Chapitre 26.

Write by Lilly Rose AGNOURET

    

Chapitre 26.

 

« Je ne peux partir ainsi comme une voleuse ! », fais-je en regardant par la fenêtre qui donne sur la plage. « Ce pays est aussi le mien. »

« Ne soyez pas têtue, Merlie. Dans deux semaines, vous pourrez revenir. Pour le moment, il vaut mieux être à l’abri. »

« Je n’en reviens pas qu’un type pareil puisse faire trembler. Il se croit tout permis et tant que personne ne le remettra à sa place, il continuera d’agit à sa guise en imposant ses règles. Je crois que votre parrain serait mieux dans un asile. Quand je pense que vos parents vous ont imposé un type pareil comme parrain. Est-il seulement un jour entré dans une église ? »

« Non, jamais. Même pas le jour de mon baptême. Mais passons ! Vous reviendrez plus tard. Il n’est ici que pour quelques jours. »

« Pourquoi est-il revenu ? »

« Il se doute que sa fin est proche. Il ne tient que par les antirétroviraux. Il est donc venu s’occuper de sa succession. Il cèdera tous ses biens à sa descendance. Ensuite, c’est l’exile à Dubaï… Enfin, si on le laisse passer. »

« Les autorités dubaïotes pourraient en effets l’empêcher d’entrer sur leur territoire. D’où lui est venue l’idée d’aller mourir dans un pays aussi riche ?3

« Connaissez-vous beaucoup de ces gabonais à la fortune colossal qui se soigne dans ce pays ? Si tel était le cas, il y aurait des médicaments dans tous les hôpitaux. Ils seraient tous équipés de scanner et de générateurs d’hémodialyse. Au lieu de ça, on crève dans les hôpitaux ici faute d’argent. », me lance Arcèle Adolphe.

Je reste là silencieuse, essayant d’analyser tout ce qu’il vient de me dire. Ce type va mourir simplement dans son lit après avoir fait autant de mal aux autres ! On pourra se consoler en disant que les portes du paradis ne lui seront pas ouvertes.

Je décide de rester calme, ne plus parler pour mieux analyser

« Je monterai tranquillement dans cet avion tout à l’heure. Je pense que c’est raisonnable, comme vous le dites. Le fait de faire un petit break me permettra d’y voir un peu plus clair. Tout se brouille dans mon esprit et depuis quelque temps, j’ai de moins en moins l’impression d’avancer. »

« Hum, voilà qui est bien dit. », me fait il en venant se poster à mes côtés près de cette fenêtre.

Nous restons là en silence, perdu chacun dans ses pensées. Bientôt, il finit par me dire :

« Je ne sais pas quelle est votre histoire, Merlie, mais vous êtes le genre de femme que j’aurais aimé avoir dans ma vie. »

« Dans votre vie ou dans votre lit ? »

« Les deux. Dans ma vie pour la faire avancer. Dans mon lit pour le plaisir. Il se dégage de vous quelque chose de fort intrigant, déroutant et très sensuel. »

« Hum ! Essayez votre petit discours sur quelqu’un d’autre. Cela marchera surement. »

« Ne vous m’éprenez pas sur mes intentions. Si je n’étais pas déjà pris, je vous aurais fait la cour sans relâche. »

« Je suppose que je dois me sentir flattée ? »

 

« Vous devriez en effet. Les filles m’ont toujours couru après au lycée. »

« Et je suppose qu’il y en a une qui vous a fait marcher et donc obtenu votre cœur ? »

Il sourit et me dit :

« La vie de l’homme est plus compliquée que ça. Je n’ai pas fait un mariage d’amour. Ma mère m’a mis sur orbite à l’âge de 10 ans en me faisant entrer dans le cercle de ses fréquentations des gens de la HAUTE. Elle m’a donné pour parrain Bertrand Makaga. A 15 ans, j’ai eu ma première expérience sexuelle avec une amie de ma mère. Une vieille de 42 ans, qui m’avait invité à son anniversaire. A 17 ans, j’ai eu mon baccalauréat et une autre de ses amies m’a payé 5 années d’études supérieures moyennant services sexuels. Il fallait que je charge de la maintenance de son corps tout ça parce que son époux ne s’intéressait plus à elle. A 25 ans, j’ai épousé la fille de mon parrain, car ça faisait bien, d’avoir pour épouse, la fille de Bertrand Makaga. »

« C’est votre mère qui vous a mis en orbite ? Elle savait que vous serviez de dessert à ses amies ? »

« Bien sûr ! Elle nous a tour appris des femmes et ses cours nous ont bien servi à mon frère et moi. »Elle ne voulait pas qu’on lui ramène n’importe qui comme petite amie. Alors, elle a contrôlé notre cercle amical dès que nous avons eu 10 ans.

