Chapitre 35 : Une lueur d'espoir
Write by Auby88
Margareth IDOSSOU
J'ai passé la journée à errer sur la plage. Cela m'a fait beaucoup de bien. Actuellement, je suis au bas de l'immeuble dans lequel je vis. J'aperçois ma voisine, qui semble très chargée avec deux gros colis dans les mains. Je ne la croise que rarement et à chaque fois, je la salue d'un geste de la main. Je me rappelle qu'avant je me précipitais à l'intérieur de mon appartement pour ne pas avoir à la saluer. (Rires)
Aujourd'hui, je suis différente. Je me rapproche d'elle et l'aide en gardant un colis. Elle me regarde avec grand étonnement avant de me remercier. Nous montons en papotant un peu. J'apprends qu'elle est maîtresse de maternelle et qu'elle se prénomme Hélène. Je la laisse devant son appartement. Elle insiste pour que j'entre. Je décline poliment son invitation.
- Ce sera pour une autre fois, madame Hélène.
Je n'ai pas envie de papoter plus encore. Je veux juste rentrer chez moi, prendre une douche pour me débarrasser des grains de sable.
- Vous me le promettez ?
- Oui, c'est promis.
- Encore merci pour votre aide.
- Je vous en prie.
Je prends congé d'elle et rentre chez moi. J'enlève ma robe tachée par endroits et file sous la douche. Pendant que l'eau fraîche me coule dessus, je repense à ce qui s'est passé chez les N'KOUE.
J'ai reçu le verre de champagne dans le visage, juste au moment où je m'apprêtais à dire à David que je suis tombée amoureuse de lui. Serait-ce un signe du destin, pour me faire comprendre que David ne m'appartient pas, que notre amour est impossible, que jamais nous ne pourrons être ensemble ?
Mon âme est pleine de doutes. Je vis un dilemme. D'un côté, j'ai promis à la mère de David de me battre pour lui. Mais de l'autre, il y a le visage en colère de Cynthia qui me revient. Elle exagère peut-être dans ses actions mais elle doit vraiment aimer David pour arriver à faire une telle scène en public, à plus forte raison devant ses futurs beaux-parents. Je n'ai pas envie de briser leur couple.
" Que dois-je faire ? Ecouter mon coeur ou ma raison ?" . Dilemme, Dilemme !
Je sors de la douche, choisis des vêtements au hasard puis vais m'asseoir devant la télé pour me distraire un peu. Mes pensées s'envolent vers ma fille. L'année scolaire est finie. En vacances, elle est. Actuellement, elle passe la semaine chez Charles. Je ne m'y attendais pas, mais Charles prend vraiment son rôle de papa à coeur. Je ne l'ai pas vu à l'oeuvre, mais les récits de Sibelle quant à son séjour chez lui vont toujours en sa faveur. Il est aux petits soins avec elle et surtout ne manque jamais de lui témoigner toute son affection. Larissa et la maman de Charles sont également très gentilles avec Sibelle. Pourvu que cela continue ainsi, car si Sibelle a bien besoin de quelque chose, c'est de l'amour de tous les gens qu'elle cotoie.
Par contre, je n'ai pas encore réussi à pardonner Charles. J'espère pouvoir y arriver un jour car on dit que le pardon libère.
Mon mobile sonne. C'est madame N'KOUE. Elle tient encore à s'excuser pour le désagrément de tout à l'heure. Je la rassure. Je vais bien.
Deux semaines plus tard.
Je m'apprête à entrer dans le bureau de David. J'ai attendu l'heure de pause pour venir le voir à la Clinique. J'ai beaucoup hésité à m'amener. Après l'incident passé, j'avais décidé de laisser Cynthia et lui tranquilles. Mais mon cœur ne se résigne pas à perdre David.
- Alors Mélanie, que me vaut l'honneur de ta visite ? me lance-t-il dès qu'il me voit.
Debout, il est.
- Bonjour David, dis-je pour me détendre un peu car je suis stressée.
