Chapitre 32 : les mains

Write by Mayei

Chapitre 32 : Les mains

 

...Nancy...

 

Nous n’avons pas eu le temps de reprendre nos esprits qu’on fouillait dans le téléphone de Linda pour appeler Nath et l’avertir du fait que sa femme allait bientôt accoucher. Nous n’étions pas dans son hôpital habituel. Lorsqu’elle fut prise en charge il a fallu qu’on joigne son gynécologue. Nath est arrivé en trombe avec sa mère et la mère de Linda. Il était un peu perdu et exigeait qu’on le fasse rentrer aux cotés de sa femme. 

 

Pendant ce temps les médecins s’occupaient de violette qui venait de se réveiller. Nous étions donc assis en train d’attendre. Nath avait rejoint Linda dans la salle d’accouchement pour l’assister dans ce moment. Je jetais un coup d’œil à Salomé. Elle était repliée sur elle-même et on pouvait voir sur son visage, toute la culpabilité du monde. Elle semblait très loin dans ses pensées. Je la comprenais apprendre que la personne qu’elle aimait se mariait dans deux jours avec sa propre sœur et en plus de cela qu’il se jouait d’elle alors qu’il était avec violette, c’est un peu trop gros à digérer.

 

Je quittais ma place et m’assis près d’elle en prenant sa main. 

 

Moi : tu n’as pas à te sentir coupable ! On lui parlera...

 

Salomé : je ne pense pas qu’on doive lui parler Nancy ! Violette a déjà assez souffert comme ça pour qu’on lui en rajoute une couche.

 

Moi : je ne pense pas que ce soit une bonne idée...tu sais les secrets...

 

Salomé : je sais tout ça Nancy mais je ne suis pas prête. Que pourrais-je lui dire ? Violette je n’ai pas fait exprès de sortir avec ton mari ? Sur tous les hommes qu’il y’a dans cette Côte d’Ivoire ? Tu penses qu’elle me croira ?

 

Moi : en même temps nous n’avions jamais vu son mari de toutes les façons. Elle comprendra sûrement.

 

Salomé : j’aurais dû m’en douter tu sais ! j’aurais dû faire le rapprochement. À chaque fois qu’elle devait le rencontrer il y avait un imprévu. À chaque fois, il y avait quelque chose. Et c’est maintenant que ça me saute aux yeux.

 

Moi : ça ne sert à rien de repenser à tout ça ! On verra ce qu’on doit faire une fois qu’elle sera sortie de l’hôpital. Mais je suis pour le fait qu’on lui en parle avant qu’elle ne l’apprenne d’elle-même ou par une autre personne. 

 

Le silence revint prendre sa place et nous restions là chacune perdue dans ses pensées. J’essayais de me mettre à la place de violette. Comment réagirais-je si j’apprenais que Philippe me trompait avec une de mes amies et qu’il allait convoler en noces avec la sœur de cette dernière ? Violette était la plus calme d’entre nous mais ne dit-on pas qu’il faille se méfier de l’eau qui dort ? Sans mentir j’avais peur de sa réaction. Comment allions nous gérer cette crise ? Franchement je n’en savais rien. Je restais là à faire défiler tous les scénarios possibles dans ma petite tête sans trouver ce qu’il fallait faire ou dire. Vraiment violette ne méritait pas d’apprendre une telle nouvelle. Tout ce qu’elle méritait était d’être pleinement heureuse pour une fois.

 

Nath : ça y est le petit est né...3kg200

 

Maman Linda : c’est un costaud dis donc 

 

Maman Nath : comme mon défunt mari surtout.

 

La maman de Linda me regarda puis roula les yeux. Cette femme est trop drôle. Pendant un moment je failli éclater de rire. Elle ne ratait aucune occasion de montrer que la mère de Nath en faisait trop. Elle n’est pas mauvaise. C’est juste de bonne guerre. La mère ne Nath quant à elle a juste une personnalité ouverte. Vous voyez ce genre de personnes, qui, lorsqu’elles vous aiment, vous couvrent de tout ce qui peut vous faire plaisir.  Nous adressions nos félicitations à monsieur Kalou qui venait d’être père aussi précipitamment.