« Et qui gagnait-elle ? »

« C’est bien simple, elle voulait nous éviter de finir sans argent. »

« Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas envie d’en entendre plus. Mais dites-moi, votre épouse, vous l’aimez, n’est-ce pas ? »

« Vous auriez la réponse si vous la voyiez en photo. »

« C’est-à-dire ? »

« Quand une femme vous promet une centaine de millions de francs si vous acceptez de l’épouser… »

« Je vois… Vos lui avez fait une faveur en l’épousant, c’est ça ? »

« Oui, c’est bien ça. L’argent c’est mon affaire. Depuis, j’ai monté deux entreprises qui fonctionnent à merveille et lui ai fait 3 enfants. »

« Et vous vous coltiner le beau-père sidéen, qui malgré la maladie n’hésite pas à courir les putes ! »

« Oui, c’est ça. Il a suffi d’être patient. Le beau-père mourra dans quelques temps et mon épouse sera encore plus riche car elle fait partie des enfants préférés de ce type. Vous ne pensiez tout de même pas que c’est par charité chrétienne que je m’occupais aussi bien de mon parrain ! »

« J’aurais cru que si. »

« Vous avez mal cru ! Je vous protège de ses griffes car j’ai une grande estime pour vous. Et je le supporte parce que bientôt, il fera de mon épouse, une femme très riche. »

« Bien ! Je vous souhaite d’être heureux et que cet argent ne vous étouffe pas. »

« Oh, ne vous inquiétez pas, Merlie. Je saurai le fructifier. ».

« Je découvre le personnage cynique qui se cache en vous. Et je parie que vous me direz que c’est pour fuir la misère que vous agissez ainsi ? »

« Aucune misère à fuir. Mes parents sont aisés. Ma mère était cadre supérieur dans la Fonction Publique et mon père a fini directeur de cabinet d’un ministre. Bref, c’est dans cette ambiance là que j’ai grandi »

« Ok. Je ne connais pas les codes de cette société mais je me rends compte que riches et pauvres ont parfois des façons de faire assez semblables. Les pauvres prostituent leurs filles en espérant qu’un riche les épouse. Les riches prostituent leurs enfants en espérant qu’il épouse toujours plus riches. Bref, tout est question d’argent. A chacun ses valeurs, n’est-ce pas ? »

« Vous êtes aussi cynique que moi, Merlie. On dirait que cette chanson que vous venez de chanter, vous concerne vous aussi. De quelle famille venez-vous ? »

« Aucune. Je ne suis personne. »

Il se tait, me regarde longtemps alors que je détourne mon visage pour me concentrer sur ce que la fenêtre a à nous fournir comme spectacle.

« J’ai épousé une guenon dans cette vie. Si l’on m’en promettait une autre, je demanderai de vous avoir comme partenaire pour la vie. », ose t-il me lancer.

J’évite de le regarder pour ne pas m’emporter et le remettre à sa place. Quand enfin les brumes se dissipe dans mon esprit, je reprends le contrôle de mes pensées et lui dis :

« Votre parrain, qui est aussi votre beau-père, a violé ma sœur il y a des années. Elle vivait ici à Libreville. Elle est allée faire des études en France. En y arrivant, elle a su quelques mois après qu’elle était enceinte. Au départ, elle me l’a caché et a été recueillis par une couple français. Ils se sont occupés d’elle et de son enfant. Elle l’a rejeté à sa naissance car il était le produit de ce viol. Lorsque j’ai fait la connaissance du petit, il vivait déjà avec ses tuteurs, ce couple de français sans enfant. Ils l’ont accueilli comme un cadeau tombé du ciel. Ma petite sœur a terminé ses études et trouvé du travail. Tout allait pour le mieux jusqu’au jour où mon neveu est tombé en plein entrainement de football. Il pratique divers sports. Il est promis à un avenir brillant. Mais voilà, il est atteint d’une maladie génétique rare. Il a besoin d’un don de plaquettes et autres pour guérir totalement et espérer vivre en toute quiétude en se faisant suivre médicalement. »

