Chapitre 4

Write by Annabelle Sara


 

Véronique

 

Le repas du dimanche soir était lourd, trop lourd, personne ne parlait. Pas même les enfants ! Je ne comprenais pas pourquoi. Leur père leur avait parlé de sa promotion et subitement ils étaient devenus silencieux.

Je ne comprenais pas pourquoi et j’ai fais l’erreur de demander.

-         Pourquoi vous êtes aussi silencieux ? Elodie, il y a un problème ?

Le regard de ma fille aurait pu me figer sur place. Cette petite tient beaucoup de moi.

-         Si Papa aussi commence à trop travailler comme toi qui va souvent venir nous chercher à l’école ?, a-t-elle demandé avec une lueur sombre dans les yeux.

-         Qui va m’accompagner au Judo ?, ajouta son frère.

Paul leva les yeux sur moi. Il aimait ça je le sentais, me mettre dans le box des accusés face à mes enfants de cette façon.

Mais c’est mal me connaitre.

J’ai souri avant de me tourner vers mon fils.

-         Vous aurez un chauffeur, ai-je répondu tranquillement.

Continuant de manger comme s’il n’y avait pas débat, parce qu’il n’y avait pas de débat.

-         Moi je préfère que Papa vienne nous chercher !, s’exclama Elodie.

-         Moi aussi…

-         Donc Papa doit refuser sa promotion ? Vous pouvez demander à Papa de ne pas prendre sa promotion !

Les yeux de Paul devinrent perçants sur moi, mais je m’en fichais s’il veut me mettre la pression en utilisant les enfants moi je vais juste lui renvoyer l’ascenseur.

-         Vous voulez qu’il refuse sa promotion ? Hein Boris ? Toi qui ne peux pas aller au Judo sans Papa !, ai-je demandé à mon fils avant de me tourner vers ma fille.

Elle baissa instinctivement la tête, parce que j’étais passé en mode Mamanator ! Je déteste  cette façon qu’à mon mari de donner le choix aux enfants comme si nous n’étions pas ceux qui décident dans la maison. Il faisait toujours intervenir les enfants dans nos problèmes comme des arbitres.

-         Non… Je ne veux pas qu’il refuse sa promotion !, murmura mon fils avant de recommencer à manger sa nourriture.

-         Elodie ?

-         Moi non plus !

-         Voilà ! Vous aurez un chauffeur… et si vos emplois du temps coïncident avec le mien, je vous accompagnerais de temps en temps !, ai-je ajouté.

Le sourire qui s’afficha sur les visages de mes enfants me rassura sur le fait que j’avais désamorcé la bombe que mon mari m’avait déposé entre les mains. Une fois le repas terminé et la cuisine rangé je l’ai rejoint dans la chambre.

-         Paul la prochaine fois que tu fais un truc de ce genre je te le jure tu regretteras amèrement ton geste, ai-je dit en le fusillant du regard.

-         Véronique tu me menaces ?, me demanda-t-il en se levant du lit, se tenant debout devant moi.

Il est plus grand que moi, mais il ne me faisait pas peur.

-         Non, je te le promets ! Je n’ai jamais, je dis bien, jamais fais peser ma réussite sur ta tête… J’ai toujours trouvé un moyen de compenser mes absences, pour rattraper mes erreurs je n’ai jamais essayé d’utiliser les enfants pour renverser la situation contre toi…

-         Je n’ai pas utilisé les enfants ! Ils ont juste exprimés ce qu’ils ressentaient…

-         Mon œil ! Tu leur as donné la sucette pour qu’il la renverse sur moi ! C’était calculé et je ne te conseil pas de faire ressortir mon coté calculateur… Mr Nana !

En 14 ans de mariage je n’avais jamais eu besoin de faire ma folle contre Paul, il me connait parce qu’il m’a déjà vu traiter les gens qui se posaient comme des obstacles face à moi. Mais jamais je ne l’ai traité de la sorte, mais j’étais hors de moi et je ne voulais pas qu’il oubli que notre mariage est un partenariat gagnant-gagnant ou rien. Je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds parce que je suis sa femme.

