Chapitre 3
Write by Kaylee
LA SECONDE ÉPOUSE
Épisode 03 : La décision
**** Oumou ****
Tout le monde : QUOI ????
Maman : Ne me dis pas que...
Elle ne put finir sa phrase avant d'éclater en sanglots.
Moi : Je suis désolée.
Tante Rokaya (explosant): Désolée dis-tu ? Le mal est déjà fait et tu dis être désolée ? Si tu voulais me mettre dans une mauvaise position dans mon foyer, tu as réussis. Je te félicite.
Moi : Je suis désolée tata.
Tante Rokaya : Arrête de me dire que tu es désolée bon sang !
PAFFF. Je n'ai pas vu venir sa main qui s'est abattue sur ma joue gauche. Elle venait de me gifler avec virulence. Mes autres tantes et oncles se mirent à la calmer tandis que je pleurais silencieusement. Vous vous demandez sans doute qui est Amir alors je vais éclairer vos lanternes. Amir c'est le beau-fils de ma tante Rokaya, l'aîné de son mari et de sa coépouse. Elle ne s'entend du tout pas avec sa coépouse. Entre elles c'est le chaud et le froid donc apprendre que sa nièce est allée prendre une grossesse de l'enfant de sa rivale ne doit pas vraiment être réjouissante pour ma tante. La nouvelle rentrée scolaire a débuté il y a de cela un mois et j'avais passé les vacances chez ma tante dans le village voisin. Amir faisait ses études à Boston aux États-Unis et était rentré pour un petit séjour avec ses parents. Il était venu voir ses demi-frères et sœurs chez ma tante et dès que je l'avais vu, j'étais tout de suite tombée sous son charme. C'était un très beau jeune homme de 25 ans. Il était toujours bien vêtu et s'exprimait avec un accent qui me mettait dans tous mes états. Lorsqu'il m'a fait la cour j'ai accepté comme l'idiote que je suis sans réfléchir aux conséquences. Nous n'avons pas tardé à coucher ensemble par la suite. Je l'aimais tellement que je faisais tout pour le contenter. Je lui ai offert ma virginité par amour mais c'était avant d'apprendre par la suite qu'il était fiancé à la fille d'un grand ami à son père. J'étais tombée de haut et lorsque je lui ai demandé des explications il m'a lancé au visage qu'il ne savait pas pourquoi je lui prenais la tête pour si peu alors qu'il ne m'avait rien promis. Ça a été un coup dur pour moi et nous avons rompu. Il est retourné en ville chez sa mère quelques jours plus tard et je n'ai plus eu de ses nouvelles. Je m'efforçais de ne plus penser à lui jusqu'à ce que je découvre que je suis enceinte.
Tante Rokaya : Tu veux détruire mon foyer n'est-ce pas ? De tous les garçons de ce monde , c'est le fils de ma coépouse que tu as trouvé pour te faire engrosser. Chinéké ooooh. Que vais-je bien pouvoir dire à mon mari ?
Oncle Mamadou : Arrête un peu de te lamenter Rokaya. Le mal est déjà fait.
Oncle Akimou : Exactement. ( se tournant vers moi): Oumou, Oumou, Oumou Ali.
Moi : Oui baba.
Oncle Akimou : Je viens de t'appeler combien de fois ?
Moi : Trois fois.
Oncle Akimou : Tu es sûre que c'est ce garçon qui t'a mise enceinte ?
Moi : Je ne mens pas baba.
Oncle Akimou : Avant lui tu as déjà connu un autre homme intimement ?
Moi : Non baba. C'est avec lui seul j'ai fait ça.
Oncle Akimou : Bien. C'est parfait.
Tante Rokaya ( hystérique): Que comptes-tu faire Akimou ? Ne me dis pas que...
Oncle Mamadou : Ne pose pas une question dont tu connais déjà la réponse. Ton beau-fils a déshonoré notre fille et en plus laissé une trace de son forfait sur elle. Nous allons demander réparation.
Oncle Akimou : Il va l'épouser.
Tante Rokaya : NONNNNNNNNNNN !!!
QUOI ??? Épouser Amir ?
Tante Hilda : Arrête de crier Rokaya. Amir a fauté. Il nous a manqué de respect ainsi qu'à toi en prenant ainsi la dignité de notre nièce.
