Chapitre 3

Write by Annabelle Sara

#UNS

   

Chapitre 3

   

Johanne se leva en sursaut, encore ce mauvais rêve qui lui rendait la vie impossible depuis trop longtemps. Elle se retrouvait dans une pièce très froide avec des murs blancs et froids qui glaçait le sang sur ses mains. Mais ce sang justement ne venait pas de ses mains mais plutôt de son bas ventre. Elle frissonnait en sentant la douleur qui lui transperçait les entrailles. Une lumière blanche l’aveuglait et le goût de sel qui lui montait à la bouche lui donnait les nausées.

Et là, çà lui revint brusquement ce qu’elle pensait être un rêve depuis si longtemps était en fait la réalité. Assise au milieu de la nuit près de son mari elle comprit d’où lui venait ce mauvais cauchemar continuel. Il lui vient de cette fameuse soirée à Liverpool il y a cinq ans, alors qu’elle était en visite chez son frère qui vivait en Angleterre, ils avaient fait un accident de voiture. Qui a été fatal à deux personnes ; son frère jumeaux, Lucas mais aussi à son fœtus d’à peine quatre mois. Elle jeta un coup d’œil à son mari qui dormait paisiblement près d’elle sans aucun soupçon de ce qui se passait en ce moment dans l’esprit de sa femme.

Elle se leva et quitta la chambre, elle se dirigea sans détour dans le bureau de son époux. Elle s’assura qu’elle avait bien fermé la porte derrière elle, ensuite elle ouvrit le compartiment d’une armoire qui servait de bar à son mari. Celui-ci était très bien fournie, elle attrapa la bouteille de cognac et se servit une bonne rasade qu’elle avala en une seule gorgée.

Depuis cinq ans la boisson l’aidait à supporter le poids du secret qu’elle avait gardé, elle n’avait pas voulu que son mari soit au courant de son accident, encore moins du fait qu’elle avait perdu leur fils lors de celui-ci. En quittant le bureau sa bouteille à la main elle s’imagina la tête de celui-ci sachant qu’il n’avait pas voulu qu’elle aille en Angleterre. Pire aurait été la réaction de sa belle sœur, elle qui disait déjà que Johanne ne servait à rien, là ce serait l’apocalypse, elle n’y survivrait pas.

Johanne s’installa dans la baignoire de sa chambre et décida de noyer ses peurs et ses douleurs dans le vin étant donné qu’elle n’avait pas le courage de le faire dans cette baignoire pleine d’eau.

 

Il était cinq heures du matin lorsqu’Etienne se rendit compte du vide qu’avait laissé sa femme en quittant le lit. Il fronçant les sourcils inquiet, où avait elle bien pu passer elle qui ne se levait pas d’habitude aussi tôt. Il avait d’ailleurs remarqué des changements assez bizarres chez Johanne, elle paraissait tout le temps fatiguée, outrée à la moindre taquinerie même venant d’Henriette, parfois elle lui donnait l’impression qu’elle allait éclater en sanglot. Cette situation le gênait il avait l’impression que sa femme lui cachait quelque chose, qui visiblement la tourmentait vraiment, et il avait la ferme intention de savoir ce que c’était.

Soudain une odeur particulière lui titilla les narines. Avec cette impression de déjà vu, il connaissait cette odeur forte et musquée. L’alcool, il sauta du lit et se dirigea vers la salle de bain d’où provenait cette odeur. Le spectacle qui l’accueillit lorsqu’il pénétra dans la pièce le sidéra il resta cloué sur le pas de la porte. Non, pas encore une fois se dit-il, elle avait promis de ne pas recommencer !

Sa femme était affalée dans la baignoire et tout près gisait deux bouteilles une de cognac et une de vin rouge.

  « Seigneur, Johanne… »,  dit-il en se dirigea vers elle et lui tapota le visage pour la sortir de son sommeille alcoolique.

