Chapitre 36 : Sauvé in extremis
Write by Sandy BOMAS
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-Victor j’écoute
-Oui Victor c’est moi Jacques, tu ne devineras jamais qui vient de m’appeler
-Je suis curieux de la savoir, vas-y ! Dis-moi tout ! Fis-je amusé.
-Ulrich ANGUILET !
J’ai tiqué.
« Je savais qu’Ulrich n’était pas clair, le salaud ! »
-Que t’a-t-il dit ? Demandai-je curieux.
-Il voulait avoir des informations sur les restrictions et les mesures de surveillance au niveau de la police des frontières.
-Huumm je vois…Tu ne lui a pas parlé de la liste j’espère. Car Ulrich doit enquêter sur ma femme et ce qui me surprend c’est qu’en deux jours il ne m’a toujours rien donné comme information. Je suis sûr qu’il me cache quelque chose.
-Heu…la liste…Non je n’ai rien dis à propos de la liste…
-Ok…Tu recevras ton règlement dans la journée.
-Euh n’oublie pas, je préfère du liquide.
-Oui comme d’habitude…Il y aura suffisamment d’argent pour mouiller tout le monde.
-Bien, j’attends le règlement alors.
-Euh…Encore une chose Jacques
-Oui ?
-Je tiens vraiment à ce que l’inscription d’Hélène sur la liste noire reste discrète. Je ne veux pas de fuite. C’est bien clair ?
-Tu peux compter sur ma discrétion.
-Bien, au revoir Jacques.
-Au revoir Victor.
(…)
***Le lieutenant Jacques AMOUSSOU***
Mince ! Je ne savais pas qu’Ulrich ANGUILET mon vieil ami, avait été embauché par Victor pour surveiller sa propre femme ! Je comprends maintenant son empressement quand il a raccroché.
Mais connaissant Victor, il le fera également surveiller, peut-être même que c’est déjà fait. Et je viens de le mettre dans l’embarras sans le vouloir. Ulrich aurait dû me dire qu’il enquêtait sur Hélène OVONO.
Je me sens vraiment coupable d’avoir parlé de son coup de fil à Victor. Car je sais qu’OVONO cherchera à creuser.
Je vais voir si je peux rattraper le coup au moins en le mettant en contact avec un de mes gars, qui assurent le contrôle sur la route nationale.
Car, si Victor condamne sa femme à rester sur le territoire, ce n’est pas pour rien. Il prépare quelque chose de moche.
Je m’empressai de prendre mon téléphone et me dépêchai de recontacter Ulrich.
« Mince ! Il ne répond pas ! »
Après l’avoir rappelé à plusieurs reprises, il a fini par décrocher.
-Allô Ulrich ?
-Oui Jacques ?
K-Ecoute mon vieux, je te rappelle car, je crois que tu auras besoin d’un coup de pousse pour aider Hélène à sortir du pays.
-Comment ça ? Fit-il surpris. Comment sais-tu que je veux aider Hélène à s’en fuir ?
-Lorsque tu m’as appelé tout à l'heure, j’ai compris que tu voulais l’aider. Et je sais aussi que l’information que je t’ai donnée à propos de la liste noire t’a déstabilisé.
Je marquai une pause. Puis, je repris sur un ton confiant.
-Et je devine qu’à l’heure actuelle tu dois être entrain de chercher une solution de remplacement.
-Ecoute Jacques…
-Laisse-moi finir Ulrich, s’il te plait. Je ne suis plus le flic honnête que j’ai été, il y a quelques années…Je trempe dans pas mal de combines et j’accepte de l’argent en échange de services…Mais je n’oublierai jamais que tu étais le seul à me tendre la main lorsque je me suis retrouvé au fond du gouffre, après le décès de ma femme.
-Je crois que tu aurais fait pareil, pour moi…
-Si tu n’avais pas été là, je crois que je n’aurais jamais pu remonter la pente. C’est pourquoi je vais t’aider en te mettant en contact avec quelqu’un qui pourra t’aider.
-Je ne sais pas quoi dire.
-Un merci me suffit largement.
