Chapitre 29
Write by EdnaYamba
Aaron
MEVIANE
Elle se tient là, assise en face de moi, le regard rempli
de dédain et de colère. Nous l’avons appréhendé trente minutes avant alors qu’elle
se rendait au rendez-vous avec Peter. C’était le plan.
Nous disposons de suffisamment de preuves pour les
coffrer.
-
Vous savez vous n’avez plus besoin de prendre cet
air condescendant avec moi, lui dis-je. Tout ce que nous attendons de vous, ce
sont des aveux.
-
Quand vous vous fiez à un ensemble d’hypothèses
plutôt que des faits vous arrêtez le mauvais criminel !
J’admire le sang froid de cette dame qui ne se laisse
abattre devant rien. Elle reste déterminée malgré le fait qu’elle se sait
coincée.
Malgré toutes les compétences, l’avocat qu’elle a appelé ne pourra la sortir de là. Nous avons le
témoignage de DR IVALA. Rien que pour ça, on pouvait les enfermer pour mise en
danger de la vie d’autrui.
Ensuite, il nous faudrait juste convaincre Blandine MAVOUNGOU
de dénoncer sa sœur.
Elle a été sous le choc après l’annonce du décès de son
compagnon, dans ses cris on pouvait l’entendre accuser sa sœur, mais une fois
remise elle nous a dit :
-
Oublier tout ce que j’ai dit, je ne le
pensais pas !
Et sans son témoignage parce qu’on voit bien qu’elle sait
plus qu’elle ne veut nous le dire, on ne peut pas ajouter cette charge à l’arrestation
de Raïssa MAVOUNGOU.
Il y a dans le charme de cette femme quelque chose d’obscur.
-
Nous avons un document attesté et signé par
un ensemble de scientifiques participant au projet vous faisant par de leurs
craintes quant à D-RAX. Et nous avons un témoignage Mlle MAVOUNGOU !
-
Je ne suis qu’une assistante , ce n’est pas à
moi de valider ou pas un projet, réplique-t-elle, arquant son sourcil droit. Pour
ça, il faut voir avec Innocent !
-
Innocent a rejeté toute la faute sur vous par
contre, lui annoncé-je.
Elle se redresse.
-
Ah bon ? que vous a-t-il dit exactement ?
Je lui explique qu’Innocent que nous avons également
interpellé après que Peter ait réussi à convaincre Dr IVALA d’apporter son
témoignage, s’est complètement dédouané pour rejeter la faute sur Raïssa MAVOUNGOU.
Elle demeure un instant pensive.
Elle se rendait certainement compte que son patron avait
fait porter le poids de toute cette affaire sur ces épaules.
-
S’il pense que je vais couler seule, grimace-t-elle.
Vous croyez vraiment que j’ai un pouvoir dans cette société ?
-
C’est à vous de me dire qu’elle est votre
part de responsabilité dans tout ça ! il y a vos signatures ?
-
Il y aussi celle d’Innocent et celle de Damien
SIMA !
-
Damien est mort, justement Mlle MAVOUNGOU, si
on parlait de cette mort !?
-
Je n’ai rien à y voir !
Je me lève,
enfonçant les mains dans mon pantalon. Je vais lui faire un récapitulatif de ce
qui je crois a du se passer et essayer de voir si elle va tenter de nier ça.
Je pense qu’après le courriel du docteur IVALA, Damien a
dû aller voir Innocent MAGANGA et leur demander de tout arrêter, ne voulant pas
risquer de mettre la santé d’autrui en danger. Mais tout arrêter , reviendrait
à perdre tout l’argent investi, et ça Innocent ne pouvait pas l’accepter. Mais
seul Damien était au courant des limites de D-RAX , alors c’était lui l’homme à
abattre.
-
Et même derrière toute cette classe et cette
beauté et cette personne que vous prétendez être, vous n’oubliez pas vos
origines et les habitudes de la rue, éliminer les obstacles !
Piquée, elle réplique :
-
Nous menons tous nos vies en prétendant être ce que nous
ne sommes pas inspecteur, il me semble bien que tout cet acharnement que vous
portez à ma personne c’est pour paraitre comme un preux chevalier aux yeux de Mlle
Jackson qui elle a choisi Peter !
Sans relever son commentaire, je poursuis ma théorie :
-
Vous êtes allez voir votre beau-frère James
et il s’est chargé d’accomplir le sale boulot pour vous !