  « Lucas c’est toi ?  Pardonne-moi … »

  « Johanne ! Johanne, ça suffit lève toi de là maintenant ! »

Il fit couler l’eau sur son visage ensuite la renversa pour qu’elle libère ses poumons.

Il la souleva dans ses bras et  la porta jusqu’au lit où il la déposa en prenant beaucoup de précaution, il détestait voir sa femme dans cette état. Son alcoolisme avait petit à petit détruit leur foyer et Dieu savait à quel point il pouvait aimer sa femme. Et la regarder se détruire ainsi, le détruisait  lui tout comme cet amour pour lequel ils se sont  tant battus, afin de le faire vivre contre et envers tous. Ce qui le blessait c’est que sa femme lui cache ce qui l’a poussé dans le précipice, elle ne lui faisait pas confiance et avait oublié ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre.

  « Chérie il faut que tu te reprennes en main, ça ne peut plus continuer comme ça ! » déclara-t-il en la forçant à se relever. Johanne fit une moue de douleur elle avait la tête qui tournait.

  « Je vais m’en sortir Etienne, je l’ai fait une fois je peux encore retourner cher les AA, d’ailleurs je vais téléphoner à ma marraine tout de suite… »

Etienne secoua la tête visiblement déçu du comportement de son épouse.

  « S’ils n’ont pas pu te faire passer l’envie de recommencer alors je ne crois pas que c’est la solution à notre problème, parce que ce n’est pas seulement toi que tu mets en péril c’est notre couple et aussi la vie, l’adolescence de ta fille Johanne, est-ce que tu penses un peu à elle ? »

  « Que veux-tu dire par là que je suis une mauvaise mère ? Tant que t’y es pourquoi tu n’affirmes pas tout simplement je ne mérite pas d’avoir une fille ! »

Etienne fut surprit par cette réaction et il comprit qu’elle n’avait pas encore émergé et qu’il sera totalement impossible de parler avec elle tant qu’elle sera dans cette état.

  « Ecoutes on en reparlera dans la soirée, mais saches que tes actes on bien plus de conséquences que tu pourrais l’imaginer, Johanne. Sur toi, moi, Henriette et surtout sur nous deux. »

Sans un mot de plus, il quitta la chambre à coucher et se dirigea vers la salle de bain pour la ranger et effacer les traces du passage de son alcoolique de femme.

 

Victoire Esso  traversait Yaoundé dans une GMC noir qu’elle s’était offerte lors d’un de ses voyages au Etats-Unis pour sa presque dernière prestation sur un podium en tant que mannequin. Elle avait débuté sa carrière à quinze ans, et elle avait eu la chance de goûter à la gloire assez tôt et très longtemps.

D’ailleurs sur le triangle national elle était considérée par ses concitoyens comme étant le plus grand top model de sa génération, elle était une déesse à leurs yeux, malgré toutes les bêtises qu’elle faisait dans sa vie privée. Il y a plus de deux ans qu’elle avait décidé d’arrêter de poser, cette décision survenait à la suite de son dernier scandale cette fois encore à cause de son dernier mari en date, Luc Pondi et de son presqu’amant le photographe John Dickson.

Aujourd’hui elle regrettait d’avoir fait croire au photographe qu’il pouvait y avoir quoi que ce soit entre eux. Elle avait été très blessée quand son mari lui a déclaré qu’il savait qu’elle le tromperait un jour, mais certainement pas avec un trou du cul comme Dickson, il n’imaginait pas qu’elle serait assez idiote pour céder à cet homme. Elle ne s’était pas défendue, puisque de toutes les façons il y’avait de l’eau dans le gaz entre Luc et elle depuis fort longtemps.

Il faut d’ailleurs, remarquer que Luc était l’amant de Vicky lorsqu’elle était encore mariée à Scott Davis, un homme d’affaire anglais, qui aussi était son amant alors qu’elle était mariée au musicien sud-africain Henry Molusa, ce qui était aussi la situation de ce denier pendant son premier mariage avec Jules Pierre un homme d’affaire français.

