Chapitre 30
Write by Annabelle Sara
Chapitre
30
Victoire
hocha la tête et remercia l’infirmière.
On
leur donna des comprimés de fer pour prévenir la fatigue qui suit un don de
sang et on leur recommanda de manger quelque chose. Victoire mangea son pot de
yaourt dans le silence total et son compagnon ne le supporta pas longtemps.
« A quoi tu penses ? »
« Rien ! », fit-elle. « Excuses moi c’est que je ne suis
pas d’humeur à discuter, ni à manger ! »
Elle
lâcha sa cuillère et retourna dans la salle d’attente où elle s’assit en se
recroquevillant sur elle-même.
La
seconde d’après une femme entra comme une furie dans la pièce. C’était Angèle !
Lorsqu’elle
aperçut sa sœur assise elle se dirigea vers elle, sa démarche ne présageait
rien de bon, alors Stéphane se dépêcha de les retrouver. Lorsqu’il entrait dans
la salle d’attente, Angèle leva les yeux sur lui. Elle semblait furieuse.
« Qu’est-ce
que vous faites ici tous les deux ? »
« Vous ne répondiez pas au téléphone, alors ils ont contacté votre
sœur… »
« Et alors vous vous êtes dit allons tourmenter un peu plus cette petite Ange… »
« Pauvre Ange ! Stéphane ne lui réponds pas s’il te
plaît ! », dit Victoire en se levant de sa chaise et en faisant face
à sa sœur.
Stéphane
ne l’avait jamais vu dans cette position on aurait dit qu’elle allait bondir
sur sa sœur pour lui arracher les yeux.
« Ne
lui réponds pas chéri… la première chose qu’une mère, je dis bien une mère
ferait en venant dans la clinique où sa fille est en train de se faire opérer
c’est de demander après sa fille, car elle est très angoissée. Mais toi ce qui
t’intéresse c’est d’invectiver les gens qui font ce que tu es… censée
faire ! »
« Je t’ai dit de t’éloigner de ma fille, puisque que tu as décidé que cet
homme représentait plus à tes yeux que nous, tiens-toi loin de
nous ! », lui rappela sa sœur.
« J’étais loin lorsque mon téléphone a sonné pour me dire que ta FILLE est
sur un lit d’hôpital, mais je suis arrivée avant toi, sais tu seulement depuis
combien de temps elle est là dedans ? Trois foutues heures et la seule
chose qui te préoccupes c’est ma présence ici ? »
Stéphane
se tint derrière Victoire et essaya de l’arrêter en la prenant par le bras.
« Non, Bébé le meilleure est à venir ! Attends une minute que ma
chère sœur réponde à une petite question ensuite on pourra décider si l’on doit
partir d’ici ou non, hein ? »
Il
n’avait jamais vu cette expression sur son visage, c’était presque effrayant,
sa sœur non plus semblait très surprise et se tenait sur ses gardes comme si
elle redoutait quelque chose.
« Dis ma chère petite sœur tu te souviens que lorsque David avait eu son
accident le docteur avait prit ton sang et le mien non ? »
« Et ? »
« De quel groupe sanguin était-il ? »
« Je… ne sais pas… A ! »
« Du groupe A ! Exactement comme nous deux, puisque nous avons toutes
les deux fait un don de sang à la banque de sang de l’hôpital centrale… nous
pouvons même appeler Paola pour vérifier ! Mais dis-moi… Ly de quel groupe
est-elle ? Tu sais… ils ont besoin de sang pour lui faire une
transfusion. »
Stéphane
ne voyait pas où voulait en venir Victoire.
« Du groupe A bien-sûr ! », répondit Angèle calmement.
Il
eut juste le temps d’apercevoir son regard lorsqu’elle se tourna vers lui avec
un sourire en coin, avant qu’il ait put réagir le coup partit.
Victoire
appliqua une gifle retentissante à sa sœur qui vacilla sur le coup.
« Elle est du groupe AB, détestable petite menteuse ! », s’écria
Victoire.
Stéphane
s’interposa lorsqu’elle essaya de frapper une nouvelle fois Angèle.
