Chapitre 3

Write by sokil

Ma mère faisait quand même des pieds et des mains pour garder le sourire malgré tout. Elle se battait comme elle pouvait afin de me rendre heureuse et que je ne manque vraiment de rien. Elle me rassurait sans cesse même s’il pouvait arriver que je la surprenne comme ça par hasard entrain de pleurer seule dans la chambre … dans le noir! Papa était parti depuis deux mois déjà, on respirait, on se baladait on faisait les boutiques; elle venait de m’offrir cet ours en peluche tant désiré; je l’avais vu dans une vitrine de magasin et j’avais flashé dessus! J’avais toujours rêvé d’en avoir un comme celui là! Je décidai de l’appeler « Teddy Bear ». J’avais pensé qu’au cas où elle me l’offrirait, j’aurai l’occasion de lui confier toutes mes angoisses et peurs, mes peines et mes soucis.

Des soucis, moi aussi j’en avais! Je craignais moi aussi mon père, même s’il lui arrivait de me faire de temps en temps des cadeaux, surtout lors des ses différents voyages, il revenait toujours avec un présent sous la main. J’avais déduis qu’il souffrait sûrement d’une bipolarité, un dédoublement de personnalité dont je n’arrivais pas à expliquer et à comprendre les agissements. Parfois c’était l’agneau le plus doux qui soit et ensuite il devenait le félin le plus agressif qui puisse exister. Avec lui nous étions toujours sur nos gardes quelque que soit son attitude. Steve lui aussi en souffrait, et me le faisait savoir indirectement. La seule chose qui était rassurante c’est qu’au moins lui, il ne vivait pas sous le même toit que nous.

- Ton père… Qu’est ce que je peux même dire sur lui!

- Ah! Ne dis rien! Il est comme il est!

- T’as raison, je ne dis rien! Tout ce qui compte c’est notre amitié! Elle est sincère, je la sens!

- Moi aussi! En tout cas t’es mon meilleur pote! Je vais en classe de 6ième l’année prochaine, je suis contente!

- Moi aussi! Tu seras dans le même lycée que moi?

- C’est mon souhait!

Je savais que c’était peine perdue. Le regard inquiet et désolé, ma mère me l’avait annoncé que je n’irai pas au lycée, mais plutôt au collège.

- Ton père pense que c’est l’idéal! Le lycée selon lui ça fait quartier!

- C’est toujours comme ça maman! C’est toujours lui qui prends des décisions! Tu le laisses toujours…

- Arrête! Tais toi!

Je vis son regard s’assombrir tout d’un coup, chose que me fit très mal.

- - Maman ?

- - Oui !

- - Maman ne te fâches pas stp!

- - Y’a rien mon cœur ne t’inquiète pas. Tu vas quand même faire comme on a décidé, tu iras au collège!

- - C’est d’accord!

Je lui passai subitement les bras autour du cou. J’aimais ma mère plus que tout et rien que le fait de la voir tout le temps triste et malheureuse à la maison me fendait le cœur. J’étais sa seule fille, son unique enfant. Elle n’en avait pas eu d’autres. C’est vrai qu’il pouvait m’arriver de temps en temps de lui poser directement la question à ce sujet, j’avais pensé qu’avoir un petit frère ou une petite sœur pourrait la rendre plus souriante, plus heureuse et cela lui permettrait peut être d’oublier un peu toutes ces douloureuses épreuves.
- Maman tu sais quoi? J’ai parfois envie d’avoir une sœur ou un frère tu sais mais…
Elle m’interrompit et me dit d’un sourire forcé.
- - Ma chérie, on…on en reparlera plus tard, quand tu seras plus grande !
- - Mais je suis grande ! Tu peux tout me dire.
- - Ma fille! Parfois tu raisonnes comme une adulte, tant de sagesse dans une petite frimousse !
Subitement et sans même m’en rendre compte, je passai du coq à l’âne.

- - Maman ? Qui est Richard?

- - Qui ça???

- - Richard? Qui … c’est?

- - Richard… Richard… C’est … c’est personne! Aller file dans ta chambre!

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De nos jours….

Aujourd’hui, j’aime bien me le répéter, ces souvenirs sont toujours là présents dans mon esprit, c’est comme si c’était hier. J’ai 18 ans à présent, et je viens d’avoir mon Bac! Steve mon petit ami, mon éternel ami me tiens la main et ce, depuis très longtemps. Ensemble et bras dessus dessous, nous avons décidé de sortir, glander un peu. Il peut lui arriver de me secouer un peu lorsque je me retrouve soudain en proie à ces douloureux souvenirs. C’est vrai, je vis toujours chez mes parents, c’est toujours la même rengaine, le même climat austère qui y règne, à la seule différence qu’au moins avec Steve, j’ai de quoi déstresser un peu, me défouler et d’oublier tout le reste.

- Ca va? Tu m’as l’air un peu…

- Oui pensive! Oui je sais!

- On rentre?

- Oui…Mais allons plutôt chez toi!

- Ok allons y!

- Steve… Je ne veux pas rentrer chez moi, du moins pas ce soir!

C’est la première fois que ça m’arrive! C’est vrai, j’ai envie de prendre un risque, celui de passer la nuit avec lui. Il y a belle lurette que nous sommes officiellement ensemble Steve Djengue et moi; ce charmant garçon, originaire de la région de l’Est du Cameroun, plus précisément de Batouri, fait partie de la tribu des Gbaya. Ça sera la toute première fois de ma vie de parvenir à le faire, découcher ou vulgairement comme on dit chez nous “pigeon” pour dire fuguer! Je sais ce que j’encours! La sentence sera claire et irrémédiable; mon père sera furieux; le félin qui sommeille en lui resurgira dès l’instant où je passerai outre l’heure du couvre-feu instauré, 19 h.

