Chapitre 25

Write by EdnaYamba

 

Chapitre 25

Mélanie BOMO

-         Est-ce que tu comprends bien les implications de tout ceci ? essaye de me raisonner maman. C’est un geste grave qu’ils ont posé là…

Si je lui disais ce que j’en pense réellement, elle crierait au scandale et comme ces derniers temps elle se dit très contrariée par mes agissements je préfère me taire et l’écouter.

Mais sinon qu’est-ce ça m’importe peu, qu’ils aient déposé cette bouteille de sable, que cela signifie que sa vie est entre mes mains ? Qu’ils l’aient déposé avec toute la fougue possible ? Rien du tout.

Tout le spectacle qu’ils ont fait ne m’a en rien attend, sauf mon père.  c’est à cause de lui que pour  l’instant je vais faire profil bas, me faire oublier avant d’attaquer comme un serpent, ils ne me verront pas venir.

-         Ton père est déjà affecté par tout ça. accorde le divorce à BOUMI et passe à autre chose.

Le divorce ? Ça ce n’est pas moi ! pensé-je intérieurement

D’ailleurs si pour l’instant je ne peux pas mettre mon plan en exécution, je peux au moins l’emmerder avec ça. Hors de question qu’il soit libre afin d’épouser Isabelle. Hors de question.

J’imagine que son avocat a déjà dû lui expliquer que le fait que je refuse d’accorder le divorce ne lui laisse que deux choix possibles, le divorce pour faute ou altération définitive du lien conjugal. Dans les deux cas, je ne suis pas inquiétée, ça nous prendra un peu de temps. Et le temps c’est tout ce que je demande.

Plus ce sera long, mieux c’est. Parce qu’avec ce que je prévois on sera tous perdants dans cette histoire, tous. Quand je pense qu’il lui suffisait juste de m’aimer, m’aimer un tout petit peu, était-ce difficile ?

-         Tu vois comment toute cette histoire a affectée ton père, tu peux encore bien faire les choses, Mélanie. éloigne-toi des BOUMI

-         J’ai compris, lui dis-je lasse de ses sermons, je vais dire au revoir à papa.

Je me dirige dans la chambre dans laquelle est hospitalisé mon père. Cette réunion l’a affectée parce qu’il n’a pas pu accepter tous les propos des BOUMI à mon endroit, d’ailleurs pour lui Antoine a juste voulu se débarrasser de moi parce que je suis ‘’stérile’’.

Il  a ruminé ça pendant des jours, sa tension a augmentée et il a fini par nous faire une crise d’AVC. Dieu merci maman était avec lui et rapidement l’a conduit à l’hôpital. Il récupère assez progressivement grâce à Dieu.

Franchement ce n’est qu’à cause de lui que je vais retarder mes plans.

Isabelle MOUKAMA

Quand j’arrive au restaurant ce matin, Lydie est  absente.

Avec la serveuse nous rangeons les tables et apprêtons le restaurant.

Quand je finis, je m’occupe du plat du jour que je mets au feu avant d’aller regarder notre cahier.

Je le parcours et je me rends compte que les jours où elle s’est occupée du restaurant, les chiffres sont inférieurs à la moyenne habituelle.

C’est assez étonnant.

J’appelle la serveuse.

-         Dis-moi hier y avait du monde au restaurant quand meme ?

-         Oui madame, hier c’était comme d’habitude hein, plein !

Plein !?  si la fréquentation est assez similaire aux jours précédents, ce n’est certainement pas cette somme que je devais voir .

Pas cette somme.

Comment se fait-il qu’elle n’ait même pas enregistré la moitié des recettes habituelles ?

-         Ok , merci tu peux y aller.

Elle est bien en train de nous voler.

Ou alors je me fais trop d’idées.

Entre les emprunts qu’elle n’a jamais rendu et ça, cette collaboration commence à battre de l’aile.

Le comble c’est qu’il s’agit de Lydie, pas d’une personne quelconque. Lydie, il y a certainement une explication logique à tout ceci.

Si elle a des soucis financiers pourquoi ne pas m’en parler ? Encore que je ne crois pas que ce soit le cas.