« Tu as tellement bien joué les ingénues toutes ces années, que j’ai
oublié qui tu es en réalité, mais je n’arrive pas à comprendre que tu aies pu
me faire une chose pareil, tu es infecte ! Quand je pense que je suis ta
sœur ! »
« Qu’est-ce qui te prends tu es folle ma parole ! », lui cria Angèle
à son tour. « Tu te crois supérieure à moi parce que tu couches avec un Edang ? »
« N’essayes pas de changer de sujet ! Je veux savoir de qui est cette
enfant, parce que ce n’est surement pas la fille de David et encore moins la
tienne… sinon pourquoi tu l’as négligerais autant ! »
« Qu’est-ce que tu racontes, Stéphane je vous conseille d’emmener votre
catin hystérique hors d’ici ! », dit-elle froidement.
« Ne lui adresses surtout pas la parole !, gronda Victoire. Dis-moi
plutôt de qui est cet enfant que tu traites comme ta fille où plutôt comme un
objet de cirque depuis cinq ans… c’est la mienne n’est-ce pas ? »
En
entendant Victoire murmurer ces paroles il se dit d’abord qu’elle
délirait ! Non, sa sœur n’aurait pas fait une chose pareille. A cet
instant Ronald et sa sœur firent leur entré dans la salle d’attente.
« Ça fait deux heures que cette histoire me trotte dans la tête… et plus
j’y pense plus je n’y crois pas, mais laisses moi te raconter ce que je crois
qu’il s’est passée ! Toi et papa vous vous êtes arrangés pour me faire
voyager pour Yokadouma et une fois là-bas vous avez provoqué mon accouchement
surement… avec ce produit que l’on utilise sur les chevaux. »
Sa
voix était calme et la vision de ce qu’elle disait horrifiante ! Cassie et
Ronald s’approchèrent en silence, questionnant leur frère des yeux.
« Ensuite vous m’avez drogué… endormie pour que je ne me rende compte de
rien, tu as aussi provoqué ton accouchement à la seule différence que tu étais
consciente quand tu accouchais… Je ne sais pas si tu savais à l’avance que ton
bébé ne survivrait pas… Si c’était préparé à l’avance ou si vous avez décidé ça
là… »
Tous
les regards étaient braqués sur Angèle en l’attente d’une réaction de sa part,
ce qui permettrait à Stéphane de sortir d’ici avec Victoire pour qu’elle se
calme et revienne à la réalité.
« Tu as pris mon bébé et… enterré le tien sur cette montagne où poussent
les madeleines tu as souillé le nom de ma mère avec un horrible
mensonge ! »
« Tu es complètement folle, il faut te faire soigner ! »
« Faisons un test ADN ! », dit-elle calmement en se nettoyant
les yeux remplient de larmes. « J’en ai les moyens… »
« Pourquoi ? C’est ma fille je n’ai pas besoin… »
« Très bien, alors dis moi comment un couple de deux individus de groupe A
chacun, mettent au monde une fillette du groupe AB, vas-y Professeur Angèle Esso’o
Chedjou, expliques nous ! »
Le
silence régna dans l’attente de la réponse de la sœur cadette afin de mettre un
terme à cette discussion des plus insensées. Mais tous là avaient le sentiment
qu’elle ne pouvait donner de réponse satisfaisante à la question de sa sœur,
alors ils durent se faire à l’idée que Victoire ne délirait pas et qu’ils
étaient tous là en train de découvrir le véritable visage de sa sœur.
Ils
lurent la panique dans les yeux d’Angèle et cela se voyait même dans sa posture,
comme si elle suppliait le ciel de ne pas lui imposer cette épreuve.
« Moi je vais te dire comment un couple peut avoir un bébé du groupe AB,
disons que la mère est du groupe A, hein ! Pour avoir un AB il faut que le
père soit du groupe B ou du groupe AB ! Hey mais attends, ça ressemble
bien là à un couple que nous connaissons tous ici, il s’agit… devines… Luke et Victoire ! »
« Tu perds la notion de la réalité ma pauvre sœurette ta fille est
morte ! », certifia Angèle en se tournant vers sa sœur qui en parlant
c’était retrouvé derrière elle.
Cette
fois-ci ce fut un coup de poing qu’Angèle reçut et lorsqu’elle tomba sur le sol
froid de la clinique, sa sœur bondit sur elle pour mieux lui signifier sa
colère. Mais Ronald ayant anticipé son geste la rattrapa.
« Non, Vicky ne fait pas cela elle n’en vaut pas la
peine ! »
« Je sais que c’est ma fille je n’ai même pas besoin de faire un
test ! », affirma-t-elle avec force à sa sœur. « Toutes les
fibres de mon corps me disent que cette enfant est la mienne, le fruit de mes
entrailles je le sais et une part de moi me l’a toujours soufflé! Je ne
voulais pas juste imaginer que tu étais capable de me faire une horreur
pareil ! »
Victoire
se mit à pleurer tandis que Ronald la tenait dans ses bras.