Tante Djeneba : Pourquoi parles-tu comme si elle avait été violée ?
Tante Khadi : En tout cas je suis d'accord avec mes frères. Amir doit épouser Oumou en guise de réparation.
Oncle Mamadou ( à mes parents): Qu'est-ce que vous en pensez ?
Papa : Vous êtes mes frères et Oumou est autant votre fille que la mienne. Vous ne pouvez pas prendre une décision qui pourrait lui porter préjudice alors si vous jugez bon qu'elle épouse ce garçon je ne vais pas m'y opposer.
Oncle Akimou : Okay. Et toi Rose ?
Maman : Je suis sur ce qu'a dit mon mari.
Oncle Akimou : Bien. Comme nous sommes tous d'accord, Rokaya dès que tu rentres informe ton mari de la portée de cette réunion et dis-lui que nous voulons qu'il choisisse un jour dans les plus brefs délais pour nous recevoir.
Ma tante Rokaya ne répond pas. Elle prend son sac à main et sort rageusement de la maison. J'ai tellement mal dans ma peau. Je n'aurais jamais imaginé un instant que les choses allaient se passer ainsi. Donc comme ça à dix-huit ans seulement je serai mère et l'épouse de quelqu'un ?
Lorsque ma sœur et ma cousine rentrent, je m'empresse de leur faire le compte rendu de la réunion.
Salewa : Sérieux ? Tu vas épouser Amir ? Mais c'est bien. Tu l'aimes et tu attends son bébé. En plus ses parents sont aisés. Tu ne manqueras de rien, même si tu vas beaucoup me manquer si tu t'en vas.
Jessica : Arrête d'avoir ses propos villageois Saly. Épouser Amir est bon en quoi ? Les parents d'Amir sont riches oui mais pas lui-même. Il n'a pas encore une situation financière propre à lui et en plus il étudie encore. Oumou est encore jeune. Elle a toute sa jeunesse devant elle. Les temps ont évolué. Vos oncles n'ont pas pris une bonne décision. Ce n'est pas parce qu'elle attend un enfant d'Amir qu'elle doit forcément l'épouser.
Moi : Mais si je ne l'épouse pas j'aurai du mal à me marier plus tard. Aucune famille du village ne permettra à leur fils d'épouser une fille-mère.
Jessica : Donc toi tu n'as aucune ambition ? Tu te vois passer toute ta vie au village et même épouser un villageois comme toi ? Mais quel manque d'ambition !
Moi : Écoute Jessy, c'est vrai que tu es mon aîné mais cela ne te donne pas le droit de m'insulter ainsi. Comme tu l'as déjà dit, je suis villageoise et j'ai été élevé selon nos réalités, mœurs et coutumes. J'ai fait une grave erreur en me donnant à un homme qui n'était pas mon mari, jetant ainsi l'opprobre sur ma famille. Donc si mes parents ont décidé que je dois épouser l'auteur de ma grossesse pour leur enlever la honte je m'y soumettrai. C'est ma vie. Tu n'es pas obligé d'approuver ou non quoi que ce soit. Le minimum est que tu me, non, que tu nous respecte.
Je n'attends pas qu'elle réagisse avant de sortir de la chambre pour rejoindre ma mère à la cuisine. Jessica est ma cousine. Je l'aime bien mais j'ai toujours eu des réserves envers elle car elle pose parfois certains actes et disent parfois certaines choses que je n'approuve pas. En plus elle paraît trop fausse et superficielle. C'est Salewa qui l'adule sinon il y a longtemps que moi j'ai pris ma position.
*
*
*
*** Jessica Toumo ***
Ma tante : Je te dis la vérité Jessica ! Je sais que Salewa rêve à d'autres horizons. Peut-être parce que tu lui mets des idées dans la tête.
Moi (offusquée): Tanti !
Ma tante : Ne prends pas cette tête avec moi jeune fille. On se connait bien toi et moi. As-tu oubliée le nombre de fois où ta mère me téléphone pour se plaindre de tes nombreuses frasques amoureuses ?
Moi : Maman aussi exagère quelquefois. Je suis majeure et vacciné donc je peux prendre seule des décisions raisonnables pour ma vie.
