’emporté-je.
- La liberté.
Il a hurlé tellement fort que j’en ai tressailli.
- Juste ça. Reprend –il d’une voix déchirante. Est-ce trop demander ?
Il s’assoit sur le bord du lit, le visage défait. La tête entre les mains, il donne l’impression d’être à bout. Mais de quoi ? Poussée par je ne sais quel sentiment, je m’assieds derrière lui et le serre très fort. Pourquoi ne me parle-t-il pas ? Je pourrais peut-être l’aider. Mais s’il ne veut pas, je ne peux pas le forcer. Je me contente donc de l’éteindre de toutes mes forces. Je le sens se détendre peu à peu.
- Me détestes-tu Lili ?
Sa voix mélancolique me bouleverse tant que j’en ai les larmes aux yeux.
- Même si je le voulais, je ne pourrais pas. Je t’aime trop.
Il me fait face et prend ma tête en coupe.
- S’il devait m’arriver malheur Lili, je veux que tu me promettes de t’en aller loin de ce quartier. Ne t’inquiète pas pour l’argent. Je te lèguerai tous mes biens. Alors promets le moi.
Ses paroles me font l’effet d’un coup de poignard dans le cœur. Comment ça s’il devait lui arriver malheur ? Que se passe-t-il putain ? Le menace-t-on de mort ?
- Non je ne te promets rien du tout.
- Lili ! Gronde-t-il. S’il te plait, ne sois pas entêtée pour une fois.
- Tu ne comprends pas… Lâché-je en larmes. Si tu n’es plus là, avec moi, ma vie n’a plus aucun sens.
Le regard plongé dans le mien, il paraît surpris. De ses pouces, il essuie les larmes qui perlent sur mes joues.
- Ne dis pas des choses pareilles. Je ne mérite pas que…
- Je me fiche que tu le mérites ou non. Le coupé-je. Tu as apporté un sens à ma vie. Avant que tu ne reviennes, j’étais vide de l’intérieur.
Je pose ma main à l’emplacement de mon cœur pour accompagner mes mots. Mike suit mon geste. Son regard s’est attendri.
- Je ne dis pas que tu es le meilleur des hommes, bien au contraire tu es détestable, invivable et agaçant. Mais moi je t’aime malgré tout. On dira que je suis folle, ou masochiste ou suicidaire, peu m’importe. Personne n’a idée de l’enfer que j’ai vécu depuis la mort de ma mère. Personne n’a idée de la solitude qui me rongeait.
Je marque une pause afin de reprendre mon souffle. Mike ne me quitte pas des yeux. Et moi, je ne cesse de laisser fuir des larmes.
- Tu ne le sais sans doute pas mais tu m’as sauvé à ta façon. C’est vrai que je déteste quand tu me punis et quand tu m’ordonnes des choses comme si je n’étais qu’une vulgaire esclave à ton service. J’ai horreur que tu me cris dessus. Mais j’aime que tu m’appelles p’tite poupée ou encore mon ange.
Un léger sourire étire les traits de son magnifique visage. Je reprends donc :
- J’aime aussi que tu prennes soin de moi, que tu me fasses l’amour avec tant de passion, que tu sois jaloux. Pour moi ça signifie que tu tiens à moi. Tu vois, malgré cette facette obscure de toi, il y a du bon en toi. Et c’est ce qui me fait t’aimer je crois.
Je prends une de ses mains entre la mienne, celle valide.
- Alors je le répète. Si tu venais à m’abandonner de quelque manière que ce soit, je te jure que je mets fin à mes jours.
- Lili…Murmure-t-il.
J’ai le temps de voir une larme s’échapper de son œil gauche avant qu’il ne me prenne dans ses bras. Non, je n’ai pas rêvé. Mike qui pleure ? J’ai l’impression que nos vies seront différentes à compter de cet instant. C’est une intuition.
- Moi aussi je t’aime p’tite poupée. Murmure-t-il à mon oreille.
Je m’écarte doucement puis tendrement m’empare de ses lèvres. Nous nous embrassons affectueusement. Sa langue torture gentiment la mienne.