 

Nath : l’accouchement s’est bien passé et ça a été plutôt rapide.

 

Maman Linda : c’est grâce aux médicaments que je lui donnais ! 

 

Elle lança cette phrase en souriant à la mère de Nath qui lui rendit le sourire. Linda a du pain sur la planche avec ces deux-là. Chacune désirait montrer qu’elle restait la meilleure. Avec la naissance du petit je suis sûre que ça sera la course à qui sera la meilleure grande mère. C’est le petit qui sortira gagnant dans cette histoire.

 

Salomé : et Linda ? Quand est-ce qu’on pourra la voir ?

 

Nath : bientôt je pense ! Ils sont comme ça entrain de la nettoyer et on la mettra dans une chambre 

 

Salomé : ok 

 

On sentait la joie sur le visage du nouveau papa. Nous avions attendu que les mamans aillent voir Linda puis Nath lui-même. Lorsqu’il annonça qu’il rentrait déposer leurs mamans nous en profitions pour aller à notre tour voir l’heureuse maman. Il était exactement 21 heures. Nous trouvions Linda couchée dans son lit. Elle semblait toute épuisée. J’étais heureuse pour elle mais mon cœur se serrait d’un côté. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir cette envie. J’aurais moi aussi aimé connaître cet engouement, cette fatigue. J’aurais aimé que ce soit Philippe qui saute de joie en tenant notre enfant dans ses mains. Le traitement de ma’Aimby tardait à faire effet et je commençais à désespérer. Violette m’avait pourtant affirmé qu’elle avait fait des miracles avec ses plantes.il faut croire que même les miracles se font rare de mon côté.

 

Salomé : tu es maintenant une maman madame !

 

Linda : eh oui ! Mais la chose la fait mal ! Je comprends pourquoi nos mamans veulent se tuer lorsqu’on ne les écoute pas. 

 

Moi : c’est mon rôle d’être drôle tu sais ! 

 

Linda : je te remplace aujourd’hui. Vous avez vu le petit ?

 

Moi : oui ! Il tellement beau et chou

 

Linda : je le réserve des maintenant pour la fille que tu auras 

 

Moi : si j’en ai !

 

Linda : ne sois pas défaitiste ! Tu auras ton enfant. Mais plus sérieusement comment va Violette. Elle se réveillait lorsque je quittais la chambre.

 

Salomé : nous avons laissé la place au docteur et nous sommes venues attendre que tu accouches.

 

Moi : nous repartirons après t’avoir quittée 

 

Linda : ok je vois ! Mais pour son mari...

 

Salomé : en parlant de lui les filles...j’ai décidé qu’on n’en parle pas à violette. Ça ne sert à rien puisque je ne sors plus avec lui. Inutile de la blesser avec une histoire dont nous ne savions même pas les risques.

 

Linda : mais ta sœur se marie pourtant avec lui

 

Salomé : je ne suis pas responsable des actes de ma sœur. 

 

Moi : mais tu as été l’intermédiaire. C’est par toi qu’ils se sont connus 

 

Salomé : et alors ? Je ne désire pas qu’on parle de cette affaire. Elle me regarde et c’est à moi d’en parler. Si jamais l’une d’entre vous lui en parle, je ne suis pas sûre de vous pardonner et je ne considérai plus cette amitié. Je vous enverrai aux oubliettes.

 

Moi : à ce point-là ?

 

Linda : c’est décevant ce que tu dis !

 

Salomé : c’est le fond de ma pensée. C’est à moi d’en parler et à personne d’autre. Et j’ai donc décidé de ne pas le faire.

