Chapitre 36
Write by Max Axel Bounda
Jessica et Lema avait été enlevés par des
personnes qui connaissaient l’existence des vidéos que nous avions tenté de
cacher jusqu’ici. Mais je n’avais aucune idée de qui cela pouvait bien être. Ce
qui compliquait bien des choses, car notre secret semblait désormais de
polichinelle.
J’étais au milieu des dizaines d’étudiants avec
un sac de femmes entre les mains comme un mouton qui s’en allait à l’abattoir.
Un van gris métallisé se gara devant le portail
de l’université. Des minutes après, mon téléphone se mit à sonner. Un numéro
masqué s’afficha à l’écran de mon téléphone.
C’est eux.
Un homme taillé comme une armoire à glace en
descendit. Mon cœur battait très vite. Face à lui je ne faisais pas le poids.
Il m’écraserait comme une mouche si je tentais quoi que ce soit. Je n’avais pas
d’autres choix que de monter et voir ce qui allait se passer. De toute façon,
j’avais fait tout ce qu’ils m’avaient demandé. Je m’en voudrais à mort s’il
arrivait quelque de fâcheux à Jessica. Si elle était blessée voire tuée à cause
de moi. Car tout ceci ne serait peut-être jamais arrivé si je n’étais allé
rencontrer monsieur Yitu pour lui faire part de cette affaire. Depuis ce
jour-là, il se passait des choses étranges dans nos vies.
Je montai dans le véhicule de mes bourreaux. Je
constatai que nous n’étions que trois. Le gorille, le chauffeur et moi. Je
voulais bien dire quelques mots, mais impossible d’aligner une syllabe. J’avais
comme une boule immense dans le ventre. Mon cœur battait si vite que je ne
savais vraiment pas comment j’avais pu tenir jusqu’ici.
Des larmes coulèrent machinalement de mes yeux.
C’était rare de me voir pleurer mais peut-être était-il temps que je rattrape.
En pensant à la vie que Jessica et moi avions planifiée, il m’était impossible
d’entrevoir la vie sans elle.
Toutefois, je décidai de garder mon calme. La
tristesse m’envahissait mais je ne devais pas le montrer. Je devais rester
fort ! Cela faisait plusieurs
minutes que nous roulions vers je ne sais quelle destination. Je me disais à
cet instant précis qu’il fallait peut-être que je fasse mes prières. Il était
peut-être temps que je renoue avec le Bon Dieu. S’il pouvait me venir en aide,
ce ne serait pas mauvais.
Si je dois
mourir pour avoir voulu aider une innocente, alors que cela arrive !
À peine fermai-je les yeux pour commencer un Notre Père, que la voix d’un des hommes
assis à l’arrière avec moi, me sortit de mes rêveries.
— Où sont les vidéos ?
— Ici, dis-je en lui lançant le sac bleu. Et en
sortant la clef USB que j’avais dans la poche de mon jean. Je la lui tendis. Ce
sont les originaux. C’est la clef de Rhianne.
— J’espère qu’il n’y a pas d’autres copies.
L’homme
aux allures de garde du corps me la prit des mains, l’inspecta et la jeta dans
une des poches intérieure de sa veste.
— Non. Croyez-moi, je n’en ai pas fait. C’est la
seule clef qui existe. L’homme me regarda et acquiesça. Où sont les
filles ? J’espère qu’elles vont bien. On a un marché.
— Elles vont bien. Tu vas bientôt les rejoindre.
Je priai au fond de moi que ce soit vrai. Mais
comment le savoir ? L’homme qui était avec moi, n’avait pas l’air méchant,
ni l’air de m’en vouloir non plus. En fait, il avait l’air indifférent à la
situation. Il devait juste faire son travail. Je ne croyais pas que cet homme
fut impliqué dans cette histoire et je ne me souvenais pas qu’il figurât dans
une des vidéos.
Le véhicule poursuivait son chemin, sur un
passage que je ne parvenais pas à voir car ce van n’avait pas de vitres
arrières. Je n’avais aucune idée de là où j’allais. La route continua encore
une demi-heure. Et le véhicule s’immobilisa. J’entendis un portail se refermer.
