Chapitre 24 : Introspection d’un homme blessé
Write by kaynaliah
*****Serge******
Cela fait une semaine que je vis au ralenti. Mon mariage me file entre
les doigts et je suis à deux doigts de perdre ma famille tout
simplement. Je n’arrive pas à l’accepter. Abbi m’a vraiment eu sur ce
coup et je ne peux rien arranger cette fois-ci car j’ai bien écrit la
mention « Lu et approuvé ». Je suis désespéré. J’aime ma femme
plus que tout au monde et ne veux en aucun cas me séparer d’elle. Elle
m’a chassé de la chambre conjugale et je dors dans la chambre d’amis. Ma
femme ne me supporte plus tout simplement. Il est vrai que je suis
désespéré mais je refuse de baisser les bras. J’ai encore de l’espoir.
Je veux encore croire que je peux sauver mon mariage de ces cendres
presque dispersées par ma femme. Je veux croire que je peux encore
récupérer ma famille, ma vie, mes enfants. La vie est vraiment
imprévisible. Il y a quelques temps encore, je jouais avec ma vie en
étant infidèle à ma femme. A cette époque, je me sentais si invincible
en me disant qu’Abbi ne découvrirait jamais ma double vie. J’étais
persuadé que jamais elle ne découvrirait ce visage de moi. Ma femme
m’avait tellement mis sur un piédestal que j’y ai pris mes aises et me
suis cru indétrônable. Mais comme on le dit si bien : « tout ce qu’on
cache sera à découvert un jour ». Le karma ne m’a vraiment pas loupé. Au
moment où je décide de me ranger, l’heure pour moi de payer pour mes
mensonges et infidélités a sonné. Je suis entrain de payer le prix fort
surtout et c’est ce qui me détruit le plus je crois. Abbi est têtue et
entêtée mais tout ce qui se passe est juste de ma faute. J’ai une femme
formidable et j’ai juste fait l’homme et me voilà à la case « si je
savais ».
Je rentre à peine de mon footing et me dirige vers
la cuisine où je trouve Abbi affairée devant le frigo. Elle est de dos
et ne me voit pas arriver. Avec ses écouteurs aux oreilles, elle ne peut
entendre ce qui se passe. Je m’arrête pour l’admirer. Elle prend une
bouteille de jus de fruits et une autre d’eau avant de refermer le
frigo. En me voyant, elle sursaute et fait tout tomber au sol et pose sa
main sur son cœur.
-« Serge….. »
-« Je suis désolé. Je ne voulais pas t’effrayer »
-« Regarde ce que j’ai fait par ta faute »
-« Attends je vais t’aider »
-« C’est bon. Tu devrais plutôt aller prendre une douche. Tu transpires trop. »
-« Je sais mais avant j’ai besoin d’un verre d’eau »
-« Ok »
Elle a ramassé les bouteilles avant de se diriger vers le plan de
travail où elle pose les bouteilles. J’ouvre à mon tour le frigo et
prends une bouteille d’eau mais en me retournant, je vois Abbi qui me
tend un verre d’eau.
-« Merci »
-« De rien »
Je
prends le verre que je vide jusqu’à la dernière goutte sous les yeux de
mon épouse. Elle va récupérer la bouteille dont elle verse un peu du
contenu dans mon verre. Je finis par déposer ça dans l’évier avant de
monter prendre une douche. Je sors de là un quart d’heure plus tard tout
frais et m’habille avant de passer par la chambre des enfants. Ils sont
éveillées et sages avec leurs tétines dans la bouche. Je me penche vers
eux et les regarde attentivement. Je les embrasse même si j’avoue que
j’ai encore un peu de mal d’établir une relation avec Aaron mais j’y
travaille. Si à plus forte raison il y a un grand lien avec Abbi c’est
que je peux l’aimer comme mon fils aujourd’hui. Abbi me retrouve dans la
chambre.