-         Véronique tu vas trop loin !, murmura-t-il calmement.

-         C’est toi qui as voulu monter mes enfants contre moi et tu dis que je vais trop loin ?

-         Je me suis contenté de leur dire que j’avais eu une promotion…

-         Et tu n’as pas été foutu de leur dire que nous allions trouver une solution pour les activités qu’ils ont ! Tu ne m’as même pas soutenu lorsque j’ai parlé de leur prendre un chauffeur !

-         Je ne suis pas d’accord avec cette idée et tu le sais…

-         C’est bien ce que je disais ! Tu as voulu me forcer la main en utilisant mes enfants !, ai-je dit avant de sortir de la chambre et de la maison.

Il se faisait tard et je fulminais de rage. Alors j’ai conduit jusqu’au seul endroit où je savais que je pouvais me calmer. En me voyant arriver sans prévenir Miriam compris que quelque chose n’allait pas.

-         Vévé ? Que t’arrives-t-il ?, me demanda-t-elle en m’invitant à m’asseoir près d’elle dans son fauteuil en cuir où elle se relaxait en regardant Novelas TV un verre de Baileys à la main.

-         Bonsoir Tata, excuses moi d’arriver à l’improviste !

-         Ma belle ! Ce n’est pas grave… Dis moi ce qui t’arrives plutôt si tu es ici c’est que tu as un problème…. Attends ! Clement… Give her a glass please !

Clement son aide à domicile apparu comme part enchantement avec un verre rond dans un plateau, disposa une sous tasse sur la table et me servit une rasade de liqueur.

-         Thanks, Clement, dis-je en prenant le verre pour boire.

-         You’re welcome Ma’am, répondit le jeune homme avant de disparaitre.

Miriam m’observa deux minutes pendant que je vidais mon verre d’un trait avant de me resservir seule cette fois.

-         Hum Vévé… Tu t’es battue avec qui ?

-         Paul !, ai-je répondu.

-         Nooon !, s’écria-t-elle en posant son verre à elle.

-         C’est dans ces moments que je déteste le fait que nos partenaires ne sont pas dans nos pays de résidence !

-         Ma belle, tu sais que tu ne peux pas aller vers ton partenaire quand les choses ne vont pas bien dans ton couple !, me rappela-t-elle.

-         Je sais Miriam, je crois aussi que c’est bien comme ça…

-         Ça évite les complications inutiles ! Tu n’es pas dans le club parce que ton mariage bat de l’aile mais justement parce que tout va bien tu cherches juste un extra…

Elle éclata de rire, et bizarrement moi aussi je me relaxais, l’alcool aidant et la légèreté de la discussion aussi.

-         Alors, Paul ?

-         Il a essayé de donner le sifflet de l’arbitre aux enfants, lui ai-je dit en posant enfin mon verre. J’ai horreur que mon mari fasse ça… Ce n’est pas la première fois !

-         Je sais, tu m’as déjà raconté !, s’exclama-t-elle en riant.

-         Mais cette fois j’ai fais une bêtise en retour… je l’ai menacé…

-         Ouille ! Tsssss… ça ce n’est pas très intelligent ma belle, me dit-elle en fronçant le visage.

-         Je sais ! Je sais Tata… C’était vraiment très idiot de ma part ! Donc au final je suis plus énervée contre moi que contre lui… Puisqu’avec les enfants j’ai réussi à calmer le jeu ! Et puis je m’en suis prise à lui en lui sautant à la gorge !

-         C’est bien que tu le reconnaisses ! On ne peut arranger que ce qu’on sait avoir brisé ! Donc arrange ça !

-         Comment ? Je ne supporte même plus qu’il me touche depuis un moment…

-         Quoi ?

