Chapitre 35
Write by Djelay
Je ne m’étais pas rendu compte que Tout le monde s’était déjà installé dans la voiture. Je les rejoins, prend place sur le siège avant et offre un joli sourire à Kevin qui démarre après un signe de tête. Le cœur battant, j’appréhende ma rencontre avec les parents de Mike surtout sa mère. D’après les dires de David, elle ne m’aime pas beaucoup. J’espère que pour son fils elle fera l’effort de me supporter afin que la cohabitation se déroule dans le calme et la paix.
Lili,
Kevin a d’abord décidé de m’emmener à l’appartement de Mike. Il conduira ensuite Emy et Tom chez eux. Après qu’il ait garé la voiture dans le sous-sol, tous insistent pour m’accompagner jusqu’à l’appartement. Ils exagèrent ! Je ne suis quand même pas un bébé. Mais ça je m’abstiens de le leur dire sinon Emy me fera des remontrances.
- C’est bon de rentrer. Dis-je en pénétrant le hall. Merci à vous tous pour votre soutien. Je ne vous mets pas à la porte mais j’ai besoin de me reposer. Dis-je avec une grimace désolée.
En fait je ne veux pas perdre plus de temps. Il faut que je voie Mike maintenant. Ils ont dû le comprendre. A tour de rôle donc, Emy et Tom m’embrassent tendrement. Ils étaient sur le point de s’en aller lorsque la voix de la mère de Mike retentit dans mon dos. Je me retourne vivement croyant avoir mal compris.
- J’ai dit que fais-tu ici ? Répète-t-elle froidement.
- Mademoiselle Lili vit ici madame Ibara.
- Ce n’est pas à toi que j’ai posé la question Kevin. Où serait-elle muette ?
Choquée par une telle hostilité je reste figée la bouche entrouverte. Pourquoi me déteste-elle? Que lui ai-je fait ? A l’époque elle m’aimait bien, elle m’adorait même. Oui je n’étais qu’une gamine mais je suis toujours Lili, sa petite Lili. Je n’arrive pas à croire qu’une personne puisse autant changer.
- Je vis ici tante Stella. Dis-je le plus poliment possible.
Ressentant la colère d’Emy, je lui touche le bras. Un geste qu’elle comprit aussitôt. Je n’aimerais pas créer un scandale. Celle-ci hoche la tête et se calme.
- Plus maintenant. Rétorque la mère de Mike. Comme tu vois j’ai demandé à la servante de préparer tes affaires. Prend les et sors d’ici. Je ne veux plus te revoir...
- Permettez-moi madame…
- De quel droit oses-tu m’interrompre Kevin ? C’est la maison de mon fils, tu m’entends ? MON FILS. Alors tant qu’il n’en sera pas capable je prendrai les décisions en ce qui concerne et sa maison et ses affaires.
Je n’ai même pas la force de lui en vouloir, ni de me battre. Je veux juste voir Mike. C’est tout ce que je demande. Je m’en irai ensuite si tel est son désir. Je jette un coup d’œil à mes valises posées non près du canapé puis d’un air triste je pars dans leur direction. Kevin m’arrête au moment où je me baisse pour prendre mes valises.
- Permettez-moi mademoiselle.
Je lui suis reconnaissante d’être aussi prévenant. C’est un bon ami. Mike a de la chance de l’avoir à ses côtés. Je le laisse s’occuper des valises pour affronter de nouveau ma belle mère.
- Je veux juste le voir madame Ibara. Juste 5 secondes et…
- Tu ne le verras pas. Sortez d’ici tes acolytes et toi…Et toi aussi Kevin. Ajoute-elle. Ne remets plus les pieds dans cette maison.
- Comme vous voudrez madame. Rétorque Kevin sèchement.
- Vous n’avez pas le droit d’interdire à Kevin de…
- Lili ! M’interrompt Tom d’une voix autoritaire.
Jusque-là, il n’avait pas prononcé un seul mot. Mais la colère que je lis dans ses yeux en cet instant me glace le sang.
- Arrête de supplier cette femme ! Qu’elle bouffe cette maison avec son fils à l’intérieur si ça lui chante. Vient, on s’en va.
Mon frère ne me laisse pas le temps de riposter. M’attrapant par la main, il m’entraîne vers la sortie. Un dernier coup d’œil en arrière me permet de voir madame Ibara surprise et sans voix face à l’audace de Tom qui auparavant lui témoignait le plus grand respect.