Il hoche juste la tête.
- Eh bien, je …
Je perds mes mots.
- Je t'écoute. Tu as perdu ta langue ?
Je secoue la tête.
- La dernière fois chez tes parents, je devais te dire quelque chose d'important nous concernant.
- Et tu es sûre que cela est encore d'actualité, après deux semaines ?
Je hoche la tête.
- Alors, parle, fait-il en haussant les épaules et me fixant.
Je me sens toute honteuse. J'ai bien envie de m'enfuir de là. Mais je prends mon courage à deux mains et je lui dis d'un trait :
- Je suis amoureuse de toi, David !
- Pardon !
Je me rapproche un peu plus de lui. Je reprends ma déclaration en accentuant mes mots.
- Je suis amoureuse de toi, David !
- Et alors, qu'est-ce que cela peut bien me faire ? Je te rappelle que je suis en couple avec Cynthia. C'est une femme formidable qui partage ma vie, qui me rend heureux et je ne veux point l'échanger pour qui que ce soit !
J'ai l'impression d'être poignardée en plein coeur.
- Alors, tu ne m'aimes plus ?
- Crois-tu, Mélanie, que toute ma vie tourne autour de toi ?
- Je pensais que …, dis-je en coulant des larmes.
- Tu perds ton temps si tu penses pouvoir m'émouvoir avec tes mots et tes pleurs. J'ai changé, Mélanie.
- David, je …
- Va-t'en Mélanie. J'aime Cynthia. Je n'aime qu'elle !
Complètement déçue, je m'empresse de sortir de son bureau. Je marche rapidement pour sortir de là. Dans ma voiture, je vais me réfugier, pose la tête sur le volant et fonds en larmes.
David N'KOUE
Je suis profondément troublé. J'ai dû faire un effort surhumain pour ne pas embrasser Mélanie, la serrer fort contre moi et lui dire combien je l'aime encore. Mais malgré ses yeux sincères et pleins de larmes, je doute de son amour pour moi. Mélanie reste attachée à son passé, à son amour pour Charles.
Je sors d'une relation qui m'a blessé. Je ne veux pas être à nouveau blessé, surtout par une femme comme Mélanie qui est perdue entre son passé et son présent, qui n'a jamais vraiment cru en l'amour, qui déteste les hommes, qui est toujours indécise et pas stable. Je ne veux pas d'une relation pareille. Mieux vaut être seul que mal accompagné. En tout cas pour l'heure, j'aime ma solitude. Il n'y a plus aucune femme dans ma vie, même pas une amourette d'un soir. Rien. Cela me permet de mieux me concentrer sur mon boulot et mes aspirations professionnelles.
La sonnerie de mon téléphone retentit. Je consulte l'écran. C'est Cynthia. Je laisse sonner. Celle-là passe son temps à venir ici, à la maison, à m'appeler, à m'écrire, à me harceler presque pour que je revienne vers elle. Pourtant je n'en ai aucune envie, même si je sais qu'elle souffre. Même sa sœur a tenté de me convaincre de lui pardonner, mais j'ai refusé. Plus jamais, je ne pourrai me sentir à l'aise avec elle. De par ses agissements, j'ai perdu le peu d'amour, de respect et d'estime que j'avais pour elle. Cynthia et moi, c'est bel et bien fini.
Quant à Mélanie, c'est une histoire d'amour qui n'existera jamais.
Devant ma fenêtre qui me donne accès à la rue, je me mets. Je m'emploie à observer ce qui s'y passe dehors pour libérer mon esprit.
Des jours plus tard.
Margareth IDOSSOU
A fond dans mon boulot, je me suis mise depuis ce jour où David m'a fait comprendre que je ne compte plus pour lui, qu'il ne m'aime plus. Ma seule consolation reste ma fille Sibelle et mon boulot.