- Promets-moi que tu seras toujours à mes côtés.
- Je te promets tout ce que tu veux mon ange. dit-il contre mes lèvres.
Il reprend ma bouche dans la sienne, cette fois-ci avec avidité tout en retirant ses vêtements un à un. Une fois nu, il m’enlève ma robe de chambre puis m’allonge délicatement sur le dos. Se plaçant entre mes cuisses, il me pénètre lentement. Je suis complètement mouillée. Il l’a surement su. Je le soupçonne d’avoir outrepassé les préliminaires pour cette raison. Sans cesser de m’embrasser, il effectue de langoureux mouvements de vas et viens. J’en ai des frissons. Mike me fait l’amour avec amour, me chuchotant des mots doux aux oreilles. Je l’aime encore plus aujourd’hui. Je voudrais que le temps s’arrête afin de vivre ce moment éternellement.
Mike s’est rendu dans les toilettes peu après nos ébats. Je n’ai pu m’empêcher de rire lorsqu’il a dit : Miky a besoin de faire pipi. J’adore ce Mike joueur. Quelque chose a changé en lui. Je peux le sentir car l’aura qu’il dégage est différente. J’ose espérer que cela présage que de bonnes choses. Il m’a fait peur quand il a dit qu’il pourrait lui arriver malheur. Ô seigneur ! Protégez-le, je vous en prie. En parlant de protection, Nous n’en avons pas utilisé une fois de plus. A cette allure, je ne crains de tomber enceinte. Il faut que j’en discute sérieusement avec lui. Cela ne peut plus durer. Il revient tout souriant des toilettes, se jette sur le lit avant de m’attirer contre lui. La tête posée sur son torse je réfléchis au bon moyen d’aborder le sujet.
- Mike ?
- P’tite poupée…
- Tu promets de ne pas te mettre en colère ?
- Hum ! Fait-il méfiant. Qu’est-ce qu’il y a ?
- C’est…Euh…à propos des… préservatifs… Terminé-je en retenant mon souffle.
Il ne dit rien tout de suite se contentant de me caresser les cheveux. Ses gestes sont doux, c’est bon signe. Cela voudrait dire qu’il n’est pas énervé. J’attends donc qu’il se décide à parler.
- Je ne veux pas utiliser de préservatifs avec toi Lili. Je te l’ai déjà dit.
Il n’a pas levé le ton. Miracle !
- Et moi je ne veux pas m’injecter ces cochonneries. Répondis-je dans un murmure.
- Dans ce cas, nous nous en passerons.
Quoi ? C’est qui cet homme ? Qu’a-t-il fait du vrai Mike ? J’espère qu’il l’a tué.
- Mais… Je risque de tomber enceinte.
Je m’attends à le voir paniquer mais il reste calme. Plus serein que d’habitude.
- En ce qui me concerne, je suis prêt à en assumer les conséquences. Par contre toi, tu es bien trop jeune pour être mère. En plus de cela, il y a tes études.
- Il y a des filles plus jeunes que moi qui sont mamans, tu sais !
Il se fige un instant avant de se remettre à me caresser les cheveux.
- Qu’essayes-tu de me dire Lili ?
Honnêtement je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas ce qui m’a pris de sortir une chose pareille. Quoi que, avoir un enfant de Mike serait trop bien. D’autant plus que j’adore les enfants. Ne raconte pas n’importe quoi Lili. Dis-lui qu’il faille trouver une solution à ce problème.
- Je suis assez mature pour avoir un enfant.
Putain Lili ! Tu étais censée trouver une solution. Cette fois-ci Mike me relève la tête afin de me regarder dans les yeux.
- Tu as conscience de ce que tu dis là ? Dit-il, les yeux plissés.
- Oui. De toute façon je ne vois pas comment nous pourrions résoudre le problème. D’un côté, tu refuses d’utiliser des préservatifs et de l’autre je ne veux pas de ces machins contraceptifs.