Elle croise ses bras et me toise :
-
Maintenant que James est mort, dites-moi comment
allez-vous prouver tout ça ?
-
Ça ne saurait tarder Mlle MAVOUNGOU, en
attendant vous allez passer la nuit dans une cellule, tout comme votre patron Innocent !
Je tape deux petits coups à la porte.
-
Emmenez-là !
Deux agents viennent la retirer de la chaise sur
laquelle, elle est assise !
A son passage, elle me crache dessus en me toisant.
Je passe par la cellule dans laquelle Innocent MAGANGA se
trouve. Dès qu’il m’aperçoit, il s’approche des barreaux :
-
Vous n’avez pas le droit de me maintenir
enfermé ici ! fume-t-il .
-
Pourtant c’est ce qui va se passer !
-
Croyez-moi quand je sortirai de là, vous
entendrez parler d’Innocent MAGANGA ! on vous retirera votre badge minable !
****
Derrière la porte fermée de mon bureau, je retrouve Peter
SIMA et son ami Mitch.
-
Alors ? me demandent-ils une fois le pas
de la porte franchi
-
Pour l’instant, nous n’avons pas plus que
mise en danger d’autrui ! leur dis-je.
Je lis la déception sur le visage de Peter SIMA. Ils s’attendaient
à ce qu’on puisse leur faire avouer le meurtre de Damien SIMA, mais Raissa MAVOUNGOU
est tenace et il va nous falloir bien plus que de l’influence pour qu’elle
avoue tous ses crimes.
-
Ne vous inquiétez pas, le meurtre de votre
frère et de sa femme ne restera pas impuni !
-
Merci Inspecteur, dit-il en me tendant la
main.
Pour la première fois, depuis que je connais Peter SIMA,
nous avons une discussion sans tension. Coopérer avec lui, s’est avéré
fructueux. Nous lui devons le témoignage du Dr IVALA qui n’est pas des moindre.
Quand ils sortent de mon bureau, je peux enfin m’adosser
sur le fauteuil et souffler en appréciant le dénouement de cette affaire.
C’est Tia qui va être contente d’apprendre que son client
est tiré d’affaire.
« Tu peux commencer les démarches pour que Sylvain Kakou
sorte de prison ! » lui envoyé-je comme message.
Tia
Jackson
-
Maitre Jackson, pourquoi est-ce que si le
témoignage de Sylvain est juste, il ne sort pas automatiquement de prison, se
plaint Mireille, la main sur le dos.
Son ventre arrondi est déjà bien prononcé, elle semble de
plus en plus fatiguée, le visage déformé par ce qu’on appelle vulgairement le
masque de grossesse.
Je ne peux m’empêcher de m’imaginer à ce stade de
grossesse.
-
Il y a encore quelques procédures
administratives et surtout il ne faut pas oublier que l’accusation contre Sylvain
porte sur la pyromanie. Donc il va falloir démontrer que tout ça n’était pas
vrai. Soyez petiente !
-
Tout ce que je veux c’est retrouver mon mari,
se met-elle à pleurer, que cette histoire n’ait jamais commencé !
La culpabilité s’entend toujours dans ses paroles. Il y a
des actes indélébiles que rien ne pourrait effacer et avec lesquels on doit
apprendre à composer. Tout le monde fait des erreurs, et il est certain que ce
temps d’éloignement aura permis de savoir s’ils vont se pardonner ou pas.
Quand elle s’en va, Harry la remplace.
Je tourne sur moi-même pour lui faire face.
-
Ça tombe bien que tu sois là, j’ai besoin d’un
coup de main.
-
En quoi puis-je me rendre utile ?
-
Avec l’arrestation de Raïssa et Innocent MAVOUNGOU,
la police a saisi tout ce qu’il y avait dans leur bureau. J’ai pu obtenir d’Aaron
la liste des personnes qui étaient là, le soir où Sylvain s’est fait prendre. j’aurai
besoin de toi pour m’aider à mettre la main sur quelques-uns afin qu’il
témoigne pour Sylvain !
-
D’accord, accepte-t-il. Enfin cette histoire
va prendre fin ! je peux te poser une question ?
-
Je sais que tu vas me la poser de toute façon,
même si je te dis non !
Il éclate de rire. Et je sais de quoi il veut me parler.