Ce restaurant on l’a ouvert ensemble , avoir une activité rémunératrice afin de pouvoir être financièrement indépendantes… Je le fais pour mes enfants je me serre la ceinture, ne puisant pas à l’intérieur comme je voudrais, je ne vois pas pourquoi elle devrait le faire.

Je prends mon téléphone.

-         Bonjour Lydie. Tu comptes passer par le restaurant aujourd’hui ? j’aurais besoin qu’on s’entretienne.

-         À quel propos ?

-          À propos du restaurant mais bon…

-         Les restaurant a quel problème ?

-         On ne peut pas discuter de ça au téléphone ! lui dis-je

-         Comment ça tu m’appelles, tu me dis qu’on doit parler à propos du restaurant et tu me dis pas au téléphone, ça veut dire quoi ? s’enflamme-t-elle, moi je ne serais pas là-bas aujourd’hui, j’ai des choses à faire ! Demain !

-         Demain alors ! répondis-je en gardant mon calme.

Elle raccroche.

J’espère que l’approche amicale va servir à quelque chose qu’empirer la situation vu comment elle se braque déjà au téléphone. Voilà la difficulté de faire les projets avec les amis.

Je referme le cahier de comptes pour aller arrêter la marmite au feu.

Bientôt les clients affluent dans le restaurant.

 Entre les abonnés et les anciens clients. L’affaire est prospère. C’est pourquoi les chiffres de Lydie me semblent tellement fallacieux.

Il est environ 14h quand je vois arriver Antoine accompagné d’un monsieur d’à peu près le même âge.

Mon cœur bat.

Qu’est-ce qu’il fait là ?

Depuis la dernière fois, nous n’avons pas repris contact.

J’espérais que ce serait le cas sauf information urgente concernant son épouse.

J’envoie la serveuse leur demander ce qu’ils veulent. Elle revient.

-         Ils désirent le plat du jour.

-         Ok occupe-toi ! dis-je en me refugiant dans la ccuisine.

 

Antoine BOUMI

-         C’est elle Alain, fais-je remarquer à mon ami alors qu’elle s’enfuit, c’est elle la femme de ma vie, la mère de ma fille.

-         Ton histoire n’est pas simple, très cher ! me dit-il, mais si tu sais que ce n’est plus possible entre vous pourquoi te fais tu du mal en venant encore ici ?

Peut-être parce que je peux me contenter de voir son visage.

J’ai essayé de me raisonner ces derniers jours, que c’était peine perdue.

J’ai essayé de me dire qu’elle avait dorénavant refait sa vie, que je ne devrais pas me montrer égoïste

Mais l’avoir tenu à nouveau dans mes bras, la voir pleurer, voir qu’on partageait la même peine, la même douleur de ne pas être ensemble, a réveillé en moi mon désir de l’avoir à mes côtés.

Je l’aime c’est un sentiment qui est indéniable.

La serveuse nous apporte les plats.

Au fond  je n’ai pas faim, je ne suis là que pour la voir. J’ai amené Alain pour faire diversion, je veux qu’il embrouille la serveuse le temps que je me glisse là où elle s’est cachée.

-         Mais ma chérie, viens d’abord ! dit Alain à la serveuse qui s’approche

La jeune fille croit certainement que le bel homme en veste qui laisse paraitre quelqu’un qui a brillamment réussi dans la société ce qui n’est pas faux dans le cas présent voudra certainement la draguer.

Alors qu’Alain fait sourire la belle qui ne sait plus quelle position adopter, j’en profite pour demander les vestiaires et faire diversion.

Je la trouve là dans la cuisine assise.

-         Isabelle !

Elle sursaute.

-         Qu’est-ce que tu fais là ? le coin clients c’est dehors ! me dit-elle

-         Je voulais te voir, est-ce mal ?

Elle se lève d’un bond pour se mettre à distance.

-         Pourquoi tu fuis ?

-         BOUMI s’il te plait retourne d’où tu viens…

-         Je ne peux pas, lui dis-je sincère, c’est au-dessus de mes forces, j’ai essayé de me raisonner…

-         J’ai une famille, un mari et des enfants…oppose-t-elle, ne fais pas ça…

Ça je le sais. Oh que je le sais.