« Laissez-moi deviner. Vous êtes ici pour… Oh, non ! Ne me dîtes pas qu’il vous est venu à l’idée d’affronter mon parrain !? Vous m’avez pourtant assuré ne pas le connaitre. »

« C’est lorsque vous m’avez donné son nom que je me suis souvenu de lui. Avant de rentrer au Gabon, je ne savais pas quelle tête il pouvait avoir. Mais vu qu’il a le SIDA, il ne me servirait à rien d’aller le voir. Et je suis certaine que même s’il était ainsi de corps et d’esprit, il prendrait un malin plaisir à m’envoyer au diable en niant toute cette histoire de viol. Il se croit au-dessus de tout et de tous. »

« Il est comme ça ! Je suis désolé pour le mal qu’il a pu causer à votre sœur. »

« Hum ! Ça ne m’avance pas à grand-chose. »

Le silence retombe entre nous. Cette fois, il est très lourd jusqu’au moment où Arcèle finit par me dire :

« Je ne sais pas comment vous aider. »

« Qu’est-ce que cela veut dire ? Vous connaissez cette famille, vous savez comment elle fonctionne. Vous pouvez m’aider en me disant qui approcher et comment le faire. »

« Oh, disons que je ne sais pas ce que cela m’apportera de vous aider. Je veux dire, qu’est-ce que j’y gagne ? »

« Vous n’êtes pas assez riche, comme ça ? Il vous faut encore plus d’argent ? Ne me dites pas que vous voudriez que je vous paie pour approcher les membres de cette famille ? Je suis en train de vous parler de la vie de mon neveu et vous, vous ramenez tout à l’argent !!! »

Il me regarde et sourit. Puis il me lance :

« C’est l’argent qui fait tourner le monde, Merlie. »

« Bien ! Je vois. Mais pourquoi paierai-je alors qu’il me suffit d’aller voir votre épouse et lui demander de me venir en aide ? »

« C’est ça ! Dites-moi comment vous lui direz tout ce dont son père a été capable ! Dites-moi comment vous arriverez à la convaincre de vous venir en aide, alors que pour elle, son père est un dieu qu’elle adule et respecte ? »

« Elle adule et respecte cet être abjecte ! »

« C’est son père ! Elle est sa favorite. Voyez le tableau ! »

Je m’arrête net ! Le sang semble ne plus circuler dans mon cerveau. Je me masse les tempes pour ne pas complètement perdre la boule. A chaque fois que j’ai l’impression de faire un pas en avant, le vent me repousse vers la ligne de départ. Je regarde le type en face et lui dis :

« Je prendrai le risque de revenir dans 15 jours et j’irai cogner à la porte de votre épouse. Qui ne tente rien n’a rien. S’il vous faut encore plus d’argent, continué de lécher le derrière de votre beau-père. Vous le faites si bien ! »

« Merlie, Merlie, Merlie ! Jamais je n’ai parlé d’argent. Je veux dire, entre vous et moi, les choses peuvent se régler pacifiquement. Sans insultes, sans mauvaise humeur. »

« Ah oui ? Et comment ? »

« C’est bien simple. J’ai une épine au pied. Vous me l’enlevez et je vous offre sur un plateau ce qu’il vous faut  pour sauver votre neveu. Je peux convaincre une dizaine de personne de cette famille, mon épouse en premier, de se faire tester pour savoir si elle peut donner de son sang ou je ne sais quoi d’autre à votre neveu. »

« Un don de plaquette et de moelle osseuse. »

« Dis donc ! C’est la vie de quelqu’un que vous demandez ! Je peux vous obtenir tout ça, enfin…si votre neveu est réellement né du fruit de ce viol, comme vous le dites. Mon épouse a 5 sœurs et 1 frère de même mère et de même père. De son père est née une pléthore d’enfant, dont quelques-uns sont proches de mon épouse. Vous m’aidez et j’en convaincs au moins une dizaine de passer des examens pour vous servir. Je suppose que cela règlerait vos affaires ? »

« Effectivement. Mais cela n’est pas monnayable. Je n’ai pas d’argent. »

« Jusqu’où êtes-vous prête à aller pour sauver la vie de votre neveu, Merlie ? »

« De quoi parlons-nous ? Arrêtez de me déshabiller du regard. Je ne suis pas un croissant que l’on s’envoie au petit-déjeuner. »

« Vous êtes encore mieux qu’un croissant. Mais je n’ai pas faim. »

« Bien. Puis-je compter sur vous pour m’aider ? »