Elle s’était écriée à haute voix avant de se ressaisir. Je n’aurais pas dû lui dire ça.

-         Véronique ! Tu connais les règles !

-         Tata je m’ennuie, me suis-je défendue. Avec lui c’est le riz sans sauce tous les jours !

Elle posa un regard hébété sur moi avant que nous éclations toutes les deux de rire.

-         Vévé, tu es folle ! Si je savais ça je ne t’aurais pas mise en contact avec Oluwa…

-         J’ai dit que je ne supporte pas… je n’ai pas dit qu’il ne me touche pas !

-         C’est pareil ! Si tu n’aimes pas faire l’amour avec ton mari, je ne veux pas que tu baises avec quelqu’un de mon club ! Il ne signe pas pour venir combler les manquements dans ta vie…

Elle avait raison, les règles du club sont établies de façons à ne pas compliquer la vie des membres.

-         Tu as raison !, ai-je admis.

-         Bon mais je te connais je sais que tu vas trouver un moyen de régler la situation avec Paul !

-         Bien-sûr…

Mon téléphone sonna, je reconnus la sonnerie du numéro whatsapp.

-         Je fais comment avec mon partenaire ?

-         C’est lui ?, me demanda Miriam en tendant le doigt sur mon téléphone sur table.

-         Oui…

-         Regarde ce qu’il veut !

J’ai pris mon téléphone, et j’ai ouvert les messages, le sourire s’afficha instantanément sur mon visage.

-         Il dit quoi ? demanda Miriam intriguée.

Je lisais en répondant rapidement.

-         Véro ?

-         Il me demande comment je vais… j’ai dis que je suis un peu stressée… et maintenant, il veut savoir si je suis une femme visuelle ou alors tactile…

-         Hein ?, fit Miriam en riant. Les gens de votre génération me dépassent… Et ? Tu lui as répondu quoi ?

En y réfléchissant bien…

-         Les deux !, répondis-je en tapant sur mon écran. Je suis à la fois tactile et visuelle…

-         Oh… Il dit quoi ?

-         Il envoi une vidéo… Massa…

Mon exclamation attira l’attention de Miriam qui se rapprocha pour voir ce qu’il avait envoyé. Nous avions toutes les deux la bouche ouverte et les yeux écarquillés face à cette vidéo de 20 secondes. Dans laquelle ni acteur ni scénario mais dont on devinait bien l’acteur principale qui semblait vraiment libéré tout ce qu’il avait emmagasiné.

-         Okay, ça c’est que j’appelle, avoir de la suite dans les idées, déclara Miriam.

-         Pour ça… Il dit qu’il n’y a rien de mieux que se donner du plaisir sous le regard de braise d’une femme sexy avec un regard gourmand comme le mien.

-         Waouh ! Lui il sait ce qu’il veut !

Regarder un homme se caresser et jouir dans sa main n’était pas une première pour moi mais ce que ce type provoquait en moi avec ses messages et sa légèreté était incomparable à ce que j’avais déjà vécu.

-         C’est définitivement un beau morceau ma belle, tu crois que tu pourras prendre tout ça ?

J’ai lancé un regard surpris sur Tata Miriam.

-         Tu devrais plutôt te demander si ça va me rassasier…

Les yeux ronds, Tata Miriam éclata de rire.

Nous avons ris et discuter encore un moment toutes les deux avant que je ne décide de rentrer chez moi. En entrant chez moi cette nuit, j’avais réussi à faire passer le ressentiment. Je déteste ce sentiment parce qu’il met mon cerveau en ébullition et je me retrouve en train de perdre de l’énergie pour des choses qui peuvent trouver une solution rapide et simple.

Avant d’aller dans ma chambre j’ai fait le tour des chambres des enfants pour leur souhaiter bonne nuit, une chance pour moi, ils venaient juste de se mettre au lit. Boris me demanda si j’étais fâchée contre lui, je lui ai répondu que non, il était mon bébé, je ne me fâcherais pas contre mon bébé.

