⚜Chapitre 32⚜

 

Landry Ratanga

 

Je viens de terminer mon appel téléphonique avec Vincent, il m'a raconté la bouillie que Monsieur Makaya est allé raconter à son bureau. J’ai apporté une opportunité à ce type sur un plateau d'argent, il ne lui restait qu'à la saisir. Non il a préféré pisser dessus! Je suis choqué et extrêmement frustré mais je ne peux plus rien faire. J'aurais au moins essayé. 

 

Après le boulot je vais prendre un verre avec mes potes Paul et Loïc puis je rentre à la maison. Je prends une douche et je rejoins toute la famille à table. On dîne tranquillement, les discussions vont bon train mais moi je parle à peine. Tellement ma journée était merdique. Après le repas, Hortense va mettre ses filles au lit et je discute un peu avec Richard avant que lui aussi n'aille se coucher.

 

Je commence la vaisselle lorsqu'Hortense vient me retrouver. Je lui fais un compte-rendu de la journée. 

 

一Ah au moins tu auras essayé, tu as fais de ton mieux. 

 

一On lui demandait 5 minutes même avec le Procureur et le tour était joué et il fait ça ?

 

一Ah Landry, c'est dommage mais tu n'y peux rien du tout. Ne culpabilise pas pour ça. 

 

一Je ne culpabilise pas, je suis juste frustré. On y était presque. Mais bon bref! Sinon toi et ta journée ?

一C'était bien. Justement j'ai quelque chose pour toi.

 

一Ah bon?

 

一Yep!

 

Elle sort de la cuisine et revient avec ce qui s'apparente à un dossier. Je m'essuie les mains et je m'assois à la table de la cuisine face à elle. 

 

一Qu'est-ce que c'est ?

 

一Ton héritage, dit-elle en souriant.

 

一Comment ça mon héritage ?

 

一En mourrant papa nous a laissé à chacun une maison. J'ai donc mis les deux en location et le loyer de ta maison je l'ai mis dans un compte d'épargne. Tu fais alors 500.000FCFA par mois multiplié par 13 ans.

 

一Ça fait environs 78 millions.

 

一Oui et ça c'est sans compter les intérêts, parce qu'aujourd'hui ça a déjà dépassé les 90 millions. Donc voilà les papiers du compte et de la villa qui sont évidemment à ton nom.

 

一Mais vous n'avez pas pris dans cet argent pour payer mes études ?

 

一Non Richard a refusé, il a payé tes études tout seul. Il voulait que tu recouvres ton argent en intégralité. 

 

一Ah ça je suis sans voix. Je ne sais même pas comment vous remercier Horty. Merci beaucoup dis je en la prenant dans mes bras. Beaucoup auraient même dilapidé cet argent mais vous avez conservé et pris de l'argent dans vos poches pour mes études. 

 

一Et je peux t'assurer que tu nous as bien récompensé en devenant médecin. C'est une fierté. Donc tu comptes faire quoi de cet argent dans l'immédiat ? Et ne parle même pas d'aller acheter ou louer une maison. Tu peux rester ici pour le moment.

 

Je savais qu'elle allait me sortir un truc du genre. 

 

一Je vais laisser l'argent dans le compte et le loyer va continuer à l'alimenter. 

 

一Super.

 

一On discute encore un moment avant d'aller nous coucher.

 

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   Emile Biyoghe

 

Déjà quelques jours que je suis à Malabo en Guinée Équatoriale. Je viens de signer pour la construction d'un manoir ultra luxueux, le client m'a donné carte blanche donc je dois lui sortir un plan qui en jette. Dès que je rentre à Libreville,je vais me mettre dessus. 

 

Après une journée de travail avec le client, je rentre à mon hôtel. Je prends une bonne douche avant de commander un dîner. Je mange en consultant mes mails. Je vois un message 

de ma secrétaire qui me fait savoir que le Docteur Marleyne Ovono a cherché à me joindre. Que peut-elle bien vouloir me dire celle là? Je décide de la rappeler plus tard. 

 

Dans la nuit j'allume mon téléphone que j'utilise au Gabon et vu que je suis en roaming, je peux toujours recevoir des appels même en étant à l'étranger. Je vois un appel en absence de Marleyne mais 230 appels de Germain. Mais ce n'est pas vrai, c'est quoi le problème de ce vieux con? Je le rappelle donc pour comprendre pourquoi autant d'appels manqués. 

 

一Allo Émile!

 

一Oui Allo, je peux savoir c'est quoi ton problème ? 