 

Elle prit son sac et sortit en nous lançant un « bonne soirée ». Je restais estomaquée et dus m’asseoir pour assimiler ce qui venait de se passer. Je savais Salomé bornée mais pas jusqu’au point de menacer montrer amitié. Devrais-je encore parler d’amitié si elle se permettait d’aller à une extrême pareille ? Je regardais Linda qui elle aussi semblait tout aussi perdue que moi. Lorsque j’avais vu ce type, ce Maxime pour la première fois, j’avais émis mon ressenti. Il ne m’inspirait rien de bon et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Nous nous retrouvons à devoir mentir à une personne aussi vraie et entière que violette. Certes elle ne nous avait pas parlé des coups qu’elle subissait dans sa maison mais elle restait quelqu’un de très honnête. De plus chacun a son jardin secret à ce que je pense. Salomé devait être surement surmenée par tout ce qu’elle venait d’apprendre. Elle se reprendra, j’en suis sure.

 

Linda : on va vraiment cacher ça à violette ? 

 

Moi : je n’aurais pas voulu prendre cette voie mais c’est à Salomé d’en parler. 

 

Linda : mais elle ne veut pas le faire et nous sommes toute au courant. Violette nous en voudra toute autant que nous sommes. 

 

Moi : je sais ! Je sais tout ça ! Tu sais quoi ? Tu viens d’accoucher. Repose-toi et demain on verra plus claire. Je vais retourner voir comment se porte violette. 

 

Linda : hum si tu le dis ! 

 

Moi : Nath revient ?

 

Linda : oui ! Il dépose les mamans et il passera la nuit ici 

 

Moi (lui faisant un bisou sur le front) : on se verra demain donc 

 

Linda : à demain future marraine !

 

Moi (me figeant) : quoi ? Qu’est-ce que tu as dit ?

 

Linda (souriant) : veux-tu bien être la marraine de Yann-Élian Kalou ? 

 

Je la regardais et l’émotion était tellement forte que je fondis en larme. C’était peut-être banal pour d’autres personnes mais ça comptait énormément pour moi. Être la marraine de ce petit était comme si j’étais sa deuxième maman. C’était un honneur et un privilège pour moi que Linda me considère comme potentielle marraine. Il fallait que je me remette à la prière et paie mon dernier de culte pour être irréprochable lorsque nous nous présenterons à l’église. 

 

Linda : alors la marraine, ces larmes veulent elle dire oui ? 

 

Moi : bien sûr ! Bien sûr que j’accepte d’être sa marraine. Merci énormément Linda ! 

 

Je lui fis un bisou encore une fois avant de sortir de sa chambre et de me diriger vers celle de violette. Celle-ci dormait encore. Je me renseignais auprès de l’infirmière. Le docteur était passé et tout allait bien. Il fallait juste qu’elle se repose. Je décidais donc de rentrer chez moi et de revenir le lendemain. Il fallait que je cours vite annoncer à Jean-Philippe qu’il avait désormais devant lui la future marraine d’une gros garçon de 3kg300 qui se nommait Yann-Élian Kalou. A-t-il des filleuls lui ? Krkrkrkrkr 

 

...violette...

 

Lorsque je me réveillais ce matin, il était tout juste six heures du matin. Je sentais mes forces me regagner peu à peu. Mes enfants me manquaient énormément. En pensant à eux, je m’en voulais vraiment. Richard était allé à une extrême pas possible. Me laisser comme ça inconsciente sans même prendre la peine de joindre une ambulance ou même les voisins pour qu’on me transporte aux urgences. M’avait-il aimé ne serait-ce qu’une seule fois de toute sa vie ? Pouvait-on traiter une personne de la sorte ? Ce qui est sûr est que pour la première fois je ressentais un désir de vengeance. Je voulais qu’il paie pour ce qu’il m’a fait. Je voulais qu’il ressente ce que j’ai ressenti toutes ces années à subir ses assauts. J’allais quitter ce monde et laisser mes enfants à qui ? qui allait aussi bien prendre soin d’eux si même leur père disparaissait des jours durant sans penser à eux. La porte s’ouvrit en douceur sur Rachelle qui avait derrière elle les parents.

 

Rachelle : ma sœur préférée ! Comment te portes-tu ce matin ? Je suis contente que tu sois debout enfin. 