- C’est bon, tu as gagné. Il repose tranquillement ma tête et reprend ses caresses.
- Comment ça j’ai gagné ?
Je tente de me redresser mais, il me maintient fermement sur son torse.
- Je mettrai des capotes.
Non. Je ne veux pas ! Enfin si mais j’adore aussi l’idée d’avoir un enfant. Lili ! Qu’est-ce qui te prend voyons ! Très vite je retrouve mes esprits. Comment ai-je pu penser un seul instant tomber enceinte ?
- Sage décision ! Finis-je par dire.
Le reste de la soirée se déroule dans une bonne ambiance. Mike et moi parlons de mon enfance, de mes rêves, en un mot de moi. Lorsque j’aborde son enfance à lui, la tension monte.
- Je préfère ne pas en parler.
- Mais moi, je t’ai tout raconté à mon sujet.
- Et je t’en remercie. Crois-moi, il vaut mieux que tu ne saches rien.
- J’ai compris. Dis-je un peu déçue.
Mon téléphone sonne de nouveau. Je jette aussitôt un coup d’œil au réveil sur le chevet. Il est marqué vingt-trois heures et demie. Qui peut bien me téléphoner à une heure pareille. Il n’y a que Stan et Emy, en dehors de Mike qui aient mon numéro. Je me lève pour récupérer mon téléphone qui je ne sais pas quel miracle s’est retrouvé au sol. Seigneur ! Encore lui. Mike va sûrement péter les plombs. Je coupe l’appel avant d’éteindre le téléphone.
- Qui c’est ?
La voix de Mike résonne dans mon dos. Je pivote et lui souris.
- Emy, mais je n’ai pas envie de lui parler. Je le rejoins dans le lit.
- Ah bon ? Passe-moi ton téléphone. Ordonne-t-il en me l’arrachant des mains. Pourquoi l’as-tu éteint ?
- Euh…Parce que je ne veux pas être dérangée.
Il rallume mon téléphone tandis que mon cœur tambourine contre ma poitrine.
- Mot de passe ?
- Qu’est-ce que tu fais Mike ?
- Mot de passe. Ordonne-t-il plus fermement.
- Mike…
- J’ai dit mot de passe. Ne m’oblige pas à m’énerver.
- Mike. Le mot de passe c’est Mike.
Il se fige le regard planté dans le mien puis un sourire apparaît sur son visage. Ce moment ne dure pas. Déjà, son attention est reportée sur mon téléphone. Quelques minutes plus tard, je vois son expression changer. Sa mâchoire se serre et son regard devient aussi noir que du charbon.
- Tu me mens maintenant Lili ? Comme ça c’est Emy qui t’a téléphoné ?
Il plante le téléphone sous mes yeux, attendant une explication.
- Je suis désolée, je voulais éviter que tu te mettes en colère.
- Eh bah c’est raté comme tu peux le constater. Pourquoi t’appelles-t-il à cette heure ?
- Je ne sais pas…
- Avez-vous l’habitude de discuter à des heures tardives ?
- Non ! Je suis aussi surprise que toi.
- Es-tu encore en train de me mentir Lili?
- Je te jure que non ! Hurlé-je.
Mike m’observe longuement, à la recherche sans doute de la vérité à travers mon regard. Soudain, il pose mon téléphone sur le lit et fais mine de se lever. Pas question que nous en restions là. Tout se passait si bien. Instinctivement, je me jette à son cou l’empêchant ainsi de s’en aller.
- S’il te plait crois-moi. Jamais je n’ai discuté avec lui au-delà de dix-neuf heures.
- Je n’aime pas ce type. Finit-il par dire après un long silence.
- Je sais. Je te promets de le tenir éloigner.
- Ne t’en fait pas pour ça. Je m’en occupe personnellement. Allez dormons maintenant, il se fait tard.
Ouf ! Il reste. Nous nous allongeons dans lit, adoptant la même position qu’il y a dix minutes. Apaisée, je m’endors au bout d’un moment.
Fin du vingt-quatrième chapitre. Bizbi.