« Angèle dites quelque chose ! », murmura Cassie
écœurée. « Vous allez laisser votre sœur affirmer que vous lui avez
pris son bébé sans rien dire ? »
« Que veux-tu qu’elle dise ? Qu’elle a échangé son bébé contre celui
de sa sœur ? Non elle ne te dira pas cela ! », intervint Stéphane
sans vraiment réaliser que ce qu’il affirmait pouvait être réel.
« Vicky je… je crois que tu es très affectée par ce qui est arrivé à
Ly… », commença Cassie pour calmer son amie.
« Kathy… », corrigea Angèle les larmes aux yeux.
« Tu n’as jamais supporté qu’on l’appelle par le prénom que je lui ai
donné parce que ça te rappelle trop souvent ce que tu m’as fait à l’est, vas-y
nies le et je pourrais vraiment passer pour une folle furieuse ! »
Victoire
ne semblait pas décider à laisser tomber, elle voulait aller jusqu’au bout de
ce qu’elle avait commencé.
« Le docteur est entrain de faire une transfusion sanguine à votre fille
en ce moment, ils ont prit le sang de Victoire, mais le problème est que s’il
lui transfuse le mien alors qu’elle est du groupe A elle peut mourir parce que
je suis AB il faut donc qu’on sache exactement qui de vous ou du docteur à
raison », expliqua Stéphane calmement.
Mais
c’était un piège d’ailleurs Angèle le savait, mais il était tellement bien
tendu qu’il n’y avait aucune échappatoire pour elle en ce moment. Elle porta
ses mains à son visage en pleurant, à la voir on aurait dit que le monde
faisait le vide autour d’elle et qu’elle ne savait pas exactement vers qui se
tourner.
En
pleure elle tendit la main vers sa sœur comme pour essayer de trouver du
réconfort dans ses bras.
« Non… surtout ne me touches pas ! », lui dit sa sœur en
l’esquivant.
« Je t’en prie… écoutes ! »
Cassie
porta une main à sa gorge comme pour étouffer les sanglots qui lui échappaient.
« Non, tu as détruit ma vie… tu savais à quel point je désirais cette
enfant et toi tu me l’as enlevé, comme ça ! »
« C’est… papa… David ne m’aurait jamais épousé si j’avais mis au monde un
mort-né… »
L’horreur
se dessina dans les yeux de Victoire qui frappa une fois encore sa sœur cadette
sous les yeux ahurie de Stéphane, de ses frères et d’une infirmière qui se
rendant compte de ce qui se passait et du caractère strictement personnel de la
situation sortit en fermant derrière elle. Cette nouvelle gifle fit rougir la
joue d’Angèle.
Cassie
en profita pour tirer sur les rideaux pour les mettre à l’abri des badauds.
« Et moi j’ai perdu Luke à cause de ta méchanceté, tu es mesquine, tu as
osé me faire vivre si près de ma fille et si loin ! Sachant très bien ce
que j’ai enduré lorsque j’ai cru que je l’avais perdu ? Mais quel genre de
personne es-tu au juste… pour décider que tu mérites plus l’amour que
moi ? Tu as détruit le peu de bonheur que j’avais… »
« S’il te plaît ton couple avec Luke était ruiné bien longtemps avant
cela ! », nota sa sœur en se nettoyant rageusement les yeux.