 

Je regardais mes parents étrangement ! Que s’était-il passé pour que Rachelle soit tout à coup fébrile avec moi et à mes petits soins en plus ? Ma mère se jeta sur moi et me palpa de partout. Je ne l’avais jamais vue aussi inquiète pour moi. Elle pleurait presque. Mon père quant à lui se contentait de me poser des questions avec des « tu te sens mieux ? » « Tu n’as pas mal quelque part ? ». Je savais qu’il était tout aussi inquiet pour moi mais n’est-ce pas là homme africain ? Il ne montre pas ses émotions. J’aimais mon père ainsi.

 

Rachelle : n’as-tu pas faim ? Je peux aller récupérer des croissants pour toi !

 

Moi : depuis quand es-tu aussi gentille envers moi ?

 

Rachelle : ne raconte pas des bêtises voyons ! J’ai toujours été gentille et tu as toujours été ma sœur préférée. Je ne sais pas qu’est ce qui te fait penser le contraire ? J’irai te prendre des croissants que tu le veuilles ou pas. La nourriture des hôpitaux là n’est pas du tout bonne. 

 

Elle s’en alla en se cassant comme on le dit. Je restais avec mes parents à me demander ce qui avait bien causé ce formatage chez ma sœur. Avait-elle aussi touchée de me voir dans ce lit ?

 

Papa : les parents de cet irresponsable ne se sont pas encore montrés.

 

Maman : mais on dit que lui-même il est introuvable comment ses parents sauront si nous ne débarquons pas chez eux ?

 

Papa : ce n’est pas faux. Comme ça va mieux chez Amah nous rentrerons ce soir et irons directement chez eux.

 

Maman : c’est maintenant que tu as bien parlé. 

 

On frappa à la porte. Je m’attendais à voir Rachelle mais c’était plutôt Martin avec un panier de yaourt, croissant, un peu de tout. Rachelle s’était donc donné tout ce mal pour rien. En le voyant j’eus un peu honte. Tout le monde savait maintenant que j’étais une femme battue, même lui. Il salua mes parents qui lui répondirent chaleureusement puis me posa un baiser sur le front avant de prendre place sur la chaise juste en face de mon lit. Celle où Rachelle était assise au paravent.

 

Maman : bon on est dehors on va vous laisser un peu 

 

Elle tira avec elle mon père et je restais seule avec Martin. Il y eut d’abord un long moment de silence avant qu’il ne se décide à parler.

 

Martin : je ne savais pas que Rachelle était ta sœur ! Son époux est l’un de mes employés les plus performants

 

Moi (surprise) : ah bon ?

 

Martin : eh oui. 

 

Je comprenais maintenant pourquoi madame avait autant changé envers moi. Elle voulait se jouer les sœurs modèles pour que le patron de son mari n’ait pas une mauvaise opinion d’elle. Je vois maintenant très claire dans son jeu. Rachelle a bien de la chance que je ne sois pas rancunière. Sinon qu’on renvoie son mari allait être ma première demande auprès de Martin.

 

Martin : je ne parlerai pas de tout ce qui t’ai arrivé. L’important c’est que tu te sentes mieux. Tout ce que je peux te dire c’est que j’ai mis un bon ami à moi, qui est dans l’armée. Sur le coup, je lui ai demandé de me retrouver ton ma...concubin et de s’occuper de lui. Maintenant si tu préfères que rien ne soit fait, dis-le-moi et j’arrêterai tout.

 

Moi : merci Martin ! (Indifférente) Qu’il ressente ce que j’ai ressenti ce jour-là.

 

Martin : ok ! Les enfants sont chez Nancy et à la sortie vous venez tous habiter chez moi. Ce n’est pas à discuter. (Se levant) donne-moi quelques minutes je vais passer un appel s’il te plaît.

 

Moi : ok je t’attends 

 

Alors qu’il tendait la main afin d’ouvrier la porte, celle-ci s’ouvrit et Nancy apparue.

 

Martin (souriant) : toujours nous ! Toujours synchro.

 

Nancy : et comment ? Comment vas-tu ?

 

Martin : mieux maintenant que ta sœur est debout. 