-Merci alors.
-Je t’en prie…Euh avant de raccrocher. J’ai encore une chose à te dire : sois prudent. Victor sait se montrer sans pitié
-Je sais…Merci encore Jacques.
(…)
***Ulrich ANGUILET***
J’étais dans une voiture autre que la mienne avec une fausse plaque d’immatriculation.
J’attendais Hélène et Yannick. Victor n’a pas arrêté de m’appeler, mais je n’ai pas répondu. Je le rappellerai plus tard.
Hélène est sorti de la concession en face de laquelle j’étais garé. Elle portait des lunettes de soleil et les mêmes vêtements que la veille.
Elle regarda autour d’elle, pour s’assurer que personne ne regardait en notre direction, puis elle s’est engouffré dans la voiture. Elle a retiré ses lunettes de soleil et m’a salué, avant d’attacher sa ceinture de sécurité.
Ses traits étaient tirés. D’énormes cernes, camouflées tant bien que mal par le maquillage, montraient combien sa nuit avait été mouvementée.
-Bonjour Hélène, ?
-La nuit dernière a été très courte. Mais je reste confiante. Tout ça sera bientôt loin derrière moi.
-Je l’espère, car il y a de gros changement…Dis-je la voix calme.
Elle a tiqué. Au moment où elle s’apprêtait à prendre ma parole, Yannick MIKALA, a fait son apparition.
Grand, de teint clair une allure de sportif. Il était vêtu d’un survêtement noir et il portait une casquette.
C’est un bel homme. Je comprends qu’Hélène ait succombé.
Il est monté à l’avant et m’a salué. J’ai répondu à son bonjour. Puis j’ai commencé à leur expliquer ce qui se passait et comment ils allaient procéder.
-Bien, les choses seront un peu plus compliquées que prévues. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
Ils ont soupiré tous les deux.
-Je commence par laquelle ?
-La mauvaise, dirent-ils en cœur.
-Bien…Hélène ne pourra pas prendre l’avion ce soir.
-Quoi ?! Demanda t-elle en panique.
-Tu as une interdiction de quitter le territoire. Victor a le bras long…Et tu le sais.
-Le salaud !
-Quelle est l’autre nouvelle. Demanda Yannick imperturbable.
-Un vieil ami veut bien nous aider à faire sortir Hélène par voix terrestre. Sauf que moi je ne pourrai pas venir avec vous. Je dois rester ici. Pour faire diversion au près de Victor.
-Je vois…Fit Yannick la mâchoire serrée.
-Vous allez l’accompagner jusqu’à Ntoum* (nom de ville) et là notre contact prendra le relais jusqu’au Cameroun où Hélène prendra l’avion pour la France.
-D’accord.
-Je vous souhaite une bonne chance à tous les deux.
-Merci.
-Merci Ulrich. Fais attention à toi aussi.
(…)
*** Victor OVONO ***
Ulrich ANGUILET. Un détective privé que moi-même je paie et qui ose me trahir !
Je sortis mon pistolet de mon tiroir, vérifiai qu’il était bien chargé, le mis dans ma veste et attendis patiemment qu’Ulrich arrive.
J’ai fait venir ponctuellement deux hommes de mains. Deux flics pourris. Des subalternes de Jacques. Deux nouvelles recrues devenues ripoux à peine entrée à la police.
« Le pouvoir de l’argent »
Ulrich ne tarda pas à arriver. Je le trouvais, gauche. Il essayait d’avoir de l’assurance, mais la lueur dans ses yeux confirmait qu’il m’avait bel et bien trahi.
-Bonjour Victor.
-Bonjour Ulrich.
On se serra la main.
-On va dans mon salon privé, on y sera plus à l’aise pour discuter.
Je lui fis signe de ma suivre.
-Je te serre quelque chose à boire
-Non merci…
-Tiens donc, c’est bien la première fois que tu refuse de prendre le verre de l’amitié avec moi.
-Je n’ai pas très soif…
-Et pourtant il fait chaud…dis-je en allumant le climatiseur. Où en es-tu sur l’enquête d’Hélène ?
