Chapitre 4 : Questionnements

Wendell reçu la réponse de son cousin comme une lueur d’espoir dans le tunnel où il venait d’être plongé. Qui aurait su ? Peut-être que cette Inaya se trompait juste de Gandonou.

- Pourquoi cette question ?

La voix de Kémi le ramena à la réalité.

- Passe à la maison Kémi, je t’attends. On sera que tous les deux.

Wendell raccrocha aussitôt. Il rangea soigneusement les affaires du petit à l’abri de regards indiscrets et sortit de la chambre. Il rejoignit la salle de séjour en attendant son cousin.

***

Kémi fut bouleversé par l’appel de son cousin. Ce n’était pas dans ses habitudes, encore moins de chercher à avoir des informations sur une femme.

La petite fête à laquelle il se trouvait semblait tout d'un coup devenir fade. Il avait l'impression de ne plus être dans son élément, il se mit à réfléchir pendant plusieurs minutes.

- Mais que peut bien me vouloir Wendell à cette heure-ci ? murmurait-il.

- Mon chou, mais que se passe-t-il ? Tu n'es plus ici avec nous, lui lança Cathy, sa conquête du moment.

La voix de Cathy ramena Kémi à la réalité. Tout d'un coup la musique de la discothèque semblait lui crever les tympans. Il se tourna vers elle et lui dit : 

- Chérie je te rappelle plus tard, je dois y aller. Tiens ceci pour gérer la note.

Aussitôt il se leva.

- Mais..., entama Cathy

Trop tard, Kémi était déjà loin.

Aussi vite qu'il le put, il rejoignit son véhicule. Il essaya de garder la tête froide. Si Wendell l’appelait, c’était sûrement que cela devait être sérieux. Durant tout le trajet, il ne cessa de réfléchir la raison pour laquelle son cousin pouvait bien vouloir le voir. Il était sûr d'une chose, celui-ci n'appelait pas pour des broutilles.

Au bout d'une trentaine de minutes, et après avoir bravé la rude circulation, il arriva devant la maison de son cousin. Sans autre grande forme de procès, l'agent de sécurité le laissa entrer. Kémi sortit son téléphone afin de faire signe à Wendell.

- Oui… je suis là.

Celui-ci s'empressa d'aller lui ouvrir. Dès qu'il ouvrit la porte, Kémi n'attendit pas qu'on l’invite à entrer avant de le faire.

- Qu’y-a-t-il Wendell ? Tu m'as fait peur avec ton appel, questionna-t-il au passage.

- Je suis désolée Kémi, ce n'était pas mon intention. Mais là je pense que j'ai besoin de ton aide.

Kémi esquissa un sourire en coin en entendant cela.

- Non sans blague, le grand Wendell Gandonou a besoin de mon aide ? répondit-il. Pendant que j'y suis, elle est où la reine de ce royaume ?

- Arrête s'il te plaît, tu sais que je n'aime pas que tu traites Julia de la sorte.

- Bon c'est pas bien méchant, juste que je n'ai pas l'habitude de te voir sans elle. Elle a tendance de vouloir tout gérer avec toi, alors du coup je suis intrigué de savoir où est-elle.

- Julia s'est déjà endormie.

- Sans toi ? Eh ben ça alors, ne serait-ce pas que vous vous êtes disputés ?

Sans rien répondre, Wendell l'attira vers la salle de séjour.

- Viens avec moi, lui lança-t-il.

Sans poser de question Kémi lui emboîta le pas. Wendell s'installa confortablement dans l'un des fauteuils et invita son cousin à faire de même. Lorsque Kémi prit place, Wendell lui tendit automatiquement la photo. Pris au dépourvu, Kémi se saisit toutefois de l'image qu'on lui tendit. Il la scruta un moment puis il dirigea son regard vers son cousin.

- Qu’est-ce que c’est ?

Mais avant que Wendell ne puisse placer un seul mot, Kémi reprit :

- Hé mais attends, c'est toi sur la photo, s’étonna-t-il.

- Non ce n'est pas moi, c'est William, mais dis-moi plutôt connais-tu cette jeune femme sur la photo ?

Kémi observa encore attentivement.

- C’est elle la Inaya dont tu me parlais ?

Wendell acquiesça de la tête. Kémi observa encore la photo, puis redirigea son regard vers son cousin.

- J’ai l'impression de manquer un épisode la, je ne comprends rien à tout ça. Je crois que tu devrais m'expliquer. 

- Réponds-moi Kémi, connais-tu cette fille ?

Kémi détourna la tête un moment, puis reprit :

- D’abord tu m’appelles, tu me demandes si je connais une certaine personne, puis tu me montres une photo avec un enfant qui est ton portrait tout craché...

Wendell prit une profonde inspiration, sortit la lettre de sa poche et la tendit à son cousin. Celui-ci, l’air toujours ahuri, s’en saisit et s’appliqua à la lire. Après l’avoir lu, il se tourna, le regard encore plus hagard vers Wendell.

