-         Oui je sais…Dit-il sans la quitter des yeux.

-         Elle est avec moi. Ajoute-t-il après quelques secondes de pause.

C’est d’elle qu’il parle. Mais avec qui est-il au téléphone ? Une boule s’est formée dans sa poitrine dès qu’elle a vu l’expression inquiète de Stéphane. Quelque chose de grave a dû se passer elle le sent.

-         Merci monsieur l’agent. Dit-il pour terminer.

-         Qu’est-ce qu’il y’a ? Questionne Ciara à peine a-t-il raccroché.

-         Ben est mort. Annonce-t-il calmement.

-         Quoi ? S’écrie-t-elle.

-         Ça s’est passé hier. Son corps a été découvert ce matin. Il s’est pendu.

-         Non. Murmure Ciara  abasourdie par la nouvelle.

Elle se laisse tomber dans le fauteuil juste à côté. La tête entre les mains, son regard est rivé au sol. Tout est de sa faute. Si elle ne les avait pas dénoncés Ben serait encore en vie. C’est comme si elle l’avait tué de ses propres mains. La culpabilité s’empare d’elle. Ses mains lui semblent sales tout d’un coup. Elle les regarde comme si celles-ci étaient recouvertes de sang. Puis elle se frotte vigoureusement les paumes des mains dans l’intention de les nettoyer. Stéphane qui jusque-là était resté silencieux s’accroupit en face d’elle pour lui maintenir les mains.

-         Arrête ! Qu’est-ce que tu fais ?

-         C’est moi qui l’ai tué. Répond-elle faiblement les yeux fixant les siens.

-         Qu’est-ce que tu racontes. Il s’est pendu et…

-         C’est à cause de moi s’il est mort (s’emporte-t-elle) tu comprends ?

-         Tu n’es en rien responsable de sa lâcheté. Il a mis fin à ses jours parce qu’il est trop lâche pour assumer ses erreurs.

Steph a haussé le ton. Ça l’énerve de la voir culpabiliser. Elle n’a fait que dénoncer un délit ce qui est tout à fait normal. Pourquoi se rejette-elle la faute ? Ben s’est suicidé. Personne ne l’y a obligé.

-         Il était malade. Reprend –elle d’une petite voix à peine audible. Il avait des problèmes psychologiques. Son rapport disait qu’il se portait mieux. Il a dû rechuter à cause de…

-         Ça suffit ! Gronde-t-il  en lui relevant la tête.

Ce qu’il voit lui transperce le cœur. Les larmes de Ciara coulent à flot le long de ses joues. Ses yeux sont gonflés et tout rouges. Le regard qu’elle pose sur lui est à la fois triste et coupable. Il la prend donc dans ses bras et la berce en lui chuchotant des mots réconfortants. Ils restent ainsi durant un bon bout de temps avant qu’il ne la porte dans ses bras et l’emmène dans la chambre. Elle s’est endormie peu de temps après qu’il l’ait allongée sur le lit. Steph assis à ses côtés profite de ce moment pour réfléchir. La mort de Ben complique les choses. Quand Bamba l’apprendra, il deviendra plus fou qu’il ne l’est présentement. Il voudra se venger de lui mais avant tout de Ciara et ce quoi qu’il lui en coûte.  Steph se préoccupe plus pour la sécurité de Ciara. Il devra la renforcer. Dorénavant elle ne restera pas seule une seconde jusqu’à ce qu’on attrape Bamba.

-         Merde ! Marmonne-t-il de colère.

Son impuissance le tue. S’il arrivait quelque chose à sa princesse il ne le supporterait pas. C’est le moment d’agir avant qu’un drame ne se produise.

Ciara ouvre difficilement les yeux. Sa tête lui fait un mal de chien. Elle essaie de se lever mais se sent trop lourde pour y arriver. La chambre est plongée dans l’obscurité. Quelle heure est-il ? Se demande-t-elle en dirigeant son regard sur la montre de chevet. Vingt heures ! S’exclame-t-elle en son for intérieur. Elle a dormi pendant quatre heures de temps. C’est normal qu’elle ait la migraine. Rassemblant ses efforts, elle par s’enfermer dans la salle de bain.