-J’épluche encore les documents…
-Tu te fous de moi Ulrich ?! Hurlai-je.
-Calme-toi Victor…
-Où est ma femme ?
-Je…
-Je t’écoute….
-Je n’en sais rien…
-C’est le comble ! Un détective privé qui ne sait pas où se trouve la personne qu’il est sensé surveiller !
Je sortis mon arme de ma veste et la pointai vers Ulrich.
-Victor…Nous n’avons pas besoin d’en arriver là…
Je lisais de la peur dans ses yeux.
-Pourtant tu n’as pas hésité à me planter un couteau dans le dos, dis-je en continuant de brandir mon arme contre lui.
Je te le demande encore une fois. Où est ma femme ?
Ulrich s’est mis à rire bruyamment.
-Tu meurs d’envie de savoir où elle est hein ? Et bien elle t’a quitté mon vieux ! Elle s’est tirée. A l’heure qu’il est elle se trouve déjà à plusieurs kilomètres de Libreville !
-Impossible !
-Oh que si !
-Tu crois me faire paniquer. Tu me sous-estimes on dirait j’actionnai la géolocalisation.
Alors d’après cette petite merveille, Hélène serait entrain de se diriger vers le PK5. Sauf qu’à cette heure ci il y a des bouchons dis-je en ricanant. Ce qui signifie que j’ai amplement le temps de la rattraper.
-Tu n’y arriveras pas ! Si j’étais toi, je ne parlerais pas si vite…
-Tu sais Ulrich je t’aimais bien, c’est dommage que je sois obligé de me séparer de toi.
Tu peux encore te racheter et demander à Hélène de rentrer à la maison. Je fermerai les yeux sur les cinquante millions qu' elle a volé.
Je lui tendis mon téléphone.
-Tiens, appelle-la !
-Jamais !
J’eus un rire amer.
-Je sais que tu as toujours été secrètement amoureux de ma femme. Et comme tu n’as pas réussi à l’avoir, ta jalousie t’a poussé à l’aider à s’enfuir avec son amant.
Il éclata de rire.
-Tais -toi !
-Tu sais Victor je suis content d’avoir aidé Hélène. Elle ne méritait pas d’être mariée à un monstre comme toi !
J’ai appuyé sur la gâchette. Une balle dans la tête. Le corps d’Ulrich est tombé dans un sourd sur le sol.
(…)
Quelques heures plus tard
***Yannick MIKALA***
-Pourquoi tu regardes sans arrêt dans le rétroviseur Yannick.
-A ton avis ? Je contemple le paysage ?
-C’est bon ! Tu n’es pas obligé de me parler sur ce ton.
-Obligé ! Le mot est bien choisi, je ne suis surtout pas obligé d’être là, à t’accompagner dans ton évasion, alors que j’ai peut- être perdu la femme de ma vie !
-Ah bon ? Tu me tiens pour responsable ? Je te signale qu’on était deux à faire l’amour ! Et je te rappelle que ce n’est pas moi qui gère secrètement deux relations !
-Ecoute Hélène….
-Arrête-toi et laisse-moi descendre ! Je veux descendre de cette voiture !
Elle s’acharnait sur la portière verrouillée.
-Arrête tes conneries, tu veux ?! Tu ne pourra même pas faire deux kilomètres à pieds alors reste tranquille ! Encore vingt minutes de route et nous allons retrouver le contact de Jacques. Et on pourra se dire adieu.
Quand je regardais à nouveau dans le rétroviseur, je constatait qu’un 4×4 noir aux vitres fumées nous suivait d’assez près.
-Attache solidement ta ceinture Hélène, car ça va secouer.
-Qu’est-ce qui se passe Yann ? Regarde dans le rétroviseur et tu comprendras.
Elle regarda aussitôt.
-Merde ! C’est Victor ! Accélère Yannick !
-Épargne moi tes commentaires et laisse-moi conduire !
Victor se rapprochait dangereusement de nous. J’entendis un sifflement de métal sur le toi de la voiture.
-Il tire sur nous ! Merde !
-Seigneur !
-Ecoute, tu vas descendre de voiture.
