Chapitre 25

Write by Djelay

-         Tu as couché avec Elodie ? Demande-t-elle après s’être immobilisée, les mains sur les lacets du second soulier.

-         NON ! Crie-t-il sur la défensive.

-         Dans ce cas c’est quoi ?

Ciara termine de défaire les lacets. Une fois les chaussures retirées, elle les prend et part les ranger près du placard. Elle revient vers lui. Il est tellement éméché qu’elle ne pourrait pas le trainer jusque dans sa chambre. Elle n’a pas d’autre choix que de le laisser dormir là. Elle se baisse pour l’aider à s’allonger.

-         J’ai couché avec Sonia le jour du mariage de ton frère.

Cette déclaration la stoppe net. Un silence s’installe durant quelques secondes puis elle continue sa tâche : le mettre au lit. Elle soulève ses jambes et les allonge sur le  lit sans rien dire.

-         J’étais saoule et je n’ai pas pu résister. Explique-t-il. Je n’essaie pas de me justifier…C’est juste que…enfin depuis ce soir là je me sens coupable vis-à-vis de toi…(elle monte le drap sur sa poitrine)…il fallait que je te le dise.

-         C’est fait, tu peux dormir tranquille maintenant.

-         Je suis désolé. s’excuse-t-il en la regardant se glisser sous le drap, à côté de lui.

Elle ne répond pas et lui tourne le dos. Elle se doutait bien qu’il s’était passé quelque chose entre eux car elle les a vus rentrer ensemble ce jour-là. Cependant l’entendre de sa propre bouche lui fait énormément de mal. Au moins il a eu le courage de le lui dire. D’ailleurs pourquoi l’a-t-il fait ? Il n’a aucun compte à lui rendre. Elle n’est pas sa copine alors il peut faire tout ce qu’il veut. Mais pourquoi dit-il qu’il se sent coupable vis à vis d’elle ?

-         Pourquoi te sens-tu coupable ? Ose-t-elle sans se retourner.

-         Je ne sais pas comment l’expliquer, je le ressens juste c’est tout.

-         Nous n’étions plus ensemble donc tu n’as pas à te sentir coupable. Dit-elle calmement.

La tristesse dans sa voix lui fend le cœur. Il a soudainement un mal de crane horrible. Doucement, il croise les bras sur son front et ferme les yeux. Ça fait une trentaine de minute qu’il dort. Ciara l’a su au rythme de sa respiration. Il a préféré couper court à leur conversation en dormant. En fin de compte il voulait juste lui faire mal en lui racontant tout ça. Il peut être fier de lui car c’est réussi.

Il fait beau aujourd’hui. Un samedi ensoleillé, idéal pour une sortie à la mer. Pense Ciara. Elle s’est réveillée tôt ce matin. Steph dormait encore, le bras sur sa taille, le ventre collé à son dos et les jambes mêlées aux siennes. Elle a dû faire preuve d’un effort mental immense pour s’extirper de son étreinte. Elle a ensuite pris une douche puis est descendue prendre le petit déjeuner. Elodie fait son entrée dans la cuisine.

-         Bonjour madame Ciara.

-         Bonjour. Répond froidement Ciara sans un regard pour elle.

-         Vous avez passé une bonne nuit ?

-         Pouvez-vous me laisser seule s’il vous plait.

La jeune femme la regarde un instant ahurie avant de quitter la pièce. Ciara finit son café. Elle emmène son plateau dans l’évier et s’apprête à faire la vaisselle.

-         Je m’en charge mademoiselle. S’exclame Rita la cuisinière.

-         Ah, je ne t’ai pas entendu arriver. Dit Ciara en souriant.

-         Je cueillais des citrons dans le jardin.

Elle parvient au niveau de Ciara. Celle-ci lui laisse la place et part se rassoir à table. Ciara a fait la connaissance de Rita ce matin. Elle l’a tout de suite trouvée sympathique. C’est une jolie jeune fille, la vingtaine, un peu ronde avec un magnifique sourire.

-         Depuis quand travailles tu ici Rita ?

-         Bientôt deux ans mademoiselle.

-         Et tu aimes ce travail ?

-         Disons que je ne me plains pas…(elle essuie les assiettes) j’aurais bien évidemment préféré travailler dans un bureau comme vous mais je n’ai pas eu la chance d’être scolarisée.