C’est le seul à qui j’avais pu véritablement me confier
sur l’histoire avec Peter dans les moindres détails.
Je m’étais sentie libérée de n’avoir plus de secrets pour
Harry à ce moment. Et même s’il s’était montré vexé que je lui ai menti, il m’avait
aussitôt pardonné.
-
Si tu désirais gagner un procès, tu mettrais
toutes les armes de ton côté oui ou non ?
-
Ce n’est pas pareil, rebondis-je aussitôt.
-
Au fond de toi, tu sais Tia !
-
Quoi ?
-
Personne ne peut rien t’imposer ! si tu
as accepté ce petit jeu de Peter SIMA dès le début c’est parce que ça t’avantageait
bien ! et il te plaisait bien déjà !
-
Oui, avoué-je et il me plait toujours, je l’aime !
-
Alors, pourquoi tu joues la stupide !
-
Eh, dis-je en lui laissant le premier objet à
ma portée.
Il s’abaisse en riant pour éviter l’objet.
-
Je comptais le faire languir encore un peu,
mais je n’y tiens plus moi-même ! il me manque !
****
Harry gare sa voiture à proximité des entreprises SIMA,
coupe le moteur pour m’attendre.
-
Tu peux partir, lui dis-je en descendant, mon
fiancé va me raccompagner !
-
C’est comme ça maintenant, se moque-t-il,
bien je vais m’en aller alors !
Il sourit et démarre alors que je prends direction de l’entreprise
et monte jusqu’au bureau de Peter.
C’est l’heure de la pause. Et d’après l’appel que j’ai
passé à Armande tout à l’heure, Peter n’a pas bougé et je pouvais compter sur
elle pour le retenir à son bureau.
Pour une fois, je vais surprendre Peter dans son bureau
comme il a coutume de le faire. Je ne
peux pas refouler plus longtemps mes sentiments. La fin est plus importante que
le commencement.
Je pousse la porte de son bureau, il relève la tête,
surpris.
-
Je dérange ? demandé-je.
-
Bien sûr que non,
Il se lève d’un pas confiant, avance vers moi alors que
mon cœur s’affole, il ferme la porte derrière moi.
Son parfum titille mes narines alors qu’il m’invite à m’assoir.
-
Tu es belle, tu sais ! me
complimente-t-il alors que je prends place.
Il se place face à moi, adossé sur son bureau. Charismatique
comme toujours.
-
C’est une belle surprise ! me dit-il souriant. Comment as-tu fait pour
arriver ?
-
Harry m’a déposée et puis, je ne crains rien,
Raïssa est en prison maintenant.
-
Oui, mais l’affaire n’est pas encore bouclée,
elle est capable de nous surprendre celle-là ! mais bon, je suppose que tu
n’es pas venu pour qu’on parle d’elle !
En effet, je ne suis pas venue parler de Raïssa MAVOUNGOU.
En attendant son procès, je peux m’autoriser à penser à
autre chose, à mon avenir avec Peter SIMA.
L’avenir est plus important que le passé, mais pourtant
on doit parler comme deux adultes pour construire cet avenir.
-
Tu n’as pas bien agi, en te servant de moi et
j’ai été déçue de l’apprendre, commencé-je , mais si je dois te blâmer pour ça,
je ne suis pas moi-même meilleure que toi !
Il m’écoute attentivement sans m’interrompre.
-
Je crois qu’au fond de moi, une petite partie
de moi voulait cette perche que tu me tendais parce que j’étais déjà troublée
par toi !
-
Donc je n’ai fait qu’accélérer les choses, dit-il
mi sérieux, mi amusé.
Il m’arrache un sourire.
-
Plus sérieusement, dit-il en me prenant les
mains dans les siennes, je ne regrette pas comment notre histoire a pris forme,
tout ce que je regrette c’est la façon dont tu l’as apprise je comptais te
dire moi-même la vérité ! je ne t’ai pas manipulé….
J’arque un sourcil.
-
Bon disons que j’ai manipulé le déroulement,
avoue-t-il, mais toi et moi savons que ça n’aurait rien changé, tu étais déjà
conquise dès notre premier rendez-vous tu l’as dit toi-même,
-
Quel prétentieux ! souris-je.
-
Et puis tu sais quoi, c’est moi qui me suis
au final fait prendre, parce que je me suis brûlé.