« O0h  là ! Pas si vite. C’est moi qui dicte les règles du jeu. »

« On ne joue pas, Arcèle. Il s’agit de la vie de mon neveu. »

« Et vous pouvez e sauver la mise et me faire gagner des millions de CFA. »

« De quoi parlez-vous ? Je ne comprends rien du tout. »

Il se caresse le menton, sourit puis me dit :

« Je me suis renseigné sur vous et votre boîte. Je sais qu’en ce moment vous travailler pour cette boite dirigée par Jalil Ratanga. »

« Je ne vois pas de quoi vous parlez. »

« Merlie, aidez-moi à couler cette boite. Aidez-moi à mettre Jalil Ratanga hors-jeu et je vous aiderai en retour pour obtenir ce qu’il faut de sang ou d’organes pour votre neveu. Je veux la tête de Jalil Ratanga sur un plateau. »

« Pourquoi ? Je ne comprends pas. Que vous a fait cet homme ? »

« Disons qu’il me fait de l’ombre. Aidez-moi à le faire tomber. »

« Je veux savoir ce que cet homme vous a fait. Pourquoi voulez-vous la tête de Jalil Ratanga ? »

« Pour le plaisir et pour les millions. Ce type est un zéro. Voilà tout. »

« J’ai pu le côtoyer ces derniers jours. C’est un homme brillant. Essayez d’autres mots pour le qualifier. »

Il se mordille la lèvre inférieure avant de me dire :

« Il travaillait pour une autre entreprise il y a 2 ans, la Vivarex. Cette entreprise est concurrente à la mienne. J’étais sur un gros contrat qui aurait permis à mon entreprise de prendre une dimension considérable en Afrique de l’Ouest. Il a raflé deux gros contrats sur lesquels j’avais travaillé comme un fou avec des équipes que je paie grassement. La Vivarex qu’il dirigeait à ce moment-là a raflé la mise et s’est ainsi ouvert les porte du marché Nigérian, Ghanéen, Béninois et Ivoirien. Cela représente aujourd’hui des millions de dollars. Cette réussite lui a permis de se faire approcher par la nouvelle entreprise qu’il dirige. Il est au sommet grâce à la gifle magistrale qu’il m’a imposé il y a 2 ans. Je veux ma revanche. Je veux le voir tomber plus bas que terre.  Je ne serai satisfait que lorsque  Jalil Ratanga aura mordu la poussière. »

« Vous êtes fou ! », lui dis-je sans pouvoir me retenir.

Il a un sourire sarcastique quand il me répond :

« Je veux être le roi des TIC en Afrique Noire Francophone et j’y arriverai, dussè-je mettre à genoux certains et soudoyer d’autres, les gouvernements y compris. L’argent que s’apprête à léguer mon parrain à mon épouse, m’aidera à mettre mon plan en action. Pour cela, j’ai besoin qu’un certain Jalil Ratanga disparaisse du tableau. Car, il est toujours là lorsqu’il est question de me mettre les bâtons dans les roues ou me foutre la honte. »

« Votre égo, comment faites-vous pour qu’il ne vous explose pas en pleine figure !? Est-ce que vous vous entendez parler ? »

« Je pense, ma chère Merlie que vous n’avez pas tout compris. Dans cette pièce, c’est moi Arcèle Adolphe Amoniè qui suis en position de force. Vous ne devriez pas l’oublier. Vous avez accès à l’entreprise de cet imbécile de Jalil Ratanga. Pour que mon plan fonctionne et qu’il se retrouve à mordre la poussière, il vous suffit de me filer des informations confidentielles sur les divers contrats en cours et ceux sur lesquels il a des vue. Enfin, je veux des chiffres, des dates. Je veux être informé pour agir et court-circuiter chacun de ses mouvements et ainsi le faire tomber. »

Plus j’écoute ce type, plus je le trouve dingue. Tout ça pour l’argent et son égo !!!