-         Je suis désolée.

-         Ne le soyez pas, c’est la vie.

-         As-tu de la famille ? Lui demande Ciara.

-         Oui. Basile et Roxane, mes petits frères. Nos parents sont décédés dans un accident de voiture il y’a deux ans, depuis c’est moi qui m’occupe d’eux.

-         Oh, je suis désolée Rita…je ne savais pas.

-         Ne vous en faites pas. Dit-elle avec un sourire.

-         Quels âges ont tes frères ?

-         Basile a 15 ans et Roxane en a 12.

-         Et toi ?

-         22 ans mademoiselle.

-         Tu es très jeune. S’étonne Ciara.  Et ils vont à l’école tes frères ?

-         Oui. Le garçon a eu le BEPC cette année et Roxane est admise en 5eme.

-         Waoh, des petits génies. J’espère qu’ils continueront ainsi. Que Dieu les bénisse.

-         Amen. Merci mademoiselle mais…(elle se tait).

-         Mais quoi ? vas-y tu peux me parler.

La jeune femme se retourne et l’observe longuement. Son regard est triste. Elle semble vouloir se confier mais hésite.

-         Tu sais quoi, considère moi comme une grande sœur et dis-moi ce qui ne va pas… (elle tapote la chaise près d’elle)…Aller viens t’assoir.

Rita hésite un instant puis part s’installer à côté d’elle. Les yeux rivés sur la table, elle n’ose pas la regarder en face. Ciara lui soulève le menton et la gratifie d’un large sourire pour l’encourager à parler.

-         Alors ?

-         C’est que Basile sera obligé d’arrêter l’école. Dit-elle en larmes.

-         Et pourquoi ?

-         Je n’ai pas les moyens de payer ses cours et les fournitures sans compter le transport parce qu’il a été orienté dans une autre commune (elle ricane) Ah j’oubliais  il y a aussi l’argent de poche et Roxane. Vous comprenez maintenant ?

-         Je vois.

Ciara a de la peine pour elle. Une jeune fille qui se bat pour prendre soin de ses frères, on n’en trouve presque plus de nos jours.

-         Vous savez, je ne gagne pas assez avec ce travail. Et j’ai d’autres charges comme le loyer à payer, les factures. Il faut aussi que j’épargne un peu au cas où il y aurait des urgences. Si l’un d’entre eux tombe malade par exemple.

-         Tu es très brave Rita. Je t’admire énormément. Cesse de pleurer. Dit Ciara en lui essuyant les larmes.

-         Je vais me charger de payer les cours de ton frère comme ça tu pourras épargner plus cette année.

La jeune fille la regarde d’un air incrédule.

-         Ne plaisantez pas avec ça mademoiselle.

-         Si si je suis sérieuse. Je voudrais t’aider si tu veux bien.

-         Vous êtes sérieuse mademoiselle ? S’écrie Rita.

Ciara hoche la tête et Rita se jette dans ses bras en pleurant. Ciara ne peut s’empêcher de laisser s’échapper quelques larmes. L’histoire de cette fille est tellement triste. Elle est si jeune et a déjà tellement de responsabilités. Elle aurait pu emprunter un chemin obscur comme l’ont fait beaucoup d’autres jeunes filles de son âge en s’adonnant à la prostitution. Rita, elle a préféré gagné sa vie en travaillant dur, à la sueur de son front.

-         Là, c’est bon sèche tes larmes. Fais venir tes frères demain je voudrais les rencontrer.

-         Je ne crois pas que M. N’Goran apprécie.

-         Bon on va faire une chose, je lui demande la permission et je t’informe ensuite. D’accord.

-         Merci mademoiselle. Vous êtes un ange envoyé du ciel. Merci beaucoup, Dieu vous le rendra au centuple.

Rita la remercie encore une centaine  de fois puis sort de la cuisine. Ciara est de nouveau seule, perdue dans ses pensées. Rita est une bonne personne, son intuition ne la trompe jamais du moins presque jamais. C’est pour quoi elle se méfie d’Elodie. Cette dernière semble fausse mais bon c’est peut-être sa jalousie qui influence son jugement. Steph la rejoint dans la cuisine. Il a bonne mine. Aucune trace de son délire d’hier. La douche a fait son effet. Il a enfilé un jean et un tee-shirt. D’ailleurs, c’est la première fois qu’elle le voit en jean et ça lui va très bien.