 

Nancy (me jetant un coup d’œil) : je vois ça !

 

Martin : je suis juste à côté 

 

Il s’en alla et Nancy jeta son sac avant de prendre place sur mon lit.

 

Moi : madame Api !

 

Nancy : Tantine Martine ! 

 

J’éclatais de rire. Cette fille était bien folle. J’allais donc rater ces moments de fou rire si je n’avais pas été transportée à l’hôpital à temps ! Combien de femmes ont perdu la vie ainsi en restant dans des foyers où elles sont maltraitées et battues ? Combien de tombes comptons nous au cimetière avec ces cas-là ? J’allais en faire partie et faire grimper ce nombre.

 

Nancy : tu nous a fait une de ses frousses si tu savais !

 

Moi : je suis désolée de vous avoir fait vivre ça !

 

Nancy : t’inquiète et au fait Linda a bien accouché d’un joli petit garçon. Ils sont juste à l’étage du haut. 

 

Moi (contente) : dès qu’on me signe ma décharge je monte les voir !

 

Toc toc 

 

Nancy : oui ?

 

Le docteur dans sa blouse blanche apparut. Je poussais un ouf de soulagement. Il venait sûrement me dire qu’on pouvait enfin me laisser sortir.

 

Le docteur : comment allez-vous aujourd’hui ?

 

Moi : très bien au point de pouvoir sortir d’ici aujourd’hui.

 

Le docteur : et ce sera fait. Néanmoins nous avons omis de mentionner un point important dans votre dossier. (Se tournant vers Nancy) les données médicales étant confidentielles il serait préférable que nous soyons seuls.

 

Nancy (se levant) ; je suis juste à côté 

 

Moi : non reste. Docteur elle peut rester, il n’y a pas de problèmes 

 

Le docteur ; ok comme vous le souhaitez...nous avons omis de mentionner sur nous avions déceler...

  

...Amandine Gnahoré...

 

Je regardais de gauche à droite pour voir si maman n’était pas dans les parages. J’ouvris la porte de la concession tout doucement et sur la pointe des pieds j’entrais dans ma chambre. J’avais pour habitude de partager cette pièce avec ma sœur Solène. Mais puisque je me mariais demain, j’avais la chambre pour moi uniquement. J’allumais la lumière et sursautais en voyant ma mère assise sur le lit. Je savais que c’était bien trop beau pour être vrai. Je pensais m’en être sortie en ne la voyant pas dans la cours.

 

Maman : amandine ne me dis pas que tu es allée chez ce va-nu-pieds de Armand !

 

Moi : mais non maman ! Au point où je suis arrivée là je ne peux plus me frotter à la racaille. Je sais ce qui est bon pour moi maintenant. J’étais juste avec mes amies. Tu sais Sophie et Charlotte. Nous avons pris un verre pour passer le temps.

 

Maman : tu as intérêt à ce que ce soit ça ! Il ne faut pas aller compromettre les choses en faisant n’importe quoi. 

 

Moi : tu peux me faire confiance maman ! 

 

Maman : la confiance n’exclut pas la méfiance ! Je dormirai avec toi cette nuit. 

 

Je ne pouvais pas riposter sinon elle serait encore plus méfiante. Je retirais mes vêtements en bénissant le ciel d’avoir pris une douche dans la concession de Armand. C’était chez lui que j’étais avant de revenir ici. Nous nous étions vus à mon retour de la ville. J’avais essayé de l’ignorer mais les souvenirs qu’on partageait ensemble avaient eu raison de moi. Cette nuit, la veille de mon mariage, j’avais cédé. J’avais fait l’amour avec lui sauvagement, comme autrefois. Il m’avait fait oublier pendant un moment les prouesses de Maxime qui d’ailleurs n’égalaient pas celles de Armand. Je frissonnais rien qu’en y pensant. Je ne pourrais jamais oublier Armand. Je vais devoir me cacher après mon mariage pour revenir à Daloa et avoir des séances de rattrapage avec lui. Dans le cas contraire j’utiliserai l’argent de maxime pour lui prendre un studio non loin de chez moi pour que nous nous retrouvions à chaque fois. Je m’endormis auprès de ma mère tout en pensant à lui. Demain était un autre jour. 