La portière s’ouvrit, et je me retrouvai dans
une demeure immense, à la barrière aussi haute que la tour de Babel. Impossible
de savoir dans quel endroit nous étions. C’était inquiétant. Et le ciel
commençait à s’assombrir. Quelle heure faisait-il déjà ?
Le chauffeur descendit sans me prêter attention.
Le second me demanda de le suivre. Nous entrâmes dans l’immense demeure. Elle
ressemblait plus à un hôtel qu’à une maison. Le bâtiment était très bien
décoré. Nous traversâmes plusieurs couloirs. Je suivais mes hôtes sans
broncher. Comme un mouton que l’on mène à l’abattoir.
Puis nous arrivâmes au bout du couloir. Le
chauffeur ouvrit la porte et j’aperçu ce qui devait être une terrasse arrière.
Elle donnait sur un jardin avec une piscine pleine d’une eau plus très propre.
Complètement sortie, j’aperçus Jessica et Lema
assise à une table. Le spectacle me sembla encore plus étrange. Elles n’avaient
visiblement rien.
Qu’est-ce
qu’était cette mascarade ?
Jessica se leva à mon arrivée, et se jeta dans
mon bras. Les deux hommes nous regardèrent en souriant. Je ne comprenais
vraiment pas leur attitude. Mais peut m’importait. Je ne savais pas ce qui
allait nous arriver, mais si jamais il devait nous arriver quelque chose,
j’aimerais dire une dernière fois à Jessica combien je l’aimais. Et à quel
point j’étais désolée de l’avoir entraîné dans tout ça.
— Je suis désolé mon amour. Je suis vraiment
désolé. Je n’aurais pas dû te mêler à ça.
— Ce n’est pas toi, c’est Rhianne qui nous a
choisis.
Je jetai un coup d’œil furtif à Lema qui par
contre avait été violentée. Elle avait quelques bleus sur le corps. Mais
pourquoi Jessica n’avait rien ?
— Qui sont ces gens ? Que
veulent-ils ?
— Nous n’en savons rien. Elle-même ne sait pas.
Ils ont dit qu’ils veulent les vidéos.
— Ils les ont. Je suis désolé. Je leur ai donné
toute la clef de Rhianne.
— Tu as bien fait bébé. J’en ai déjà fait les
copies que j’ai cachées au bureau, murmura-t-elle.
Nous nous dirigeâmes vers la table, où je pris
fortement Lema dans mes bras.
— Vous avez ce que vous voulez, maintenant
peut-on partir ?
— Bientôt, on vérifie juste quelque chose. Et
quelqu’un veut vous parler. Il ne va plus tarder.
Nous regardâmes tous les trois. Qui était cette
personne ? Ce mystérieux personnage qui voulait nous parler ? Sans
doute un prof de l’UPG même si j’avais quelques doutes.
Il nous fallut encore attendre une trentaine de
minutes avant que notre hôte ne se présente. Nous nous étions assis en
silence. Nos deux gardiens échangeaient des banalités sur leur vie, sans
nous prêter attention. C’est quand le téléphone de l’un sonna, que nous
comprimes que leur patron était là. Quelques minutes plus tard, la porte menant
à la terrasse s’ouvrit.
Nous vîmes entrer un jeune homme à peine plus
âgé que nous. Il devait avoir entre trente et trente-cinq ans. Sans plus de
charisme, il arborait un costume bleu ciel dont il ôta la veste et la tendit à
un des gorilles.
— Henry ?! Mais c’est quoi ça ? Pourquoi
nous as-tu fait enlever ? lança Lema à notre hôte.
Jessica et moi comprimes qu’ils se
connaissaient.
— Toi, la ferme ! Ta copine et toi auriez
dû réfléchir avant de nous filmer.
— Qu’est-ce que tu racontes ? On ne vous a
pas filmé. Regarde les vidéos. Elles ne vous concernent pas.
— Et je vais te croire ? dit-il. Que
comptais-tu faire avec ? Nous faire chanter ? Nous extorquer plus
d’argent ?
— Mais je te dis qu’on n’en avait pas après
vous ! Ce sont nos profs que l’on voulait piéger.
— Ouais, c’est ça !
