Dans la tête de Ross

Cela fait cinq jours que je suis sorti du coma et en fin de matinée, je peux sortir de cet endroit. J’en ai marre de rester enfermé dans cette chambre. Officiellement c’était pour me faire des examens supplémentaires car j’ai tout de même été pendant longtemps inconscient et surtout j’ai été blessé par balle ainsi qu’à la tête. Officieusement, je soupçonne ma mère d’être derrière cela. Elle me gave de petits plats ou surtout d’un plat que je déteste depuis que je suis petit. Ma grand-mère paternelle était d’origine « gabonaise » et avait appris à ma mère les plats locaux. Mon père raffolait du « Nkumu » apparemment mais moi je n’aime pas ça. Mais quand je vois ma mère qui me dit à chaque fois qu’elle me l’a préparé avec amour, je ne peux que faire semblant d’apprécier ce plat. Je souffre avec elle sérieux. Pourtant, j’ai demandé à mes sœurs de la convaincre de faire autre chose à manger, elles la laisse faire et ensuite se foutent de ma gueule quand je réalise que je me suis fait avoir.

J’ai déjà préparé mon sac et là je vais sous la douche. J’ai un peu de mal à cause de ma blessure à l’abdomen. Je sors de la sale de bains quelques instants plus tard tout en ayant mon pantalon sur moi. Je reste torse nu car je dois attendre qu’une infirmière vienne dans ma chambre pour me changer mon pansement. Ma blessure n’est pas belle à voir mais mon médecin m’a rassuré que cela se cicatriserait en tout cas. Vu que je dois apporter un soin particulier à cela, maman préfère que je retourne à l’hôpital tous les jours afin que je puisse changer mon pansement. J’ai décidé de passer quelques jours avec ma famille à Abidjan avant de remonter sur Paris et cela pour le grand plaisir de mes sœurs et de ma mère.

J’ai été très touché par Eric. Il est vraiment une personne formidable. On s’est connu le jour de l’accident et il a été à mes côtés tout au long de mon séjour à l’hôpital. Maman m’a raconté comment il venait me voir tous les jours en espérant que je me réveille et qu’ils priaient même ensemble. Je suis sorti de mon coma et j’ai été heureux de savoir qu’il a été présent pour ma famille alors qu’l n’était pas obligé de le faire. Il n’était pas obligé non plus de prendre de mes nouvelles mais il l’a fait. Il n’était pas obligé de faire tout ce qu’il a fait pour une personne qu’il a connue il y a quelques heures et qui l’a entraîné involontairement dans le tourbillon de la « diablesse Rêve ». Je suis tellement heureux de savoir qu’il n’a pas été sérieusement atteint lors de l’accident sinon je m’en serai voulu à mort.

Pendant tout ce temps, j’ai été déconnecté du monde extérieur. Officiellement, je n’ai parlé de cette affaire ni à ma mère ni à Deborah. Seule Dia a été mise dans la confidence sur la vérité sur mon accident mais je lui ai fait jurer de ne jamais rien dire jusqu’à ce que je ne le décide de moi-même. Eric m’a assuré que son père avait trouvé des choses dont il préférait me parler quand je sortirai de cet endroit lugubre. Je déteste vraiment les hôpitaux. Alex et Gabriel ont été prévenus de mon accident grâce à l’hôpital où j’ai été hospitalisé. Gabriel m’avait appelé afin que je lui confirme l’heure à laquelle on devait se voir le jour de mon arrivée à Paris qui faisait suite à mon départ précipité du Ghana. Il a essayé de me joindre à de multiples reprises sans réussir à m’avoir et il a commencé à s’inquiéter. Il a appelé l’hôtel où j ‘étais descendu et ce sont eux qui l’ont mis au courant. Le réceptionniste savait tout car la police avait débarqué là-bas comme une enquête avait été lancée. Il a pris ses dispositions pour être ici dans l’immédiat et il a amené Alex car il ne pouvait la laisser seule à Paris vu qu’il était possible qu’elle soit menacée également. Elle était super terrorisée quand elle a su que j’avais eu mon accident et qu’en plus de ça, cela a été provoqué.