« Et puis ce n’est pas comme si elle était partie loin de toi tu as eu
l’occasion de la voir ! »
« Quand ? Sais tu seulement ce dont tu nous as privé elle et
moi ? Je n’ai jamais entendu son premier cri, je ne lui ai pas donné son
premier bain, sa première tétée, sa poussée dentaire, ses pleures et fièvres
nocturnes… crois tu que j’ai vécu ses cinq premières années comme une
mère ? Je n’étais que sa tante, il y’a dix minutes tu me le jetais encore
à la figure et maintenant c’est ma fille, ma fille ! »
« Pourquoi tu ne penses qu’à toi ? », demanda Angèle en tirant
sa sœur par le bras. « Parlons un peu de moi qui ai toujours dû passer
après toi, j’avais besoin de faire mes preuves montrer enfin ma valeur et cela
je ne pouvais y arriver qu’en épousant un héritier tu peux comprendre… »
« Piéger un imbécile comme David ne te demandais pas de me prendre ma
fille et d’ailleurs tu n’avais pas besoin de lui, ton problème est que tu crois
que j’essaye de te faire de l’ombre ! Malheureusement je n’ai jamais pensé
à moi seule, tout ce que j’ai fait, ce que je suis aujourd’hui c’était pour
toi, maman n’était plus et il ne me restait plus que toi ! Te souviens-tu
de celle qui payait tes factures et tes études ? Moi ! Tu aurais pu
conquérir le monde, mais il a fallu que tu sois rongée par cette jalousie
maladive que papa c’est bien chargé d’alimenter… tu sais quoi, je suis fatigué
de toi et de ton père, finalement tu lui ressembles encore plus que je ne le
croyais ! Et j’aurais vraiment dû penser à moi comme tu le dis, au
moins aujourd’hui je ne serais pas dans cette situation ! »
Elle
se dirigea vers Stéphane et se blottit dans ses bras. Le regard dépourvu de
tous les ressentiments qu’elle pourrait avoir envers sa sœur elle lui sourit.
« Vous ne pouvez plus m’atteindre car maintenant je suis heureuse Ange…
heureuse de savoir même si c’est cinq ans après l’avoir cru morte, que ma fille
est bien vivante, heureuse d’avoir dans ma vie un homme qui m’aime, cet homme
que j’aime, que je chérie et que je respecte, qui me comble de bonheur tous les
jours que le bon Dieu veut bien m’accorder. Heureuse de savoir que j’ai des
amis sur lesquels je peux compter, heureuse de savoir qu’à chaque coin de rue
de cette île si je me cogne le pied et tombe il y’aura une personne pour me
tendre la main et m’aider à me relever, heureuse de savoir qu’il y’a des gens
qui comptent sur moi pour survivre, affronter leur peurs et avancer. Je suis
heureuse de savoir que chaque fois qu’elle pose les yeux sur moi depuis là haut
maman sourit en disant à un ange qui passe par là, c’est ma fille, je suis
fière d’elle et je suis encore plus heureuse de savoir que tu es ma sœur… Ange !
Car maintenant il y’a une personne qui me fait encore plus pitié que
moi-même ! »
Les
yeux braqués sur sa sœur elle lui indiqua la sortie sans se départir de son
sourire.
« Seulement en attendant que toi tu découvres et goûtes au bonheur de la
vie… vas t’en et ne t’approches plus de ma fille, de moi et encore moins de mon
homme ! »
Les
deux sœurs se fixèrent longuement, de la tristesse dans le regard de l’ainée et
de la rage dans ceux de la cadette. Finalement Angèle sourit, un sourire plus
diabolique qu’angélique avant de sortir, au passage Ron la prévint qu’ils
n’allaient pas en rester là.
Une
fois sa sœur partit, Victoire s’effondra dans les bras de Stéphane en larmes.
Elle pleura comme jamais. Elle était rompue comme si un train lui était passé
dessus.
Elle
pleurait en se remémora leur enfance, leurs jeux dans le jardin de leur
maison ou entre les jambes de leur mère, les fous rires et les larmes qu’elles
avaient partagés, ces souvenirs affluèrent en même temps que son sang lui
remontaient dans les artères, trop vite ! Elle eut mal, comme si sont cœur
allait s’arrêter de battre, elle paniqua et se mit à chercher de l’air pure
afin de retrouver ses sens.
Elle
pouvait entendre Stéphane et Ronald l’appeler en essayant de lui donner le
maximum d’espace pour respirer, tandis que Cassie fondait en larmes en la
voyant perdre ainsi toute notion de la réalité.
Elle
sombra pourtant dans cet abîme que les révélations du jour avaient creusé et
elle se sentit tout à coup en paix !
Etienne
sentait qu’il y’avait des choses qu’il ignorait sur son frère que Pulchérie
elle connaissait parfaitement. Et il fallait qu’elle les lui dise et ce très
vite car il sentait qu’il allait se produire des évènements extraordinaires et
difficiles à vivre dans les jours à venir. Avoir cru que la lecture du
testament de Samuel mettait un terme à une période d’incertitude avait été une
grave erreur, son instinct lui prédisait une tempête encore plus grosse que la
grossesse de Justine.
Lorsqu’il
demanda à Martine où se trouvait la mère de la maitresse de maison il
n’attendit pas la réponse et se dirigea vers la terrasse où il la retrouva
assise en train de lire un journal en buvant du thé.