Mais si la vie a été injuste avec moi, pourquoi serait-ce à moi d’etre juste envers les autres ?

Je m’approche. Elle tente de m’échapper pour passer à travers la porte mais je la retiens.

-         J’ai essayé Isabelle, j’ai vraiment essayé..mais je ne peux pas

-         BOUMI…ne fais..pas…

Elle n’a pas le temps de terminer sa phrase que mes lèvres s’écrasent sur les siennes, avec fougue et toute la passion accumulée depuis.

Je ne veux pas la laisser et elle ne fait rien non plus pour que je la laisse.

Et je me sens revivre.

C’est comme si le temps reprenait son cours.  Rien n’a changé. Rien, tout est toujours intact. Son cœur bat au même rythme que le mien.

Mais bientôt ce sont ses larmes qui me font arrêter.

-         Je suis mariée, pleure-t-elle. La main sur les lèvres

-         Et tu sais comme moi, que tu ne l’aimes pas vraiment…Isa, regarde-moi

Elle détourne son regard.

-         Isa, je t’aime ! je ne peux pas ne pas essayer tu comprends ? je ne peux pas !

-         Si tu m’aimes vraiment… pars , ne reviens plus !

Je dépose un baiser sur son front avant de la laisser seule et de rejoindre Alain avec qui la jeune serveuse rit aux éclats.

D’un regard il comprend qu’on n’a plus rien à faire ici, il dépose l’argent en laissant un pourboire à la serveuse déçue qu’il n’ait pas pris son contact et nous regagnons ma voiture.

-         BOUMI, elle est mariée !

Je  freine brusquement.

-         Je le sais ça ! m’énervé-je en tapant un coup de poing sur le klaxon !

J’enlève ma veste et descends de la voiture.

-         Prends les clés, je vais marcher un peu

-         BOUMI, me dit Alain !

-         J’ai besoin de m’aérer un peu l’esprit !

Il n’insiste pas. Quand il démarre je prends la direction de la plage, j’ai besoin d’aller crier ma rage.

Je ne peux pas vivre en la sachant tout près mais aussi si loin… je ne peux pas.

C’est tout saoul que je rentre chez moi, dans une maison vide.

 

Isabelle MOUKAMA

Je m’assois sur la chaise essuyant rapidement avec le bord de ma robe mes larmes.

Comment vais-je pouvoir l’éviter, s’il décide de ne pas lâcher prise ?

C’est facile de résister s’il se tient éloigné mais s’il décide de ne pas abandonner, comment je fais pour comprimer tout ce que je ressens ?

 Quand les clients s’en vont un à un, nous restons à ranger les tables, et  la cuisine.

-         Madame votre  mari est là ?

René ?

Je suis assez surprise.

Je sors  de la cuisine dans laquelle je me trouve et je le trouve assis dans un coin du restaurant.

Il n’a pas l’habitude de venir ici. Qu’est-ce qui l’amène ? Surtout que depuis c’est à peine si on s’adresse un mot à la maison.

-         Je suis venu te chercher ! m’annonce-t-il

-         Je n’ai pas encore fini, on range les chaises et tables ! lui dis-je

-         J’attends !

-         Madame, me chuchote la serveuse, vous pouvez y aller. je vais finir !

Je la remercie et prend mon sac afin de suivre René.

Tout le trajet est silencieux.

Le silence est le langage que nous parlons depuis plusieurs jours.

Il dort au salon et très tôt le matin avant le réveil des enfants, il vient dans la chambre. Au moins le point positif est que les enfants ne sentent pas la tension qui pèse entre nous.

-         Où sont les enfants ? demandé-je en remarquant qu’il n’ y a personne à la maison.

-          Chez ma mère, nous  sortons !

Aller déposer mes enfants chez sa mère, je n’ai rien contre elle mais il aurait quand même pu me prévenir au moins.

-         Et on va où ?

-         Nous sommes invités chez Lydie et Remy. Ils donnent un repas pour leur nouvelle maison !. Apprête-toi s’il te plait.