Elle était essoufflée par tant de vagabondage, donc elle avait décidé d’arrêter avec les hommes, et depuis deux ans elle ne s’était plus retrouvée au bras de personne, ce qui semblait lui aller parfaitement bien.

Seulement trente ans et déjà quatre mariages et divorces à son actif, il faut croire qu’elle n’avait pas encore rencontré celui qui lui donnerait envie de se poser et de donner un sens  particulier à sa vie. En rencontrant Luc elle s’était dit enfin je l’ai trouvé ! Mais après l’accident elle n’a plus vu en son mari l’homme qu’elle attendait, et a commencer la quête perpétuelle qu’elle s’était donner en voyant ce qu’était la vie de couple avec son père et sa mère.

Elle s’était juré qu’elle ne suivrait pas l’exemple de sa mère qui s’était mariée avec un homme qui n’offrait rien mais exigeait tout. Il ne la battait pas, il trouvait cela rabaissant pour un homme de taper sur sa femme, il disait toujours que la seule façon de domestiquer un animal c’est de lui montrer qu’il n’a nulle part où aller.

Pascal Esso’o avait domestiqué sa femme, elle ne réfléchissait pas par elle-même, elle rendait tout le temps des comptes à son époux et demandait tout à son mari même sur des questions triviales telle que les tâches ménagères.

Vicky avait essayé de résister à l’emprise de son père, mais durant ses première années dans l’industrie, elle l’avait laissé prendre des décisions pour elle jusqu’au jour où tout à basculé et que son père a fait las seule chose qu’elle n’arrivait pas à lui pardonner aujourd’hui.

Elle commençait à peine à briller et subitement sa maman se retrouvait à l’hôpital souffrant d’une tumeur mais elle ne pouvait pas compter sur l’aide et le soutien de son époux, qui venait de lâchement les abandonné en emportant le contenu du compte que Victoire approvisionnait avec son travail.

Sa mère impuissante car couchée dans un des hôpitaux les plus miteux de la capitale avec deux filles à charge, une de quatorze ans et l’autre de dix-sept ans. A cette époque le cachet que Vicky ne touchait pas assez pour nourrir un foyer de trois bouches et encore moins à soigner sa pauvre mère mourante. Il avait fallu l’action d’un ange gardien pour qu’elle ne perde pas totalement le nord, ceci même après la perte de sa mère.

 

Cassandra gardait les yeux rivés sur le berceau pour bébé qui était en vitrine dans le magasin « Bettina’s Kid », c’était un meuble noble qui avait de la délicatesse. Elle était plantée là en attendant que son frère prenne leur commande au glacier qui était juste près de la boutique. Elle hésitait face à l’envie d’entrer pour voir le berceau de plus près. Elle ne ressentait pas le grand bonheur que toutes les femmes enceintes décrivaient lorsqu’elles parlaient de leurs grossesses. Elle avait la sensation qu’il lui manquait quelque chose de fondamentale pour être vraiment heureuse.

  « Si c’est une fille, alors n’hésitez pas ! », lança une voix féminine près d’elle.

Elle se retourna vers son interlocutrice pour lui répondre et fut frappée par la beauté de l’intruse. Elle l’avait déjà vu sur du papier glacé ou dans des vidéos  de défilé de mode, son nom rimait avec glamour, luxe, top model…  L’avoir en face d’elle là comme ça Cassandra ne s’y attendait pas.

Grande, brune, fine, des traits d’une féminité à couper le souffle, des yeux comme des petits fruits noirs, un sourire d’un éclat, le joyau national en chair et en os. Victoire Esso’o se tenait debout devant Cassandra.

La danseuse étoile se sentait si petite à coté de cette gazelle d’1m80 l’une des rares filles du pays qui se retrouvait sur la liste des 10 plus belles femmes au monde.