Je ne suis plus que l’ombre de moi-même depuis deux semaines. J’ère comme un fantôme ne sachant que faire, ni où aller. J’en suis même arrivée à me retrouver alitée. Et la raison, c’est bien évidemment l’absence de Mike. Avoir de ses nouvelles ne me suffit pas. J’ai besoin de le voir. Sa mère m’en empêche chaque fois que je me rends chez lui. Heureusement que David est là. Je n’aurais rien su de son état de santé sinon. Cela fait quatorze jours que je ne me nourris pas bien, je ne trouve plus le sommeil non plus. Ce sont les raisons de la dégradation de ma santé. Mon gynéco, un collègue à David m’a avertie que si je continuais ainsi je risquerais de faire une fausse couche. Ce jour-là, j’ai blêmis. La dernière chose que je souhaite c’est de perdre mon enfant. Alors depuis quatre jours, je m’efforce de me nourrir correctement et j’ai même commencé à faire de la marche quotidiennement. David a dit que c’était bon pour le bébé et moi. Aujourd’hui j’ai décidé de me rendre de nouveau chez Mike. Je n’en peux plus ! Cette fois personne ne m’empêchera de le voir. Madame Ibara devra me tuer car c’est la seule façon de m’arrêter. Je termine de me peigner les cheveux puis sors de ma chambre. Tom est au salon avec Lili. Il a fini par reconnaître l’enfant et a été même jusqu’à faire la dot d’Emy. J’étais à la fois heureuse et fière de mon grand frère. Il a beaucoup changé depuis les douloureux évènements que nous avons vécus. Ce dernier est devenu, attentionné pas seulement qu’avec Emy mais avec moi aussi. Il me fait à manger, m’emmène marcher… Une fois il m’a même massé les pieds. J’en étais tellement surprise que je me suis mise à rire à gorge déployée. Il m’a avoué qu’Emy lui demandait souvent de lui masser les pieds et que c’était devenu une habitude pour lui. Je souris chaque fois que je me rappelle cette scène. Fouillant dans mon sac, je vérifie que je n’ai rien oublié! Heureusement que j’ai encore la carte de crédit que m’a généreusement offert Mike. Je crois que sa mère n’est pas au courant pour le compte sinon, elle l’aurait déjà bloqué. Avec ça j’arrive à couvrir les dépenses de la maison car Tom n’a toujours pas retrouvé d’emploi. Il a récemment créé une page Facebook où il propose des services informatiques et de graphisme. Hier il a pratiquement eu quinze clients qui demandaient un Curriculum Vitae moderne. L’expertise de Tom lui a permis de réaliser tous ces CV le jour même. Lorsque je lui ai demandé à combien il les faisait, il m’a répondu deux mille francs CFA chacun. Ce qui fait une belle pour un seul jour. Aujourd’hui, il doit faire des prospectus pour une entreprise de vente en ligne. Je suis vraiment contente de la tournure que prennent ses affaires.
- Où vas-tu ? Me demande Tom lorsque je les rejoins.
- Chez Mike.
- Encore ? Rugit-il ! Tu n’en as pas marre ? Cette femme t’humilie chaque fois que tu y vas et toi tu t’entêtes à y retourner encore et encore. Bon sang Lili !
- Arrête Tom ! Tu ne vois pas qu’elle est désespérée ?
Emy gronde son copain à son tour avant de se mettre debout difficilement. C’est devenu une torture pour elle d’effectuer des mouvements avec son gros ventre. Elle est seulement à son six mois mais son ventre est sur le point d’exploser. J’aurais parié qu’elle attendait des jumeaux si l’échographie n’avait pas montré que c'est une fille. Avec un sourire je pose un regard sur mon ventre dissimulé dans un gros boubou. Avec ça, la mère de Mike ne se doutera de rien. Je ne veux pas qu’elle commence à m’apprécier juste parque je suis enceinte de son petit-fils ou sa petite fille. Je ne suis qu’à trois mois de grossesse. J’espère que Mike se réveillera avant que je ne sois à terme. Je l’espère de tout mon cœur.
- Tu veux que je t’accompagne ma belle ?
- Avec et énorme ballon là ? Je pointe son ventre du doigt. Non merci.
Nous rions toutes les deux suite à ma blague.
- Allez, viens je t’accompagne.
- Mais tu as du travail et…
- Tais-toi et avance. Plus vite on partira, plus vite nous serons de retour.