Ma tante : De toute façon, tu fais ce que tu veux de ta vie mais je ne veux pas que tu essaies de convaincre Salewa de te suivre en ville. Elle est née et a grandi ici. Ce serait très dure pour elle de quitter les siens.
Moi : Pas forcément ma tante. Tout dépend des gens qu'elle rencontrerait et de ce qu'elle ferait.
Ma tante : Allons, Jessica ! Une fille simple comme Saly serait complètement perdue dans un milieu neutre et inconnu comme Cotonou.
Moi : Elle pourrait très bien s'inscrire à l'université.
Ma tante : Et à quoi cela la mènerait-il ? Elle serait seule. Ici au moins elle est entourée de gens qui l'aiment.
Moi( exaspéré): Quelles gens ? Ces mêmes personnes qui ne font que la dénigrer jour et nuit ? Ces mêmes personnes qui la traitent comme un être inférieur à eux ? Et puis que lui dirai-je si elle me pose encore des questions sur la ville ? Lui mentir ?
Ma tante : Je ne te demande pas de mentir. Tu peux changer de sujet ou n'importe quoi. La vie de ville n'est pas pour Saly.
Moi : Tu as sans doute raison tante. Je ne crois pas qu'elle soit prête pour partir où que ce soit. Elle est encore très jeune.
Ma tante (m'interrompant glacialement): Elle a vingt ans. La plupart des filles de son âge sont déjà en mariage et mère de deux ou plusieurs enfants. Ne la soudoie pas Jessica. Je t'en prie.
Moi : Ok. De toute façon je rentre chez moi dans une semaine.
Ma tante : Ne fait pas comme si je te renvoie.
Moi : Hummm
Je sors rageusement de sa chambre pour la grande cour de la maison. Mais cette dame me tape sur le système ! Qu'est-ce qu'elle croit ? Sa fille est une gamine ? Ou elle croit que tous les ragots des villageois sont infondés ? Je suis toujours tranquille dans mon coin quand sa fille vient me poser mille et une questions sur la ville et quand je réponds elle s'en prend à moi. Est-ce de ma faute si elle n'a pas eu de chance en ville et a décidé de vivre dans ce village perdu avec son mari et ses enfants ?
N'importe quoi ! " Ne fait pas ci à Salewa, ne dis pas ci à Salewa. Salewa est fragile. Surveille ton langage avec elle"
C'est quoi à la fin ?
Et voilà sa fille œuf avec qui je dois faire attention qui m'approche encore.
Salewa : Jessica de Jessy. C'est quoi cette mine serrée que tu abhorres ce beau matin ?
Moi (contrôlant mon irritation): Laisse poupée. C'est ma maison qui me manque déjà.
Salewa (triste): Oh . Le temps passe beaucoup trop vite quand tu es là. Je vais énormément m'ennuyer quand tu retourneras à Cotonou. Mais bon ça ne fait rien. L'année prochaine tu seras encore ici.
Moi : Tu peux partir avec-moi si tu veux.
La fille ouvre grand les yeux. Elle m'admire tellement que la manipuler m'est comme un jeu d'enfant.
Salewa : Moi ? Te suivre en ville ? Papa et néné ne l'accepteraient jamais !
Moi( agacé): Mais tu as quel âge même Saly ? À vingt ans, tu ne sais pas ce qui est bon pour toi ? Si tu n'essaie pas de t'imposer de temps en temps à tes parents tu resteras toujours une gamine à leurs yeux. Tu es bête ou tu fais semblant de l'être ? La liberté ne se donne pas mais ça s'arrache ma chère.
Elle se rembrunit , blessée par ma tirade et je joue le jeu pour passer mes bras autour d'elle.
Moi : Excuse-moi poupée. Je ne voulais pas te parler mal.
Salewa : Tu n'as pas à t'excuser Jessy. Tu as raison. J'aimerais aller en ville et je suis assez grande pour en prendre la décision.
Moi : C'est exactement ce que j'essayais de te faire comprendre. Tu es l'unique maîtresse de ton destin et si tu ne commences pas dès maintenant à prendre de grandes décisions dans ta vie et suivre tes propres instincts au lieu de celui des autres, tu ne pourras jamais t'accomplir.
Salewa : C'est vrai.
Yes!!
Coups réussi. Je suis très forte hihihihi. Merci Salewa. Grâce à toi je vais passer les prochains mois dans un bain de billet bancaire .