Victoire Esso’o se tenait debout près de Cassie, bien-sûr elle avait eu l’habitude fréquenter la haute société mais elle n’avait jamais été fascinée par un people comme par ce mannequin de 33 ans à peine. Et que cette dernière s’adresse à une inconnue devant une vitrine de magasin sans connaitre au préalable de quelle classe sociale elle appartient la rendait encore plus mythique aux yeux de Cassandra Edang.

  « Combien de mois déjà ? », s’enquit le mannequin tout sourire. Cassie lui rendit son sourire et jeta un coup d’œil à son ventre

  « Ça se voit autant? »

Le mannequin se rapprocha de la jeune femme et lui murmura dans l’oreille.

  « Seulement pour les yeux affutés comme les miens et surtout que vous êtes la première en dehors de ma sœur qui porte bien la grossesse ! »

Cassie fut très touchée par ce compliment.

  « Si vous êtes une experte en la matière alors vous pouvez deviner le nombre de mois, non ? », fit Cassie en provocant le mannequin.

  « Humm, au pif je dirais que vous êtes enceinte de quatre mois… et quelque chose comme deux semaines. », affirma-t-elle sans aucune hésitation.

Cassie arrondit les yeux surprise par autant de précision de la part d’une femme qui elle-même n’a jamais porté une grossesse.

  « Vous avez effectivement l’œil très…comment vous avez fait je commence en effet la deuxième semaine de mon quatrième mois. », fit-elle très impressionnée par la gazelle.

  « Secret de ma mère… »

Cette réponse ne surprit pas la jeune Edang, contrairement à elle, Victoire Esso’o vouait un culte sans égale à sa mère qu’elle a perdue lorsqu’elle débutait dans le métier. Un sentiment que Cassie ne partageait pas avec sa maman.

L’absence passagère de la jeune femme mit un petit doute dans son esprit.

  « Vous n’avez pas encore annoncez votre… ? », s’enquit-elle sans vouloir paraitre indiscrète.

Cassie leva des yeux qui brisèrent le cœur de Victoire, elle jeta un coup d’œil vers le type qui accompagnait la jeune femme et se rapprocha d’elle.

  « Vous savez, il ne peut pas vous forcer à prendre une décision que vous ne voulez pas ! Ne le laissez pas faire ! Je suis sure que vous trouverez du soutien dans votre famille ! »

Cassandra ne comprenait pas de quoi elle parlait

  « Le type qui vous accompagne c’est lui le père n’est-ce pas ?  Vous pouvez vous confier à moi, si vous voulez cette enfant vous pouvez et vous devez, l’avoir ne laissez pas une belle gueule vous empêcher de gouter au bonheur d’avoir un enfant. Votre enfant ! »

La réaction de la jeune femme laissa Vicky pantoise, car la danseuse éclata d’un rire sonore et se tint contre Vicky pour ne pas s’écrouler de rire.

  « Vous êtes très perspicace, mais la belle gueule devant la boutique de glace c’est mon frère ! », dit-elle en lui prenant les mains comme pour la rassurer. « Et si je suis ici aujourd’hui c’est justement pour trouver du soutien auprès de lui parce qu’avec ma mère ce serait impossible… malheureusement ce n’est pas tous le monde qui s’entend avec sa maman, Victoire. »

Les épaules du mannequin s’affaissèrent, soulagée par cette révélation.

  « Vous m’avez reconnu ? Je m’excuse si je vous ai paru un peu indiscrète, mais j’ai horreur de voir une femme qui se laisse piétiner par un homme en prenant pour prétexte l’amour. Au fait à qui ai-je l’honneur? »

  « Oh, pardon, je ne me suis pas présentée, Cassandra Edang et le type là-bas est Stéphane mon frère. »

  « Cassandra Edang… la danseuse étoile ? », s’enquit-elle en lui serrant la main.

La jeune femme hocha la tête pour acquiescer. Elle portait toute les deux des casquettes à visière pour ne pas se faire reconnaitre, même si au pays peu de gens dérangeaient les stars en les croisant dans la rue.