-Quoi ?! Non Yann ! Je ne descendrai pas de cette voiture.
-Pourtant il le faudra bien…Hélène si l'un de nous deux doit affronter Victor c’est moi. Prends ton sac. Je vais ralentir et laisser passer Victor devant nous ça te permettra de sortir du véhicule.
-Yann…Dit-elle les yeux plein de larmes…Je n’ai jamais voulu que tout cela arrive…
-Je te crois…Mais l’heure n’est plus aux regrets Hélène…
Je pris une profonde inspiration.
-Je vais ralentir et compter jusqu’à trois. A trois tu sortiras de la voiture.
-Ok…dit-elle du bout des lèvres.
-Euh encore une chose…
-Oui ?
-Donne-moi ton téléphone et prends le mien.
-….
Hélène me regarda. Ébahi. Victor t’a certainement géo localisée.
-Mais…
-Ce n’est plus le moment de discuter Hélène.
Elle me tendit le téléphone.
Je pris sa main dans la mienne. Je ralentis et comme je l’avais prévu Victor a filé droit devant.
-Cours Hélène ! Cours vers ta liberté ! Pense à tes filles et cours. Dès quand tu arriveras à la gendarmerie tu demanderas le Général Matt De Tonga, d’accord ?
-Oui….
-Allez ! Vas-y !
Elle ouvrit la portière prit son sac et avant de descendre de voiture, Hélène m’adressa un regard plein de reconnaissance.
-Merci pour tout Yannick !
-Tu me remercieras lorsque tu seras arrivée en France.
Elle m’enlaça avec force. Puis descendit de voiture, et s’en alla en courant
-Adieu Hélène…
J’ai fait demi tour et je suis parti en direction de Libreville.
Ça faisait environs dix minutes que je roulais, quand j’aperçu la voiture de Victor dans le rétroviseur interne.
-Merde ! Il s’est rendu compte que je l’avais laissé passer.
J’accélerais Mais il roulait de plus en plus vite.
« Merde ! Il m’a rattrapé »
Sa voiture n’arrêtait pas de cogner la mienne à l’arrière.
J’ai décidé de ma garer. J’ai pris mon flingue dans ma boite à gants et je me suis mis à courir à travers bois.
(…)
***Victor OVONO***
-Tu devrais te rendre mec ! Je connais ce bois mieux que toi ! Tu ne t’en sortiras pas vivant. Surtout avec la nuit qui ne va pas tarder à tomber. Personne ne te retrouveras mon gars, je te tuerai et je te laisserai pourrir comme un vulgaire chien errant ! Tu n’aurais jamais dû t’approcher de ma femme !
Je tirai un coup en l’air pour l’effrayer. Il courait de plus en plus vite.
Je l’ai visiblement sous estimé, il semble bien entraîné le salaud !
Je sais quoi faire pour l’avoir.
-C’est bon mec ! Tu as gagné ! J’abandonne ! Je promets de te laisser la vie sauve, si tu me dis où se cache Hélène.
-Jamais !
« Ah ! C’est qu’il y tient à la Hélène ! »
J’ai repéré d’où provenait sa voix. J’ai couru dans la direction sud.
-Tu sais, on peut enterrer la hache de guerre, et tu peux travailler avec moi, et te faire plein de fric, dus je en avançant. Tu peux devenir millionnaire en travaillant pour moi…
-Plutôt crever que bosser pour un rat comme vous !
(…)
***Yannick MIKALA ***
Je me suis mis à courir à nouveau.
« Il est complètement cinglé, le mec, il pense sincèrement que je vais accepter de travailler pour lui ? Il a tapé dans l’os du cochon ! »
Je courais, sans regarder en arrière. J’entendais Victor arriver. Il n’était plus très loin de moi. Il semblait essoufflé.
« Manque d’entraînement. Je suis plus résistant que lui »
-Aie !
Je suis tombé par terre. Une douleur atroce m’a saisie au niveau du pieds droit.
-Merde ! Je me suis pris le pied dans un piège !
Je me suis mis à me trainer d’une jambe.