« Je ne sais pas si je n’aurais pas préféré que vous m’obliger à coucher avec vous ! »

« Merlie ! Si vous et moi devions nous retrouver dans le même lit, ce sera par pur plaisir. En règle générale, je me contente de mon épouse. Je ne jouis en dehors d’elle que lorsque je remporte un gros contrat. L’adrénaline monte en moi et je puis vous dire que remporter  une victoire en affaire, vos dix mille fois une partie de jambes en l’air avec la plus prodigieuse des femmes. Mon épouse donc peut être rassurée. Elle sait que ce qui tient son homme en haleine, ce n’est pas une paire de fesses mais plutôt, un contrat à plusieurs millions de Cfa. »

« Je crois que vous devriez vous faire soigner, Arcèle. »

« Et moi, je ne comprends pas pourquoi il vous est difficile d’accepter mon offre alors qu’il en va de la vie de votre neveu ! »

« Je vais devoir faire tomber un homme qui ne m’a rien fait juste pour vous faire plaisir ? »

« Oui. Vous m’aidez. En retour, je vous aiderai. Et votre neveu sera sauvé. »Je reste un long moment à regarder ce type en me demandant si le diable m’aurait fait pire proposition que celle-là…

« Marché conclu ou pas ? »

Je reste de nouveau silencieuse et le regarde. Une voix dans ma tête demande de ne pas rejeter son offre. Pas maintenant. Alors, je lui dis :

« C’est marché conclu ! »

« Je savais que l’on pouvait s’entendre. Merci Merlie. Nous pouvons dire que nous venons de conclure une belle affaire qui profitera aux deux parties. Notre accord prend effet dès votre retour ici dans 15 jours. Sommes-nous ok ? »

J’acquiesce avant de reporter mon attention vers la fenêtre, priant intérieurement pour que Pédro et Salima arrivent au plus vite. Il aurait suffi que je dise non à ce type, pour qu’il appelle son parrain et le mette sur ma piste. C’en aurait été fini de moi. Il vaut mieux que je parte de ce pays de dingue, saine et sauf. Ma tête a besoin de respirer…

 

Il est 20 heures quand je passe le contrôle de police pour accéder à la salle d’enregistrement du vol Air France qui me ramène loin du Gabon. J’attends toujours un coup de fil de Salima qui ne répond pas à mes appels. Pédro quant à lui, m’a envoyé 3 messages pour me dire qu’il supervise le déménagement de ma mère. Une fois ma carte d’embarquement en main, je vais au café à l’étage de cet aéroport International Léon Mba de Libreville. Je suis seule car j’ai demandé à Arcèle Adolphe Amoniè de me lâcher la grappe. Il m’a fait promettre que je tiendrai parole et l’aiderai dans son plan machiavélique vis-à-vis de Jalil. J’ai promis de l’aider. Il est parti. Et je reste là à cogiter, face au verre de jus de pommes que j’ai demandé.

Tout, absolument tout m’échappe à commencer par les attitudes des gens dans ce pays qui m’a vu naitre et grandir.

Il est 22 heures quand Salima m’appelle enfin. Je lui explique les raisons de mon départ précipité lui disant de ne plus mettre les pieds à l’hôtel où nous étions. Je lui apprends Arcèle Adolphe Anoniè a fait déménager nos affaires vers l’hôtel Résidence Palme d’or.

« C’est noté, ma belle. Rentre bien, repose-toi. Je t’appelle dans deux jours pour te raconter tout le reste. »

« Qu’y a-t-il, Salima ? »

« Disons que la maison que tu dois offrir à ta ère est plus que nécessaire. Elle se retrouve à la porte. Le taudis dans lequel elle vivait a pris feu. »

« Oh ! C’est quoi cette histoire ? Le feu ? »

« Oui. Elle a tout perdu. TOUT. »

« On connait l’origine de ce feu ? »

« Disons qu’un court-circuit électrique en est la cause.  Maisons raccordé à un compteur électrique. Tu vois la chose. Des fils électriques qui pendouillent de partout, des câbles tirés d’une maison à l’autre. C’est pire que la tristesse ces quartiers-là. Tu m’as souvent parlé de la désolation, la misère qui se vit dans ces quartiers. J’étais loin de m’imaginer que cela puisse être aussi fort. Il y a eu 5 maisons de brulées et aucun pompier. J’ai mis ta mère dans un hôtel pour la semaine. Cela laissera le temps à Christian et Pédro pour trouver le logement décent qu’il lui faut. »

« Tu t’en dort comme une cheffe ! Que ferais-je sans toi, Salima ! »

« Rentre bien, ma belle. Je t’aime fort. »

 

Quand mon avion enfin décolle, je n’ai pas le cœur à regarder par le hublot car beaucoup de sentiments contradictoires se secouent dans ma tête. J’ai besoin de repos… J’aviserai plus tard.

Mes yeux se ferment. Je profite du confort du siège en classe Affaires. Le reste, j’y penserai demain…











FIN DU TOME1



A SUIVRE
...CA VA SE SAVOIR