  « Waouh heureuse de faire votre connaissance et une fois de plus excusez mon intrusion ! »

  « Ça fait plaisir de voir que vous vous inquiétez de ce qui peut arriver aux pauvres femmes chez vous ! »

  « Cassie… je suis désolé… mais il n’y avait plus de glace chocolat noir, je t’ai pris une pistache noisette ! », fit une voix grave mais avec une intonation très suave derrière elles.

Elles firent volte-face en même temps et firent face au nouvel arrivant.

Toutes les fibres du corps de  Victoire vibrèrent à l’unisson. Cette réaction de son  corps sembla exagérée pour la jeune femme, elle n’avait jamais rien sentit de tel mais il fallait que cet homme ne s’en rende surtout pas compte et encore moins sa sœur qui se tenait tout près d’elle.

  « Ça va allez Stan, tu as fait un très bon choix merci. », déclara-t-elle en prenant le paquet que son frère lui tendait.

  « Si j’avais su que tu étais avec une amie j’en aurais pris une autre pour elle ! », dit-il en se tournant vers la jeune femme qui essayait de cacher son agitation soudaine et inopportune.

  « Ah, je te présente Victoire Esso’o et lui c’est mon frère ainé Stéphane Medou… Le  Mister Chocolate  favori de ces dames ! Nous étions entrain d’admirer la vitrine toutes les deux… peut-être voulez vous partager une glace avec nous Victoire ? »

Elle ne répondit pas encore sous le choc de la révélation que venait de lui faire Cassie, brusquement son corps tout entier se glaça et elle n’avait plus qu’une envie celle d’étrangler l’homme qui se tenait devant elle et qui quelques secondes plus tôt faisait naitre des sensations autant bizarres qu’exquises dans tout son corps.

  « Ça vous dirait ? », insista la jeune femme en la tirant de ses pensées.

  « Bien-sûr ! C’est une offre très alléchante… mais je crains que ce soit pour une autre fois, j’ai un rendez-vous que je ne peux malheureusement pas rater. Une prochaine fois peut être… tenez voici ma carte, si jamais vous avez envie de parler vous m’appellerez ? »

  « D’accord, passez une bonne journée ! »

  « Merci, à vous autant… Au plaisir Mr Medou ! », fit-elle avant de partir d’une démarche qu’elle ne se connaissait pas, on aurait dit qu’elle fuyait presque.

Stéphane et sa sœur la regardèrent s’en aller sans un mot.

Stéphane avait remarqué chez elle quelque chose qui lui rappelait l’agent immobilier qu’il avait rencontré la veille. Seulement la beauté de cette femme avait quelque chose de sauvage, on aurait dit un animal de la jungle, de loin on avait l’impression qu’elle  allait faire une bouchée de nous, exactement le type de femme qu’il faut à tout prix éviter de peur de ce faire happer.

  « D’où tu la connais celle là ? », s’enquit-il en se tournant vers sa sœur.

  « Dans les journaux ! C’est « The » mannequin camerounais cette fille… le joyau national ! Ne me dis pas que tu n’as pas encore entendu parler d’elle… toi qui es fiancé à un mannequin ! »

  « Tu as bien dit Victoire Esso’o ? Celle qui s’est fait prendre en plein adultère avec son photographe dans un studio à Los Angeles aux Etats-Unis ? »

  « Oui, c’est bien elle, je ne savais pas que tu lisais les tabloïdes toi! »

  « Ingrid dit que c’est une mangeuse d’homme et que c’est à cause de femme comme elle que la profession de mannequin est mal vue par le publique ! »

Cassie s’arrêta et fronça les sourcils.