-         Je veux que vous l’accompagniez partout où elle se rend. Vous ne devrez la quitter des yeux sous aucun prétexte. Est-ce clair ?

-         Oui monsieur.

Steph regarde attentivement l’homme qui se tient en face de lui. Une montagne d’au moins un mètre quatre-vingt-douze. C’est exactement le profil qu’il recherchait. En plus son CV est riche en expérience. Ange, c’est comme ça qu’il se prénomme même si ce prénom ne correspond ni à son physique ni à son métier, est garde du corps. Il est l’un des meilleurs à ce qui parait. Son CV indique qu’il a travaillé pour des ministres et d’autres personnes importantes. Il saura faire l’affaire. Pense Steph au moment où l’on toque à la porte.

-         Entrez ! lance-t-il.

Ciara entre et tressaillit lorsque ses yeux se posent sur Ange. Il est gigantesque. Se dit-elle après l’avoir détaillé de la tête aux pieds.

-         Approche princesse, n’aies pas peur.

Ciara contourne le bureau et part se coller à Stéphane qui s’était levé en la voyant. Elle tient fermement son bras à la recherche  de protection. Ce geste fit rire Steph. C’est vrai qu’il est costaud mais il ne ferait pas le poids face à Ange. C’est un monstre lui.

-         Ma douce, je te présente Ange, ton garde du corps. Annonce Steph.

Ciara le regarde d’un air surpris.

-         Pourquoi engager un garde du corps maintenant ? Questionne-t-elle.

-         Pour plus de précaution.

-         D’accord. Répond-elle simplement.

Elle aussi, sait parfaitement que la mort de Ben déchaînera la rage de Bamba. Si avant il ne voulait que la tuer c’est sûr que maintenant il souhaiterait l’enterrer juste après en avoir fini avec elle. De cette façon il  s’assure qu’elle ne se relèvera pas. Cette idée lui glace le sang. Steph ayant remarqué son angoisse la serre contre lui.

Deux semaines se sont écoulées après la mort de Ben. Chacun a repris le cours de sa vie. Désormais, Ange accompagne Ciara partout qu’elle soit avec Steph ou non. Elle est retournée dans son appartement prendre quelques affaires pour les ramener chez Steph. Il veut qu’elle s’installe définitivement chez lui mais elle est indécise. Elle ne voudrait pas précipiter les choses. Lorsque Steph et elle sont arrivés ensemble à l’entreprise le lendemain de la mort de Ben, tous les regards étaient posés sur eux. Ciara avait beau se dire que l’opinion des autres ne comptait pas mais ce jour-là, elle se sentait mal à l’aise contrairement à Steph. Quand elle repense à la manière langoureuse dont il l’a embrassée devant le bureau de Sylvie, elle en a encore des frissons. Et depuis, il ne cesse de montrer à tout le monde qu’elle lui appartient. Il arrive avec elle au travail, il l’emmène déjeuner aux heures de pause et il rentre avec elle les soirs. S’il y avait des doutes quant à leur relation, à  présent tous sont convaincus.

-         Oui Sylvie. Répond Ciara à travers le combiné.

-         Il y’a votre mère sur la une mademoiselle.

-         Ma mère ? répète-t-elle surprise.  D’accord, passe la moi s’il te plait.

-         Tout de suite.

Pourquoi sa mère ne l’appelle pas directement sur son portable ? C’est étrange.

-         Allo maman ? comment vas-tu ?

-         Bonjour chérie je vais bien merci. Pourquoi tu ne décroches pas ton portable ?

-         Mon portable ? tu as essayé de me joindre sur mon portable ? Demande-t-elle en vérifiant.

-         Oui, ça fait au moins dix minutes que je tente de te joindre.