 

一Tu te décides enfin à décrocher, je croyais que tu te cacherais comme un rat pour toujours. 

 

Je regarde l'écran pour être sûr d'être en train de parler avec Germain et qui ose me parler sur ce ton. Humm...

 

一Fais attention à comment tu me parles, je ne suis pas ton camarade Germain. 

 

Il se met à rigoler à gorge déployée, décidément il me prend vraiment pour n'importe quoi. Je le laisse rire puis il reprend. 

 

一Si je t'ai autant appelé, c'est pour te dire que je suis au courant de tout. Je sais que c'est toi qui a tué Bertille. 

 

Sur le coup, j'ai un petit moment de panique qui passe dans mon cerveau.

 

一C'est encore quoi cette connerie ?

 

一C'est la vérité. Tu savais que Bertille était à l'hôpital et tu as tout fait pour envoyer quelqu'un la tuer. Très certainement quelqu'un de l'hôpital.

 

一Tu as vraiment perdu la tête toi!

 

一Ah non pas du tout. Sache que l'autopsie a été faite et il a été révélé que Bertille a été assassinée. C'était une femme bien qui n'avait pas d'ennemis sauf toi là. 

 

一Et pour quelle raison j'aurais voulu tuer ta femme ?

 

一Bah c'est évident non? Yolande, dit-il en riant. D'ailleurs voilà quelqu'un qui doit aussi être déjà décédée. Ah mon petit tu ne sais pas ce qui t'attend. 

 

J'avale une rasade de mon verre de vin et je me masse la tempe gauche d'une main. Je n'aime pas cette conversation. Il y aurait vraiment eu une autopsie sur Bertille ? Est ce pour ça que Marleyne m'a appelé ?

 

一Je ne comprends pas le charabia que tu racontes actuellement, je suis en voyage depuis quelques jours. On se voit à mon retour pour que tu m'éclaircisses sur les inepties que tu débites.

 

一En tout cas, sache que tu vas sortir de l’argent en quantité industrielle. Je veux de vrais millions pour garder le silence et ne pas t'envoyer en taule, petit criminel !

 

Il termine de m'insulter et il raccroche. J'appelle Marleyne mais son téléphone est fermé. Il se passe quoi là bas exactement?

  

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Le lendemain….

  Marleyne Ovono

 

Depuis hier je ne suis pas tranquille, ce matin en appelant la morgue, j'apprends que l'autopsie de Bertille Makaya n'a pas été effectué. Je suis extrêmement soulagée à tel point que je vais travailler le coeur léger. Puis cette histoire de morphine me revient à l'esprit et je suis toujours aussi convaincue que c'est une personne exerçant dans le domaine médical qui a donné le tuyau à Monsieur Makaya.

 

 Il n'a pas l'air aussi cultivé pour arriver à ce genre de déduction tout seul. Ça me trotte dans la tête pendant un moment puis je vais finalement à la réception et je récupère son numéro puis je lui donne rendez-vous dans un restaurant. 

Nous nous asseyons et le serveur vient prendre nos commandes. Voyant comment Makaya regarde le menu avec de gros yeux, je suppose qu'il ne va pas se gêner pour commander tout ce qu'il n'a jamais vu de sa vie. Un villageois qui ne connaît que la viande de brousse, la sardine fumée et le vin de palme quand tu vois tu sais.

 

一Moi je vais prendre la salade César et des beignets de crevettes en entrée, dit-il. Comme plat principal, ce sera le bœuf bourguignon, avec des pommes de terre sautées. Puis le saumon frais à la Plancha avec une poêlée de légumes verts. Euh... pêche Melba, c'est quoi?

 

一La pêche Melba est un dessert composé de pêches pochées, dressées dans une coupe sur une glace à la vanille, et nappées de coulis de framboises, répond le serveur. 

 

一Haaaan je veux ça ! Et vous m'apporterez un verre de cognac avec un glaçon.

 

一Le cognac comme apéritif ? demande le serveur. 

 

一Mais oui bien sûr, les gens distingués commencent toujours par l'apéritif,dit-il avec toutes ses dents dehors.

 

Le serveur prend note, hoche la tête et se tourne vers moi.

 

一Une salade niçoise et un verre de vin blanc, ce sera tout pour moi, je réponds en fermant le menu.

 

一Apportez une bouteille d'eau et une bouteille de vin rouge Bordeaux, ajoute Monsieur Makaya. 

 

Lui vraiment hein...

  

Dès que le serveur s'en va je vais droit au but.