Sans vous mentir, j’ai été surpris et très agréablement de trouver Maira à mes côtés à mon réveil. Je pensais qu’elle n’en avait rien à faire de ma personne. Je pensais qu’elle se foutait royalement de tout ce qui pourrait m’arriver. Je pensais qu’elle avait perdu toute estime pour moi. J’avais décidé de m’éloigner d’elle. J’avais décidé de guérir d’elle. J’avais décidé de l’oublier. Je m’étais convaincu qu’on n’était certainement pas pour être ensemble. Mais j’ai été déstabilisé par son aveu. Elle a encore des sentiments pour moi ? Elle m’aime ? Elle est toujours amoureuse de moi ? Je crois que pour la première fois depuis quatre ans j’ai été heureux, mais vraiment amoureux. Malheureusement, cet instant a été de très courte durée. Le temps que mon cerveau réalise ce qui venait de se passer, je me souviens juste qu’Alex est entrée dans la chambre pour se jeter dans mes bras. Au même moment, Maira disparaissait de la chambre. Je pensais qu’elle reviendrait et qu’elle voulait me laisser un moment avec Alex mais j’ai mal interprété les choses ou plutôt Maira a mal interprété la scène. Je pensais qu’elle allait au moins me poser la question de savoir qui étaient Alex et Gabriel. Mais non et sans vous mentir, Maira Heidi Rubi KOUASSI m’a extrêmement déçu sur ce coup. Elle a tout de même 25 ans, est âgée et réfléchie et je n’ai pas du tout compris cette réaction puérile. Il faudrait en tout cas qu’on ait une conversation tous les deux.

Je suis sorti de l’hôpital et le père d’Eric a mis un de ses chauffeurs à notre disposition. C’est ainsi qu’il est allé chercher ma mère à l’hôtel où elle est descendue et ils sont venus me récupérer à l’hôpital. Nous sommes retournés à l’hôtel car j’avais besoin de me reposer dans un autre endroit qui soit différent du lieu où j’ai été ces derniers jours d’une part et qu’Alex et Gabriel m’y attendaient d’autre part car ils devaient me faire le point sur ce qui s’est passé exactement à Paris et surtout sur le colis qu’Alex a récupéré.

Je suis assis au restaurant de l’hôtel en compagnie d’Alex. Nous avons préféré descendre ici car ma mère est dans l’appartement et je ne veux pas prendre le risque qu’elle entende quoique ce soit. Nous attendons Gabriel qui a fait un tour à la prison et qui est déjà sur le chemin du retour. Le père d’Eric veut me rencontrer également demain mais Eric m’a bien précisé que c’était avant tout une visite de courtoisie mais aussi pour discuter de ce qui s’est passé il y a quelques jours.

-« Alors comment tu te sens ? »
-« Mieux qu’hier c’est sûr. Je remercie Dieu de m’avoir sorti de ce pétrin. Je suis content d’être auprès de ma famille aujourd’hui ainsi que mes amis »
-« Mmmhh…je suis trop contente que tu sois là. Au fait, en parlant d’amis, c’est Maira qui était avec toi dans ta chambre quand Gabriel et moi sommes rentrés ? »
-« Tu as vu juste »
-« Elle est vraiment belle »
-« MMh je sais »
-« Mais pourquoi elle n’est pas revenue. Je voulais la rencontrer moi »
-« J’espère bien que cela se fera. J’ai bien peur qu’elle ait cru que toi et moi soyons ensemble »
-« Beurkkk…Toi et moi….Never ever »
-« Tu as tout dit….Tu es comme ma jumelle….Tu es mon double mais au féminin »
-« Et toi le grand frère que je n’ai jamais eu la chance d’avoir »

On fut interrompu par l’arrivée de Gabriel qui semblait exténué. On lui laissa le temps de s’asseoir et de commander à boire avant de commencer les choses sérieuses.

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Dans la tête de Gabriel

Je suis avocat et l’un des meilleurs amis de Ross. On passe beaucoup de temps ensemble à Paris et on est proches également. Il est donc tout naturel qu’il m’ait raconté l’épreuve qu’il traversait depuis quatre ans. J’ai eu de la peine pour lui mais il vivait avec ce poids sur le cœur. On avait l’impression qu’il se reprochait de quelque chose alors qu’il est une victime et ne pouvait pas prévoir ce qui allait se produire. Je lui ai dis que s’il voulais vraiment anéantir cette « Rêve » là, il fallait tout savoir sur elle, même ses secrets les plus sales. C’est ainsi que je lui ai recommandé une personne qui pourrait faire cela. Une personne professionnelle qui a apporté ses résultats que je tiens dans ma sacoche.

