chapitre 31

Write by leilaji

Chapitre 31 (merci à celles et ceux qui continuent inlassablement de m'encourager. love u)


***Mickaël***


Je ne pensais pas que ce serait aussi difficile de ne pas m’endormir dans ses bras. Habituellement, après l’amour je n’ai qu’une envie c’est de me rhabiller et de foutre le camp aussi vite que possible. Mais son corps est tellement doux et chaud que je me sens … à l’abri de moi-même. Je suis fatigué. Sa respiration lente et profonde m’indique qu’elle s’est endormie. J’essaie de me dégager de ses bras pour aller dormir au salon quitte à lui raconter un mensonge demain si jamais elle me demande pourquoi je n’ai pas dormi avec elle. J’essaie mais elle m’en empêche et me sert encore plus fort dans ses bras en souriant dans son sommeil. La sensation d’une femme comme elle dans mes bras me donne une force inestimable. 


Quand je pense à nous, je me dis qu’il ne s’est en réalité pas encore passé grand-chose mais je tiens déjà tellement à elle. J’en ai le souffle coupé. Pourquoi est-ce différent avec Lola. Ce n’est qu’une … gamine qui a grandi trop vite. Et moi, après avoir traversé ma mère, mon frère, l’éloignement, l’armée, je suis une loque. Une loque dont elle a bien voulu tout de même. Ce qui prouve qu’au final je ne suis pas si pourri que ça.  


Elle mérite le meilleur. 

La meilleure partie de moi à chaque instant. Le peu de lumière qui reste en moi lui sera éternellement consacré parce qu’elle a fait briller le soleil plus fort le jour et rendu la lune plus belle la nuit. Je ne suis pas un romantique dans l’âme, loin de là. C’est un simple constat. 


Je me rappelle des paroles d’Eugénie qui m’avait promis qu’un jour une femme saurait enflammer les cendres de mon cœur. Je brûle de la réveiller et de l’étreindre à nouveau. Je souris intérieurement. Quand je pense que tout à l’heure je tremblais de tous mes membres. J’avais peur de la casser… 


Briser Lola ! Jamais. 


Alors, je ne peux pas lui imposer ce qu’il y a de plus noir en moi. Je me force à me dégager de ses bras et elle ouvre les yeux. 


- Hey boo ! dit-elle d’une voix ensommeillée.

- Salut mon ange. Rendors toi il fait encore nuit. 

- Hum. 


Elle se rendort après s’entre définitivement entortillée autour de moi. Elle est irrésistible. Difficile de se soustraire à une telle emprise. Je me promets de ne pas m’endormir. 


Et je m’endors quelques minutes après. 


***Lorelei***


Je dors mais j’entends une voix dans mon sommeil. A force, je finis par ouvrir les yeux. Mickael est assis sur le matelas les yeux ouverts mais l’air absent. Rien que dans cette attitude je sens que quelque chose ne va pas. 


- Mickael ça va ? je demande d’une toute petite voix en tirant le drap pour couvrir mon corps nu.  

- Je te jure que si tu t’approches de moi, je vais t’étriper et donner ton corps à bouffer aux chiens errants. 


Seigneur ! Mickael. 


***Marie***


Princesse. Je me rappelle que c’était le petit surnom que son père lui donnait quand elle était toute petite et mignonne comme un cœur. Lorelei a été désirée depuis le début. Sa venue était une bénédiction du Seigneur qui a répondu à mes prières. Je lui ai demandé un enfant à chérir et aimer. Je lui ai demandé qu’il me donne la force d’élever cet enfant et de lui accorder le discernement. Je lui ai demandé un enfant qui relèverait le nom des Bekale. Et il a répondu à ma prière. 


Lorelei Jamison. 


Un bébé qui souriait à tout le monde avec ses deux dents. Puis une enfant qui passait son temps à me demander si je la trouvais jolie. Et comme je lui répondais à chaque fois d’aller prendre ses cahiers au lieu de me déranger, elle courait dans les bras de son père qui la rassurait. 


- As-tu déjà vu une vilaine princesse Lola ?

- Non. 

- C’est toi la plus belle ma princesse. 

- Et maman elle est pas belle ?

- Si. Pourquoi ? 

- Regarde moi j’ai de jolies tresses, je suis belle mais maman ses cheveux sont debout. Donc elle est pas belle. 


Et son père éclatait de rire sous cette affirmation en la chatouillant pour changer de sujet juste après. 


A quoi ça sert d’être belle si tu n’es pas intelligente ma fille ? 