- Non mais couz, c'est une blague là ?

Ce dernier le regarda sans répondre, il se mit juste debout et lui dit de nouveau :

- Suis-moi.

Kémi s'exécuta. Au bout de quelques enjambées seulement, ils se retrouvèrent tous les deux dans la chambre de l'enfant. 

- Je te présente William, le fils d’Inaya, introduisit-il calmement.

Kémi était sans voix devant le spectacle. 

- Non c'est vraiment sérieux ?

- J'ai l'impression de cauchemarder. Tout ça s'est passé dans la journée d'aujourd'hui.

À la grande surprise de Wendell, Kémi éclata de rire. Son cousin n’en revenait pas de son attitude.

- Sans blague, tu as osé faire ça à ta déesse ? Oh la la la la la, tu as réussi à lui faire un enfant dans le dos ?

- Mais arrêtez bon sang ! Je répète que je ne connais pas cette INAYA ni d'Adam ni d'Ève, lachâ-t-il exaspéré en sortant de la chambre.

Kémi le suivit toujours aussi souriant et taquin.

- Tu n’as pas besoin de faire semblant avec moi Wendell, tu peux tout me dire, rassura-t-il. Tu ne peux quand même pas faire un enfant avec une femme que tu ne connais pas ? 

- Je te dis que je ne la connais pas.

- Tu ne penses tout de même pas me faire avaler ça ?

- Justement Kémi, je ne sais quelle explication trouvée à cette histoire. J’ai pensé que c'était l'une de tes conquêtes qui s'était trompée de nom et d'adresse, et m'a amené ton fils par erreur…

- Ah ben, merci quand même pour l’image que t’a de moi, interrompit Kémi un peu touché cette fois.

Mais Wendell ne fit pas attention à son état d’âme et continua de s’exprimer. Pendant qu'il parlait, Kémi retrouva alors tout son sérieux et l’écouta attentivement. Il se rendit compte à cet instant que son cousin était sérieux dans ce qu'il disait. Wendell ne faisait que laisser libre court à ses pensées.

- …Je me suis creuser la tête, rien ! Je ne me rappelle nullement de cette femme. Et je suis persuadé d'une chose, je n'ai jamais trompé Julia, et si cet enfant n'est pas le tien, pourquoi il me ressemble tant ? Quelle peut bien être l'explication de cette histoire ?

- D’abord tu vas te calmer, dit Kémi.

Il se dirigea vers Wendell et l'entraîna par l'épaule. 

- On retourne s'asseoir et réfléchir calmement au dénouement de tout ça.

De retour dans la salle de séjour, Kémi déclara :

- Qu'est-ce que tu penses faire ?

- Je t'avoue que je ne sais pas. Tout le monde me dit que je devrais signaler cela au commissariat le plus proche. Je ne m'imagine pas laisser un petit enfant sans défense dans un commissariat...

- Attends tu as dit tout le monde ? C'est qui tout le monde ? Tu veux dire que ta déesse est déjà informée ?

- Ne la traite pas de la sorte !

- Ok ! Ok ! Mais dis-moi plutôt qui et qui sont déjà informés de l'affaire ?

- Juste Claude, mon pote et Julia.

- J’imagine que Julia doit être dans tous ses états ? Elle qui pensais te mener par le bout du nez, ricana Kémi.

- Elle ne fait rien de tel, on s’aime tous les deux, c’est tout !

- Ok frangin, au temps pour moi, reprit-il en agitant la main.

- Mais en effet, tu as raison, elle est dans tous ses états et je la comprends, je ne supporterais pas moi non plus si quelqu'un apparaissait disant qu'elle lui avait fait un enfant.

- Écoute, moi je te propose, de faire un test de paternité. Là, tout de suite tu seras situé.

- Oui j'y avais pensé aussi.

- Si tu veux je peux t'arranger un rendez-vous avec mon médecin.

- D’accord fais-le pour moi s'il te plaît, mais qu’il soit vraiment discret, je ne veux pas que cette histoire s'ébruite.

- Ne t'inquiète pas il est digne de confiance mon médecin. Je te conseillerais plutôt de ne plus en parler à quelqu’un, même pas à Julia encore moins à ton pote Claude.

- Mais ils sont dignes de confiance.

- Je n'en doute pas Wendell, seulement je te demande juste d'être prudent, d’attendre d'être sûr de ce qui se passe avant d'en parler.

Enfin, pourquoi son cousin s’obstinait il à vouloir mettre de la distance entre son épouse et lui ? Ils s’étaient promos de tout se partager. Mais bon, ce qui l’inquiétait était plus la situation du moment. Il sembla réfléchir un moment puis leva un regard inquiet vers son cousin.

- Et que se passera-t-il s’il s'avérait que cet enfant était le mien ?

