Chapitre 29: Haine ou amour? ( Réécrit)
Write by Lalie308
Ange brisé,
Je déploie les ailes de mon cœur pour te porter vers la lumière.
——-
Je suis épuisée, mais j'ai envie de travailler, de me défouler. Je n'ai pas la force d'aller chez le coach aujourd'hui, ni hier et probablement pas demain. Je m'allonge sur le sofa. Je navigue sur le site d'Homel, pour décider quel livre prendre cette fois-ci pour noyer mon chagrin. Je tombe sur la couverture du cercle de la dérision pour les préventes. Quelque chose cloche, je ne vois pas mon nom dessus. Ma respiration s'accélère aussitôt. Je me lève en titubant pour conduire directement jusqu'à Homel dans mon pyjama au-dessus duquel j'enfile une veste. Je marche à pas de loups jusqu'à la salle de conférence puisque je sais que Victoria s'y trouve presque toujours depuis quelques jours. J'ouvre la porte en grand, interrompant une réunion. Tous les regards offusqués se posent sur moi, mais je n'en ai cure.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? explosé-je en tapant violemment la table de ma main.
Victoria me regarde avec son air supérieur.
— Pourquoi avez-vous effacé mon nom ?
Ma respiration haletante ainsi que mon aspect doivent certainement me faire passer pour une psychopathe.
— Parce que le livre n'est pas votre, miss Lawson, répond-elle tout naturellement.
Je déteste cette femme, c'est plus fort que moi. J'ai beau me dire que nous sommes tous des créatures de Dieu, je n'arrive pas à apprécier cette femme qui ne pense qu'à diviser pour mieux régner. Je fronce les sourcils. Harry est aussi présent. Il est pâle, comme si toujours sous le choc de la mort d'Abdou.
Qui ne le serait pas ? Il a perdu son frère... par ma faute.
— Mais... Vous avez dit...
Elle se lève puis éclate de rire.
— Vous avez pensé que vous pouviez briser une règle capitale d'Homel et faire du mal à ma fille sans en payer le prix ?
Les mots ne sortent plus de ma bouche, je sens tout mon cœur fondre, une fois encore.
— Appelez la sécurité, qu'on la sorte d'ici, ordonne-t-elle en me regardant droit dans les yeux.
Harry a aussi l'air surpris.
— Vous n'avez pas le droit Victoria.
— Homel t'a tout donné Harry et tu veux défendre cette femme sans scrupule qui a voulu te détourner ?
— Vous savez très bien que ce n'est pas le cas.
Deux hommes se saisissent de mes bras qu'ils retiennent en arrière.
— Lâchez-moi, hurlé-je sans succès.
— Lâchez-là, je vais la conduire, lâchez-là, exige Harry en colère.
Il me tire très rapidement hors de la pièce, mais avant de sortir je hurle comme une hystérique.
— Vous êtes tous des pantins dont se sert cette femme. Victoria est une sorcière. Vous allez me le payer. Vous n'avez pas le droit.
Des larmes ruissellent sur mon visage. Je me sens trahie, humiliée, utilisée.
— Calme-toi Ginger, s'il te plait, m'exhorte Harry.
Je retire ma main de la sienne avec une fureur explosive.
— J'en ai marre. Oublie-moi et je ferai de mon mieux pour oublier tout cet enfer, craché-je en le regardant droit dans les yeux.
Je m'en vais. Croire, espérer, vouloir, envier. Posséder, obtenir, avoir. Perdre, s'effondrer, s'éteindre. J'aurais aimé, désiré que tout soit différent. J'aurais aimé vivre pour toujours cet amour que je pensais éternel, tenir un jour en main le fruit de mon travail, de ma passion et de mon amour. Un adage dit qu'on ne peut vouloir le lait et l'argent du lait. Moi, je n'ai ni lait ni argent pour ce lait. Je suis vide, pauvre, affamée, invisible, fébrile, blessée. Mon cœur s'effrite encore et encore, toutes les courbures de ma colonne vertébrale se plient sur elles-mêmes, tout mon corps répond à l'obscurité de ce qu'est devenue la vie de la fille arc-en-ciel. Chaque lumière s'éteint, meurt. Chaque couleur disparaît.