— Dans ce cas, regarde les vidéos ! Nous ne
sommes pas folles pour faire une chose pareille. Faire des sextapes avec des
conseillers du président. Franchement, on se connait Henry. Tout ce qu’on
voulait c’était nous libérer de l’UPG.
— C’est ce qu’on verra alors, dit-il.
— C’est pour cela que vous avez tué
Rhianne ? J’espère que tu arrives à dormir la nuit. Tu disais que tu
l’aimais.
— Moi ? Jamais ! Je n’ai rien à avoir
là-dedans ! J’étais incapable de porter la main sur elle oui. Je l’aimais.
Mais elle, c’est toi qu’elle aimait !
— Alors qu’est-ce qu’on fout ici ? Qui t’a
envoyé ? Pourquoi veux-tu nos vidéos ?
— Il n’y a si longtemps que j’ai été informé de
votre petit complot. Je ne sais pas ce qui vous a piqué. Il fallait que je
protège les miens. Il se tourna vers Jessica et moi. Voici l’avocate qui se
prend pour Olivia Pope, dit-il en riant. Il s’approcha de nous et retira un
pistolet qui était dans son dos. Il la pointa vers nous. Jessica poussa un cru
si fort que l’homme éclata de rire. Puis, il se rapprocha encore plus.
— Henry, tu as été mal informé. La personne qui
te l’a dit t’a menti. Et si tu les tues tu risques de le regretter.
Jessica et moi tremblions comme des feuilles
mortes sous la brise. A cet instant précis, sans savoir pourquoi, je me
remémorai ce western lors de mon enfance. « Prions quand vient la mort.
Car si on la commence avant de mourir, il y’a de fortes chances qu’on la
finisse devant Dieu lui-même. » avait dit le héros.
Jessica me prit la main qu’elle serra fortement
en se réfugiant derrière moi. « Je t’aime » murmura-t-elle.
Henry était déjà devant nous, et planta son
pistolet contre ma tête. Mon cœur se mit à battre si fort que j’en eus le
tournis.
Seigneur, si tu
décidé que ton fils partent maintenant,
Qu’il soit fait
selon ta parole.
Et permets-moi
d’entrer dans ton Royaume,
Tu es mon
seigneur et Sauveur.
Car même quand
je marche dans la vallée de l’ombre de la mort,
Je ne crains
aucun car tu es avec moi ».
En terminant ce psaume, j’entendais les sanglots
de ma petite amie et les supplications de Lema. « Laisse le tranquille, il
t’a remis les vidéos. Ne fais pas ça ! »
— Tu sais Thierry, finit par dire Henry. Il
n’est pas très intelligent de jouer aux plus malins avec des gens comme moi.
Parce que je peux être très dangereux. L’homme se retourna vers Lema. Ferma
la ! dit-il. Tu nous as remis toutes les vidéos ?
— Oui, toutes. Vous pouvez vérifier.
— Espèce d’idiots ! dit-il en m’assona un
coup de crosse sur la tête. Je m’écroulai alors comme une pierre sur le sol.
J’avais horriblement mal au crane. Jessica s’épancha pour m’aider. Elle
pleurait. Je sentis un liquide chaud couler sur mon visage. C’était du sang.
N’essaie plus jamais de le refaire, ajouta Henry en me donnant un coup de pied
dans le bide, pendant que je gisais déjà au sol.
« Arrêtez ! Arrêtez ! » Cria
Jess en pleurant Jessica qui tenta de stopper mon hémorragie. Lema qui avait
accouru, enleva la chemise qu’elle avait et en fit une boule qu’elle pressa sur
ma blessure. Ma tête tournait quand la porte s’ouvrit à nouveau. Le gorille à
qui j’avais remis la clef entra, et s’adressa à Henry.
— Vous n’y êtes pas monsieur. Ils disent la
vérité. On ne sait même pas qui sont ces messieurs.
Henry recula quand deux jambes de femmes
faisaient leur entrée dans le jardin. J’essayai de lever les yeux dans un
dernier effort mais tout semblait tournoyer autour de moi.
La lumière se dissipa, tout s’évapora puis plus
rien. C’était les ténèbres.