Chapitre 3 : Blessure ouverte
Write by La Vie d'Ielle
Chapitre 3 : Blessure ouverte
** Chidi **
J'ai passé la journée avec maman avec impatience de retourner à la clinique. J'ai quitté la maison à 21h parce que je voulais m'assurer que maman soit dans son lit. J'ai donné des instructions à Vincent avant de m'en aller et je suis arrivé à la clinique aux environs de 21h30 avec la nourriture.
Je m'arrête à l'accueil pour décliner mon identité vu que les heures de visites sont passées et on me demande de passer voir la sage femme avant d'aller dans la chambre de Cécile.
Elle : Asseyez-vous.
Moi : Ça ne prendra pas du temps j'espère ? Il faut que j'aille retrouver ma femme et que je fasse un tour pour voir mon fils.
Elle : En parlant de ça… Euh, ce ne sera pas possible.
Moi : Quoi donc ?
Elle : Vous ne pourrez pas voir votre fils.
Moi : Je ne viens pas en visiteur vous le savez et à ce propos, il faudrait que vous sachiez que ma femme et moi allons rester ici jusqu'à ce que notre fils puisse sortir. C'est fou mais je ferai ce qu'il faut pour…
Elle : Monsieur NOUAH !!!!
Moi : ..
Elle : Écoutez, il y'a euh… En fait… je ne sais pas comment vous le dire.
Moi : Qu'est-ce qui se passe ?
Elle : Il y'a eu un problème et...et...
Moi : Et quoi ?
Elle : Je suis désolée monsieur mais votre fils n'a pas tenu.
Moi : Pardon ? Qu'est-ce que vous dites ?
Elle : Navrée.
Moi ( rigolant ) : Vous venez de dire quoi ?
Elle : …
Moi : Mon fils n'a pas fait quoi ? IL N'A PAS FAIT QUOI ?
Elle : Monsieur NOUAH, essayez de vous calmer.
Moi : Que je me calme ? QUE JE ME CALME ? COMMENT VOULEZ QUE JE ME CALME ? COMMENT ?
Elle : Je comprends ce que vous ressentez mais..
Moi : NON… ( me levant ) NON !! N'osez pas me dire que vous comprenez ce que je ressens. Avez-vous déjà eu le plaisir de voir votre enfant pour ensuite qu'on vous dise qu'il n'a pas tenu ? Vous avez déjà vécu ça ? Le stress de devoir annoncer ça à ma femme ? Comment je vais lui dire ça ( tournant sur moi-même ), comment ? Seigneur, pourquoi !? Dites moi qu'il y'a une erreur je vous prie ( regardant la sage femme )… Dites moi que c'est une mauvaise blague je vous en prie.
Elle : Je suis Navrée.
Moi ( m'asseyant ) : Navrée ? Cela va-t-il me ramener mon enfant ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle : Je vous l'ai dit, un prématuré naît à sept mois mais votre fils est né à six mois ce qui a fait qu'il soit un grand prématuré.
Moi : Vous m'avez pourtant dit que tout irait bien.
Elle : Parfois ils tiennent, parfois non.
Moi : Et mon fils a fait partie de ce parfois non… Seigneur !!
J'ai le cœur qui bat hyper vite, je tremble et j'ai juste envie de pleurer.
Je me lève en laissant tout ce que j'ai apporté et je vais m'enfermer dans les vestiaires où je me laisse aller, je ne peux empêcher mes larmes de couler.
J'ai double douleur là, la perte de mon enfant et la réaction de Cécile quand je lui dirai.
J'ai peur de lui dire d'ailleurs, comment vais-je m'y prendre ? Comment vais-je pouvoir la regarder dans les yeux et lui dire que cet enfant qu'elle a à peine vu n'est plus ? Comment ?
On a prié Seigneur, on t'a prié.
On t'a demandé juste cette fois, juste un enfant et rien d'autre.
Pourquoi tu donnes et tu reprends aussitôt ?
Pourquoi ?
Il ne fallait pas nous donner un brun de bonheur pour brusquement le reprendre après.
J'essuie mes larmes, je sors mon téléphone de la poche et appelle Vincent.
Vincent : Monsieur ?
Moi ( la voix enrouée ) : Vincent je veux que tu ailles chercher ma belle-mère et mon beau-père, tu les emmène à la clinique. Fais très attention à ne pas réveiller maman, si toutefois elle n'est pas endormie et t'entend partir tu lui dis simplement que j'ai besoin de toi.
Vincent : D'accord monsieur.