*
— Non Ashley, s'il te plait.
La voix effrayée de Charly depuis son appartement me parvient. La porte est entrouverte donc je l'ouvre doucement pour découvrir Ashley, une arme en main et braquée sur sa tête.
— Tu avais dit que tu m'aimais et que tu ne me laisserais pas tomber.
— Mais tu n'as pas voulu le quitter !
— Tais-toi! hurle-t-elle.
Elle porte un simple short gris délavé qui laisse entrevoir des bleues le long de ses cuisses et de ses jambes. Le débardeur noir qui retombe négligemment sur ses hanches est mouillé au col. Des larmes ravagent le visage de la blonde qui tremble comme une pauvre fleur en pleine tornade, les âmes de la dépression planent au-dessus de sa tête. Un nuage de mascara et d'un mélange de maquillage couvre son visage humide, lui donnant maintenant l'aspect d'une psychopathe.
— Ashley, ne fais pas de bêtise s'il te plait, tenté-je de la calmer en me rapprochant doucement d'eux.
Elle secoue sa tête de gauche à droite en rapprochant l'arme de son oreille.
— Toi, tais-toi! Tu cachais bien ton jeu, tu n'as pas tardé à lui sauter dans les bras, s'égosille-t-elle en posant sur moi un regard dédaigneux.
— Non, Charly est mon ami, lui assuré-je.
— Je n'en peux plus Charly. Je n'en peux plus, pleure-t-elle en me regardant moi.
— Pense à Andrew, tente-t-il. Ashley, mon amour, s'il te plait.
— Non, hurle-t-elle trop fort.
Charly marche doucement vers elle.
— Ashley.
— Ne t'approche plus ou sinon je tire, menace-t-elle tremblante.
— Tu sais que je t'aime.
— C'est faux, tu dis ça pour que je ne le fasse pas et après tu m'abandonneras, crache-t-elle en jetant un coup d'œil à l'arme qu'elle a en main.
J'observe Ashley en face de moi, paralysée. Elle a l'air effrayée, fatiguée, détruite.
— Non, je ne te laisserai plus jamais seule, je te le promets.
Elle baisse doucement son arme en pleurant toujours. Charly arrive à son niveau et pose sa main sur l'arme.
— Doucement...
Elle tire dessus.
— Non, je sais que tu m'abandonneras.
Charly tente de lui prendre l'arme des mains, mais elle résiste. Un coup de feu part. Je sens quelque chose me transpercer l'estomac. Puis, je ne ressens plus rien, ou peut-être juste le néant.
*
— Maman, quand vas-tu enfin sortir de cet hôpital ? Je veux te montrer les beaux dessins et mes poésies.
Maman me regarde avec ses grands yeux qui me font me sentir comme une princesse. Elle a l'air absente parfois, elle a l'air de souffrir et de cacher sa souffrance. Je me suis échappée de la chambre que le docteur Simons m'a assignée pour venir la voir. Je suis malade et maman aussi. Je sais que j'irai mieux. Ce ne sont que mes allergies. Le docteur Simons dit que c'est mon corps qui n'est pas ami avec certaines choses qu'il repousse. Je me sens trop mal quand ça commence.
Le docteur dit que mon corps est un peu faible, mais qu'il ira bien mieux bientôt. Je fais confiance au docteur Simons.
— Je t'aime maman, murmuré-je en déposant un bisou sur la joue de maman.
Maman a les yeux à peine ouverts. Soit, je sais qu'elle me voit et qu'elle m'aime.
— Je t'aime aussi.
Je dois tendre l'oreille pour entendre les quelques murmures de maman dont la voix est éteinte. De grosses poches creusent ses yeux, une marque rouge marque son visage qui ne présente quasiment plus de chair. Maman ne parle plus depuis très longtemps et l'entendre parler ou croire l'entendre parler me fait du bien. Peut-être qu'elle ira mieux, peut–être qu'on pourra enfin sortir d'ici et qu'elle pourra me chanter de belles chansons, me faire des tas de bisous, m'aimer, comme elle le fait si bien.
