Chapitre 26

Write by Spice light





– Joan MUAMBA FOKE –



C’est hier qu’on a terminé le déménagement avec maman Elsa. Tout à coup, je me sens triste et seul. Plus de père, ni de mère.

Je donnerais tout l’or du monde pour revoir encore ma mère, dont je n’ai que d’infimes souvenirs. Quant à papa… il me manque.

Je préférerais mille fois le voir là, devant moi, même si ce serait pour me gronder.


Je prends juste un petit sac où je mets deux tenues de rechange. Je vais rendre visite à Rolls et en savoir plus sur la date de son opération.

Au moins, lui ne me regarde pas bizarrement. Même si c’était le cas, je m’en fous, en fait.

Papa nous aimait tous, chacun à sa manière, mais il nous aimait. Voir ses enfants soudés serait l’idéal.

C’est pourquoi je tente de me rapprocher de mon aîné.


J’ai entendu l’histoire du petit Achael, mais je ne suis pas allé le voir.

Je le jalouse un peu. Pourquoi, lui, a-t-il eu la chance de vivre avec sa maman, alors que ce n’a pas été le cas pour moi ?

Et puis, j’étais déjà habitué à mon titre de benjamin. Apprendre que je ne le suis plus m’angoisse toujours.


Heureusement, les autres ne veulent rien savoir de lui, et j’en suis heureux et soulagé.

Plus il sera loin de nous, mieux il ira. Sa mère prendra bien soin de lui, au lieu qu’il ne vienne développer des insécurités affectives et autres en notre sein.


Je sors de la chambre. Ivy a dormi avec maman Elsa.

Cette maison n’a que deux chambres, une cuisine et une salle de bain commune.

Je les retrouve au salon, toutes les deux.


– MUAMBA, c’est le départ ? demande maman Elsa.

– Oui maman, je suis bien curieux de découvrir cette petite ville.

– Ce n’est pas ouf, mais du moment qu’elle approvisionne une grande partie du pays en sucre et deux des grandes brasseries nationales en sucre et alcool, alors la visiter prend tout son sens.

– Maman a raison. En plus, la société fabrique des briques rouges de très bonne qualité, on dirait du ciment ! réplique Ivy.

– Ah, marketing gratuit hein ! je rigole de bon cœur.

– C’est comme ça mon fils. Même si ces blancs font souffrir nos frères avec des salaires minables, on se console par la qualité de leurs produits.

– Je ferais mieux d’y aller, il est déjà 15h.

– Fais bon voyage, me dit maman Elsa.

– Appelle dès que tu arrives, dit Ivy, les yeux un peu rougis.

– Sans faute.


Je sors de la concession et prends une moto jusqu’à l’arrêt de bus.




Je viens d’arriver chez Franck.

Je ne me suis pas perdu. Disons que Franck a de la réputation ici : tout le monde le connaît.

Il m’a juste suffi de citer son nom au motard pour être déposé devant son portail.


Il a une belle maison, oui. Et je suis heureux de retrouver Rolls et Elisa, ma nièce.


– Tonton Joan ! crie cette dernière en me voyant.

Rolls est juste derrière elle.

– C’est comment, mon petit ? Tu as fait bon voyage ? me demande-t-il.

– Oui, ça a été. Comment vas-tu, Elisa ?

– Bien ! Elle se détache de moi et retourne à l’intérieur.


On s’installe à une table sur la terrasse et on papote jusqu’au retour de Franck.

Je le salue chaleureusement. Ce dernier appelle une certaine Nelly.

Elle se présente en l’appelant “papa”.


– Tu as vu ton oncle ? lui demande-t-il en me désignant.

– Non, j’étais à la cuisine depuis tout ce temps, répond la fille.

Elle doit avoir au plus 17 ans, légèrement claire, petite et menue.

Elle ne ressemble pas à son père.