En
le voyant fondre ainsi sur elle, elle comprit que quelque chose le préoccupait,
elle remonta ses verres sur son nez fronça les sourcils.
« Que t’arrives-t-il Etienne tu as le diable aux fesses où
quoi ? », s’enquit-elle.
« Si tu ne me dis pas qui est la femme qui était la maitresse de Samuel,
alors nous serons tous brûlés dans les feux de l’enfer ! »,
proclama-t-il en s’asseyant face à sa belle-sœur.
Elle
posa son journal, intriguée.
« De quoi tu parles ? »
« Je parle de la femme avec qui mon frère couchait, ne me dis pas que tu
ne sais pas de qui il s’agit ? Je sais très bien que tu faisais
suivre Samuel alors tu sais très bien qu’il te trompait, je veux savoir qui
c’était ! »
« Tu veux dire que ton frère avait une maitresse ? »
« Oh ! Pulchérie ne joues pas à cela avec moi… », s’impatienta Etienne.
Il
se leva et se mit à arpenter la terrasse de long en large.
« Depuis que Johanne et moi nous suivons cette thérapie j’ai fait de grande
découverte sur elle et toutes les choses qu’elle a eu à vivre. »
« Oh ! Je suis sure que les aventures de ta femme sont très passionnantes ! »,
le railla Pulchérie en récupérant son journal sur la table basse.
« Elle a eut un accident en Angleterre il y’a cinq ans avec son frère, tu
sais, Lucas… plutôt je devrais dire qu’on a essayé de les tuer mais je crois
que la cible c’était Lucas, sinon Johanne ne serait pas revenue vivante. »
« Je vais te reposer la question. De quoi tu me parles ? »
« Apparemment Samuel avait une relation avec une femme, sinon quel genre
de lien pouvaient-ils avoir ? Lucas a demandé à sa sœur de prévenir Samuel
que cette femme est dangereuse et qu’il ne doit surtout pas aller jusqu’au bout
de ses plans avec elle. Pourquoi ne m’a-t-il pas contacté moi, j’étais son
beau-frère et nous nous entendions très bien pourquoi voulait-il qu’elle parle
seulement à Samuel… je suis sûr que tu sais de quoi il
parlait ! »
Une
expression étrange se dessina sur le visage de Pulchérie qui se redressa comme
si toute cette histoire avait un sens pour elle.
« Tu dis que Lucas demandait à sa sœur de dire à Samuel que cette femme
avec qui selon toi il sortait était dangereuse ? », lui
demanda-t-elle.
« Oui ! Et moi je sais que cette femme devait être sa maitresse car
si il y’a une chose que je sais de Samuel que la seule façon pour lui de
t’oublier c’était d’aller dans le lit d’une autre femme, et il avait très
miraculeusement réussi à ne plus me rabâcher les oreilles avec son amour pour
toi ! »
« Dangereuse ? Dangereuse comment ? »
« Si tu me dis qui elle est je pourrais peut être te répondre… »
« Ce n’est pas à Samuel que ce message s’adressait… mais à
moi ! »
Etienne
surprit se rassit.
« J’avais demandé à Lucas d’enquêter sur une jeune femme mais je me suis
faite passer pour ton frère, je l’avais contacté par internet… mon Dieu je
comprends à présent pourquoi il ne m’a jamais répondu depuis ce temps, il est
mort ! Et ta femme, elle va mieux ? »
« Oui, je crois qu’elle essayait d’oublier sa peine en buvant, elle a
beaucoup souffert, elle a perdu son frère et notre fils le même
jour ! »
« Un fils tu dis ? Vous avez eu un fils ? »
« Moi-même je n’en savais rien jusqu’à il y’a quelques heures. Pulchérie
j’ai le sentiment que quelque chose de gros se dirige droit sur nous. »
Ils
s’observèrent longuement, Pulchérie semblait jauger la situation, comme si elle
hésitait entre dire ce qu’elle savait ou pas.
« Hé bien oui, ton frère avait une maitresse… je devrais plutôt dire que
ton frère a une maitresse ! »
Etienne
fut abasourdit de l’entendre utiliser le présent pour parler de quelqu’un qui
gît depuis un an six pieds sous terre dans le caveau familiale des Edang à Mbankomo.