— Repose-toi maman, je reviendrai te voir demain, lui promets-je.
— J'ai hâte, me répond-elle d'une voix faible.
Je pose une dernière fois mon regard plein d'espoir sur elle. Je n'ai plus peur de voir son corps quasiment desséché, je n'ai plus peur de ses crises que le docteur Simons appelle convulsions, plus peur des maux de tête que maman camoufle si bien, ni de ses plaies qui lui font si mal. Je sais qu'elle ira bien. Elle m'aime et elle ne m'abandonnera pas. Je m'en vais avant que le docteur ne me voie encore pour me réprimander. Il ne comprend pas que j'aime ma maman et que je veux juste rester auprès d'elle. Le lendemain, je me sens terriblement mal, le docteur dit que ce sont mes réactions qui reprennent. J'ai pourtant promis à maman de revenir la voir. Je n'arrive malheureusement pas à me lever. Le soir, je marche difficilement dans les couloirs pour rejoindre maman sans que les docteurs ne me voient (je suis devenue experte à ce jeu-là). Je vois plusieurs docteurs sortir de sa chambre ainsi que papa — les yeux aussi rouges que le sang — qui pleure. Papa ne pleure jamais. Papa ne pleure pas. Papa n'a jamais pleuré.
— Papa, pourquoi tu pleures ? lui demandé-je avec une grosse boule qui m'écrase le cœur. Maman ! hurlé-je en courant dans la chambre lorsque je ne reçois aucune réponse de sa part.
Les docteurs m'empêchent d'aller plus loin. Je m'effondre au sol et je pleure. Je pleure parce que j'ai mal, je pleure parce que je ne suis pas revenue la voir à temps. Je pleure parce que maman est partie, je le sais. Je pleure parce qu'une partie de moi vient de se noyer, de partir avec elle. Maman n'a pas le droit de me quitter, elle n'en a pas le droit, non. Je pleure parce que je l'aime. Je veux qu'elle revienne, je la veux près de moi. Pourquoi m'a-t-elle abandonnée ?
*
Bip. Bip. Bip. Je connais ce son comme le bout de ma poche. Bip. Bip. Bip. C'est la musique la plus douloureuse de ma vie. J'observe, absente la pièce dans laquelle je me trouve. Je ne ressens pas grand-chose puisque je suis encore sous l'effet de la morphine, il n'y a que ça qui puisse me calmer ainsi. Je ne vois que le vide ainsi que l'air dont j'ai même l'impression de déceler les atomes. Une douleur me recouvre progressivement l'estomac ainsi qu'un étourdissement dans tout le corps. Ashley. Crise de nerfs. Charly. Coup de feu. Je n'ai pas le temps de correctement procéder l'information que j'aperçois mon père qui pénètre dans la pièce. Il s'installe sur le siège près de moi dans le silence.
— Papa, que... fais-tu ici ?
— Eh bien, j'ai appris que ma fille s'était fait tirer dessus, s'est fait opérer, a perdu son livre et a le cœur brisé. Je suis ici pour elle, annonce-t-il avec un calme déconcertant.
Une larme coule le long de ma joue sans prévenir.
— C'est de ma faute si tu me caches toutes ces choses n'est-ce pas ?
La tristesse dans sa voix me déchire le cœur.
— Je...
— Je sais que tu m'en veux encore pour ce qui s'est passé avec ta mère et que...
— Non papa. Je m'en veux à moi-même, tenté-je de bien articuler. Tu es formidable.
— Non, je sais que j'ai mal agi lorsque tu as commencé par faire tes crises de personnalité. Je pense avoir fait l'erreur de n'associer ça qu'à la puberté ou des caprices. Je sais que c'est difficile de se trouver, de se connaître et que c'est aux parents d'aider leurs enfants à le faire, pas les laisser seuls dans un labyrinthe pareil.
