Chapitre 28: Une surprise en cache une autre

Write by MTB

J’étais enragé. Je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais haussé la voix. Effrayée, elle posa sa main sur la mienne en me demandant de parler moins fort car les gens nous regardaient. Je failli lui dire d’aller au diable mais en gentleman civilisé, je fis l’effort de garder mon calme avant de poursuivre.

-          Ils sortent ensemble depuis combien de temps ?

-          Je n’ai aucune idée. Mais je crois que cela doit faire déjà quatre ou cinq mois.

-          Et tu ne m’as rien dit ? Et je vois que tu l’as plutôt encouragé.

-          Non. Au départ, je ne savais pas qu’il parlait de ta Cynthia. Puis un soir, il m’a montré sa photo. Et j’ai essayé de le convaincre d’arrêter cette relation sans succès. Plus j’essayais, plus il se cramponnait. Et je ne savais pas vraiment comment te le dire.

-          Tu pouvais tout simplement me dire que ma petite amie me trompait.

-          C’est mon frère aussi et je ne pouvais pas lui faire cela. J’espérais juste que tu le découvres par toi-même assez tôt. Car si tu me permets une remarque, je ne pense pas qu’elle te mérite. Tu vaux mieux que cela et je sais qu’il y a une fille quelque part qui t’aime très fort et qui n’attend seulement qu’un signe de ta part.

-          Et comment tu peux le savoir ?

-          Parce que je suis là, Charles.

-          Attends, je ne comprends pas. Que veux-tu dire par là ?

-          Charles, je t’aime. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais c’est cela la vérité.

-          Si tu m’aimais vraiment tu m’aurais avoué la forfaiture de Cynthia.

-          Et si tu savais que je t’aimais, tu m’aurais cru ? Même sans mes sentiments pour toi, tu penses que tu ne m’aurais pas traité de jalouse ?

-          C’est probable mais ce n’est quand même pas une raison. Donc c’est pour cela que tu me faisais les yeux doux pendant tout ce temps ?

-          J’essayais juste de vivre chaque instant à tes côtés comme si c’était le dernier que je passais.

-          Qu’est-ce que je dois savoir d’autre ?

-          C’est la seule chose que je n’ai pas pu te dire.

 Je me levai et la regardai avec un air empreint de déception. Comment peut-on dire aimer quelqu’un et lui cacher la vérité sur ce qu’il vit ? Ce n’est pas de l’amour que cela doit s’appeler mais plutôt de l’égoïsme. Peut-être que j’allais vraiment la traiter de jalouse ; mais au moins elle aura eu le mérite d’avoir été franche avec moi. Je m’apprêtais à partir quand elle me questionna :

-          Tu es amoureuse d’elle n’est-ce pas ?

-          De qui ? De Cynthia ?

-          Non, d’Elvire.

-          Qu’est-ce que ça peut bien changer que je l’aime ou pas ?

-          Tout ce que j’ai fait pour toi, c’est par amour. J’avais peur de te perdre si tu apprenais que j’étais la sœur de celui qui couche avec ta petite amie. Et je crois que finalement c’est ce qui est en train de se produire. Je suis vraiment désolée. Pardonne-moi. Peu importe comment tu me verras dès aujourd’hui, sache juste une seule chose : tu as été l’homme le plus formidable que j’ai rencontré. J’aurais peut-être dû aller au bout quand nous étions à Abidjan et gardé un souvenir plus profond de toi. Je n’oublierai jamais la sensation de tes doigts me caressant le dos, le cou, mon corps tout entier ni la chaleur de tes baisers.

Je ne pouvais pas rester insensible aux larmes qui coulaient sur sa joue. Elle avait l’air tellement sincère. Et moi, j’étais perdu. Je ne lui en voulais pas vraiment pour le fait d’être amoureuse de moi car c’était une fille que j’appréciais bien. J’en voulais plutôt à moi-même d’avoir été si naïf dans ma relation avec Cynthia et surtout très énervé contre Cynthia qui m’a fait passer pour un naze. M’éloigner déjà de Moraine était une peine suffisante pour elle pour en rajouter. Celle qui allait sentir ma colère, c’était Cynthia. Sans ajouter quoique ce soit, je réglai la note du sandwich commandé au serveur puis rentrai chez moi.

Le lendemain, j’étais passé très tôt au bureau. Plus tôt que d’habitude. Je rangeai mes affaires dans un carton que je fis descendre dans ma voiture par l’agent de sécurité en lui confiant un courrier pour le Directeur Général. C’était ma lettre de démission. Je ne pouvais plus travailler dans cette société qui m’avait tant donné et à laquelle je m’étais également donné corps et âme. Car en une soirée, mon regard sur celle que j’appréciais le plus dans la boîte par son travail et son dynamisme avait changé et risquait de se dégrader si je devais la voir tous les jours. J’étais en route pour la maison, l’esprit léger, quand mon téléphone sonna. C’était un numéro que je ne connaissais pas.

-          Allô !!!

-          Monsieur Charles ?

-          Oui, c’est lui-même. A qui ai-je honneur s’il vous plait ?

-          Nous vous appelons de la Clinique Saint Michel. Nous avons reçu en admission mademoiselle Cynthia. Vous êtes le seul contact à appeler en cas d’urgence que nous avons trouvé dans son passeport. Pouvez-vous passer s’il vous plait ?

Sans m’en rendre compte, j’avais freiné et m’étais arrêté au beau milieu de la route. Qu’est-ce qui se passait avec Cynthia ? Comment se retrouvait-elle aux urgences ? En plus, comment se faisait-il que mon contact était le seul inscrit sur la liste des personnes à contacter en cas d’urgence ? J’étais encore là, perdu dans mes réflexions quand j’entendis des klaxons dans mon dos. J’avais créé une longue file d’embouteillage derrière mois. Je mis le clignotant pour me ranger sur le côté avant de faire les manouvres nécessaires pour me rendre à la clinique.

A la réception, l’hôtesse d’accueil me dirigea vers le médecin du service des urgences. Ce dernier me rassura que ce n’était rien de grave. Cynthia avait subitement perdu connaissance et avait été transportée à la clinique par des amis. Les analyses avaient révélé qu’elle était enceinte. Alors le médecin se mit à me féliciter pour la bonne nouvelle après la frayeur. Pour toute réponse, je sortis de son bureau et rentrai chez moi, tout pensif. Qui était l’auteur de cette grossesse ? Elle était enceinte de combien de mois déjà ? Après avoir avalé les escaliers, je retrouvai Elvire assise devant ma porte avec un air inquiet.

-          Elvire ? Que fais-tu ici ?

-          Charles, j’ai un souci et je ne sais quoi faire.

-          Quel genre de souci ? Je peux t’être utile ?

-          Je ne sais pas trop. Mais je sens que mon père va me tuer.

-          Que se passe-t-il au juste ? Tu commences à m’effrayer.

-          J’aurais dû avoir mes menstrues depuis la semaine passée. Ce matin, j’ai fait un test de grossesse et il est positif.

-          Donc tu es enceinte de Didier ?

-          Non. De toi. Et le problème c’est ceci.



à suivre...

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