Je fais les yeux ronds à Emy qui pouffe de rire puis me dirige vers la porte d’entrée. Tom embrasse Emy et lui demande de rester bien allongée jusqu’à notre retour. C’est le cœur battant que j’appuie sur la sonnette. Une éternité s’écoule avant que Naomie, la servante ne vienne m’ouvrir. Ses lèvres s’étirent en un radieux sourire lorsqu’elle me voit. Et moi aussi je souris, soulagé que ce soit elle qui m’ouvre cette fois-ci.
- Bonjour mademoiselle. Je suis heureuse de vous voir.
- Moi aussi Naomie. Tu vas bien ?
- Oui, mais cette maison semble triste sans vous.
Je suis touchée par ses mots au point où je verse une petite larme. La grossesse me rend tellement émotionnelle. De mon doigt j’essuie la larme avant de prendre Naomie dans mes bras. C’est la toute première fois que je le fais et à voir son expression, elle est surprise.
- Vous avez trente minutes pour voir monsieur avant que madame Ibara ne revienne de la salle de gym. Dit-elle lorsque je la libère enfin.
J’ouvre grandement mes yeux n’y croyant pas. Je vais pouvoir voir Mike. Je rêve ou quoi ? Non, c’est bel et bien réel. Emy s’écarte afin de nous céder le passage. Je finis par me ressaisir et entre sans vérifier si Tom est derrière ou pas. Mes pas me mènent directement à l’entrée de notre chambre. Mes mains tremblantes s’emparent de la poignée et lentement, ouvrent la porte. Il est là. Allongé sur le lit, un tube respiratoire dans la bouche. Bouleversée, je ne peux retenir les larmes qui coulent à flot sur mes joues. Je sens mes jambes flageoler. Je m’adosse donc à la porte pour reprendre des forces. Après cinq minutes à l’observer à distance, je m’approche enfin et m’assoie sur le bord du lit. Je pose un délicieux baiser sur son front puis sur ses lèvres. Je prends ensuite ses mains dans les miennes avant de les assaillir de baisers désespérés.
- Tu m’as tellement manquée bébé. Murmuré-je d’une voix cassante. Si tu savais l’enfer que je vis depuis que tu es ici sans moi.
J’observe quelques minutes de silence puis reprends :
- Regarde, je suis enceinte.
Je pose sa main sur mon ventre en pleurant.
- Tu as voulu cet enfant Mike, alors réveille-toi pour qu’on puisse l’aimer et le voir grandir.
Oppressée par la douleur, je ferme les yeux tandis que ma main tient fermement la sienne sur mon ventre.
- Je meurs à petit feu mon amour. J’ai besoin de toi à mes côtés…Reviens moi je t’en supplie.
Le bruit de la porte qui s’ouvre me fait sursauter. Je blêmis en découvrant la mère de Mike. Ses yeux lancent des éclairs à mon endroit. Je me relève à la hâte.
- Toi ? Comment as-tu osé ?
Je la vois foncer sur moi. Instinctivement, je recule jusqu’à me retrouver dos au mur. Elle arrive à ma hauteur, et lève la main dans ma direction. Je suis sur le point de l’arrêter quand Tom fait son apparition. Il saisit sa main avant de me demander de sortir.
- Lâche-moi petit insolent. Crache-t-elle en colère.
Tom la relâche et elle virevolte.
- Sortez de chez moi. Je vais de ce pas appeler la police et leur dire que vous êtes rentrez ici par effraction….
- Nous ne sommes pas rentrés par effraction c’est…
- Tom, non !
Je ne veux pas mêler Naomie à tout ça.
- Me crois-tu assez stupide gamine ? Je sais pertinemment que c’est cette crétine de servante qui vous a laissés entrer.
- Elle n’y est pour rien, si vous voulez blâmer quelqu’un c’est…
- Assez ! Allez-vous-en d’ici ! Mais sachez que je n’en resterai pas là. Naomie ? Hurle-t-elle ensuite.
Cette dernière arrive presqu’en courant. J’ai tellement mal d’avoir occasionné tout ça. Mon regard désolé croise le sien qui est plutôt nerveux.
- Faites vos valises et foutez le camp d’ici !