Il fait une pause, contemple mon visage comme s'il y voyait des événements.
— J'aurais dû toujours t'encourager à être qui tu veux. Michelle, je veux que tu cesses d'encaisser sans jamais te plaindre. Que tu cesses de te relever aussitôt que tu chutes sans avoir au préalable pleuré ta peine. Je veux que tu apprennes à te pardonner, à vivre les situations au lieu de faire comme si tout allait bien ou fuir la réalité. Je veux le meilleur pour toi ma princesse.
Ses larmes coulent autant que les miennes. C'est la seconde fois que je vois papa pleurer. La dernière fois, ma mère est morte. J'ai constamment l'impression de revivre ce moment, de ressentir chacun de mes espoirs s'envoler, de sentir chacune de ses anciennes larmes revenir à la vie, d'avoir aussi mal que dans le passé.
— Elle me manque, papa, soufflé-je doucement.
— À moi aussi.
— À moi aussi.
Je vois Luc se diriger vers moi avec un petit sourire aux lèvres.
— Mais on doit rester forts pour elle. On a le droit de la garder dans nos cœurs. Elle ne nous a pas abandonnés. Elle nous aimait et ce n'était de la faute de personne si elle avait cette maladie, nous dit papa.
— Tu n'as jamais voulu nous dire ce qu'elle avait exactement, observe Luc.
— Elle avait une maladie auto-immune, le lupus. Ça ne s'était exprimé que tardivement et elle a caché quelques symptômes au début, mais après, c'était devenu trop évident. Elle ne voulait pas qu'on souffre. Je m'en veux de n'avoir rien vu au début. Ta mère était comme toi Michelle, à vouloir tout encaisser seule, à vouloir être forte.
Papa parle avec douleur, comme si son cœur se rompait avec chacun de ses mots. Comme s'il s'en voulait pour la mort de maman.
— Peut-être que je suis la suivante. Après tout, je ne suis qu'une malingre, soupiré-je en tentant de rester consciente.
Je me sens plonger lentement dans les vapes.
— Tu ne l'es pas. Tu es une battante. Tu veux que je te confie un autre secret ?
J'acquiesce lentement.
— Quand tu es née, tu étais toute minuscule, prématurée. Mais tu t'es battue pour rester en vie, alors oui, tu es une battante.
Je lui souris.
— Si tu tiens à rentrer, alors on le fera. Sinon, tu peux rester et faire ta vie ici.
Je regarde papa, surprise d'encore douter de mon choix qui pourtant paraît évident. Je n'y arrive pas.
— Rien ne presse, poursuit rapidement papa.
— Oui, rien ne presse, confirme Luc.
Au fil des jours, je reçois la visite de Charly qui m'a annonc qu'Ashley a été internée dans un hôpital psychiatrique et qu'Andrew était avec ses grands-parents, le temps que les assistants sociaux ne décident quoi faire. Le père d'Andrew a été arrêté. Andrew est venu me voir avec sa tante. Il m'a apporté des friandises et a passé toute une journée avec moi. On a discuté ; il m'a promis de rester fort et de savoir dire quand il va mal. Je lui ai promis d'être là pour lui, que sa maman ira bientôt mieux et que Charly, moi et tout le monde, on lui donnera la famille qu'il mérite. Tania, le coach et même Aliyah viennent me rendre visite. Je leur assure que je vais bien. Je ne peux que dire ça et me battre pour surmonter toutes ces épreuves qui me tombent dernièrement dessus.
*
Je ne fais que dormir. Je n'ai pas grand-chose à faire non plus dans un hôpital. Je me demande ce que fait Harry, s'il tient toujours à moi, s'il m'oublie. Mais moi, je le sais, je sais que je l'aimerai toujours. Bip, bip, bip. Les bips s'enchaînent, je vois la chambre s'éloigner de plus en plus de moi. Je n'ai toujours pas pu dire à Harry que je l'aimais, mais c'est peut-être mieux ainsi. Je vois des médecins remplir la pièce, autant que j'en ai vu remplir la chambre de maman quelques années plus tôt, puis plus rien. Papa a pleuré une deuxième fois.