Moi j’étais une très belle femme et regarde la vie que j’ai vécue. Je ne dis pas qu’elle ne vaut rien mais je dis que je veux mieux pour toi. 


Ah Samuel. Quand je le regarde aujourd’hui diminué, éloigné de sa fille qu’il chérissait plus que tout au monde, je suis si triste. Quand il allait au travail et rentrait tard fatigué, elle l’attendait patiemment devant la télévision puis dès qu’elle le voyait passer la porte principale, elle sautillait de joie tout autour de lui telle une puce sauteuse. Ils partageaient ensemble leurs histoires que je ne comprenais pas et il s’asseyait dans son fauteuil préféré en lui confiant son sac de travail. A quatre ans, elle rangeait le sac au salon, l’aidait à enlever ses chaussures, allait les ranger dans notre chambre puis revenait avec une bassine d’eau pour lui laver les pieds. 


- Ah toi tu sauras t’occuper d’un homme Lola. Lui disait-il pour me taquiner. 


Elle gloussait puis allait jeter l’eau dans le caniveau qui passait non loin de chez nous.


Les après-midi quand on l’envoyait faire la sieste, elle faisait bêtise sur bêtise pour attirer l’attention de son père qui finissait par céder à son caprice et dormir avec elle. Je trouvais ça adorable quand elle avait cet âge. Puis la petite princesse a grandi et est devenu incontrôlable quand son père a commencé à avoir des soucis de santé. Il n’était plus là pour elle, il n’arrivait plus à tenir son rôle de père. Lola perdait ses repères devant mes yeux.  Et moi je me suis réfugiée dans les prières avec mes sœurs de l’église pour que notre situation s’améliore.  J’aurai dû être plus présente. J’aurai dû être plus dure mais je me suis dit que si l’amour de son père lui échappait, je n’avais plus le droit de continuer à être dure. 


Raphael est venu bien plus tard. Il n’a pas connu Samuel comme nous l’avons connu mais avec lui, j’ai été présente à chaque étape pour qu’il ne sente pas le manque d’affection paternelle. Lui c’était comme une seconde chance de tout recommencer et Dieu merci ce qu’il ne m’a pas donné avec Lola, il l’a accordé en abondance à Raphael. 


Il est mon espoir pour l’avenir. 


***Mickael***


Elle pense que je vais me laisser faire encore et encore. Elle croit que je ne vois pas claire dans sa démarche lente et féline. Je suis sa proie et elle mon tortionnaire. Je ne suis peut-être qu’un enfant mais je peux me défendre. 


Il va falloir que j’y arrive parce que personne ne viendra à mon aide. Je l’entends m’appeler : Mickael ça va ? De qui se fout-elle ? De qui ? Hier encore, elle était là avec son sel et ses œufs. Elle est folle cette femme. Voir en moi un démon alors que je ne suis qu’un enfant. Tout ça parce que je sais quel secret elle cache. Je sais quelle est mauvaise et quelle vole les affaires de maman. Je sais qu’elle passe son temps à mentir à tout le monde. Je sais qu’elle a peur que je dise à maman que c’est elle qui a volé le bracelet que papa lui a offert. Et c’est pour cela qu’elle essaie de toutes ses forces d’éloigner maman de moi et de me faire passer pour … un fou. 


La brulure d’hier n’a pas encore disparu et elle compte répéter ce scénario à l’infini, tous les jours ? Mais je suis tellement impuissant face à elle et sa force phénoménale. Je n’arrive pas à me débattre quand elle m’enserre de ses gros bras. Si au moins je pouvais le raconter à quelqu’un qui pourrait me croire. Peut-être Gabriel. Oui peut-être lui. 


Si elle m’appelle encore par mon prénom comme si elle était mon amie je jure que malgré mes petites mains, je vais l’étrangler. Tant pis pour elle. 


***Lorelei***


Il est en train de faire un cauchemar tout éveillé. Je n’avais encore jamais vu ça. Je ramasse mon débardeur et l’enfile rapidement puis je m’approche de lui à petits pas. 


- Mickael ? 


Je sais une chose. Il est hors de question que je le réveille brutalement. Je dois juste le tirer tout doucement de son rêve. Mais comment se fait-il qu’il puisse rêver les yeux grands ouverts ? 


***Mickael***


Elle s’approche de moi, elle s’approche. Il faut que je me défende sinon elle continuera jusqu’à la fin de mes jours à me torturer toutes les nuits pour me faire taire. 


***Lorelei***


Je crois qu’il me voit. Malgré les centimètres qui nous séparent encore, je peux sentir la chaleur irradier de son corps. Il doit être brulant de fièvre pour dégager autant de chaleur. 


