Chapitre 24

Write by Spice light





– Joan MUAMBA FOKE –



Deux jours après être sorti du coma, on m’a appris que papa était mort le jour même de mon réveil.

Je me suis senti littéralement abandonné. Mais le seul espoir, c’est que je pourrais accélérer mon processus de voyage. Étant convalescent, j’ai été contraint d’attendre le transfert du corps vers Kinshasa, et c’est le lendemain de l’enterrement que j’ai pris la route avec les autres pour la maison des parents.


J’étais choqué et en colère d’entendre des membres de la famille dire que j’étais la cause du décès de mon père. Et qui avait propagé cette nouvelle ? Sun.

Alors, on s’est violemment disputés. Il m’a dit de quitter sa maison, qu’il s’en foutait. Que si j’y retournais, c’était que j’étais un chien.

C’est Rolls, notre aîné, qui a essayé de temporiser. Il venait juste d’arriver quand cela s’est produit, accompagné de sa fille de 6 ans (homonyme de Mine).


Light est retournée chez elle le lendemain de l’enterrement, vu qu’elle travaille. C’est plutôt Mine qui est encore là pour quelques jours.


– Joan, tu es voulu au salon, me dit l’une des nombreuses personnes encore présentes.

– D’accord, j’arrive.



– Bon, comme nous sommes restés en famille, je souhaiterais que tu t’excuses, Joan. Beaucoup de gens dans la famille te tiennent pour responsable de la mort de ton père. Que cela soit vrai ou pas, je voudrais que tu leur présentes tes excuses, me dit Franck, notre grand cousin.

– D’accord.

Je voudrais vous présenter mes excuses. Je sais bien qu’on a tendance à chercher un coupable lorsque nous sommes éprouvés, mais qu’à cela ne tienne… Enlevez cette image que vous avez de moi et pardonnez-moi, dis-je, tout en étant à genoux.


Après quelques secondes, ils acceptent et me demandent de me relever.

Je ne voulais pas le faire, mais leur donner l’occasion de salir mon nom ? Jamais.





– Rolls FOKE –



Vraiment, je n’ai pas apprécié l’attitude de Sun. Que papa soit mort le jour où Joan est sorti du coma peut sembler mystérieux, mais dans tous les cas, même si cela était vrai, je n’y vois pas d’inconvénient. Les parents peuvent tout donner pour le bien de leurs enfants. Aujourd’hui, moi-même étant parent, je serais prêt à donner ma vie pour chacun de mes huit enfants.


Les réunions familiales semblent être terminées, mais loin de là. Nous sommes une famille, oui, mais avec certains, le degré d’affinité est variable. Franck le sait et tient donc des réunions au fur et à mesure que les gens partent.


Là, il ne reste que nous les enfants (sauf Light), maman Elsa, et les neveux directs de papa (les enfants de ses frères et sœurs biologiques).


– Bon, je tenais à ce qu’on soit en comité restreint pour cette dernière réunion. Le deuil s’est passé sans encombre, et j’en suis ravi. Mais Sun, je n’ai pas apprécié que tu aies vilipendé ton frère, et j’espère que cela s’arrête là, lui dit fermement Franck.

– Hum ! Ce petit impoli doit apprendre à me respecter. Sinon, ce sera la guerre entre lui et moi pour toujours, réplique Sun, bien énervé.

– Sun, je t’ai laissé petit. Tu devais avoir au plus cinq ans, si j’ai bonne mémoire. Aujourd’hui, tu es adulte et responsable à tous les niveaux. T’en prendre à Joan, ton cadet de surcroît, ne t’honore pas. Au contraire, ce dernier a besoin de beaucoup d’attention. Papa est mort, mais pour vous, maman Elsa est encore vivante, et moi, ma mère aussi. Mais lui est orphelin de père et de mère. Notre amour et notre attention à son égard lui feront se sentir aimé et considéré. Les histoires de divisions entre nous doivent cesser, je réponds fermement à Sun.


– Je rejoins l’idée de Rolls, relève Marisa, une cousine.


– Bien. Et aussi, j’espère que pendant tout le temps du deuil, certains d’entre vous ont pu voir une certaine femme, plusieurs fois, même le jour de la levée du corps : elle était là, ainsi que son fils. Les voix se seraient élevées dans l’assemblée, mais je n’y avais pas fait cas.