-         Ah oui je viens de voir tes appels manqués. J’ai dû être absorbée par mes pensées pour ne pas avoir entendu le portable sonner.

-         As-tu des problèmes ?

Des problèmes elle en a et même qu’ils sont très graves mais hors de question que sa mère le sache. Elle ne doit surtout pas être mêlée à toute cette merde.

-         Bah tu sais… comme toujours je suis débordée de travail.

-         J’ai appris que tu as un nouveau petit ami…C’est vrai ?

-         Qui te l’a dit ? C’est Michel n’est-ce pas ? Questionne Ciara d’une voix qui n’exprime aucun doute.

-         Mais tu n’étais pas avec Franck ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

-         Maman ! Dit Ciara exaspérée. Je ne peux pas t’en parler maintenant. C’est une longue histoire.

-         Je savais que tu me répondrais ça. c’est pourquoi j’ai décidé d’organiser un déjeuner de famille dimanche. Viens comme ça tu pourras tout m’expliquer en détail.

-         Maman je ne sais pas si…

-         Emmène ton petit ami avec toi je voudrais faire sa connaissance et d’ailleurs ton père aussi le voudrait.

-         Mais…

-         Ce n’est pas à discuter Ciara. Vous venez un point c’est tout. Aller à plus tard chérie. Je t’embrasse.

-         Bisou maman.

Sa mère est la copie conforme de Lala mais en plus âgée. Pense-t-elle en  appuyant son dos contre le dossier du fauteuil. Chantal est l’incarnation même de l’autorité. Elle ordonne et l’on obéit. Cela a toujours été ainsi depuis sa tendre enfance. Ses frères en ont bavé. Ses souvenirs lui arrachent un sourire et c’est agréable. Depuis combien de temps ne sourit-elle plus ? Elle n’est pas en paix depuis qu’on leur a annoncé la mort de Ben. Elle craint le pire de la part de Bamba. Ce dernier n’a pas encore fait signe de vie. Son silence est inquiétant. Steph reste sur ses grades. Il a même sollicité les services d’un détective privé dans le but de retrouver Bamba. Selon lui la police ne semble pas très impliquée  dans l’affaire Fabrice Bamba. Bref pour l’heure il faut penser au déjeuner du dimanche. C’est dans deux jours et il faut qu’elle informe Steph. Accepterait-il d’y aller ? Bah pose-lui la question et tu sauras. Rétorque l’autre Ciara.

-         Ferme-la toi, personne ne t’a sonnée. Marmonne-t-elle avant de quitter son bureau.

-         Bonjour Sara, pourriez-vous  m’annoncer à M. N’Goran s’il vous plait ?

-         Bien entendu mademoiselle.

C’est étrange, depuis que sa relation avec Steph a été officialisée Sara se comporte bien. Elle se montre plus courtoise et lui sourit en permanence. Bah dis donc, comme les gens changent. Elle se demande pourquoi ce changement soudain.

-         Vous pouvez entrer mademoiselle. Monsieur vous attend.

-         Merci Sara.

Ciara entre dans le bureau et se dirige directement vers Steph. Il est assis dans son fauteuil, son ordinateur en face. Il a l’air épuisé le pauvre. Elle part s’assoir sur ses genoux et pose un doux baiser sur ses lèvres. Ce contact tombe à pic. Se dit Steph prolongeant le baiser. Cette journée a été difficile. Heureusement qu’elle est sur le point de s’achever. Il n’avait qu’une seule envie : retrouver sa femme pour l’embrasser comme il le fait en ce moment et aussi pour lui annoncer la nouvelle.

-         Merci pour ce cadeau princesse. Lui dit-il, le visage dans son cou.

Steph la serre fortement contre lui. L’apaisement qu’il ressent en ce moment est indescriptible. Ciara est apparue au moment où il pensait justement à elle. L’envie folle de l’enlacer l’animait depuis tout à l’heure. C’est comme si elle avait su qu’il avait besoin d’elle. N’est-ce pas un signe qu’ils sont faits l’un pour l’autre ?