-         ­Bonjour Ciara.

-         Bonjour.

Elle fait mine de lire le journal posé sur la table. L’idée de lui parler ne l’enchante pas. Pas après ce qu’il lui a avoué la veille. Savoir qu’il a été avec Sonia quelques heures après qu’elle lui ait avoué son amour la blesse profondément. Cette déclaration n’a rien représenté pour lui sinon il ne se serait pas précipité entre les jambes d’une autre. Si elle avait des doutes, elle en est sûre à présent : Steph ne l’aime pas.

-         Tu es prête ? Lui demande-t-il en s’approchant.

-         Pour quoi ?

-         La plainte, tu as oublié ?

Ah oui. C’est vrai qu’elle avait complètement oublié. On se demande bien pourquoi. Pense-t-elle en dardant sur lui un regard noir.

-         Excuse-moi d’avoir couché avec…

-         Tu fais ce que tu veux. Dit-elle en se levant. On peut y aller, je suis prête.

Elle passe près de lui en direction de la porte. Il la retient par le bras et l’attire vers lui avant de l’étreindre de toutes ses forces. Ciara laisse retomber ses bras le long de son corps.

-         Pardonne-moi ma douce. Je sais que j’ai merdé, que je n’aurais pas dû et que je suis un imbécile… Surtout ne me dis pas ‘’tu fais ce que tu veux’’. Tu me fais mal quand tu me sors ça.

Elle ne dit rien. Se contentant d’écouter ses excuses désespérées. Il est sincère, elle le voit bien mais elle compte le punir encore un peu pour qu’il ne s’avise plus de recommencer. Je croyais que vous n’étiez plus ensemble et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait. La ferme ! Dit-elle à l’intention de sa conscience. Bon sang ! Cette dernière  ne rate pas une occasion de l’ouvrir. Pense-t-elle.

-         Lâche-moi, tu m’étouffes. Lance-t-elle.

Il obéit et elle sort de la pièce. Il la regarde s’en aller un pincement au cœur. Il aurait préféré qu’elle lui fasse une scène, qu’elle hurle, qu’elle le frappe plutôt que de réagir comme un mur de glace dépourvu de sentiments. Ça, il ne le supporte pas. Elle prétend s’en ficher mais il sait que qu’elle en souffre. Pourquoi garde-t-elle ce sentiment en elle ? Ah Ciara, Ciara ! Elle va finir par le rendre zinzin.

Le poste de police n’est pas loin de la maison mais ils y sont quand même allés en voiture car Steph prévoit l’emmener quelque part après. Il ne lui a rien dit sinon elle aurait refusé. Il veut donc lui faire la surprise.

-         Bonjour monsieur l’agent.

Ciara le reconnait. C’est le policier qui est venu arrêter Ben le jour de l’audit.

-         Bonjour M. N’Goran. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?

-         Ma femme voudrait déposer une plainte.

Sa femme ? Ricane Ciara en son for intérieur. Il ne manquait plus que ça. S’il croit qu’elle va lui pardonner aussi facilement il peut se la mettre là où elle pense. Sa femme ! Et puis quoi encore.

-         Bonjour madame, je vous écoute.

Ciara devient muette d’un coup. Elle ne sait pas par où commencer. Parler de Bamba lui donne des frissons. Elle recommence à trembler. Heureusement que Steph est là. Il la prend aussitôt dans ses bras.

-         Je suis là. Tu n’as rien à craindre.

-         Elle a été agressée dans le parking de mon entreprise. Ajoute-il à l’intention de l’agent de police.

-         Connait-elle son ou ses agresseurs ? Demande l’agent.

-         Bamba…Fabrice Bamba. Répond Steph.

-         Le cousin du détenu Ben Bamba, votre ancien DRH ?

-         Oui M. l’agent, je vous avais dit qu’il était de mèche avec Ben…

-         Oui mais vous n’avez aucune preuve du coup nous ne pouvons pas l’arrêter pour ce délit.

-         Est-ce que vous confirmez tout ça madame ? Reprend le policier.

-         Oui monsieur. Répond timidement Ciara.

-         Très bien. Racontez-moi comment cela s’est passé pour que je puisse enregistrer votre plainte.

 

Fin du vingt-cinquième chapitre. Bizbi.

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