En vrai, je ne connaissais pas cette femme. Mais j’ai décidé de creuser, puisque, comme vous le savez, même du vivant de tonton Victor, les grandes décisions familiales me concernaient toujours.


– Et c’était qui, cette femme ? J’ai entendu des chuchotements à son égard, sans plus, dit Ivy.

– Je ne suis au courant de rien, dit Sun.

– Bon. Comme je le disais, après la levée du corps, je l’ai accostée, et j’ai appris que cette femme a, avec elle, votre petit frère, âgé d’au moins dix ans.

Maman Elsa ne semble pas étonnée, à voir l’expression de son visage. Je conclus qu’elle en sait quelque chose.


– Alors maman Elsa, par votre calme, vous êtes au courant, ou je me trompe ?

– Je le sais depuis quelques mois. J’ai reçu cette femme et son fils pour une consultation. C’est là que j’ai découvert que cet enfant était un fils de Victor, bien qu’il ne porte pas le nom de Foke. Mais j’ai simplement demandé à Victor de laisser cet enfant où il était. Je n’en voulais pas sous mon toit.


– Bon, au vu de tout ce que l’on a vu et que tu as vécu, maman Elsa, vous avez vos raisons. Mais quant à vous, c’est votre petit frère, et d’une manière ou d’une autre, il faudra le côtoyer.

– Ah non ! Pour nous, notre benjamin, c’est Joan, répliquent Sun et Mine en même temps.


Je soupire simplement. Je suis fatigué. Ça fera pratiquement un mois que je n’ai pas eu un vrai repos, et il ne sera complet qu’à la levée du deuil.


– Au moins, vous êtes prévenus. Quant à toi, Rolls, tonton m’avait fait part de tes problèmes de santé, ce qui veut dire que tu viendras avec moi pour les consultations et la programmation d’une autre intervention chirurgicale.

Joan, ton cas, on y reviendra après la levée de deuil.

Ivy, sois calme quant à ton mariage. Lorsque ton fiancé sera prêt, on le recevra comme il se doit et je te donnerai ton mariage selon tes exigences.


Vous pouvez retourner à vos occupations. Rolls, suis-moi, me dit-il.




Nous sortons de la maison et cheminons ensemble à pied jusqu’à une autre maison. Il sonne et une femme, qui semble être la ménagère, nous ouvre.


– Bonjour. Anael est là ?

– Oui monsieur, elle est dans la salle de séjour. Venez, suivez-moi.


On entre dans le salon et on voit la Anael en question.


– Bonjour Franck. Bonjour monsieur.

– Bonjour, répondons-nous.


C’est une femme d’une trentaine d’années, quarante au plus.


– Anael, je te présente Rolls, l’aîné des enfants de tonton Victor.

– Ah, je vois un peu la ressemblance, bien que peu frappante, dit-elle.

Moi, c’est Anael, la maman d’Achael, le petit dernier de Victor.

– Mon petit frère donc, dis-je avec un petit sourire.

– Oui. Achael est allé faire un tour avec l’une de ses cousines. Ils seront bientôt là.


On patiente un peu, et le petit revient avec sa cousine.


– Achael, viens voir qui est là, lui dit sa mère.

Son visage s’illumine à la vue de Franck.

– Papa Franck ! crie le petit.

– Mon vieux, comment vas-tu ? lui dit Franck.

– Trop bien ! Je te croyais rentré.

– Je viendrai te dire au revoir, comme promis. Là, je t’emmène ton grand frère. Le premier yaya de ton papa.

– Ah, c’est toi Rolls ? me demande le petit.

– Oui, c’est moi.

– Papa m’a parlé de vous tous. Et j’ai vu tout le monde en photo, sauf toi. Tu n’as pas d’appareil photo ?


On passe beaucoup de temps avec ce petit, et Franck s’éclipse avec sa mère. Moi, je reste avec ce dernier.


J’ai quand même mal pour ce petit. Ses autres frères ne voudront pas de lui. Franck, bien que présent, aura du mal à être une figure paternelle pour lui. Et quant à moi, je suis très loin d’ici, et ma vie n’est pas rose. Je survis au jour le jour.

Papa a été égoïste sur ce coup. Heureusement que sa mère semble être une personne posée, et pourra prendre soin de son fils comme il le faut.


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