Je pose ma main droite tout doucement sur son épaule et l’appelle de ma voix la plus douce :


- Mickael ! Réveille-toi. 


***Mickael***


Elle a osé. Je la saisis à la gorge et la fais reculer. C’est étrange comme son cou est fin dans la paume de ma main. A force de reculer, elle finit par être collée au mur et je serre encore plus fort mon emprise pour qu’elle cesse de m’appeler par mon prénom. Je ne supporte pas de l’entendre m’appeler. 


***Lorelei***


Je me débats de toutes mes forces  pour desserrer la prise de ses doigts sur mon cou. S’il continue ainsi il va finir par me briser la nuque. J’arrive à peine à respirer. Et la peur qui m’étreint fait couler des larmes d’horreurs sur mes joues. 


- Mick… tenté-je de dire pour qu’il essaie de se réveiller.


***Mickael***


Quelque chose de froid coule sur mes phalanges… 

Des larmes ? 

Une main me caresse le visage…

Des larmes ? 

Pourquoi des larmes.


- Micka…


Cette voix est différente de celle de la nounou. Cette voix ne m’est pas inconnue. Est-ce maman ? Ou grand-mère ?  En réfléchissant, sans le vouloir je desserre ma prise, comme si quelque chose au fond de moi me suppliait d’arrêter. 


- MICKAEL ARRETE !


Je reconnais enfin la voix. Lola ? 


***Gabriel***


Il est quatre heures du matin et je n’arrive pas à dormir. Je me lève du lit et me rends dans ma douche pour faire une rapide toilette. Puis je vais dans mon dressing et je cherche de quoi me vêtir. Une fois le choix fait, je prends le volant et me rends au VIP. 


Je n’ai peut-être personne à mes cotés en ce moment mais ce n’est pas une raison pour arrêter de vivre ma vie.


Après avoir quitté Bénédicte, elle m’a envoyé un e-mail que j’ai reçu sur mon téléphone. Comment dormir après une telle nouvelle ? Je suis impatient de l’annoncer à Lola. 


Dans une semaine, elle s’envole pour l’Afrique du sud pour une prestation live dans une émission de très grande écoute qui sera suivie d’une interview… 


Je suis dans tous mes états. En Afrique du sud, je pourrai négocier des shows dans les plus grandes boites de la capitale et voir quels autres débouchés se proposent à moi. 


Lola va enfin savoir pourquoi elle bossait si dur pour atteindre la perfection. Sur la scène internationale, l’amateurisme peut briser une carrière en quelques secondes. Mais moi je sais qu’elle est prête pour tout fracasser.

Il est bientôt cinq heures et je vais faire la fête en boite. C’est complètement idiot puisque généralement c’est l’heure où les boites commencent à se vider mais bon, je ne suis plus à une connerie près de toute manière. 


***Mickael***


Je recule et regarde ma main tendue devant moi tandis que Lola se laisse glisser du mur tout doucement. 


Elle reprend son souffle comme elle peut et moi j’émerge complètement de mon flash-back. Putain, j’ai merdé grave. Je m’attrape la tête et recule de quatre pas pour ne pas l’effrayer encore plus. 


Les mots du psy me reviennent :


« Il arrive parfois qu’une personne subisse une expérience à la fois si inattendue et si éprouvante qu’elle continue d’en subir les séquelles longtemps après l’événement. Les personnes dans cet état subissent souvent des rappels d’images (flashbacks) et des cauchemars où elles revivent les situations d’effroi qui sont à l’origine de leur traumatisme. Elles peuvent même devenir émotivement désensibilisées. Si cet état persiste plus d’un mois, on parle alors de trouble de stress post-traumatique. » 


A l’époque j’ai rigolé quand il m’a expliqué cela. Moi, Mickael souffrir de ça ? Je ne suis pas … fragile. Je suis un combattant. Je mène mes combats de front, dans ma vie civile comme dans ma vie militaire. Les autres me craignent parce que je suis imprévisible. Je suis celui qui peut tuer en une fraction de seconde le sourire aux lèvres. Je ne suis pas … fragile. De simples cauchemars ne peuvent pas m’effrayer. Je suis un combattant pas une fillette qui a peur du noir. 


C’est ce que je lui ai craché à l’époque. 