Victor n’est plus loin je l’entends. Il se rapproche de plus en plus de moi.
-Tu es fait mon cher ! Je t’ai dit que je connais ce lieu mieux que toi !
Ignorant ses attaques. Je continuait d’avancer, tant bien que mal. Quand je l’ai en tendu enclencher son révolver je me suis caché derrière un arbre et je n’ai plus bougé.
Le téléphone d’Hélène s’est mis à sonner.
« Hé merde ! Il ne manquait plus que ça ! »
Victor s’est mis à tirer comme un fou dans ma direction. Une douleur lancinante m’a transpercé la jambe gauche. Je me suis effondré.
-Il m’a touché le salaud !
J’ai sorti mon flingue et j’ai tiré en sa direction en vain.
En moins de dix minutes il était près de moi. Pointant son arme contre ma tempe.
-C’est fini mon cher ! Tu es fait comme un rat !
Je ris nerveusement.
-Je n’aurais jamais pensé que je finirais assassiné comme mon père Daniel MIKALA…dis-je dans une dernière confession.
Je sentis l’arme quitter ma tête.
-Que viens tu de dire ? Tu es le fils de Daniel MIKALA ? L’ancien chef d’un des gangs les plus puissants du Bénin ?! Demanda t-il étonné.
-Oui Daniel MIKALA était mon père…
-Et bien tu peux le remercier, car il vient de te sauver la vie... A cause des liens d’amitiés que j’avais pour Daniel, je ne te tuerai pas…Mais pour avoir baisé ma femme je te laisse te démerder à rejoindre la ville…
-Avec une balle dans une jambe, l’autre prise dans un piège…
- Je t’épargne à grâce à ton père...
Une semaine plus tard
***Joëlle SACRAMENTO***
Le regard fixé sur le prêtre qui verse de l’eau bénite sur le cercueil de papa, je repense à mes dernières conversations avec papa. Il était mon seul allié ici bas. Maintenant, il se trouve dans un cercueil parce que dans ma folie, je l’ai abattu. Une semaine s’était écoulée depuis sa mort et je peux vous assurer que je n’ai pas pu fermer les yeux depuis. Je revis la scène sans cesse…Cela m’épuise psychologiquement et moralement. J’ai dû alerter la police et prétendre qu’un voleur est entré chez moi et qu’il a abattu papa. J’ai caché l’arme du crime. L’inspecteur Fitz m’a tellement cuisinée que j’ai cru devenir folle, mais il n’avait aucune preuve que ce que je racontais était faux. Il m’a donc laissée partir.
-Prions ensemble pour le repos de l’âme de notre illustre disparu s’écria le prêtre.
Les larmes coulèrent de plus belle de mes yeux. J’étais rongée par la culpabilité. J’avais l’impression que papa était devant moi et me regardait sévèrement. Les autres SACRAMENTO sont présents.
-Tu penses que la fin des SACRAMENTO est arrivée ? D’abord Nathan, William et maintenant lui ? On va tous mourir ?
-Je n’ai rien à voir dans leur histoire de drogue là ! Pourquoi devrais-je mourir ?
-Tu n’as pas entendu ce que disait l’autre femme à l’église ? Elle a dit que William viendra nous tirer par les pieds !
-Assez ! criai-je en me retournant vers mes deux tantes qui se trouvaient derrière moi. Vous croyez que vous êtes des anges ? L’argent que vous recevez depuis des années et qui vous permet de tenir votre train de vie provient de la vente de drogue. Alors ne venez pas dire certaines choses ici. Respectez la mort de papa !
-Qu’est-ce que tu racontes ? On ne vend pas de drogue non ?
-Tu es autant coupable que nous tous. Affirmai-je en colère.
Le vent se mit à souffler. Mon regard se posa sur un arbre qui se trouvait juste près de nous. Mon cœur se serra brusquement quand je crus apercevoir William. Puis il disparut. Je sursautai et reprit ma place sur la chaise. Je me mis à prier :
-Seigneur, Jésus, Marie, Joseph…Vous qui êtes les protecteurs, veuillez me protéger. Je ne vous ai jamais rien demandé. C’est la première fois que je le fais…Faites que l’esprit de William sorte de ma vie. J’en ai marre ! Qu’il me persécute dis-je en pleurs. J’ai commis des erreurs et je m’en excuse. Mais je vous en supplie, aidez-moi, venez à mon secours !