  « Et tu es certain que ce n’est pas plutôt d’elle-même qu’elle parlait lorsqu’elle affirmait ça ? Parce que la Victoire Esso’o que je connais, est un mannequin hors-pair et une femme d’affaire des plus réputés de ce milieu mais surtout c’est une femme avec un grand cœur, mis à part le fait qu’elle s’est mariée quatre fois et qu’elle a autant divorcé, c’est le seule mannequin qui milite pour la cause de la femme et qui s’est battue pour affronter les dangers de la vie, ceci toute seule et très jeune. Elle représente valablement et fièrement notre pays… Alors si c’est elle qui déshonore la profession, je crois plutôt que tous les créateurs devraient fermer boutique ! »

Stéphane ne fut pas surpris par l’intervention de sa sœur, il a bien vu l’admiration qu’avait sa sœur pour cette femme, le mieux serait de clore le débat et tout de suite avant que ça ne dégénère.

  « Ah, oui mais je comprends, ta petite chérie ne lui a toujours pas pardonné l’incident  au Hilton Hôtel il y’a deux ans. Je vois maintenant, et je comprends, mais ce n’était pas sa faute et le comité s’était excusé pour cette confusion. Ingrid n’avait pas apprécié de voir le titre de mannequin de l’année lui échapper une énième fois pour être remis à Victoire. »

  « Décidément personne n’aime Ingrid dans mon entourage! », s’exclama-t-il.

  « Si tu prenais le temps de mieux connaitre cette femme, tu comprendrais pourquoi ? Ne trouves tu pas d’ailleurs bizarre que c’est avec maman qu’elle s’entend le mieux ? »

Stéphane avait trouvé la relation entre sa fiancée et sa mère tout à fait particulière mais il n’avait pas cherché à creuser plus, il était content que sa mère et sa futur épouse s’entendent bien, même s’il faut avouer que c’était tout à fait bizarre.

  « Bon assez parler de tous ces mannequins, parle moi de toi », dit-il en s’asseyant sur une un table devant le glacier.

  « De quoi veux tu que je te parle… de ma grossesse ! »

Stéphane faillit s’étouffer avec la bouchée de glace qu’il avalait.

  « Pardon ? Ta quoi ? », s’exclama le frère ainé.

  « Disons que je suis enceinte et pour faire court, le père ne veut pas en entendre parler ! Il m’a posé un ultimatum si jamais je le garde, je l’oubli donc… je pensais à me faire avorter ! Pour ne pas perdre l’homme que j’aime et éviter de voir encore dans les yeux de maman cette expression de déception que je connais déjà assez bien ! »

« Pourquoi tu penses ainsi ? », demanda Stéphane surprit par la nouvelle et les idées noires de sa sœur.

« Mama va me détester… Et je ne me vois pas élever un enfant toute seule… »

« Qui t’a dit que tu seras seule ? »

« J’ai besoin de lui… Il n’en veut pas… »

Elle avait les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

«  Toi tu veux quoi ? »

La question que Cassandra évitait de se poser depuis le début de cette histoire, elle avait peur de s’avouer ce qu’elle ressentait vraiment en portant cette petite vie en elle.

«  Combien de mois ? », demanda encore Stéphane.

« Quatre mois ! »

Il sourit et prit sa main.

  « Tu vois que si tu voulais t’en débarrasser ce serait déjà fait ? Sous prétexte que tu aimes un imbécile tu vas faire une chose qu’apparemment, tu n’as aucune envie de faire ? Pour son plaisir à lui ? », s’enquit Stéphane la surprise laissant place à une certaine appréhension.

  « C’est marrant, Victoire vient de me dire la même chose… mais elle pensait que c’est toi qui essayait de me faire avorter… elle a cru que c’est toi le père ! »

Ils éclatèrent tous les deux de rire.

Stéphane prit sa petite sœur dans ses bras il, était hors de question qu’il la laisse toute seule avec ce poids sur les épaules.

  « Je suis là Cassie, tu sais que tu peux compter sur moi, si tu veux ce bébé vas-y, et je serais le plus heureux des tontons ! », ajouta-t-il en posant la main sur son ventre.

Elle sourit visiblement heureuse de trouver le soutien dont elle avait besoin chez son frère ainé.

 


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