Chapitre 25

Write by EdnaYamba

Chapitre 25

Aaron MEVIANE

La porte à demie-ouverte, j’agite le mouchoir blanc en guise de signe de paix espérant qu’elle soit prête à me recevoir.

- Entre Aaron, dit-elle en riant

Elle rit. C’est déjà bon signe.

Elle est assise sur le lit, prenant du yaourt.

Linda qui est avec elle, se lève pour m’embrasser alors que je cache derrière mon dos une rose que j’ai achetée chez un fleuriste à Montagne Sainte.

- Tiens c’est pour toi, pour me faire pardonner ! lui dis-je en lui tendant la rose.

Je lui fais la bise.

- Merci, dit-elle en prenant la rose qu’elle porte à ses narines pour apprécier la senteur

J’ai bien conscience que j’aie mal agi la dernière fois mais que son prétentieux de fiancé joue au coq m’a mis hors de moi.

Il n’est pas digne d’elle.

Il ne la mérite pas !

Et maintenant que les cartes sont redistribuées j’ai autant ma chance que lui.

Ils ne sont pas encore mariés.

- Linda, tu peux nous laisser quelques minutes s’il te plait ! dit-elle à sa sœur.

- D’accord !  dit-elle en se levant

- Profites-en pour me prendre des fraises, s’il te plait ! 

- Encore, fait Linda en levant les yeux au ciel. Bon d’accord !

Linda s’en va nous laissant seuls.

Une fois la porte refermée, je peux voir Tia froncer les sourcils. Son sourire s’est évanouit.

La rose n’aura pas été suffisante pour me faire pardonner.

- Je suis encore fâchée contre toi Aaron ! me dit-elle.

- Je me suis comporté comme un idiot, je sais !

- Bien plus, depuis quand il était question d’enquêter sur Peter ? 

- Tu étais pleine de doutes et je voulais t’aider mais je n’aurais jamais cru que…

- Ça ne te regardait pas ! tranche-t-elle. 

Je suis surpris. 

Je pensais qu’elle me remercierait de l’avoir démasqué.

Mais elle me fait le reproche d’avoir enquêté sur Peter sans son accord.

Je lis dans sa voix que les informations ne lui ont pas fait que du bien. 

La méthode n’était certainement pas la bonne mais c’était un mal pour un bien.

- Dorénavant je préférerais que tu ne te mêles plus de ce qui se passe entre Peter et moi !

- Vous êtes toujours ensemble ? demandé-piqué par la curiosité avec une pointe de déception.

- Non ! 

Ouf .

J’ai encore toutes mes chances !

- Je n’ai pas l’intention d’en parler avec toi, complète-t-elle.

- D’accord, me résigné-je mais tu dois savoir Tia que maintenant que je sais tout ça, je vais moi aussi tenter ma chance !

Elle soupire.

- Tu es têtu ! n’en parlons plus. Alors ça avance l’enquête ? 

- Oui, d’ailleurs je dois y aller ! je dois faire un tour chez Blandine MAVOUNGOU.

- Qui est-ce ?

- La sœur de Raïssa MAVOUNGOU !

Je l’embrasse au front et prend congé alors que Linda me remplace dans la pièce.


                                               ***

Je m’enfonce dans le quartier qui a abrité les jeunes années de Raïssa MAVOUNGOU à la recherche de sa sœur, il ne me faut pas beaucoup de temps pour repérer la petite maison en demie dure aux bois pourrissants.

Je donne deux coups prudemment sur la porte qui pourrait céder à n’importe quel moment. Bientôt j’entends :  

- Y a quoi le matin comme ça, IVALA si c’est pour ton argent je n’en ai pas !

Puis une femme d’une trentaine d’années apparait attachant son pagne dans lequel s’enfouit un tee shirt du parti au pouvoir des années 90.

- Jo, toi c’est qui ? me demande-t-elle méfiante en me relookant de la tête aux pieds.

- Blandine MAVOUNGOU ?

- A tué ? réplique-t-elle. 

Elle est sur le ton de la méfiance que je comprends que je ne tirerais pas grand-chose d’elle en me présentant en  tant qu’officier de police. Je ruse en prétextant que je suis que je suis un agent de l’état passé pour faire du recensement sur les familles à budget réduits.

- Ça là même c’est moi, fauchée de première avec une sœur qui s’en fout ! pardon assieds-toi !

Elle ramasse une chaise en plastique cassée doublée sur une seconde  qu’elle me tend avant de prendre elle-même un tabouret.

- Vous avez une sœur !


- Pardon laisse celle-là, elle n’est pas concernée par ton étude. Oui tu veux savoir quoi ? Regarde toi-même où je crèche ! 

Effectivement l’état des lieux laisse à désirer. 

C’est incroyable de penser qu’elle a une sœur pratiquement aux commandes d’une société et qu’elle vive dans cette pauvreté.

Quel contraste !

Je fais semblant de prendre note sur mon calepin.

- Alors vous faites quoi dans la vie ?

- Oh jo, tu me trouves à la maison à l’heure-là. et tu me demandes si je job même toi-même ! note là-bas chômage !

- D’accord ! vous vivez avec quelqu’un ?

- Je vais passer mes nuits seules pourquoi je suis vilaine ?

Elle se lève et tourne sur elle-même me montrant ses belles formes.