 

... ... ...

 

« Réveille-toi Amandine »

 

Je sentis ces secousses plusieurs fois avant d’ouvrir les yeux. C’était ma mère qui essayait de me tirer de mes rêves pourtant je rêvais à Armand qui me prenait dans ses bras et me couvrait de baisers. Elle venait de me gâcher un aussi beau rêve. 

 

Moi : pourquoi me réveilles tu ? 

 

Maman : il faut que tu commences à te tenir prête. Tu sais que le temps passe super vite.

 

Je cherchais mon téléphone à tâtons puis finis par le trouver. Il était tout juste 6 heures passées de trente minutes. J’avais juste envie de crier en exprimant mon mécontentement. Elle aurait pu me laisser dormir encore deux heures. C’était moi qui étais à l’honneur aujourd’hui et je pouvais être en retard comme bon me semblait. Je gardais cependant mon calme car je connaissais ma mère. Lorsqu’on cri elle cri aussi et tout part en couilles. Me prendre la tête de si bon matin était la dernière chose que je souhaitais faire, déjà qu’il y a eu toute une histoire autour de ce mariage.

 

Lorsque nous avons fait asseoir la famille pour signifier que maxime viendrait m’épouser moi, il y’a eu plusieurs camps. Il y avait ceux qui défendaient Salomé et soutenaient que Maxime ne pouvait pas être sorti avec elle pour ensuite venir m’épouser. Il s’agissait bien évidement des frères de Salomé. Oui ce sont ses frères puisqu’ils ne se mêlent jamais à nous. Il y avait le camp de ceux qui n’y voyaient aucun problème. Ma mère avait su se faire entendre et mettre tout le monde au pas quand elle était passée distribuer des sommes d’argent. Maxime avait donné tout cet argent. Seuls les frères de Salomé avaient refusé cet argent montrant leur opposition alors qu’ils mourraient de faim. Personne n’a osé prévenir Salomé de ce qui se passait ici. Je comptais moi-même me présenter chez elle et lui montrer ma bague scintillante. Le mariage civil était prévu un mois après la dote. Il fallait faire vite. 

 

Je sortis de la chambre, tout le monde s’activait dans la cour avec les décorations et tout. J’avais pris la meilleure décoratrice du moment pour en mettre plein la vue à ceux villageois qui résident ici. Ils parleraient de ma dote pendant longtemps et aucune autre fille, même pas mes sœurs ne pourront m’égaler. En parlant de mes sœurs je voyais Solène arriver avec sa brosse à dent en main.

 

Solène : tu es déjà réveillée ?

 

Moi : ce n’est pas ta mère qui fait ce genre de choses ? Elle me réveille comme si c’est moi qui doit venir monter les chaises et les tables. 

 

Solène : c’est pour ça que je l’appelle commandant. Mais je dis il n’y a pas un ami de maxime avec qui tu peux m’arranger le coup ? Il y’a longtemps que je voulais t’en parler. Je veux moi aussi m’en aller en ville. 

 

Je regardais ma sœur de la tête au pied. Vraiment je ne voyais pas ce qui pouvait attirer un homme de la trempe de maxime. Elle n’était pas très belle pour ne pas dire pas belle du tout. Elle n’avait rien physiquement. Je failli éclater de rire mais ne voulais surtout pas la vexer. Solène était très susceptible. Pour un rien, elle se vexait ou se fâchait et faisait des histoires à tout le monde. Maman avait pour habitude de dire que c’était l’aigreur de la laideur qui agissait en elle. Une tante de maman disait que c’était les apprentis de Dieu qui avaient façonné Solène.

 

Moi : maxime est réservé et il n’a pas beaucoup d’amis. Tu sais ce qu’on fera ? Tu viendras vivre avec moi en ville et tu te débrouilleras toi-même pour trouver un bon parti. 

