
Chapitre 3
Write by Spice light
- Marguerite IYOMBE -
Je suis dans mon neuvième mois et c’est juste insupportable. Je pourrais accoucher d’un moment à l’autre. Heureusement que ma mère est là avec moi…
Sinon, avec Victor, je ne sais pas si j’aurais tenu.
C’est difficile, tout ça. Vivement que j’accouche, je vous en prie.
- Victor FOKE -
La maman de Maguy vient de m’appeler pour m’annoncer qu’elle a accouché. Je me presse d’aller voir ma chérie.
— Coucou ma chérie, félicitations pour ce beau bébé.
— Merci, mon cœur.
— Vous avez choisi le prénom ?
— Il s’appelle King, je réponds, tandis que Maguy dit qu’il s’appelle SAR.
— SAR ? répétons sa mère et moi.
— C’est un nom hébreu, ça signifie prince.
— De toutes façons, King signifie roi et mon fils est un roi, n’est-ce pas ? dis-je en le prenant dans mes bras.
— Alors ? demande sa mère, comme pour connaître notre avis.
— King n’est pas mal non plus, répond Maguy.
— Bienvenue King Foke, reprend sa grand-mère.
— Oui, King Foke Foke, je répète tout en le contemplant.
— Pourquoi il n’a pas un autre post-nom ? demande sa maman.
— Mon fils n’est l’homonyme de personne. Il porte mon nom et c’est tout.
— Comme vous voudrez… Je profite donc de ta présence pour faire un tour à la maison, nous dit la mère de Maguy.
— D’accord, maman.
Je reste avec Maguy et mon fils encore quelques heures, puis je décide de rentrer. Le lendemain, je retourne à l’hôpital régler la facture, et on libère la chambre.
Mais seulement quelques jours après, King fait une forte anémie. Interné pendant deux jours, il est placé sous réanimation.
Un enfant né sans problème qui se retrouve en réanimation… C’est incompréhensible. Quelques heures plus tard, il cesse de respirer.
Je viens de perdre mon fils, à peine âgé de deux semaines.
— Mon fils… mon King, tu es où ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Mon bébé est où ? Ramenez-moi mon fils ! Non, je refuse… Tous ces mois de souffrance, pour que je reste les mains vides ?
Les pleurs de Marguerite étaient si forts et poignants que je n’ai pas pu supporter.
Le lendemain, on enterrait mon fils. Il y avait moi, quelques membres de ma famille et ceux de Marguerite.
Depuis le jour où King a été hospitalisé, je n’étais pas rentré à la maison.
Après l’enterrement, nous nous sommes rendus chez le père de Marguerite pour le recueillement.
Comme il n’était qu’un nouveau-né, il n’y avait pas grand-chose à dire.
J’étais choqué. Jamais une chose pareille ne m’était arrivée. Que pouvais-je faire ?
Je suis resté encore deux jours là-bas, avant de retourner chez moi.
— Papa ! s’écrie mon fils Sun en m’embrassant dès que je franchis le seuil.
— Tu vas bien, mon grand ?
— Oui, je vais bien, mais j’étais un peu triste.
— Pourquoi ?
— Tu n’étais pas là, et maman disait que tu étais parti en voyage alors que tu nous avais rien dit, me répond-il innocemment.
Encore une fois, je me rends compte que je délaisse ma femme et mes enfants. Et pas seulement eux. Même celles du dehors, je n’ai plus leur temps. Franchement.
— Désolé, mon bonhomme. Papa va y remédier. Tes sœurs sont où ?
— Light est derrière. Mine dort.
— D’accord, va appeler Yaya, dis-je en m’adossant au canapé.
Il revient avec sa sœur.
— Bonsoir, papa.
— Bonsoir, ma fille. Votre mère est où ?
— Elle est au travail. Elle ne tardera sûrement pas.
— Ah, d’accord…
(Je ne connais même plus les horaires de travail de ma propre femme. Quel genre de mari suis-je ?)
— Que je te serve un verre d’eau ?
— Oui, je veux bien.
Elle va à la cuisine et revient avec un plateau.
— Voilà, tenez.
— Merci, chérie.
Elle se retourne.
— Euh, Light ?
— Oui ?
— Vous avez de quoi manger ?
— J’ai fait du riz en rentrant de l’école, puisque maman n’avait rien préparé. Hier, on a mangé les restes d’avant-hier, me dit-elle durement et poliment à la fois.
Light a un fort caractère pour son âge, et elle est très mature aussi. Elle ne passe jamais par quatre chemins pour dire ce qu’elle pense. Mais là… hum.
— Aussi, Yaya Rolls a appelé, vu que tu ne lui répondais pas. Il a besoin d’argent, mais maman n’a pas encore été payée, si tu vois ce que je veux dire.
— Hum… C’est compris, ma fille. Demain, on ira à l’agence lui envoyer quelque chose, et on fera les courses aussi.
Elle ne répond pas, retourne à ses affaires, tandis que Sun est allongé sur moi.
Quand Elsa revient à la maison, la surprise se lit sur son visage. Mais elle fait comme si de rien n’était.
— Bonsoir Elsa.
— Hum…
Elle passe sans répondre. Je me passe la main sur le visage.
La soirée se déroule calmement. Les enfants ont mangé le poisson ramené par leur mère avec le riz de l’après-midi.
Moi aussi, j’ai été servi. La honte pouvait me tuer. Une semaine sans rationner, et quand tu reviens, on te sert comme si de rien n’était. Tu as honte, mais tu ne peux pas refuser, de peur de contrarier quelqu’un.
Les jours passent, et j’essaie de me rattraper. Je vais seulement au travail et je rentre à la maison ensuite.
Mais aujourd’hui, je m’arrête à une terrasse près de mon lieu de travail et je prends un verre.
— Mon vieux, c’est de la bonne qualité, je te jure ! Même en boutique, tu ne trouveras pas mieux !
— Hum, Kovo, arrête avec tes louanges alors que tu sais que cette veste n’est pas de bonne qualité.
— T’ai-je déjà vendu n’importe quoi ? Regarde et touche par toi-même ! Cette veste sent l’odeur de l’aile droite de l’avion, mon vieux. Si ce n’est pas moi, qui d’autre ?
— Ahah Kovo, tu ne changeras jamais !
— Là tu me reconnais, mon vieux ! D’ailleurs, je te l’emballe tout de suite, dit-il en rangeant la veste dans un emballage.
— Combien ?
— C’est même pas beaucoup : 80.000 FC seulement.
— Hein ! Prends pardon. J’irai voir chez PM.
— Tu sais bien que tu ne trouveras pas mieux ailleurs. Donne 75.000.
— Non, 68.000.
— Ah, mon vieux, toi aussi tu me tues mal, hein ! Bon, je te la laisse à 72.000.
— 68.000, dernier prix.
— Non, donne 70.000.
Après discussion, on se met d’accord à 69.000 FC.
À part les femmes, j’aime être coquet et bien présenté. Donc quand il s’agit de prendre soin de moi, je dépense. Pas seulement dans le prêt-à-porter, mais j’ai mes petits vendeurs ambulants qui ont de la bonne qualité. Quand j’envoie ça au pressing et que ça revient bien repassé, je le mets au corps et les gens s’étonnent. Je peux avoir jusqu’à trois grandes valises de vêtements.
Après ça, je rentre à la maison. Vraiment, j’ai trop négligé ma famille. Il est impératif que je me rattrape.