J’en suis bien consciente, ce n’est qu’un rêve, un désir tant refoulé. Pour le moment donc, je préfère vivre l’instant présent, le moment présent. C’est merveilleux, c’est si bon et si doux. Cette sensation de bien être qui vous pénètre délicatement l’échine et vous fait croire que vous êtes la plus belle, que vous êtes l’unique personne au monde à vivre ces moments. Eh bien pour moi c’est ça qui est primordial. Au diable les restrictions et le couvre feu instauré par mes parents. Il y a un bon moment que j’ai envie de lui cracher des vilaines en pleine figure! J”aimerai bien lui lancer un défi en passant la nuit dehors mais…

C’est le vieux, et je le crains plus que tout! C’est toujours pareil, rien n’a changé, c’est toujours le très vénéré papa Tsoungui qui règne en personne et qui sème toujours autant la terreur à la maison. Ce sont les petits baisers que Steve me fait sur l’épaule qui me tirent brusquement de ma petite rêverie! Nous avons passé le reste de l’après midi dans sa chambre. Il y a longtemps qu’il a quitté le domicile de ses parents lui. Il vit dans une espèce de studio à Ngousso chapelle mais c’est bien mieux que rien, nous respirons le bonheur et la liberté.

- Chou, Encore plongée dans tes pensées!

- Encore et toujours… Je me rends compte que ça a affecté une partie de mon âme, c’est très très…

- J’en sais quelque chose, puisque j’ai connu ça! Ton tyran de père, il a traumatisé tout le monde, voire même tout le quartier!

- Je t’assure… Mais bon c’est derrière nous !

- Pas tout à fait!

- Comment ca pas tout a fait?

- Parce qu’il va falloir rentrer ma belle! Sinon tu devras lui donner une bonne raison valable et qui tienne… Je m’inquiète pour toi! C’est vrai, je suis content de te savoir toujours près de moi, mais en même temps j’ai peur qu’il s’en prenne encore à toi!

- J’ai 18 ans, je vais à l’Univ l’année prochaine et… Tiens toi tranquille, je vais prendre une chambre, je ne supporte plus l’ambiance de cette maison! Alors… Il faut bien qu’il commence à s’y habituer!

- C’est quand même vrai! Mais en attendant il faut bien que tu rentres avant sinon bonjour les brimades…

- Oui je sais! C’est ça tu dis petit comme ça?

- Ne m’en parle pas, je n’aime même pas y repenser…

- Tu parles! J’en garde un … souvenir… très douloureux!


Xxxxxxxxxxxxx Retour quelques années en arrière xxxxxxxxxxxxx

Je venais d’entrer en classe de 6ième, je devenais de plus en plus mature et belle selon les dires de mon entourage. J’avais pour objectif de toujours relever le défi, d’être toujours la première de la classe. J’étais brillante et cela les ravissait bien mes parents, surtout mon père. Pour lui, je n’avais pas droit à l’échec, cela m’était interdit. C’était l’une des choses qui lui faisait plus plaisir, ma réussite; j’assurais toujours sur ce coup là, et la place pour recevoir ses cadeaux m’était toujours garantie.
J’avais quand même ce privilège avec lui, même si intérieurement, j’étais toujours en alerte et sur le qui vive, un peu comme ma mère; qui elle, était presque morte de l’intérieur; elle tentait de survivre juste et de faire bonne figure. Ainsi donc, à chaque fois que mon père rentrait de ses éternelles missions, mon cœur s’arrêtait presque de battre.

- Félicitation ma fille chérie! Ne change pas! Jamais! Sois toujours la meilleure, la plus intelligente et la première en tout! Ne l’oublie jamais, les Tsoungui , ce sont les meilleurs, ils n’ont pas droit à l’échec! Tu n’as pas le droit de faire autre chose que les études… Tout le reste n’est que foutaises et balivernes!

Mais je commençais à grandir et avoir des petites idées pas très catholiques dans la tête. Ça me démangeait de partout, mon corps était très en alerte! Je grandissais et j’entrais en plein dans l’adolescence; je venais d’avoir 14 ans. Je n’arrivais pas à me l’expliquer, ce changement brusque, ça chauffait tout le temps de l’intérieur, surtout en présence de Steve; son physique s’était complètement mué en celui d’un bel apollon de 16 ans! Il était beau à mes yeux! Le son de sa voix devenue rocailleuse me faisait frémir à chaque fois que je l’entendait me parler.

Je n’étais plus la même, je ne me sentais plus la même; je devenais subitement timide en sa présence. Je ne l’avais pas encore compris mais je commençais à éprouver une forte attirance pour lui Steve, mon ami d’enfance.
Un soir alors que nous venions de rentrer de la grande kermesse qui avait eu lieu dans mon établissement, il m’avait prise par la main juste après que nous soyons descendus du taxi un peu plus loin. Je le sentais, je sentais qu’il voulait se rapprocher d’avantage de moi. Mon Cœur et mon corps étaient en feu. Je tremblais un peu et un sentiment de gêne et de honte m’envahirent au même instant, malgré le fait que j’essayais par tous les moyens de dominer cet état qui semblait me consumer à petit feu. Rien n’ y fit, c’était bien trop tard…

- Klariza… Je … je voudrais qu’on parle un peu!

- Je t’écoute!

- Je … suis amoureux, je crois bien!

- Ne dis pas ce genre de choses… Je me sens bien avec toi, mais…

- Mais c’est plus que fort que moi, que nous!

- Et l’autre fille là? La fille aux gros seins? Je la vois tout le temps te tourner autour ici au quartier! Elle… Elle est amoureuse de toi!

- Je ne parle pas d’elle, je parle de toi… Je t’aime!

- Steve!

- Je te jure!

- Ooooh….

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