 

Solène (soupirant) : c’est déjà un bon début ! Je veux prendre ma douche avant que tout le monde ne soit bien réveillé et que la ligne se forme ici.

 

Je la regardais partir en me demandant qui maman avait osé offenser pour enfanter d’une fille aussi laide que Solène. Oui c’était ma sœur mais tout comme on ne pouvait cacher le soleil avec sa main, on ne pouvait nier la laideur de Solène. Je tournais un peu partout pour vérifier que tout était sur le bon chemin avant de commencer à m’apprêter pour accueillir mon mari et ses parents. Pour dire vrai il n’y avait que sa mère et ses oncles maternels. Personne ici ne savait qu’il ne s’agissait pas de son côté paternel en dehors de maman et moi. L’important était que la dote soit payée. Après ma douche je me présentais devant la maquilleuse que j’avais aussi spécialement fait venir d’Abidjan aux frais de maxime. 

 

La maquilleuse me posait les faux cils quand tout à coup on entendit un bruit dehors et des gens qui criaient. Je ne savais pas ce qui se passait exactement mais après avoir sursauté, la maquilleuse se remit à l’œuvre. Nous étions elle et moi bien curieuses de savoir ce qui se passait dehors mais chacune montrait qu’elle pouvait bien se passer de cette information. Lorsque Solène déboula dans la chambre, nous stoppons toute activité. 

 

Solène : amandine c’est gâté !

 

Moi : qu’est-ce qui est gâté ? Comment ça c’est gâté ?

Solène : les parents de ton mari sont arrivés mais sans lui. 

 

Moi : comment ça ?

 

Solène : on dirait qu’il n’y aura pas de mariage aujourd’hui 

 

Moi : ne raconte pas n’importe quoi !

 

Je me levais en criant. Je sortis de la chambre avec seulement un seul œil recouvert de faux cils. Je me dirigeais immédiatement vers ces personnes qui étaient entassées parmi lesquelles se trouvaient ma mère et celle de maxime. Dès que cette dernière me vit, elle se mit à pleurer, à se lamenter.

 

Elle : mon fils ooooh ! Ils ont pris mon fils oooh 

 

Moi : qu’est-ce qui se passe maman ? 

 

Elle : ils ont emmené richard ! Des policiers sont descendus à l’hôtel et l’ont pris sans explications. 

 

Moi : richard ? Qui est richard !

 

Elle : ton mari

 

Un oncle (me regardant bizarrement) ; richard est aussi son prénom 

 

Je n’en croyais pas mes oreilles. Comment ça maxime avais été enlevé par les policiers ? Je regardais de gauche à droite, les gens commençaient à murmurer. Je savais déjà sur ce jour allait rester longtemps dans les annales des affairages. Je ne pouvais pas supporter cette humiliation. Les sorcières étaient à chaque fois contre le fait que nous prospérions dans cette famille. D’un pas décidé, je retrouverais dans la chambre en pestant. En colère, je retirais ces cils qui me gênaient d’un coup, créant une petite douleur. Ma mère rappliqua alors que je mettais un boubou.

 

Maman ; que fais-tu ?

 

Moi : je suis en train de me tenir prête pour me rendre au commissariat 

 

Maman : tu vas faire quoi là-bas ? 

 

Moi : je vais voir ce qui se passe ! Je ne peux pas m’asseoir ici et attendre. Qu’il sorte tout de suite et sur ce mariage soit célébré aujourd’hui même pour m’éviter la plus grosse honte de tout Daloa.

 

Maman : calme-toi d’abord. les hommes de la maison iront voir. Tu ne pourras rien faire si de toutes les façons. 

 

Moi : ton charlatan n’avait pas vu ça venir ?

 

Maman : c’est pour toi que je consulte et non pour maxime.