-         Qu’est-ce qu’il y a ? Demande –elle inquiète.

Ciara a tout de suite remarqué que quelque chose n’allait pas. Steph semble préoccupé ou serait-ce autre chose ? C’est difficile de lire en lui des fois. Mais une chose est sûre, il ne va pas bien. Elle l’a senti à travers son baiser. Et elle le voit à son expression.

-         Mon père a eu un malaise ce matin…

-         Mais grâce à Dieu il va mieux à présent. S’empresse-t-il d’ajouter en voyant  son visage pâlir.

-         Dieu merci. Mais tu ne devrais pas aller le voir ?

-         Ils sont retournés à Barcelone. Dit-il tristement.

-         Je n’aime pas te voir comme ça. Tu l’as dit toi-même, il va mieux.

-         Oui mais tu vois c’est dans ces moments que je déteste la distance entre nous. S’il était mort, je n’aurais même pas été là pour le voir. Peut-être aurait-il voulu me dire une dernière chose…

-         Ne dis pas ces choses, tu risques d’attirer le malheur. Il faut plutôt remercier Dieu car il est toujours vivant. Et pense à prendre des jours de congés pour aller rendre visite à tes parents.

Il la regarde surpris. Elle est folle ou fait-elle exprès de sortir des âneries pareilles ?

-         Avec ce fou furieux qui court les rues, tu me demandes de partir en voyage et te laisser seule ici ? Tu divagues ou quoi ?

-         Ne te met pas en colère s’il te plait. Tu oublies que j’ai un garde du corps qui veille sur moi.

-         Même si tu en avais mille jamais je ne te laisserais seule. Au pire je t’emmènerais avec moi.

Ciara écarquille grandement les yeux. Il serait prêt à l’emmener avec elle voir ses parents ? Ce serait officialiser leur relation auprès de ses parents. S’en rend-il compte ?

-         Quoi ? Tu ne voudrais pas venir avec moi ?

-         Euh…Non…Enfin si. Mais tu es sûr que c’est une bonne idée ?

-         Pourquoi ne le serait-ce pas ? Etant là-bas, Bamba ne…

-         Je ne parlais pas de Bamba. En nous voyant ensemble tes parents se poseront sûrement des questions.

-         Et alors ?

-         Comment ça et alors ! Tu leur diras quoi ?

-         Que tu es ma petite amie et ça tombe bien c’est l’occasion parfaite pour qu’ils te connaissent.

-         Mais ne devrions-nous pas attendre que tu sois divorcé d’avec Annabelle ?

Ciara et ses foutues bonnes manières. Toujours à vouloir faire les choses convenablement.  Il le dit de cette façon mais il aime ça chez elle. Il remercie ses parents pour l’avoir bien éduquée.

-         Qu’est-ce qui te fait sourire ? Questionne-t-elle confuse.

-         Rien. C’est juste que je t’aime ma douce.

Elle sourit à son tour et l’embrasse tendrement.

-         Au fait j’ai une nouvelle à t’annoncer. Dit-il en mettant fin au baiser.

-         Ça y est ! Je suis de nouveau un homme célibataire. Informe-t-il pour ajouter.

Un sourire se dessine sur le visage de Ciara.

-         Mon avocat me l’a annoncé ce matin. J’attendais que nous soyons à la maison pour te le dire mais étant donné que tu es là…

Ciara se jette à son cou et l’enlace de toutes ses forces. Enfin une bonne nouvelle. Elle peut à présent crier sur tous les toits qu’elle est la petite amie de Steph sans avoir honte.

Fin du vingt-neuvième chapitre. Bizbi.

 

P-S : Désolée les filles pour la longue attente. Comme je vous l’avais dit l’histoire est en cours d’écriture du coup ça me demande un temps fou. Soyez compréhensives svp. Bizbi.