 

一Monsieur Makaya j'ai appris par la morgue que l'autopsie de votre femme n'a finalement pas été effectuée. Pourquoi ça? Je croyais que vous y teniez mordicus.

 

一 La morgue et en grève et il y avait une paperasse puis une procédure à suivre, je n'aurais pas pu la faire effectuée hier donc finalement j'ai laissé tomber.

 

一 D'accord je vois..

  

On nous apporte nos repas et pendant que nous mangeons, je reviens à la charge.

 

一 Quand vous avez discuté hier matin avec le directeur, vous lui avez dit qu'il était impératif que l'autopsie soit effectuée au plus tard hier à cause de la durée de vie de la morphine dans l'organisme. Corrigez moi si je me trompe, mais vous ne semblez pas être une personne qui s'y connaît en médecine, en chimie ou en biologie. 

 

一Je ne connais rien dans tout ça. 

  

一Donc qui vous en a parlé ?

 

Il lève les yeux et me fixe. 

 

一 Pourquoi ça vous intéresse tant? C'est pour ça que vous m'avez fait venir? Vous devriez normalement être contente que cette autopsie n'ait pas été faite. 

一 Une autopsie réalisée sur une patiente décédée dans notre établissement allait jeter le discrédit sur la clinique. Bien que nous n'ayons rien à nous reprocher concernant la mort de votre épouse. Mais s'il s'agit d'un médecin ou d'un infirmier qui vous a parlé de la morphine et j'en suis convaincue, j'ai besoin de savoir de qui il s'agit parce que cette personne a voulu noyer la clinique en vous incitant à faire une autopsie. Je vois ça comme un chien qui mord la main qui le nourrit.

 

一Vous êtes prêts à me donner combien pour que je vous donne un nom, dit-il en mettant un gros morceau de viande dans sa bouche.

 

一 Ne me dites pas que vous voulez que je vous donne encore de l'argent pourtant je vous ai déjà invité à déjeuner dans un restaurant sélect. Vu les prix sur le menu, la facture va s'élever à environs 250.000 FCFA. 

 

一Et alors?

 

一Euh excusez moi mais vous avez l'allure de quelqu'un qui ne fréquente que les bistrots où le plat coûte 1000F, donc ça c’est déjà beaucoup pour vous. 

 

一Vous voulez le nom oui ou non?ajoute t-il en sirotant son vin.

 

Je soupire et je sors de mon sac une liasse de billets de 50.000FCA que je lui tends. Il compte l'argent et le range dans sa poche.

 

 一Ce medecin, parce que oui c'est un médecin, je ne l'ai jamais vu. Du moins pas que je m'en souvienne. La seule chose que je sais de lui c'est qu'il s'appelle Ratanga et même là ce n’est pas lui lui-même qui m'a donné son nom. 

 

一Dites m'en plus.

 

Il me raconte les appels téléphoniques avec Ratanga et son entrevue avec un avocat. Je suis sidérée et sur le coup, j'aimerais bien comprendre d'où ce petit imbécile de Landry a eu l'info sur la morphine. Mais je vais lui faire passer l'envie de vouloir me traîner dans la boue.

 

Le repas se termine et je roule jusqu'à l'hôpital. Au moment de descendre je reçois un appel d'Emile.

 

一J'ai appris que tu as essayé de me joindre à mon bureau, c'était pour quoi?

 

 一Bof ça va, c'est résolu. 

 

一Dis moi tu connais Germain Makaya?

 

一Le mari de la dame en question, pourquoi?

 

一Il m'a dit qu'il a fait faire une autopsie sur le corps de sa femme et que les preuves ont démontrées qu'elle a été assassinée. 

 

一Euh je ne sais pas trop pourquoi il t'a dit ça mais, cette autopsie n'a pas été faite. Il n'y a aucun soucis. 

 

一Ok! Mais si l'autopsie a été envisagée, ça veut dire que ton boulot n'a pas été si parfait que ça Marleyne.

 

一J'ai fait du bon boulot t'inquiète. C'est juste un petit impertinent qui a voulu jouer avec moi mais ne t'inquiète pas, je gère ça. 

 

一Et j'espère que mon nom n'a jamais été cité dans tout ça. 

 

一Pour quelles raisons ton nom va être cité ici? Tout est cool Emile.

 

一Ok , je te crois alors. Bon passe une bonne journée. 

 

一Bye.

 

Il met fin à l'appel et je descends de mon véhicule. J'entre dans la clinique et je me dirige directement vers le bureau du directeur. 

 

Bonne lecture.