Chapitre 30 : Dîner en tête à tête
Write by Sandy BOMAS
VANESSA
Dans la voiture l’ambiance était plutôt cool. En fond sonore du zouk love comme je l’aime donnait à l’atmosphère une ambiance particulièrement intime. Quand la voix sensuelle de Keisha s’est mise à accompagner les accords langoureux avec le titre « Si tu veux de moi », je ne pus m’empêcher d’exprimer ma joie.
-Oh c’est ma chanson !
-Ah bon ?
-Oui j’aime beaucoup Keisha !
-Seulement Keisha ?
-J’aime le zouk en général…
-Nous sommes deux alors…
Ça, j’avais eu le temps de m’en apercevoir lors de la soirée chez Cynthia, mais le fait que Stanley lui-même me le dise donnait une note spéciale à notre échange. J’étais curieuse de savoir ce que nous avions commun en de cet intérêt commun pour le zouk. Pendant que je me lassais bercer par la musique sensuelle la main de Stanley se posa doucement sur la mienne. Un doux frisson me parcouru entièrement de la poitrine jusqu’à une zone restée sans activité depuis un bon moment déjà. « Huumm on se calme pardon ! Tu ne vas quand même pas t’enflammer pour si peu Vanessa !.... » Je jetai un coup d’œil furtif dans sa direction. « RAS » Il semblait très concentré sur sa conduite. Soudain je me sentis partagée entre l’envie de retirer ma main et l’envie de lui demander ce que ce geste signifiait, mais je me ravisai et me contentai de savourer pleinement cet instant.
« Carpe diem ! Pourquoi toujours vouloir une explication pour tout ? »
Stanley avait dit quelque chose, mais je n’y avais pas prêté attention.
-Alors qu’est-ce que tu préfères ?
-Qu’est-ce que je préfère ? Répétai-je d’un ton interloqué comme s’il venait de me demander mon goût à propos de quelque chose d’osé.
-Le restaurant …Se contenta-t-il de dire
-Ah oui !.... Dis-je en souriant faussement lorsque je sentis mon visage s’en pourprer. Heureusement que je peux rougir à souhait sans que ça se voit.
Quand j’avais dit à Cynthia que les noirs aussi rougissaient elle m’avait carrément traitée de whitie. Et pourtant c’est vrai. Sauf que les noirs ont l’avantage de pouvoir le dissimuler.
Stanley sourit voyant que je dissimulais mal mon petit malaise et vint rapidement à mon secours.
-Bon je décide pour toi ….Dis-moi juste si tu préfères un endroit discret et calme ou si tu veux sentir la fièvre de lbv by night.
Je fis mine de réfléchir quelques secondes avant de lui dire que j’optais finalement pour un restaurant calme, discret tranquille et dans lequel on mangerait bien. Il ne faut pas l’oublier c’est un détail très important : bien manger.
Et puis je n’avais aucunement envie de donner un sujet à tous friands de kongossa. Même si Olivier était parti de la maison depuis des mois maintenant, il ne serait pas commode que quelqu’un de la famille ou que des amis communs me voit en charmante compagnie.
« Serais-je en train de me cacher pendant que le bon monsieur mène sa petite vie tranquille dans Libreville ? Il va falloir que je règle ce problème rapidement…Et pour ça je devrais affronter mes parents….Hé Dieu ! Ça c’est encore une autre affaire…Bon bref, ce soir je vais un peu déconnecter avec tout ça et essayer de profiter de cette soirée avec Stanley… »
-Je préfère qu’on aille dans un endroit calme, tranquille…
-Tu veux dire discret ?
-Je veux dire loin de la fièvre de lbv by night….
Il sourit.
-Ok…Je sais où je t’amène….
On roulait pendant un petit moment sans échanger le moindre mot, un peu comme si chacun s’était réfugié dans sa rêverie. Olivier avait réussi à interférer dans mes pensées. « Il est hors de question qu’il pourrisse ma soirée ! »
-A quoi tu penses ?
-A rien…..Je suis concentré sur ma conduite…Les gens font tellement peu attention sur la route ….
« Il ment, je sais qu’il pense à autre chose et qu’il n’ose pas me le dire….Je trouve ça drôle. »
STANLEY
C’était faux, je ne pensais pas à ma conduite. Je me demandais si ce n’était pas une folie de l’avoir invité ce soir. Vanessa…. « Elle est tellement douce, charmante et cet air naïf qui lui donne un charme peu commun, ce sourire, spontané qui illumine son joli visage…Est-ce qu’elle sourit quand elle… fait l’amour ? Merde !....Si je m’aventure dans ce type de terrain j’aurai beaucoup de mal à cacher la réaction de mon corps au moment de sortir de la voiture. Et avoir la trique pour un premier rendez-vous c’est carrément la chose à éviter si on ne veut pas non seulement tout faire foiré mais en plus être traité d’obsédé. »
J’empruntai une des rues qui mène à la Sablière* (quartier chic de Libreville). Vanessa se tourna vers moi quasiment en panique. Je souris en voyant son air apeuré.