En entrant dans notre chambre, Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Paul. Je l’ai trouvé dans le lit, en pleine lecture sur sa tablette. Il portait ses lunettes de lecture, en m’entendant entrer il leva les yeux et m’observa par-dessus ses verres.

Je n’avais pas envie de bousiller mon humeur alors je suis allez dans la salle de bain pour me rafraichir et me préparer pour la nuit. Après m’être déshabillée, je me suis mise sous la douche avant de passer mon gel douche sur ma peau pour enlever les résidus de la longue journée que j’avais eue et apaiser mes sens.

En ouvrant le rideau de bain, qui séparait la douche du reste de la salle de bain, je suis tombée sur lui. Paul était debout adossée contre le lavabo. Il me regardait avec une gravité étrange dans le regard.

J’ai attrapé la serviette accrochée sur le mur et je l’ai enroulé autour de mon corps mouillé et nu.

-         Tu te protège de moi ?, me demanda-t-il.

-         Je sors de la douche, ai-je répliqué.

Mon ton était plus tranchant que ce que j’aurais voulu.

-         Véro… Je n’ai pas apprécié la façon dont tu t’es comporté avec moi tout à l’heure…

J’allais répondre avant de me rappeler que je ne devais pas empirer les choses mais les arranger, alors je me suis calmée et je me suis juste tenue là devant lui, comme un accusé dans un parloir.

-         Tu ne m’a pas juste accusé à tort mais tu m’as menacé… Et ça ce n’est pas un comportement sain que nous devons avoir dans notre couple ! Je ne veux plus que tu te comporte de cette façon avec moi !

Il avait de la fermeté dans la voix, ça je devais le respecter. J’ai baissé la tête un instant et j’ai murmuré un oui.

-         Je ne le ferais plus !

-         Merci ! Et… Je ne ferais plus intervenir les enfants dans une de nos disputes… C’est à nous de trouver des solutions pour leur bien-être…

J’ai souri, il reconnaissait son erreur. C’était suffisant !

-         Je déteste quand on se dispute, me dit-il en attrapant un bout de ma serviette pour m’attirer vers lui.

-         Moi… encore plus !

-         Nous étions censés célébrer cette promotion mais à la place nous nous disputons…

Il se mit à jouer avec ma serviette l’écartant millimètre par millimètre. Une lueur enjouée remplaça la gravité qu’il avait dans la voix deux minutes plus tôt.

-         Même s’il est vrai que je ne veux plus que tu m’agresse comme tu l’as fait tout à l’heure… Je dois avouer que tu es super sexy quand tu t’énerves !

-         Ah oui ?, ai-je demandé en lui souriant.

-         Hun hun…

Il se baissa pour m’embrasser. Le contraste était enivrant, une bouche chaude contre une froide. Deux mains chaudes qui prenaient d’assaut ma peau rafraichie par la douche.

On dit que le meilleur moyen de régler un différent, de sceller une entente dans couple c’est de se retrouver dans l’intimité. Retrouver Paul était plus facile que ce que j’avais imaginé. Sentir son désir pour moi, me donnait une meilleure image de moi et notre relation. Chaque fois je me disais que je ne tiendrais pas, il trouvait le moyen de me rappeler que je ne l’avais pas choisi par hasard.

J’aime mon mari, je suis têtue peut-être mais je ne l’échangerais pour rien au monde.

-         Viens on va dans la chambre…, proposa-t-il.

-         Pourquoi ? Nous avons tout ce dont nous avons besoin ici…

Je l’ai remplacé contre le lavabo, laissant tomber ma serviette et me suis hissée contre celui-ci et j’ai attiré mon homme entre mes jambes, encerclant sa taille.

Il y a un temps pour se battre et surtout un temps pour se réconcilier.

 
Et si demain mourrai...