Je raccroche et vais attendre à l'extérieur dans ma voiture… Cécile n'a pas son téléphone donc elle ne peut m'appeler et ça me permet de reprendre mon souffle. J'ai attendu quelques bonnes minutes avant que Vincent ne vienne avec mes beaux-parents à qui j'ai dû tout expliquer.
Belle-maman : Elle le sait déjà ?
Moi : Non, je ne l'ai pas encore vu.
Belle maman ( essuyant ses larmes ) : Eh Seigneur, ma fille ne deviendra donc jamais mère ? Eeeh !! Comment gérer ça encore ?
Mon beau-père m'emmène à côté et me demande ce que je compte faire.
Au final, après réflexion, je suis allé en néonatalogie et j'ai habillé mon fils puis je suis parti avec Vincent et mes beaux-parents pour l'enterrer.
Je l'ai fait moi-même, j'ai tout fait avec le cœur serré puis nous sommes retournés à la clinique pour la paperasse.
Beau papa : Sandrine si tu sens que tu ne pourras pas t'empêcher de pleurer devant elle je pense que ce serait bien que tu n'entre pas avec nous.
Belle-maman : Ça va aller, je vais tenir. Elle aura besoin de tout le monde donc je dois être là.
Beau papa : On y va alors ?
Moi : J'ai besoin de quelques minutes s'il Vous plaît.
Beau papa : Vas-y, on t'attend. Prends ton temps.
Je suis retourné dans les vestiaires évacuer un peu parce que ce sera la dernière fois que je le fais. Une fois que Cécile le saura je vais devoir tout porter sur moi, sa peine et la mienne donc mieux je prends ces quelques minutes pour évacuer.
Une fois terminé, j'ai rincé et essuyé mon visage puis je suis allé retrouver les autres.
Mon beau-père m'a un peu conseillé en me disant que je suis l'homme et que je dois être fort parce que Cécile aura besoin de moi et ça, je le sais.
Après son petit discours nous sommes allés dans la chambre de Cécile avec la sage femme, il est 00h déjà.
Cécile : Je pensais que tu ne viendrais plus, tu as mis du temps.
Moi : Désolé.
** Cécile **
Moi : Maman ? Papa ? Mais pourquoi vous êtes encore revenu ?
La sage femme est rentrée juste après eux.
Chidi est venu près de moi en posant ses mains sur mes épaules.
Moi : Maman qu'est-ce qu'il y'a ?
Ses yeux sont enflés, elle a pleuré ?
Moi : Tu as pleuré ? Papa, qu'est-ce que maman a ?
Eux : …
Moi : Vous vous êtes disputés c'est ça ?
Eux : …
Moi : Vous êtes mystérieux. Chéri, tu ne sais ce qu'ils ont ?
Ma sage femme se rapproche et prend la parole mais Chidi l'interrompt et lui demande de sortir.
Chidi : Je vais le faire moi-même.
Moi : Faire quoi ?
Il vient s'asseoir devant moi, prend mes mains dans les siennes… Je le sens tremblant.
Moi : Qu'est-ce qui se passe Chidi ? Tu me fais peur.
Chidi : Il faudrait que tu sois forte chérie… C'est à propos de … à propos de…
Moi : Chidi ?
Chidi : C'est Wisdom.
Moi : Quoi Wisdom ?
Chidi ( la voix tremblante ) : Il…
Moi : Non… Shut !! Ne dis rien s'il te plaît.
Chidi : Je suis désolé Cécile.
Je retire mes mains des siennes et j'essaie de me lever.
Chidi : Cécile qu'est-ce que tu fais ?
Moi : Lâche moi.
Chidi ( essayant de me toucher ) : Cécile…
Moi : NE ME TOUCHE PAS !!
Chidi : Chérie s'il te plaît, s'il te plaît.
Quand j'ai vu les larmes sur son visage mon corps a repris place tout seul dans le lit et j'ai immédiatement porté ma main sur son visage pour essuyer ses larmes avec mon cœur battant la chamade.
Moi ( le cœur serré ) : Qu'est-ce qui s'est passé ?
Chidi : Il était trop fragile et il n'a pas tenu.
Je ne dis rien, je le regarde et je revois ce petit être sorti de moi. C'est une partie de moi qu'il a arraché en naissant, il va où avec maintenant ?
Moi : Je veux le voir.
Maman : Ce n'est pas possible chérie, tu le sais
Moi : Tu m'as dit que DIEU était là Chidi… TU ME L'AS DIT, TU M'AS PROMIS QUE TOUT IRAIT BIEN ( tapant sur son torse ). Tu as menti… Tu m'as menti ( éclatant en sanglots ).