Nouvelle maison ? Je suis assez surprise Lydie ne m’avait pas dit qu’ils faisaient des constructions ou qu’ils comptaient déménager.

-         Une nouvelle maison c’est-à-dire ?

-         Une nouvelle maison, la maison qu’ils construisaient est finie. Ils ont emménagé.

-         Ça me surprend…. René tu sais à propos de Lydie, j’ai remarqué quelques erreurs dans le cahier de comptes et…

-         Ah non ! je dis non Isabelle. M’interrompt-il Je connais Lydie et Remy depuis bien longtemps avant toi et ce sont des gens honnêtes tu ne vas commencer à semer le doute dans mon esprit, Remy travaille… change toi on y va !

Je n’ai pas pu finir d’exposer ma pensée. Je suis tout simplement allée me changer. De toute façon, elle et moi, on se verra ce soir. Je lui poserais la question.

C’est une belle maison en briques qui nous accueille. Lydie vient tout sourire nous accueillir, et nous inviter au salon où plein d’autres de leurs amis sont également présents.

J’écoute Remy raconter comment ils ont dû serrer la ceinture afin d’épargner pour arriver à ce résultat.

-         Lydie est vraiment une femme battante. Quand j’étais épuisé financièrement, c’est elle qui prenait tout en charges !

Avec l’argent de notre restaurant ai-je envie de répliquer.

Quand elle s’éclipse dans la cuisine, je la suis.

Je suis trop dépitée pour ne pas lui en parler.

-         Je croyais qu’on était amies Lydie, lui dis-je

-         De quoi tu parles Isabelle, me dit-elle en rangeant le manioc dans les plateaux.

-         De l’argent ! lui dis-je.

-         Je te dois quelque chose et je ne t’ai pas remboursée ? me demande-t-elle avec ironie. Oh dis-moi !

-         J’ai regardé le cahier de comptes et y a des irrégularités, et je comprends que cet argent a servi à ça.. tu aurais pu me dire que tu en avais besoin au lieu de nous voler

-         Eh oh, je t’arrête tout de suite, mais tu te prends pour qui de venir chez moi et me traiter de voleuse ! s’enflamme-t-elle, tu te prends pour qui ?

Elle crie et ça attire les gens du salon qui nous rejoigne.

-         C’est ça la jalousie ? comme j’ai construit tu es jalouse !!!

-         Mais pourquoi tu t’enflammes ? je t’ai fait une simple remarque !

-         Fous-moi le camp, remarque de quoi !  toi Isabelle tu peux me parler ? toi !

Elle ricane !

-         C’est comment ici ! dit une de ses sœurs en venant

-         Mais ce n’est pas cette pauvre fille ! elle n’était rien, je l’ai fait et aujourd’hui comme j’ai construit, elle fait la sorcellerie en me disant que je la vole. Voler quoi même ?

-         Qu’est-ce qu’il y a chérie ? dit Remy arrivant à son tour alors que je suis toute éberluée devant son spectacle.

On ne connait jamais vraiment les gens qu’on fréquente. Jamais.

-         C’est elle ! dit-elle toute en colère, qu’elle sorte de chez moi ! SOOOORS ! les gens de ton village avait raison tu es une sorcière.

René me tire violemment par le bras, alors que tous parlent de moi, me traitant de sorcière, de mauvaise. Tout ceci me rappelle de mauvais souvenirs, j’ai l’impression de voir tout le village me crier dessus.

Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? je ne rencontre jamais que des mauvaises personnes sur ma route, le docteur Jonathan …maintenant Lydie… je finis toujours par être déçue…

-         Tu n’as pas pu t’en empêcher n’est-ce pas ? me reproche René. c’était plus fort que toi !

-         Je lui ai simplement fait une remarque, essayé-je de m’expliquer

-         Une remarque non fondée, ce sont mes amis Isabelle, merde !

-         Tu croies plus en leur parole que la mienne ?

-         Je ne crois en rien du tout, tu as pu faire des erreurs ! ces derniers temps-ci avec toi, on ne sait plus…

-         On ne sait plus…, répété-je choquée en me dégageant de son emprise, va rejoindre tes amis ! 

L'orpheline