- Eh ben, tu prendras tes responsabilités. Mais si tu es persuadé de ne pas connaître cette femme, alors il n'y a aucune chance que tu sois le père de son enfant.

- Tu as raison Kémi, dès demain je m'empresse de faire ce test.

- Dans ce cas je te laisse, je vais prendre congé.

- Merci vraiment d'être passé.

Kémi se leva et prit le chemin de la sortie, Wendell le raccompagna à la porte. Mais avant de la lui ouvrit, il lui demanda d'un air suspicieux :

- Tu es sûr que cette fille n'est pas l'une de tes conquêtes ?

Kémi sourit en coin un moment avant de répondre.

- J’oublie rarement les belles créatures de son genre couzo …

Wendell soupira.

- … et je ne vais jamais sans protection avec elles. Alors cela m'étonnerait que ce soit le mien. D'ailleurs il te ressemble trop pour être le mien.

Wendell poussa un autre soupir et ouvrit finalement la porte à son cousin.

- Passe une bonne nuit Kémi, on se verra demain.

- Ok, toi aussi.

- Ah, au fait !

Kémi fit un arrêt dans son élan.

- S’il te plaît, j’aimerais pas que maman apprenne l’histoire tout de suite.

- Compte sur ma discrétion couz.

***

Wendell se réveilla en sursaut. Il lui suffit de quelques secondes pour prendre ses repères. Il regarda autour de lui, se rendit compte qu'il était encore dans sa chambre sur son lit, et que Julia n'était pas à côté de lui. Il tourna son regard vers la montre et y lit 8 h 00 mn du matin.

Il voulut se rallonger, mais se rappela automatiquement de son programme de la veille. Aussitôt il bondit du lit et fila sous la douche.

En l'espace de quelques minutes il était déjà prêt. Il se saisit de son téléphone pendant qu'il sortait de la chambre et appela son cousin.

- Bonjour Kémi… Oui, je suis désolé je suis en retard… Je prends le gamin à l'instant et je te rejoins.

Aussitôt Wendell raccrocha. Il était à présent devant la chambre de l'enfant. Il l'ouvrit sans perdre une seconde et se rendit compte que le petit n'y était pas. Surpris il referma aussitôt la porte sur son passage.

Il fonça vers la salle de séjour et commença à ralentir des pas lorsqu'il entendit des voix.

- Mange petit, tout finira par être froid.

Il reconnut aussitôt la voix de son épouse. Elle devait certainement s'adresser au petit garçon, se dit Wendell au fond de lui. Il était déjà réconforté de constater que son épouse faisait un effort pour ne pas être antipathique à l’enfant.

Il s'avança alors avec plein d’assurance. Il fit son plus beau bonjour avec un grand sourire aux lèvres.

- Bonjour, lui répondit sans grand entrain Julia.

- Chérie, je suis content de voir que tu ne tiens pas pour responsable ce petit enfant.

- J’attends toujours Wendell une explication convaincante de la présence de ce petit dans notre maison.

- Merci mon ange, sache que je t'aime et que je ne te ferais pas souffrir. Nous allons de ce pas faire le test de paternité pour écarter tout doute.

Wendell finit à peine sa phrase lorsqu’ils sont surpris par une visite.

- Bonjour les enfants.

Nooon ! Pas elle ! Pas maintenant.

- Mais maman, que fais-tu ici ? s'étonna Wendell.

Sa mère s'avança sans hésitation pour lui faire une bise, pendant qu'elle lui demanda :

- Quoi tu n'es pas content de me voir ?

- Si ! si ! Bien au contraire c'est juste que d'habitude tu ne me fais pas de surprise.

- Voilà aujourd'hui j'ai juste voulu vous faire une surprise ! Laisse-moi embrasser maintenant ta femme.

La mère de Wendell contourna son fils et se dirigea vers Julia. Sans hésitation également elle lui fit la bise en la saluant.

- Comment vas-tu ma très chère ?

- Très bien ... belle-maman. Vous prenez un petit café avec nous ?

Ce fut à cet instant que le regard de la mère de Wendell atterrit sur l'enfant.

 Viviane Akpo épouse Gandonou fut comme électrisée en le voyant. Son fils, juste à quelque pas d’elle, retenait son souffle. Il essaya d'anticiper. Il fallait qu’il l’empêche de broncher.

- S'il te plaît maman tu peux venir avec moi...

Viviane ne bougea pas d'un pouce, et ne détourna non plus pas son regard du petit garçon. 

- Wendell, cet enfant est ton portrait qui est-ce ?

« Oups ! C’est raté ! » se dit Wendell en lui-même.

- Son portrait ? s'étonna Julia.

- Mais oui, répondit Viviane émerveillée. J'ai l'impression de revoir mon fils chéri quand il avait 3 ans.

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À plus pour la série 3 qui est déjà en écriture... 

big loooove.