Mais Pulchérie connait très bien s’exprimé et donc ce n’était surement pas un
lapsus. Les yeux qui le fixaient finirent par le convaincre qu’elle ne
déraisonnait pas le moins du monde.
« Il m’a demandé sa liberté pour aller vivre avec elle, et je ne voulais
pas qu’il reste près de moi s’il ne m’aimait plus, et puis j’étais moi aussi
aller voir ailleurs comment j’aurais pu le lui refuser, mais il… nous ne
voulions pas de scandale alors il fallait faire quelque chose de radicale, nos
enfants n’avaient pas besoin de nous voir nous battre dans une cour de justice,
alors la question était réglée étant donné que tu étais capable de lui
succéder. J’ai contacté Lucas en me faisant passer pour Samuel car j’avais
des doutes et je ne fais pas confiance aux gens qui n’ont pas de passé… et
cette femme n’en avait pas, mais je n’ai jamais eu de nouvelle de Lucas
et… »
« Samuel est parti avec cette femme en se faisant passer pour
mort ? », chuchota Etienne en s’affalant dans sa chaise assommé
par cette découverte. « Pulchérie est-ce que tu te rends compte de ce
que tu viens de me dire ? Tu, tu veux dire que le cadavre que nous avons
enterré dans le caveau de ma famille n’est pas celui de mon frère et qu’il est
je ne sais où en train de se bronzer sous le soleil ? Ce faisant passer
pour mort auprès de ses enfants et de moi… son frère ? »
Etienne
avait une voix calme mais Pulchérie savait bien qu’il était déçu d’apprendre
une chose pareille.
« Il savait que tu n’aurais jamais approuvé ce qu’il avait… »
Il
se leva brusquement de sa chaise excédé par tous ces mensonges qu’il ne pouvait
et ne voulait pas croire.
« Ecoutes moi ! », fit Pulchérie en lui prenant la main.
« Je sais que c’est difficile à croire et que cela te fait mal de savoir
cela… »
« Tu aurais dû lui dire de ne pas faire une stupidité
pareille ! », s’écria-t-il en secouant la quinquagénaire.
« Pourquoi faut-il toujours que vous fassiez des trucs stupides pour
éviter le scandale ? »
« J’ai essayé… que crois tu, que j’étais contente de voir mon mari… le
seul homme que j’ai aimé me quitter pour une autre ? Et qui plus est une
femme dont nous ne savions rien du tout ? Que je suis fière de mentir à
mes enfants sur la soi-disant mort de leur père ? »
Etienne
était au bord de la crise de nerfs, il se souvint du jour de l’enterrement de
son frère et des larmes qu’il n’avait pas pu refouler d’ailleurs c’est Pulchérie
qui l’avait consolé en le serrant fort dans ses bras et en le rassurant.
« Je sais que tu es bouleversé par ce que je viens de t’apprendre mais il
va falloir que nous fassions quelque chose… parce que je crois qu’avec ce que
tu viens de m’apprendre ton frère doit être en danger ! »
« Où est-il ? »
« Je ne le sais pas, je ne suis pas au courant de ces détails là… mais je
connais une personne qui elle le sait, Shannon… »
« La fille de l’ombre ?! C’est-elle qui te fait du chantage ! Je
pari que c’est en rapport à Samuel. »
« Elle sait qu’il est vivant et d’ailleurs elle ma fait chanter en me montrant
des photos de lui… maintenant je commence à croire que cet incident n’était pas
isolé, elle n’aurait jamais pu savoir qu’il était en vie et encore moins là où
il se terre avec… cette femme ! »
« Tu lui as remis toute la somme
qu’elle voulait ? »
« Non, j’ai un délai de deux jours, je lui ai demandé d’attendre la
lecture du testament ! »
« Nous devons parler aux enfants ! », décida Etienne en
cherchant son téléphone dans son sa poche.
« Non ! Pas tout de suite, ils sont à l’hôpital en ce moment ! »
« Que s’est-il passé, quelqu’un a eu un accident ? », demanda
l’oncle inquiet.
« Apparemment Mlle Esso’o vient de découvrir que sa nièce est sa fille,
elles sont toutes les deux hospitalisées, la fille parce qu’elle s’est faite
renverser par une voiture et la mère parce qu’elle a eut un collapsus. »
« Ce n’est pas possible… cette famille a au moins trouvé un pair avec qui
il va bien ! », déclara Etienne en prenant congé de sa belle-sœur.
« On doit tout de même discuter avec eux le plus vite
possible ! »