-« Tu peux m’aider à les descendre s’il te plaît ? » demande-t-elle
-« Oui bien sûr »
-« Merci »
Elle a pris Aaron tandis que je me suis chargé des deux autres. On les a
mis dans leur parc installé au salon avant de prendre place à la salle à
manger. Je bénis le repas avant de commencer à prendre le
petit-déjeuner. Abbi me sert comme d’habitude et on mange dans une bonne
ambiance. Je suis si proche d’elle mais à la fois si loin. Il y a
quelques temps encore, j’étais un peu serein quant à la possibilité de
pouvoir faire émerger de l’eau mon mariage. Mais je dois avouer que
depuis quelques jours, je ne suis plus sûr de moi. Voir Abbi aussi
déterminée à se débarrasser de ce mariage me peine énormément. Je sais
que tout est de ma faute mais je perds espoir qu’elle puisse réellement
me pardonner. Ma femme me manque et je ne sais pas si je pourrai
accepter de la perdre ou de vivre sans elle. C’est grâce à elle que je
suis l’homme que je suis devenu aujourd’hui. Je lui dois tout.
-« je serai de retour cers 13 heures »
-« Très bien. Tu salueras Marcel de ma part alors »
-« Ok »
Je lui fais une bise sur la joue et je vois par sa réaction étonnée
qu’elle ne s’y attendait pas du tout. Je lui réponds par un sourire
avant d’embrasser les enfants et de prendre mes clés pour sortir. Je
viens de me garer devant Pélisson où je dois rejoindre un vieil ami qui
vient de rentrer définitivement sur Libreville. Je rentre dans le salon
de thé et je l’aperçois assis au fond de la salle. Je me dirige vers
lui.
-« Salut frangin »
-« Le grand OBERDENO » »
A peine je prends place qu’un serveur vient prendre ma commande.
-« Monsieur RETENO. Comment vas-tu ? Et ton épouse ? Et votre fille ?
»Ma famille va bien à part que Lily et moi sommes divorcés désormais »
-« Quoi ? Que s’est-il passé ? »
-« En gros j’ai fait le con et j’en ai payé le prix fort »
-« Je suis désolé mec »
-« Il n’y a pas de quoi. Mais entre temps ma famille s’est agrandie »
-« Waouh »
-« J’ai eu deux autres enfants : deux garçons »
-« Félicitations »
-« Merci. Mais toi tu es un bon viseur en faisant des jumeaux d’un premier coup »
-« Sur ce coup, je te devance d’une certaine façon »
Nous sommes partis dans un fou rire général avant qu’on ne se raconte
chacun nos vies respectives. C’est fou comme l’histoire de Marcel est
presque similaire à la sienne.
-« Voilà tu sais tout. »
-« Je suis désolé »
-« Comme je te l’ai déjà dit, je paie chèrement la facture de mes actes »
-« ….. »
-« Mon divorce a été prononcé il y a quatre ans maintenant. J’ai
vraiment espéré que Lily puisse me reprendre un jour mais j’ai eu le
coup de massue lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle a rencontré quelqu’un et
qu’elle veut faire du sérieux avec eux. J’en ai eu le cœur déchiré
Serge. A chaque fois que j’allais prendre mes enfants chez elle et que
je voyais cet homme à ma place j’étais fou de jalousie. Mes enfants
l’aiment tellement et n’en parlons même pas de Lily. J’ai baissé les
bras et aujourd’hui je survis. En plus de ça, je n’adresse plus la
parole depuis près de cinq ans à ma mère ni à mes sœurs. Elles ne
peuvent même pas franchir le seuil de la porte de ma grand-mère. Mon
père a exigé le divorce et je n’ai pas été au mariage de ma petite sœur
malgré ses larmes. Tout ce qui est s’est passé est en grande partie de
leur faute. Certes j’ai ma part de responsabilité mais elles sont
l’instigatrice de mon malheur aujourd’hui. Je ne veux plus rien à voir à
faire avec elle car ce ne sont que des sorcières. Même ma sœur qui
était mariée a divorcé à la demande de son mari qui l’a trouvée
finalement trop mauvaise. Mon propre sang m’a trahi et a détruit mon
couple mais elles aussi souffrent de cette situation car tout ce qui
leur arrive est juste la justice divine. »