– C’est le petit frère de Rolls, le dernier fils de tonton Victor. Sers-lui à boire.

Amène-moi une Heineken, et un Turbo à Rolls.


– Je vous sers quoi ?

– Vitalo, s’il y en a.

– Ok.


Elle ouvre l’un des dépôts et revient plus tard avec nos boissons. Elle s’éclipse après nous avoir servis.

Il est 18 heures lorsque nous sommes appelés à passer à table.

Franck reste sur la terrasse, tandis que je vais avec Rolls dans un couloir qui semble mener à l’intérieur.


On se met à table, et là je vois le repas : un bouillon de poisson frais. Je grimace.


– Un problème ? demande Rolls, qui était en train de se servir.

– Oui, je ne mange pas ça.

– Ah oui, j’en avais entendu parler. Attends, je le dis à Nelly.


Il l’appelle, et elle se présente en moins d’une minute.


– Euh, Nelly, ton oncle ne mange pas le poisson frais.

– D’accord, je reviens, répond-elle en se retirant.


– Leur mère est où ? je demande, par curiosité.

– En voyage. Elle est allée à Maluku (Kinshasa) acheter du poisson séché pour son commerce.

– Okay.


La petite revient.


– Euh, papa demande si tu veux qu’on te fasse un bouillon de poisson séché ou de la viande de brousse ?

– Ça non plus, je ne mange pas.

– Ok, je vais le lui dire.

– Ne te dérange pas, j’ai mangé avant de venir.

– D’accord.


Elle disparaît dans le couloir.

J’en profite pour jeter un œil à la salle de séjour : une télé de 65”, une armoire en bois, une petite télé de 32 pouces, une PS3, deux baffles posées près de l’armoire, deux tablettes, une table téléviseur et une table basse.

Il y a une autre porte derrière le canapé deux places — je ne sais pas où elle mène.

Depuis la table à manger où nous sommes, on voit directement tout ce que je viens de citer. Ce n’est pas séparé, juste un petit espace.

Derrière Rolls, il y a une autre porte, sûrement une chambre, ainsi que celle qui mène au couloir où est passée la supposée Nelly.


Lorsque Rolls finit son repas, nous ressortons. Franck n’est plus là.

Je vois une autre fille sortir pour étaler sa marchandise hors de la terrasse.

Mais avant ça, elle me salue, m’appelant “oncle”.

Rolls me dit que c’est la fille d’une cousine. Il me fait le briefing de tout le monde.

Je découvre que Rolls aime parler des gens… mais bon, chacun ses problèmes dans cette vie.


La nuit, je dors avec lui dans la chambre extérieure.

Une autre est collée aux dépôts, et c’est un vieux qui y dort.

Vraiment, Franck a du monde chez lui.




Le jour s’étant levé, nous déjeunons tous.

Franck envoie sa fille m’acheter du poulet.

Le repas terminé, on me dresse la table, et je découvre qu’il y a du fufu.


– Euh… Nelly, c’est ça ?

– Oui, oui, grand frère.


Je souris en coin. Normal, je n’ai que 22 ans, peut-être le même âge que ses frères.


– Je ne mange pas non plus le fufu. Désolé, ne te fatigue pas pour moi, je lui dis sincèrement.

Je ne la vois pas s’agacer. Au contraire, elle est triste.


– Dommage. Hier, vous n’avez rien mangé, et ce matin aussi vous voulez vous défiler ? Même la chikwangue, vous ne mangez pas ?

– Amène ça au moins. Je vais manger.

– Yes ! dit-elle, joyeuse, en s’en allant.


Je ne suis pas fan de chikwangue, mais au moins, j’en mange.


Elle reste à table avec moi et répond aux questions que je lui pose.

Elle me propose des endroits à visiter et on se met d’accord pour qu’elle m’accompagne le soir découvrir leur hôtel.

C’est une petite fille polie, qui sait respecter et être à l’écoute des autres.


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