J’entendis des cris étouffés et j’ouvris les yeux brusquement. Devant nous, se tenait William. Son regard était juste fixé sur moi. Transie de peur, je me mis à trembler. Je me levai et me mis à crier.
-Un revenant ! Je vois un revenant ! Oh mon Dieu…Seigneur ! Où es-tu ?! William laisse-moi tranquille ! Laisse moi ! Même mort, tu continues de me persécuter. Laisse-moi !
-Je ne suis pas mort Joëlle. Je suis revenu pour toi me répondit l’apparition.
Je me calmais quelques secondes le temps de comprendre ce qu’il voulait me dire à travers ces deux phrases. Quand mon cerveau analysa l’information et la traita, il en déduisit, qu’Alexiane avait annoncé cette nouvelle bien avant qu’elle ne se produise. William est revenu pour se venger.
-Je te demande pardon fis-je en m’agenouillant. Ne m’emmène pas avec toi. J’aime la vie d’ici…Pardon William…
Je n’avais même plus conscience de mes faits et gestes. La peur me guidait. Le regard de cet homme sur moi me perturbait.
-Cesse de me regarder comme ça criai-je. Je t’ai tué ! Oui je le reconnais, je t’ai fait assassiné…J’ai tué papa aussi par accident. Je ne voulais pas. Je t’aimais tellement mais tu ne te préoccupais que de tes deux femmes…je n’avais jamais compter à tes yeux.
Un murmure parcouru l’assemblée.
-Qui t’a demandé de me tuer ? demanda Will.
-Victor OVONO. Il m’a demandé de te tuer pour prendre ta place à la tête de la famille et des affaires. J’ai d’abord fait tué Nathan et ensuite toi…je suis désolée. Tu peux repartir…J’ai avoué mon crime. Vas t’en !
-Je ne suis pas une apparition Joëlle. Je ne suis pas mort.
-Tu mens ! Hurlai-je. Tu mens ! Mon père, dites lui de s’en aller ! Versez l’eau sainte sur lui. Je vous en prie !
-Je ne peux pas ma fille parce que ce jeune homme n’est pas un revenant ! Il est devant nous en chair et en os.
-Quoi ?! Fis-je surprise.
Je me détournai de Will. Mon regard parcourut l’assistance. Tout le monde me fixait avec horreur et dégoût. Je commençai par assimiler l’erreur que je venais de commettre. Sans réfléchir, j’ai ouvert la petite pochette que je tenais dans ma main et j’ai sorti mon arme. Je l’ai braquée sur William. Son visage se modifia. Des cris étouffés se firent entendre. Un vent de panique souffla. Même le prêtre disparut subitement de mon champ de vision.
-Baisse ton arme Joëlle ! Tu pourrais blesser quelqu’un murmura Will.
-Tu n’es qu’un salaud ! Tu n’es même pas mort. Pourquoi ? Tu as mille vies comme un chat ou quoi ? Tu étais supposé être mort !
-Les choses ne se passent pas toujours comme on veut et tu le sais. La vie est faite d’imprévus. Tu sais que je n’ai jamais voulu que tout ceci arrive. Tu as commencé cette vendetta contre les membres de ta propre famille. Et pourquoi ? Pour de l’argent…
-Ce n’est pas seulement pour de l’argent que j’ai fait tout ça Will. Je t’aimais comme une folle mais tu m’as mise de côté. Tu me considérais comme une tâche ou encore une erreur de la nature. Tu m’as emmenée progressivement à te haïr…j’étais là mais tu as choisi d’autres femmes pour faire ta vie.
-Police Mademoiselle ! Vous êtes encerclée…Baissez votre arme lentement et aucun mal ne vous sera fait.