Il ma simplement serré dans ses bras en attendant que je me calme. Il essuie mes larmes et me regarde.
Moi : Pourquoi ? Pourquoi il est né alors ?
Chidi : ….
Moi : Je veux rentrer à la maison.
Chidi : Cé….
Moi : Je ne veux pas rester ici.
Chidi : Bien-sûr.
Il est sorti de la chambre en me laissant laissant avec mes parents. J'ai pleuré en silence dans les bras de papa jusqu'à ce que Chidi revienne.
On m'a mise sur une chaise roulante, c'est après avoir dit au revoir aux parents qu'on s'est mis en route pour la maison. Le trajet s'est fait dans le silence total, on se tenait simplement la main.
Arrivés à la maison il m'a laissé au salon pour aller me prendre un verre d'eau.
Belle maman : Ah enfin tu es ren… Cécile ? Qu'est-ce que que tu fais ici ?
Je la regarde simplement, je ne réponds.
Je ne la regarde même pas, mon regard est dans le vide.
Belle-maman : C'est avec toi que je parle , tu es rentrée tôt.
Moi : Il le fallait.
Belle-maman : Pourquoi ?
Chidi : Bonsoir maman.
Belle-maman : Ah, je demande à ta femme pourquoi vous rentrez aujourd'hui mais elle ne répond pas.
Chidi : Assieds-toi maman, s'il te plaît.
Belle-maman : Qu'est-ce qui se passe ?
Chidi : Assieds-toi avant.
Elle s'assoit et balade son regard interrogatoire entre Chidi et moi.
Chidi a pris le soin de lui dire ce pourquoi nous sommes rentrés aussitôt..
Belle-maman : Eeeeh !!! Eeeeh eeeh !!! Que DIEU m'en garde.. Eeeeeh ( les mains sur la tête ).
Chidi : Maman…
Belle-maman : Voilà ( se levant ) , c'est ça !! C'est ça oh, c'est ça. Voici la femme que tu as épousé.
Chidi : Maman.
Belle-maman : Une femme qui est incapable de garder une grossesse et de mettre au monde un enfant sain… Eeeh !! Vas-y, dis nous ( venant devant moi ), dis nous où tu as mis ton ventre ou plutôt où tu as mis tes enfants pour que jusqu'à aujourd'hui mon fils ne puisse pas avoir un enfant dans cette maison.
Chidi : MAMAN !!!! C'est quoi ton problème ? Est-ce que tu vois avec qui tu parles ? Est-ce que tu t'entends parler ? Tu es humaine et tu es une femme en plus, c'est quoi ton problème ? On vient de perdre notre bébé et toi c'est ce que tu trouve à lui dire ? Tu ne peux pas faire semblant ou sinon te taire ? Es-tu obligée d'être désagréable avec elle ? C'EST LA FEMME MAMAN , MA FEMME…. Même pour moi seulement tu pourrais quand même faire preuve d'un peu de compassion.
Je les laisse et vais dans la chambre de mon fils , je m'allonge dans le grand lit en serrant contre moi son nounours. Je ferme les yeux et me laisse aller mais la voix de Chidi vient jusqu'ici, il crie sur sa mère.
Chidi : Dès demain tu rentre au Nigeria.
Belle-maman :Je suis désolée Chidi, excuse moi c'est ma façon d'exprimer ma peine. Je suis désolée mais ne me fait pas repartir s'il te plaît, je veux Être avec toi durant cette épreuve.
Chidi : Je suis déjà avec ma femme.
Belle-maman : Vous avez besoin d'aide.
Chidi : Maman, je veux être seul avec ma femme. On veut être seuls s'il te plaît donc tu nous excuseras mais il faut que tu rentre. Bonne nuit maman.
Silence…
Aucun bruit si ce n'est celui des portes mais je ne sais lesquelles.
Une heure… Une heure est passée et je suis toujours dans la même position, recroquevillée sur moi-même sans aucune larmes. Je suis simplement perdue dans mes pensées avec une seule image en tête.
Chidi est certainement dans son bureau, il a besoin d'être seul aussi, on en a tous les deux Besson.
Une heure de plus et je suis toujours dans cette position, fixant la pendule au mur.
C'est seulement quand la porte s'est ouverte que j'ai baissé les yeux pour poser mon regard sur mon mari. Il est venu se placer derrière moi, me serrant près de lui tellement proche que je sens battre son cœur