*
— Michelle ? Michelle vous m'entendez ?
J'observe le médecin près de moi qui essaie de vérifier mon pouls.
— Vous avez eu une infection, mais nous avons pu la contrôler, m'apprend-il. Je vais devoir vous suivre pour quelques jours pour voir si votre corps réagit bien au traitement.
Lorsqu'il sort enfin de la pièce, mes paupières s'alourdissent à nouveau. Je les entrouvre je ne sais combien de temps après pour découvrir Harry, debout près de moi comme un mirage qui apparaît et disparaît. Ça doit sûrement être un rêve.
— Harry ? tenté-je de l'appeler de ma voix faible.
Je sens sa main contre la mienne, elle est chaude. Est-ce toujours un rêve ?
— C'était un vendredi soir, toute la famille devait aller à la plage. Mais j'ai fait un caprice, j'ai dit que je ne voulais pas y aller parce que je voulais qu'on reste tous à la maison. Je dormais quelques vendredis soir chez un de mes amis et je détestais déplaire aux autres, c'en était devenu une obligation. Je devais y aller, quitte à faire annuler le weekend en famille parce que ce vendredi-là, il y avait des événements pour tout le weekend chez mon supposé ami. Je voulais être avec ma famille, mais j'ai préféré penser à qui je pouvais perdre comme ami. Il y a eu une fuite de gaz ce soir-là à la maison et tu connais la suite. Voilà pourquoi je me sens si coupable, voilà pourquoi j'ai choisi ton bien au lieu de mes sentiments, pour ne pas détruire une nouvelle vie.
Ses yeux sont cernés tandis qu'il semble porter sur lui toute la misère du monde.
— Je comprends que tu m'en veuilles et que tu me détestes, mais je ferai toujours tout pour que tu sois heureuse. Parce que...
— Harry, le coupé-je.
— Parce que je t'aime. Je suis amoureux de toi et comme un malade, un fou et je ne peux vraiment plus supporter d'être loin de toi. Je veux que tu ailles mieux et qu'on soit tous les deux. Parce qu'outre Liyah, tu es ma seule famille Michelle.
— Harry, répété-je, les larmes ruisselant sur mes joues.
— J'ai démissionné.
— Quoi ?
— Oui, maintenant, je ne suis plus un membre d'Homel.
Sa confession me coupe les mots de la bouche. Je me contente d'exprimer toute ma confusion à travers mon regard.
— Je m'en fous de ce boulot Michelle. J'en trouverai un autre, il y a des tas d'éditeurs dans ce monde, il y a des tas de choses que je pourrais faire, mais il n'y a qu'une seule toi. Victoria est sûrement déjà en train de nous coller ses avocats aux fesses. Franchement, à ce point, tout ce qui m'importe c'est d'être à tes côtés.
— Merci, pleuré-je.
Merci pour ta folie mon beau Harry. Bien que consciente du danger de la situation, je ne peux m'empêcher d'être reconnaissante pour son acte d'amour.
— Merci à toi, souffle-t-il en me souriant tendrement.
Je n'arrive pas encore à réagir avec toutes mes capacités. Harry a démissionné ? Pour moi ?
— Embrasse-moi, lui ordonné-je.
Il se penche vers moi puis pose ses lèvres sur les miennes. Mes peines s'effacent, ma douleur se noie, ma vie fleurit de nouveau. Je sens ses lèvres se presser contre les miennes avec amour et envie, espoir et tendresse. Le goût de ses lèvres emplit ma bouche qui s'en délecte. J'en oublie presque la douleur à mon estomac, les peines des derniers mois. Tout s'efface, sauf les battements saccadés de mon cœur.
— Je t'aime Harry Evans.
Il se redresse, cheveux en bataille et respiration haletante. Il a l'air de reprendre son souffle après une longue période sans avoir respiré. Mon corps tremble, mon esprit est en effusion. Effusion de plaisir. Il entremêle nos doigts de sa main droite, s'installe sur le tabouret près du lit et pose son autre main sur ma joue qu'il caresse tendrement. Il détaille chaque parcelle de mon visage avec attention.
