Chapitre 4 : Le début des intempéries
Write by Verdo
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LE JOURNAL D'AMINA (Roman)
****Chapitre 4 : Début des intempéries****
« La famille isolée a beaucoup plus de peines que de joies ».
Proverbe croate…
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Nous avions marché presque toute la journée, le ventre affamé avec des hématomes partout sur nos corps. Nous n’avions pas d’argent de poche non plus. Mon méchant grand père ne nous avait pas laissé au moins le temps de prendre un peu d’argent sur nous. C’était la galère totale. Nous devrions rejoindre un village voisin. Ma mère y connaissait quelqu’un. Il s’appelait Yano. C’était chez lui que papa avait appris les nouvelles techniques d’irrigation des sols qui lui avait fait faire fortune. Il avait toujours de bonnes relations avec nous. Maman jugea qu’il pourrait bien nous venir en aide si nous lui racontions nos déboires.
La nuit tomba. Nous n’étions pas encore arrivées au village voisin mais nous avions parcouru au moins les trois quart du trajet. Fatiguées et rongées par la faim, nous ne pourrions plus continuer de marcher alors, nous décidâmes de nous reposer. Nous nous assîmes sous un manguier qui se trouvait au bord de la route après que maman y ait étalé un pagne qu’elle sortit de l’un de nos sacs. Le sommeil nous emporta sans que nous ne nous en rendions compte et nous dormîmes profondément. Dans la nuit tardive, je sentis des gouttelettes d’eaux sur mon visage ; ce qui me fit réveiller. Je me rendis compte qu’il pleuvait abondamment et que nous étions totalement trempées mais la fatigue avait fait de telle sorte que nous n’étions pas rendues compte. Je réveillai maman mais il n’y avait aucune solution pour nous que de nous recoucher vu que nous étions déjà trempées. Elle me demanda de me recroqueviller entre ses bras pour éviter le froid d’enfer qui commençait à s'y installer ; ce que je fis jusqu’au petit matin…
****Instant réalité****
De chaudes larmes coulèrent abondamment de mes yeux. Je ne sus pas à quel moment j’éclatai en sanglots devant le journal. Je pleurai pendant une bonne dizaine de minutes pour évacuer en quelque sorte ma tristesse devant ces souffrances terrassantes de ma mère et de ma grand mère. Je n’étais qu’au chapitre quatre mais sincèrement je n’en pouvais plus de continuer la lecture. Je compris pourquoi mami Anne me parlait moins d’elle. Elle ne voulait pas ressusciter ces moments de souffrance. Je me mis un petit moment à leurs places et imaginai ce qu’elles pouvaient ressentir. C’était vraiment cruel de la part de mon arrière grand père de se comporter ainsi envers sa propre petite fille et sa belle fille…
Une chose m’intriguait durant la lecture. C’était relative à mami Anne. Dans le journal, ma mère avait nommée sa mère Marie, pas Anne. Cela me faisait réfléchir et je n’arrivais pas à y trouver une explication adéquate. Finalement, je me rassurai que le journal me donnerait satisfaction. Je décidai donc de me coucher et de reprendre la lecture après. Pour cela, je remis le journal à sa place et vint me coucher. Je cherchai en vain le sommeil pendant des heures à me retourner dans le lit. Je pensais sans cesse à tout ce que j’avais découvert et cela me rongeait de l’intérieur. Pour y mettre un terme, il fallait que je termine la lecture alors, j’allai reprendre le livre et me replongeai à nouveau dans la lecture…
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La pluie s’était arrêtée lorsque nous étions réveillées. J’avais des frissons et tout mon corps tremblait. Maman m’amena un peu plus loin de la route. Elle prit l’un des sacs avec elle et m’ordonna de me déshabiller. Ce que je fis. Elle prit mes vêtements et les pressa et me trouva dans le sac un autre que je mis même si ce n’était pas ma pointure. Elle en fit de même pour elle. Par la suite, nous reprîmes la route jusqu’au domicile de Yano. Il était aussi riche que mon feu père. Il avait aussi une très grande et belle maison qui laissait désirer. Contrairement à mon père, il avait beaucoup de femmes et d’enfants ; au moins une vingtaine. Ces derniers ne fréquentaient pas. Ils se concentraient tous filles comme garçons sur les activités de leur père, ce qui faisait étendre de jour en jour leur dynastie.
Après que nous étions bien accueillies par l’une de ses filles, Yano nous reçut quelques minutes plus tard. Je pouvais facilement lire sur son visage de la désolation et de la pitié à chaque fois qu’il levait les yeux pour nous regarder. Après plusieurs minutes de discussions avec lui, il accepta de nous venir en aide moyennant rien en retour. Mon père était son très bon ami. Disait-il. De ce fait il nous logea dans une grande chambre bien meublée de sa maison et mit tout, tant matériel et numéraire à notre disposition pour que nous nous sentions bien comme chez nous. Nous pourrions y rester tout le temps que nous souhaitions. Avait-il dit.
Une nouvelle vie commençait pour nous petit à petit chez Yano. Même si ce n’était pas ce que nous avions habitude de vivre, nous ne nous plaignions pas. L’essentiel était que nous avions trouvé un toit où dormir. Maman lui avait proposé d’accompagner ses femmes et ses enfants dans ses champs pour les aider d’une part et aussi de se montrer reconnaissante vis à vis de lui mais il avait refusé. A vrai dire, il n’avait pas digéré cela. Pour lui, nous étions ses invitées et non ses employées. Nous n’avions donc pas besoin de travailler pour lui.
Devant le domicile de Yano à quelques mètres, il y avait un espace vide inexploré. Alors ma mère après plusieurs réflexions lui proposa avec beaucoup d’arguments à l’appui qu'il lui permet d’y faire un petit commerce pour tuer le temps puisqu’il avait déjà refusé qu’elle ne fasse rien. Elle réussit à la convaincre et ce dernier, très généreux lui octroya une importante somme pour l’aider à débuter son activité.
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Une chaleur inestimable s’abattait sur le grand marché de Lomé. L’on ne pouvait aussi pas se passer du brouhaha de tout ce monde qui zigzaguait dans tous les sens. Nous nous faufilâmes dans la foulée tout en bien nouant nos pagnes à la taille où nous avions précisément mis l’argent qui servirait à acheter les marchandises. Après plusieurs minutes à se frotti frotter les uns aux autres dans une queue sans fin, nous arrivâmes chez une grossiste qui nous était connue. C’était l’amie de ma mère. Un sourire amical apparut sur ses lèvres rosâtres.
⎯ Eh Marie ! Que ça fait longtemps ! Cria-t-elle. Prenez place.
⎯ Bonjour Charlotte. Ça fait vraiment longtemps.
⎯ Je suis ravie de te revoir mon amie. Mais qui est cette sublime demoiselle qui t’accompagne ? Demanda-t-elle en me regardant de très près attentivement. Ne me dit pas que c’est ta fille Amina qui a grandi comme ça ! S’étonna-t-elle.
⎯ C’est effectivement elle. Ria maman. Le temps passe très vite aujourd’hui.
⎯ Ah ça tu n’as pas menti. Je l’aurais dépassé si je le croisais en chemin. Alors comment ça va ma fille ? Me demanda-t-elle.
⎯ Je vais bien tata. Répondis-je.
⎯ Alors quoi de neuf Marie ? Qu’est-ce qui t’amène par ici ?
⎯ J’ai une affaire à te proposer mon amie…
À suivre...
Écrit par Koffi Olivier HONSOU alias Verdo Lompiol. (Noveliste togolais).
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