-Ne t’inquiète pas je ne t’amène pas dans un plan bizarre…
-Je n’ai rien dit….
Sa réponse sonnait tellement faux que j’en ris davantage.
En moins de cinq minutes nous arrivions devant la Résidence Hôtelière du phare.
-Résidence Hôtelière ?! Je….Tu…. On ne va pas…
Vanessa fit trois pas en arrière.
-On va d’abord manger et après on verra…. J’éclatai de rire, elle me donna une tape dans le bras.
Ses yeux me lançaient des fléchettes. « Je trouve ça mignon. Je veux que l’atmosphère soit des plus détendue. On est en fin de semaine et je veux profiter de cette charmante compagnie pour faire un break l’instant d’une soirée et peut-être plus…. »
Quand nous fîmes t notre entrée dans le restaurant, une musique douce passait en fond sonore. Le serveur s’approcha de nous et nous demanda si nous préférions dîner en salle ou en terrasse.
-En terrasse !...
Vanessa sourit après s’être empressé de répondre au serveur, comme si elle venait de faire une gaffe. J’étais content de voir que nous étions deux à vouloir profiter du plaisir de dîner au bord de la mer.
« Enfin nous y sommes !... »
Le diner se déroulait comme je l’avais souhaité. On parlait de tout et rien. Je ne sais plus comment nous avons abordé les années lycée, le bac et des anecdotes estudiantines de chacun.
-Attends ! Tu as passé ton bac il y a vingt-deux ans ?! Donc puisque tu l’as eu à dix-huit ans, ça veut dire que tu as quarante ans ?! Mais tu ne les fais mais alors là pas du tout ! Waouh !
-Tu me donnais quel âge ?....
-J’en sais rien, trente-cinq ans par-là, en tout cas je ne pensais pas que tu avais dix ans de plus que moi !....
-Et ça change quelque chose ?....
Je la regardais longuement pendant qu’elle réfléchissait à la réponse qu’elle allait me donner….Ses cheveux n’étaient plus impeccablement coiffés comme tout à l’heure quand je suis allé la chercher chez elle. La brise marine les a mis dans tous les sens, ça me donne envie d’y glisser mes doigts. Elle me sourit, délicieusement. Heureusement que je suis assis, sinon j’aurais eu du mal à justifier ma métamorphose instantanée, là juste au niveau de la braguette de mon pantalon. « Arrête de bander comme un adolescent Stanley ! »
-Non ça ne change rien ça devrait ? Et puis c’est quoi QUELQUE CHOSE ?
Elle venait de murmurer « quelque chose ». Avec ça elle est joueuse !
« A quoi pense- elle là maintenant ? Je serais curieux de le savoir, mais je sais déjà que même si je lui demandais elle ne me le dirait pas, pourtant je sais qu’elle pense à la même chose que moi ….Normal, nous sommes au jour un, rendez-vous numéro un, elle ne va pas me dire la bouche en cœur « Stanley j’ai envie de toi … D’ailleurs qu’elle genre d’amante peut-elle bien être ? Prude ? Libérée ?
Je reste là perdu dans des pensées aussi folles et osées, les unes que les autres et je la regarde léchouiller la petite cuillère avec laquelle elle mange son désert.
-Tu ne manges pas ton dessert ?
Sa question me ramène brutalement à la réalité.
-Si….
-Et j’attends toujours à la réponse à ma question hein ! Tu ne m’as toujours pas dit ce que tu entends par « quelque chose… »
-Tu veux vraiment le savoir ?
-Oui….
-Moi j’aimerais plutôt te le montrer….dis-je, en la fixant, je voulais voir dans ses yeux l’effet que cet aveu avait sur elle.
Soutint mon regard un moment et puis elle frémit. A-elle froid ou me désire- t-elle ? Ma crêpe terminée je demandai qu’on me serve un thé.
-Je vais faire comme toi, je voudrais bien un thé moi aussi…Cette glace m’a donné froid.
-Seulement la glace ?
Elle me sourit ignorant complètement ma question. J’aime quand elle sourit. Je fonds.
-Au fait ! Dis-moi Stanley, d’où il vient ton nom Monplaisir ? Wora je sais c’est un nom miénè* (un groupe ethnique du Gabon) mais MON PLAISIR ce n’est pas un nom gabonais.
-Non ce n’est pas un nom gabonais…. C’est le nom de mon grand- père, le père de ma mère…
Je marque une pause comme pour la faire languir un peu….
-Et ?....
-Il vient d’où à ton avis ?
Elle fait mine de réfléchir, mais avec les trois verres de vin qui la désinhibent, un peu je doute qu’elle réfléchisse vraiment.
-ça ressemble à un nom des îles…
- C’est exactement ça.
-Je savais ! Je n’ai pas des amis antillais pour rien !
-Ma mère est martiniquaise
-Ah ok ….MON… PLAISIR ….
Elle détache mon nom comme si elle voulait en saisir l’essence même…
-Et … est-ce que tu en donnes….aux femmes ? Du plaisir ?....
-Tu veux vraiment le savoir Vanessa ?....
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