Aujourd’hui après des années à me battre pour garder la tête hors de l’eau lorsque mon passé m’y enfonce, je trouve tout ça moins drôle. On fait du mal autour de soi sans savoir à quel point cela peut détruire une personne. Qui s’en occupe ici de ceux qui souffrent en silence? La plus part du temps, on finit par noyer les souvenirs dans l’alcool. Mais ça ne marche jamais bien longtemps. Qui s’en soucie ici ? Ce sont des trucs de blancs, me répondra-t-on si je le demande. Alors qu’en réalité c’est le quotidien de centaines de personnes et les non-dits de milliers de familles. 


Tu pètes un câble, tu revis encore et encore le moment terrible où tout a basculé. Et les gens autour de toi ne le comprennent pas. On te dira que c’est un esprit malveillant qui t’habite et te fait ainsi souffrir alors que c’est ton propre cerveau qui t’enferme dans cet enfer faute de trouver une solution pour tout effacer… 


J’ai encore les larmes de Lola qui font glisser mes doigts. Je ferme les yeux parce que je ne veux pas voir le regard horrifié qu’elle va poser sur moi. Je ne veux pas voir le dégoût déformer ses traits. Je recule encore un peu. 


Je lui laisse de l’espace.

Je lui laisse le choix.

Elle va s’en aller je le sais. C’est ce qu’elles font … toutes. 


Son visage ne porte plus aucun maquillage. Elle s’est complètement calmée maintenant et elle me regarde, les mains enfouies dans ses boucles noires. Ses yeux me transpercent… jusqu’à l’âme. Je n’arrive pas à détourner mes yeux d’elle. Je veux savoir ce qu’elle compte faire.  


- Je …

- Tais-toi Mickaël. 


Je voulais m’excuser mais il semblerait qu’elle ne veuille même pas entendre d’explications. Elle ramasse le pull, enfile son jean et ses chaussures et s’en va. 


Je n’essaie même pas de la rattraper. Je n’en ai pas la force. 


Trente minutes plus tard.


Je me suis accroupi par terre, le dos collé au mur contre lequel elle s’est laissée glisser, exactement à la même place. Son odeur y est encore. Les yeux fermés, je frappe ma nuque contre le mur de manière répétée. 


Je suis en colère contre moi-même. 

Elle mérite mieux. 

Qu’est-ce que je vais faire ? Prendre quand même le temps de lui expliquer quitte à paraître ridiculement faible devant elle alors que ça me plait tellement qu’elle me voit comme son ange protecteur. Le lui avouer c’est lui faire regretter de m’avoir choisi moi ? Je n’en sais rien. Je cogne plus fort. Le bruit sourd produit par ma tête me calme les nerfs. 


Puis je sens une présence.  Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir que la chair de poule qui parcourt ma peau ne peut être produite que par la présence d’une seule personne au monde. 

Lola. Mon cœur bat plus fort. 


J’ouvre les yeux. 


Elle est revenue. Elle enlève ses chaussures et son pull. Doucement, d’un pas délibérément lent, comme si c’est à présent elle qui a peur de m’effrayer, elle me rejoint. Pour pouvoir s’asseoir sur mes jambes, elle les déplie et prend place. Le poids de son corps sur le mien, j’en ai douloureusement conscience. 


- Je ne suis pas partie… J’avais besoin de m’éclaircir les idées. 

- Ce n’est rien, je vais te ramener. 


Je l’ai dit mais je ne m’y résous pas. Mon corps commence à trembler sous l’effet de ma prise de conscience. 


A quel moment est-elle devenue aussi importante à mes yeux pour que j’ai l’impression que je ne peux pas m’en sortir si elle n’est pas à mes côtés. 

A quel moment ? Tout est allé si vite. 


- Je ne pars pas. 

- Tu restes ? Malgré…

- Tu m’expliqueras. Mais pas maintenant. Je sens que ce serait trop douloureux pour toi. Quand tu voudras…

- Lola…

- Je ne suis pas le genre qui recule devant l’adversité. Je ne suis pas de celles qui aiment la facilité. 

- Mais tu n’as aucune idée de ce que je suis capable de faire…

- Dès la première fois que je t’ai vu, je … je l’ai compris Mickaël. 

Je ferme les yeux de nouveau. 


- Et tu n’as pas reculé…

- Non. Je veux être avec toi. Qu’importe ce que les gens disent et qu’importe même ce que tu penses. Que tu y crois ou pas… Je veux être avec toi. 


***Lorelei***


Je suis complètement effrayée… Mes doigts tremblent en touchant son visage déformé par la culpabilité. 

Ce que j’ai ressenti dans ses bras, je sais que je ne le ressentirai jamais ailleurs. 

Je suis prête à me battre. 

Parce que tout ce que j’ai eu dans ma vie, j’ai dû me battre pour l’avoir.

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