Toute la semaine passée, j'étais avec Sibelle. Nous avons trouvé du temps pour faire du shopping, aller à la plage, parcourir des livres de droit, bouffer des sucreries…
Tout à l'heure aussi, j'étais avec elle. Dans le restaurant de Judith. Elle passe cette semaine-ci avec Arnaud et Judith. J'en ai profité pour goûter une fois encore aux spécialités africaines que concocte Judith.
Le téléphone dans mon bureau sonne. Je décroche. Une visite inopinée. Ariane N'KOUE, la petite sœur de David.
Je la vois débarquer dans mon bureau, habillée avec extravagance, comme à son habitude. Une robe rouge vif, comme son rouge à lèvres, courte avec une longue traîne.
Elle vient me faire la bise, puis va s'asseoir dans le canapé en croisant ses jambes. Elle balaie la pièce du regard.
Je me lève et la rejoins.
- Je ne m'attendais pas à te voir ici !
- Disons que je passais dans le coin et j'ai voulu te saluer. Ton bureau est assez classe, mais tu aurais pu le rendre plus luxueux.
Je souris.
- Tu veux que je te serve quelque chose ?
- Oui, un cocktail "mojito".
- Pardon ? demande-je toute étonnée.
- Oups, j'oubliais que je suis dans un cabinet d'avocat et non dans un bar. Finalement, ne te dérange pas pour moi.
Je secoue la tête. C'est bien Ariane ça, toujours tête en l'air. Près d'elle, je vais m'asseoir.
- Comment vas-tu ? lui demande-je.
- Très bien, Mélanie. Et toi ?
- Je vais bien.
- Vraiment ! s'exclame-t-elle en gardant ses yeux fixés sur moi.
Je hoche la tête.
- Je doute que tu ailles bien, d'autant plus que David et toi passez votre temps à "jouer au chat et à la souris". Pourtant, vous vous aimez !
- C'est compliqué, Ariane !
- C'est vous même qui compliquez tout en prenant chacun vos distances, en pariant sur qui fera ou ne fera pas le premier pas vers l'autre !
Ariane a toujours eu une langue acerbe, encore plus que la mienne. En plus, en tant que benjamine, elle se croit toujours tout permis. Mais comme me le disait souvent David : "Elle aboie mais ne mord pas." En tout cas, ses propos même si durs sont vrais.
- Tu as peut-être raison, Ariane. Mais je t'assure que j'ai fait le premier pas vers ton frère. Il y a quelques jours, je me suis rendu à la Clinique pour lui avouer mes sentiments. Il m'a clairement fait savoir qu'il ne m'aime plus, qu'il aime Cynthia et qu'il est très heureux avec elle. Je n'ai donc plus insisté depuis lors.
- Il t'a vraiment dit cela ?
- Oui, sans sourciller.
- Et tu y as cru ?
- Je n'avais pas d'autre choix, voyons !
- Ça, c'est vraiment mon frère. Idiot comme tout et lâche parfois !
- Tu ne devrais pas traiter ainsi ton frère.
- Je sais, mais là il mérite ces mots durs et plus. Parce qu'il t'a menti.
- Pardon !
- Comment as-tu pu croire que David allait continuer sa relation avec Cynthia, après son manque de respect envers nos parents et sa jalousie excessive ?
- Mais il m'a …
- Bon sang, Mélanie ! Tu connais David depuis des années. Et tu sais qu'il est un homme de principe.
- Alors, il est libre !
- Oui, c'est ce que je m'évertue à te faire comprendre depuis, Mélanie. Il est libre et tout à toi. Tu devrais courir vers lui, dès maintenant avant qu'une autre ne s'amène.
- Je ne sais pas. Il a décidé d'être seul alors je …
- Alors rien, conclut-elle. Tu te lèves d'ici et tu vas le voir, même s'il se trouve au pôle nord. Vous avez perdu assez de temps comme ça !
Je souris de joie et d'espoir. Là, je suis décidée.
- Tu as raison ! dis-je en prenant mon sac. Je vais chercher mon amour. Merci beaucoup Ariane. Tu es un "ange"! dis-je en l'embrassant.
De mon bureau, nous sortons.