Je ne sursautai même pas. J’avais déjà compris que j’étais fichue. William s’était payé ma tête jusqu’à ce qu’une cérémonie de pacotille ait été réalisée. Alexiane m’a raconté des sornettes et j’ai paniqué. J’ai tué mon propre père et me voilà maintenant ici confessant mes crimes.
-Je n’irai jamais en prison murmurai-je. Jamais ! Ce n’est pas un endroit pour moi. Je ne vais pas payer pour les erreurs de toute la clique.
-Tu as fait ton choix Joëlle. Tu aurais pu me parler d’OVONO et de ses demandes. Mais tu as choisi de tuer mon père. Tu as été cruelle avec moi. Tu penses que mourir brûlé vif était pour moi la meilleure des manières de mourir ?
-Oui ! Criai-je en agitant mon arme. Tu le méritais William. Tu es né avec une petite cuillère en or dans la bouche. Tu n’as jamais rien fait de ta vie mais tout te tombait dans le bec. Et malgré cela, tu n’as même pas su remercier Nathan pour cela. Tu t’es mis en tête de le détester et tu as tourné le dos aux tiens !
-Cela ne justifie pas tes actes fit-il en colère. J’ai une famille ! J’ai des enfants qui ont besoin de moi…As-tu pensé à eux ? Qu’est-ce que tu veux ? L’entreprise familiale ? Tu l’as eue Mais as-tu pu la gérer ?
-Tu as détruit l’affaire de l’intérieur. Je ne sais pas comment tu t’y es pris mais tu as tout détruit. On est endetté jusqu’au cou et plus personne ne fera affaire avec nous. Cela te met également en danger.
-Pas autant que tu crois ! Qui me connaît dans cette entreprise ? Je n’avais jamais été sur le terrain. Je n’ai jamais négocié avec un dealer. Donc je suis clean. Tout ce que j’ai fait a été de déplacer l’argent de mon père sur un autre compte.
-C’est du vol !
-C’est temporaire. Je ne veux pas de cet argent mais je craignais un sale coup de ta part. La police diposera de cet argent comme bon lui semblera. Je n’en ai plus rien à foutre de ce fric. Baisse ton arme, et rends toi à la police.
Je dévisageai Will. Pour la première fois depuis son apparition, je remarquai les éraflures qu’il portait sur son visage et ses mains. Il se tenait sur une jambe et grimaçait par moment…preuve qu’il souffrait. Peut-être qu’il a été blessé dans l’explosion. Mais comment a-t-il réussit à se tirer de cette voiture ? Qui l’a aidé ?
-Mademoiselle SACRAMENTO, baissez votre arme et on pourra négocier une remise de peine mais si jamais vous appuyez sur la gâchette, il n’y aura pas de retour en arrière possible, murmura la voix que je reconnus comme appartenant à l’inspecteur Fitz.
Jamais ! Je n’irais pas en prison. Je ne veux pas pourrir là-bas. Je n’ai plus personne ici bas. Seul mon père serait venu me rendre fréquemment visite. Mais il est mort ! Je l’ai tué. Entre l’amour et la haine, il n’y a vraiment qu’un pas ! Will m’avait emmenée à le détester. J’étais même perdue.
-Tu n’as pas besoin de savoir de quelle manière je me suis tiré de la voiture. Tu as tué ton propre père. Le seul qui t’ai toujours soutenue. Il a été derrière toi malgré tout.
-C’était une erreur ! fis-je en me mettant à pleurer.
-…
« Le moment est venu pour moi de partir…Je n’ai plus ma place dans ce monde ».
-Je sais que je ne quitterai pas cet endroit en vie. Adieu William…
Avant qu’il n’ait compris ce que je m’apprêtais à faire, j’ai retourné l’arme contre moi. J’ai ouvert la bouche et j’y ai glissé le canon. Tout le monde était choqué.
-Attends ! s’écria Will horrifié. Tu ne peux pas faire ça Joëlle. Ne fais pas…
Je n’entendis pas la fin de sa phrase. J’appuyai sur le canon et la défraglation se produisit. Ma dernière pensée fut pour mon père. Je savais que j’allais le retrouver dans l’autre monde.