-« ….. »
-« Le plus
fou dans cette histoire est que j’aime toujours ma femme malgré tout ce
qui s’est passé mais je sais que jamais je ne pourrai la retrouver comme
je le veux. Je sais que nous sommes divorcé mais elle restera l’unique
femme de ma vie et rien ne pourra faire changer cela. Elle m’a donné
deux trésors que je chérirai toute ma vie. En plus de saboter mon
bonheur, j’ai perdu ma meilleure amie. C’est vraiment difficile Serge de
voir la femme que tu aimes te rejeter. C’est douloureux de l’entendre
te dire qu’elle va épouser un autre homme. On dit toujours qu’un homme
ne pleure pas mais depuis a séparation avec Lily, j’ai été tenté de le
faire plusieurs fois »
-« Je suis désolé pour tout ce que tu traverses »
-« C’est moi qui ai merdé après tout et je n’ai pas le droit de venir entâcher son bonheur »
-« …… »
-« Fais tout ce que tu peux pour sauver ton mariage mais si c’est mort
déjà du côté d’Abbi, considère que c’est perdu. Il y a des batailles
qu’il ne sert à rien de mener »
-« J’ai û apprendre à lâcher prise
et à la laisser partir tout simplement pour son propre bonheur. J’ai
arrêté d’être égoiste et de penser à ce que je voulais. C’est moi qui
était en faute et c’était à moi de m’aligner à sa décision malgré toute
la douleur que cela m’e cause jusqu’aujourd’hui. »
-« En gros quel conseil me donnes-tu ? »
-« Laisse la partir si c’est vraiment son choix. Tu ne peux pas la
forcer à rester avec toi. Evite qu’elle finisse par te détester »
-« Je ne sais pas si je suis prêt à faire cela »
-« Pense à elle et non à toi en ce moment. Un divorce met en moyenne
deux ans pour être prononcé. Tu as exactement deux ans pour changer les
choses et prouver à ta femme que tu es toujours cet homme dont elle est
tombée amoureuse et que tu mérites qu’elle te donne une seconde chance »
-« Ca se voit que tu ne connais pas Abbi »
-« Je sais qu’elle est bornée mais c’est ainsi. Prends ton mal en
patience. Si tu y arrives, peut-être que dans deux ans tu renverseras la
donne et récupérera ta famille »
j’avoue que cette discussion
avec marcel m’a fait réfléchir sérieusement et surtout voir les choses
autrement. Et si cela fonctionne ? Et si au final j’échoue ? Suis-je
seulement prêt à prendre ce risque ?
En rentrant chez moi, j’ai
réfléchi à plusieurs reprises à toutes les possibilités et à mes
chances de réussite qui sont plutôt minces actuellement. Toute décision
est un risque. Je préfère qu’Abbi croit que finalement je pense comme
elle alors que je fais tout pour la récupérer sans qu’elle ne s’en rende
compte. Je vais de ce pas devant la porte de la chambre conjugale et je
toque à la porte.
-« Entrez »
Je la trouve allongée sur notre lit entrain de lire sur sa tablette.
-« Je ne te dérange pas »
-« Non vas-y. » dit-elle en me regardant
-« ….. »
-« Tu as besoin de quelque chose ? »
-« Juste de parler avec toi »
-« Je t’écoute »
Je me dirige vers elle et m’assois sur le lit.
-« J’ai bien réfléchi à notre situation et j’accepte »
-« Qu’est-ce que tu acceptes ? »
-« Le divorce »
-« ….. »
-« Je n’ai pas à t’exiger quoi que ce soit. Je n’ai même rien à te
demander. Si ton bonheur dépend de ce divorce, faisons-le alors. Je suis
juste désolé qu’on en arrive là. Je te demande pardon pour tout. Je
suis désolé Abbi. Je suis profondément désolé. Je suis désolé de t’avoir
fait couler des larmes, de t’avoir causé de la peine, de t’avoir
considéré comme acquise, de t’avoir menti. J’ai vraiment honte de mon
comportement. Merci pour nos enfants. Merci pour Aaron. Tu es vraiment
formidable. Je serai toujours là pour toi ne l’oublie jamais. Je ne te
demande juste qu’une chose, qu’on ne se déchire pas pour les enfants »
-« Ok »
-« Pour ça, je suggère qu’on continue de vivre ensemble jusqu’à ce que le divorce soit prononcé »