— Tu n'as jamais été une malédiction. Tu es une bénédiction, soufflé-je en le regardant dans les yeux, comme si plus aucun sédatif ne faisait effet, comme si j'avais de nouveau pleine conscience.
— Promets-moi que tu n'agiras plus impulsivement, que tu resteras sans avoir peur, sans me faire de mal, rétorque-t-il avec amertume.
Je sais qu'il fait référence à mon comportement des dernières semaines avant l'incident avec Ashley. Je resserre ma main autour de la sienne.
— Je te le promets.
— Que je serai le seul.
Il balaie tendrement une mèche de cheveux de mon front. J'ai mal de le voir ainsi : effrayé, dubitatif.
— Je t'aime Harry. Même si j'ai tendance à un peu trop Michelliser parfois, tu ne sais pas à quel point je t'ai dans la peau.
Je vois une larme rouler sur sa joue. Pauvre âme brisée. Un sourire déforme ses lèvres puis il embrasse chacun de mes doigts avant de poser sa tête près de mon ventre. Je plonge ma main dans ses cheveux. Harry veut se libérer. Le petit Harry qui se sent coupable d'avoir brûlé sa famille, le petit Harry que j'ai blessé avec mon comportement. Il tremble. Mon cœur se déchire. Je veux l'étreindre, lui dire que tout ira bien. Je me pousse sur le côté.
— Viens là.
Il hésite, mais finit par s'allonger près de moi. Étant donné que je ne peux pas trop bouger, je laisse ma main dans la sienne alors qu'il plonge sa tête dans mon cou. Je fais abstraction de mon corps engourdi et de mon mal au ventre pour me concentrer sur l'ange à mes côtés.
— Laisse-moi partager ta douleur. Au moins, tu en auras moins, lui intimé-je.
Il esquisse un léger sourire. Pourtant, je sais qu'il ne pense pas vraiment ce sourire. Qu'il aimerait pleurer, se libérer, se vider.
— Je pensais que ce serait facile de t'en parler. Que je n'aurais pas mal, fait-il en observant le plafond. Je pensais que j'allais te perdre lorsque j'ai entendu ce qui s'est passé. Je m'étais dit mes parents, Abdou et toi... que j'étais sûrement maudit.
Sa voix vacille vers la fin de sa phrase, des larmes dévalent ses belles joues de roi. Il enterre sa tête dans mon cou puis se laisse aller à sa douleur. Mon pauvre prince, âme brisée, âme en feu, âme de mon cœur. Que t'a fait la vie ? Que t'ai-je fait ? Je n'aurais jamais pensé voir Harry pleurer, jamais pensé voir le petit garçon cassé, le petit cœur coupable. Je tends ma main vers mon sac que Charly m'a apporté pour prendre des papiers mouchoirs. J'attends qu'il se calme, qu'il se libère puis tourne sa tête vers moi pour qu'il me regarde dans les yeux. Ses yeux sont rouges, aussi rouges qu'une rivière de désespoir, aussi profonds qu'un puits sans fin. Je nettoie tendrement ses joues puis son nez qui coule. Ensuite, je propulse le papier dans la poubelle près du lit en grimaçant encore. Je refais face à Harry.
— Ça fait mal, je ne pourrai pas te promettre que ça ira mieux. Mais sache que tu es une personne formidable. Et que même le soleil laisse parfois place à l'obscurité, mais revient toujours aussi éclatant.
Je pose un baiser sur ses lèvres en grimaçant légèrement. Nous observons enfin le plafond pendant longtemps, très longtemps, main dans la main, cœur dans le cœur, l'âme dans l'âme jusqu'à ce que mes yeux s'alourdissent. Jusqu'à ce que mes battements de cœur se fondent aux siens, jusqu'à ce que l'écosystème ressente... ça.
Hello, alors opinion?
Ce n'est pas encore la fin... oups ????
****
Merci d'avoir lu.
Lalie