Il était 2 heures du matin de ce maudit jour quand j’ai su ce qui était arrivé à Ross. Je n’ai pas cherché à comprendre ce qui se passait mais j’ai fait un lien avec le document qu’Alex était censé récupérer chez Ross et me remettre. Pourquoi ce parallèle ? Parce que quelques heures plutôt, l’appartement de Ross a été cambriolé. Le problème est qu’Alex et moi avons constaté que rien avait été volé. Les objets de valeur de Ross, ses bijoux et autres appareils étaient toujours présents donc le vol n’était pas le but. Alex a eu énormément de chance d’avoir manqué de peu ces malfrats car cela aurait pu mal tourner et je suis sûr même que cela aurait mal tourné. Je me suis rendu chez Alex à qui j’avais dit de s’enfermer à double-tour chez elle et je lui ai demandé de me remettre l’enveloppe qu’elle a récupérée. Je l’ai ouverte et j’ai pris connaissance du contenu avant d’en parler à Alex. Je lui ai également appris ce qui était arrivé à Ross et on a chacun pris nos dispositions pour arriver au Ghana.

Mon séjour ici depuis mon arrivée n’est pas du tout de tout repos. J’ai fait des enquêtes ici sur place et aidé de son excellence Mr Romuald NZE, qui est le père d’Eric et surtout ambassadeur dans ce pays. Il bénéficie de nombreux contacts qui m’ont permis d’avancer dans mes recherches. Là, je viens d’arriver à l’hôtel et je dois retrouver Alex et Ross au restaurant. Je m’avance et je vois où ils sont attablés. Je me dirige donc vers eux.

-« J’espère que je ne vous ai pas fait trop attendre ? »
-« Non ça va et toi ? »
-« Ca peut aller »

Je prends place à côté d’eux autour de la table. Je fais appel à un serveur auprès duquel je commande un cocktail soft.

-« Alors Ross ça va mieux ? Comment te sens-tu aujourd’hui ? »
-« Ca va. Surtout heureux d’être sorti de cette chambre d’hôpital »
-« Alors là je peux très bien te comprendre. Et tes blessures ? »
-« Ca va ? »
-« Ok. Là tu as le courrier que tu as reçu chez toi suite à ta demande. Je préfère d’abord que tu regardes toi même les résultats avant de continuer »

Je lui tends les documents qu’il lit. Quelques instants plus tard, il dépose tout sur la table et semble réfléchir un moment avant de reposer son attention sur nous.

-« Mais comment est-ce possible ? »
-« Quand elle avait 16 ans, ses parents l’ont envoyé à l’internat au Ghana et plus précisément à Accra. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé mais les soeurs qui y travaillaient et qui l’avaient sous sa responsabilité ont constaté qu’elle était enceinte de 8 mois. Elle leur a dit que c’était le fruit d’un viol.J’ignore comment ces femmes n’ont pu remonter l’info aux parents de cette femme car elle a mis au monde une petite fille. Elle a accouché sous X. Elle a abandonné sa fille à l’orphelinat avant de retourner quelques semaines plus tard à Abuja. Cette information n’est connue de personne à part de Rêve elle-même, les sœurs de son internat et nous. »
-« C’est effrayant »
-« Elle recherche depuis deux ans déjà sa fille sans véritable succès mais moi j’ai retrouvé sa trace? »
-« Quoi ? »
-« Elle a été adoptée à l’âge de 4 mois et vit aujourd’hui à Libreville. Elle est fiancée et attend un heureux événement »
-« …. »
-« Je reviens de James Fort Prison »
-« Mais que fais-tu là-bas ? »
-« Lors de l’enquête concernant ton accident, la police a investigué et ta chambre d’hôtel a été fouillée. Un a retrouvé un micro dans ta chambre »
-« Quoi ? »
-« Le même micro a été placé derrière ta voiture afin de te pister. C’est comme ça que ceux qui t’ont attaqué ont su où tu te trouvais exactement quand l’attaque a eu lieu »
-« J’ai l’impression de vivre un cauchemar éveillé »
-« Les caméra de surveillance ont montré une jeune femme qui est entrée dans ta chambre alors que tu étais au restaurant de l’hôtel. Elle a été arrêtée et a avoué qu ‘elle a été payé pour 100000 nairas (monnaie nigérianne) pour placer ce micro dans ta chambre et sur ta voiture. »
-« J’ai du mal à y croire »
-« Elle nous a donné le nom de la personne qui l’a payée »
-« … »
-« Une certaine Tatiana MAPASSI(Tatiana MBOUROU) »
-« Tatiana MAPASSI ? »
-« Oui….Tu la connais »
-« C’est la filleule de Rêve »
-« Je ne sais pas dans quoi on se retrouve plongé mais c’est très dangereux »
-« A qui le dis-tu ? On a failli me tuer moi »
-« Tant qu’on ne l’aura pas mise hors d’état de nuire, on est tous en danger »
-« On va tous à Abidjan. Je vais appeler le Chief Ademote immédiatement »