- On patauge dans le concubinage ! complète-t-elle.

- Parlez-moi de votre mari ?

- Je te parle de copinage, tu parles de mariage. Tu as vu une bague ? faut pas marquer là-bas marié hein !  

Il faut de la patience pour discuter avec la dame. 

- D’accord votre copain c’est qui ?

- C’est un commerçant naîgé

Voilà qui est bon à savoir. Encore un nigérian.

- Mais  y a pas le gain dedans ! les gens ne paient plus les habits, le do a falla le pays !.

Je poursuis subtilement mon interrogatoire évitant de rire au passage et gardant tout mon sérieux.

- Il rentre à quelle heure, ce serait bien que je prenne aussi ses informations à lui !



 Peter SIMA

La soirée est morne.

Assis  sur bar du RE NDAMA , devant l’écran plat  où se déroule un match de la CHAMPION’S LEAGUE , j’avale la dixième bouteille de REGAB depuis le début de la soirée.

Mon humeur ne change pas malgré le fait que mon équipe domine largement le match. 

La déception est tellement forte que je n’arrive même pas à me saouler.

- Je t’avais dit dès le début que c’était dangereux ! me dit Mitch. Sur ce coup-là tu as fait un peu l’idiot !

Je n’ai pas besoin d’écouter ses remontrances. Pas aujourd’hui. Je secoue la tête exaspéré.

- Écoute type ! pour l’instant elle est irritée ça se comprend mais elle t’aime ! ça va lui passer !

- Elle est enceinte ! 

- Whoa ! félicitations type ! comme dirait Layla nous sommes en pleine Baby fever ! tu te sens comment ?

Plusieurs émotions m’ont traversé depuis qu’elle me l’a dit.

Je suis passé du choc à  la surprise à la joie ensuite à la peur qu’elle me tienne éloignée d’elle durant cette période. Et maintenant l’impuissance, parce que j’ai tout sauf envie de la brusquer.  je  n’avais pas pensé être père aussi vite mais l’idée de devenir père m’apparait maintenant comme une réalité merveilleuse surtout que je  n’aurais pas rêvé mère pour mon enfant que Tia.

Je sens naitre en moi le désir de les réclamer tous les deux, elle et l’enfant mais j’ai déjà assez mal fait les choses pour en rajouter sur mon Cv déjà pas très élogieux. Les mots qu’elle avait prononcés résonnaient encore : manipulateur, menteur. Enchainée, elle se sentait enchainée. Elle devait certainement le détester encore plus avec cet enfant !

Et à ça s’associait le fait qu’elle ne lui faisait pas assez confiance, et qu’il ne la comprenait pas ! Ce qui profitait bien à l’autre.

- Tu as pu examiner sa voiture ? demandé-je en me rappelant.

Mitch prend soudain un air que je ne lui connais qu’en situation sérieuse.

- J’avais oublié ! Peter cette voiture a été bel et bien sabotée mais tu ne vas pas me croire quand je te dirais la suite

Je dépose la bouteille sur la table du bar. Mes forces me lâchent aussitôt. 

Sabotée ? Quelqu’un avait donc vraiment voulu attenter à sa vie. Il l’aurait perdu et le bébé aussi.

- C’est le même procédé que pour la voiture de Damien ! annonce Mitch

- Tu es sûr Mitch ? 

- Sûr et certain Peter ! Je jure sur notre amitié ! 

Ils avaient toujours pensé que la mort de Damien était restée impunie.

La police n’avait jamais pris en compte les rapports de MITCH sur l’état de la voiture. Ils avaient abandonné parce qu’ils n’avaient aucune piste par laquelle commencer à chercher.  Ils ne connaissaient à Damien aucun ennemi déclaré qui pourrait susciter leur intérêt à enquêter. 

Mais voilà que Tia aussi avait été sabotée et par le même procédé et la seule chose qui unit Tia à Damien c’est :

- D-RAX ! disons nous ensemble.

Pourtant rien ne me semblait louche dans cette histoire.

J’avais assisté à toutes les réunions et présentations sur le produit.

Les paroles de Tia me reviennent :

«  Il y a un complot autour de ce produit Peter selon Sylvain KAKOU. Ce produit pourrait être très dangereux ! »

- Peter, y a quelque chose de louche là-dedans ! 

- Mais quoi ? Tia dit que le produit est dangereux j’ai moi-même regardé ces papiers Mitch !

- Tu m’as dit que c’est pas la première agression ?

- Apparemment ! mais c’est une avocate n’importe qui pourrait l’en vouloir !

- N’importe qui Peter. Mais pourquoi maintenant ? 

Mitch a raison. Je refuse de voir la réalité en face alors que les problèmes de Tia semblent avoir commencé depuis qu’elle est sur cette affaire. C’est pourquoi elle ne s’est pas confiée à moi. je m’en veux ! 

- Jo, il va peut-être falloir fouiller dans les affaires de Damien ! peut-être que tu pourrais trouver un indice, je ne sais pas moi ! 

- Ça veut dire que Tia et mon enfant sont en danger !

Je plie les poings de colère rien qu’à l’idée de penser que quelqu’un veut attenter à la vie de ma femme et de mon enfant.

Et il n’est pas question que je reste sans rien faire. Je dois tirer au clair cette histoire.

















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