 

Je m’assis brusquement sur le lit en bougeant mon pied. Ça ne pouvait pas se passer ainsi. Je n’avais qu’une seule envie. Que ceux qui sont allés au commissariat reviennent le faire le compte rendu de ce qui se passe. Tout ne pouvait pas s’effondrer aujourd’hui après tout le tapage que j’avais fait. Pour une simple dote, j’avais fait imprimer des cartes d’invitation qui avaient été distribuée à chaque maison de mon quartier ici à Daloa. Toute la nourriture et la boisson que j’avais commandées ! Qu’est-ce que j’en ferai ? J’imagine déjà comme toutes les filles qui me jalousaient se moqueront de moi à chaque fois que je passerai. C’est sûrement tout ce qu’elles avaient dans le cœur comme ressentiments qui me créent des problèmes en cette journée qui devait être le jour de ma gloire. Elles ont dû jeter des malédictions pour que ce mariage n’ait pas lieu mais aussi bien que je suis la fille de Gnahoré elles me verront me relever de cette épreuve. 

 

...richard Ebrothié...

 

Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Les militaires ont débarqué dans ma chambre d’hôtel ce matin en fracassant la porte. J’étais endormi et me réveillais en sursaut pour voir ces hommes dans ma chambre. Avant que je ne sache ce qui se passait, ils me tiraient de mon lit. Deux d’entre eux me maintenaient immobile alors que le plus imposant m’envoyait des coups dans le ventre. Je me tordais de douleur en criant. Les cris avaient alerté les clients dans les autres chambres y compris ma mère et mes deux oncles qui avaient effectué le voyage avec moi. 

 

Ils me traînèrent jusqu’à leur camion alors que mes parents me suivaient derrière tous aussi confus que moi. J’étais donc dans ce commissariat, avec comme seule vêtement mon boxer, depuis ce matin. J’attendais que quelqu’un daigne enfin me dire quelque chose sur ma situation. Il faisait vraiment chaud et l’on me regardait de haut dans cette cellule. J’étais assis à même le sol dans cette cellule avec des personnes peu recommandables en me fiant à ce que je voyais. 

 

« Qui est-ce que tu regardes comme ça ? »

 

Moi (regardant cette grosse brute) : pardon ?

 

Lui : c’est avec moi que tu veux parler ton gros français ? (Avançant vers moi) je dis c’est qui tu regardes comme ça ? Je vais te pkatra (gifler) tout de suite.

 

De peur je me levais brusquement et un agent se présenta aussitôt devant la cellule. A l’aide de sa matraque qu’il frappa contre les bateaux, il calma ce monstre qui essayait de s’en prendre à moi. Je soufflais un bon coup. Sauvé par le gong.

 

L’agent : eh toi ! Le nouveau !

 

Moi : oui ! 

 

L’agent : on sort ! 

 

Je savais ! Je savais bien qu’il s’agissait d’un malentendu. On ne pouvait pas venir me faire sortir de ma chambre comme ça et me traîner en prison alors que je n’avais commis aucune faute. Mais qu’ils se tiennent près. Dès que je serai hors d’ici je prendrai le meilleur avocat afin de poursuivre ces incompétents qui prennent des honnêtes citoyens et les trimbalent comme ils veulent. Avant qu’on ne traverse la porte qui menait dehors, l’agent s’arrêta et de tourna vers moi.

 

L’agent : j’allais oublier les menottes !

 

Moi : les menottes ? Pourquoi ?

 

L’agent : on te transfère sur Abidjan !

 

Moi : quoi ?

 

L’agent (criant) : tes mains tout de suite ! 

 

Moi : mais je ne comprends pas 

 

L’agent : tu veux des coups de matraques peut-être pour comprendre ?

 

Je lui présentais mes mains qu’il menotta. Il tira là-dessus et me traîna avec lui dehors. Au passage je constatais que mes oncles et d’autres monsieur étaient là. Ils me regardaient tous avec désolation. J’essayais d’ouvrir la bouche et de leur parler mais aucun son ne sortait. Sans mentir, aussi bien que j’étais un homme, j’avais peur. Sur le moment j’avais sérieusement envie de pleurer.

 

On me Jeta dans la camionnette et l’agent frappa sur le côté. La camionnette se mit en route. J’allais à Abidjan certainement mais ce n’était pas chez moi.

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