- Madame, s’il vous plait…
Madame Ibara ne laisse pas le temps à Naomie de terminer sa phrase. Levant le doigt comme pour lui intimer de se taire, elle la foudroie de son regard assassin. Le message est très clair. Il vaut mieux ne pas insister car cette femme ne reviendra pas sur sa décision. Comprenant qu’il n’y a plus rien à faire ou à espérer, Naomie, abattue s’en va après m’avoir jeté un dernier coup d’œil. La tristesse que j’ai pu lire dans ses yeux m’a fendu le cœur.
- Vous n’êtes qu’une sale sorcière sans cœur.
Je ne m’attarde pas sur son expression choquée. Visiblement, elle ne s’y attendait pas et c’est tant mieux. Je suis fière de lui avoir balancé ce qu’elle mérite. Au salon, Tom et moi attendons Naomie. Il a donné son accord pour que celle-ci vienne m’aider avec les tâches ménagères de la maison. Avec le compte que m’a ouvert Mike, j’ai suffisamment d’argent pour lui verser un salaire mensuel correct. Pourvu qu’elle accepte ma proposition. Je me sens tellement coupable qu’elle ait perdu son emploi. Je souris en la voyant arriver et me sens soulagée lorsqu’elle me rend mon sourire.
- J’ai une proposition à te faire Naomie. Commencé-je dès que nous sortîmes de l’appartement. Voilà Tom et moi voudrions que tu viennes habiter avec nous…
- Non mademoiselle ! Me coupe-t-elle. Ce n’est pas votre faute alors ne vous sentez pas coupable. Et surtout ne vous sentez pas obligés de m’héberger.
- Tu m’as mal comprise. Repris-je un large sourire aux lèvres. Peu de personnes le savent mais à toi je fais confiance.
Elle m’observe d’un air désorienté.
- Je suis enceinte Naomie.
Elle parait d’abord surprise, puis son visage s’illumine comme si on venait de lui annoncer qu’elle avait gagné à la loterie.
- Oh mon Dieu ! C’est une excellente nouvelle. Toutes mes félicitations mademoiselle.
Ses yeux m’examinent attentivement s’attardant quelques secondes sur mon ventre.
- C’est pourquoi j’ai besoin de toi. Repris-je. Tu sais, j’ai perdu ma mère et il ne me reste plus que mon frère. Il arrivera un moment où je ne pourrai plus gérer toute seule les tâches ménagères. En plus il me faudra une assistance féminine après l’accouchement…
- Ce sera pour moi un plaisir de vous aider.
- Et ne t’inquiète pas pour ce qui est de ton salaire, Tu percevras le même que celui que tu gagnais ici.
- Merci beaucoup mademoiselle Lili.
- C’est moi qui te remercie.
Les jours passent sans que jamais je ne puisse revoir Mike. Ces jours se transforment en semaines et celles-ci en mois. Je continue de vivre mais sans vivre vraiment. Heureusement que j’ai commencé mes cours à l’université. Cela me permet d’occuper mon esprit. Sauf que, les soirs, chez moi, dans mon lit, tout resurgit et je m’effondre. Ca fait maintenant cinq mois que je vis ce cauchemar attendant le jour où David viendra m’annoncer que la mère de Mike s’est enfin décidée à débrancher son fils vu qu’elle y songe depuis quelques semaines. Et là ce sera ma fin je pense. Bien que je ne puisse pas le voir, le fait de le savoir encore en vie me réconforte. Ma vie est devenu un véritable cauchemar. Je suis angoissée en permanence. Le seul moment heureux que j’ai vécu depuis cette fameuse nuit, c’est la naissance de la petite Ivana, ma nièce. Il y’a de cela deux mois. Tom est tellement heureux. Il passe la moitié de son temps chez Emy afin d’être près de sa petite famille. Son affaire s’est agrandie. Il a ouvert un local et emploie même deux jeunes garçons+++++. Mon frère s’est complètement métamorphosé au point où je ne le reconnais plus. Je suis heureuse que tout aille bien pour Emy et lui.
- Mademoiselle ?
La voix de Naomie me ramène sur terre. Je lève mes yeux tristes vers elle et encore une fois son regard compatissant m’émeut.
- Le diner est prêt. Annonce-t-elle avec un sourire.
- Merci Naomie. Mon frère est-il rentré ?
- Non pas encore.
Je regarde l’heure à ma montre et réalise qu’il est encore tôt.
- Bien je viens dans une minute.
Comme d’habitude, je ne mange que quelques bouchées puis retourne dans ma chambre. Allongée dans mon lit j’attends que le sommeil m’emporte.
Fin du trente cinquième chapitre. Bizbi