chapitre 4: leila

Write by leilaji

LOVE SONG
Tome II
(suite de Xander et Leila + Love Song)

Leila

Episode 4

Lorsque ses yeux rentrent une nouvelle fois en contact avec les miens, je me fais violence pour ne pas me lever et le suivre immédiatement. Comment un homme peut-il avoir un tel pouvoir sur mes sens ? Aujourd’hui encore je me pose des questions. Le souffle coupé par l’intensité de son regard émeraude posé sur moi, je me remets laborieusement à respirer. C’est ça l’effet qu’il a sur moi, ça a toujours été ça l’effet Xander sur Leila. Un peu comme la première fois que je l’ai rencontré et que pendant un bref moment je ne savais même plus comment je m’appelais. Je me mords les lèvres puis détourne le regard pour lui signifier que je n’ai aucunement l’intention de le suivre.  

— Et si tu prenais place Alexander, on ne va plus tarder à tous y aller mais tu as quand même le temps de grignoter quelque chose. Elle va passer commande pour toi et Axel va se déplacer un peu. N’est-ce pas Axel ? demande Adrien en faisant un petit signe de tête à l’ami de Gnare.
— Euh moi je suis bien où je suis, je ne compte pas bouger, réplique immédiatement Axel en se carrant dans sa chaise un petit sourire narquois sur les lèvres.

Ok, je vois le genre d’Axel. Déjà en bavardant avec lui, j’avais senti son animosité envers les étrangers à la peau plus claire que la notre. Je ne peux pas lui en vouloir pour cela. Dans leur société basée à Port-Gentil, la plupart des cadres sont des occidentaux payés deux à trois fois plus que les gabonais occupant les mêmes postes. Le gouvernement a tenté plusieurs fois de régler la situation mais les stigmates restent. Pour lui, Alexander est le blanc qui couche avec une de ses sœurs gabonaises. On n’est pas sorti de l’auberge. Finalement, peut-être que bouder au milieu des gens n’est pas une si bonne idée que cela.

— Ma chérie Leila, tu ne me présentes pas ?

Je le regarde légèrement angoissée par son aplomb. Il en rajoute. Alexander qui jusque là était resté accroupi à mes pieds, se lève brusquement. Ses poings se plient de fureur et son attitude devient ouvertement belliqueuse. Et parce que je le connais et que je sais qu’il démarre au quart de tour, même pour des broutilles, toutes me résolution de rébellion s’envolent immédiatement. Je me lève aussitôt et délicatement, je colle mon corps contre le sien. Je passe ma main dans son dos raidi par la colère et le caresse tout doucement. Je laisse ma chaleur l’envahir et le déconnecter de sa colère. Je place mon autre main dans la sienne et me hisse sur la pointe des pieds pour lui chuchoter à l’oreille :

—   Arrête.

Je ne vais pas gâcher la soirée des autres par mon orgueil et sa colère. On réglera nos problèmes chez nous et non pas dans un restaurent bourré de gens qui ne cessent de nous observer. Mais c’est un peu comme s’il ne m’entendait pas. Il ne quitte pas Axel des yeux. Je lève la main posée dans son dos, caresse sa joue et insiste un peu plus fermement :

— Bébé, on y va.

Il quitte enfin Axel des yeux et pose son regard sur moi. Sa colère s’est évanouie, car ses yeux sont d’un vert presque translucide. Je prends rapidement mon sac, remercie les garçons pour leur compagnie et le tire par la main pour qu’on s’en aille. Il ne résiste pas. Mon téléphone sonne dans mon sac et sans lâcher la main d’Alexander, je le retire du sac et décroche :

— Ca va aller ? Je peux aussi lui expliquer que c’est moi qui ai insisté pour que tu nous accompagnes…
— Non, ca va… Je gère.
— Je dis hein donc il allait faire quoi comme ça ?
— Bah c’est comme tu vois. Je ne sais pas d’où ce truc là lui vient. Tu allais juste le voir soulever la chaise pour la casser sur la tête d’Axel.
— Aneuneu (exclamation en fang). Les indiens aussi sont sauvages comme les fang ?
— Ca c’est un trait de caractère de sa famille.
— Comme il s’est calmé ces derniers temps la j’avais déjà oublié. Bon, un petit conseil quand même. Je sais que tu es très énervée mais tu restes sa femme. Tu lui fais à manger, tu t’occupes de ses affaires, tu ranges ce qu’il a ramené dans ses valises avant de commencer à jeter les assiettes dans la maison hein.
— Je te rappelle…
— Leila… Non ne raccroche pas. Écoute-moi jusqu’ au bout.
— Ok, parle.
— Tu le chauffes à blanc et après vous vous bagarrez ! Donne lui d’abord ce à quoi il a droit. La pilule passe plus facilement après ça et puis il faut qu’il se rappelle ce qu’il laisse quand il part en vadrouille.
— Tu es cinglée Oyane.
— Et c’est pour ça que tu m aimes.

Je raccroche. Je ne veux pas qu’Elle calme ma colère avec ses conseils de maman. Non. Hors de question que je le chouchoute. Je veux des réponses.

On traverse la voie. Il est garé juste en face, à coté de la pharmacie du centre ville. Il déverrouille la voiture à distance et m’accompagne jusqu’à ma portière. Malgré les éclairages publics, nous sommes tous les deux dans la pénombre. Il ouvre la portière et me fait signe de monter. Je lâche sa main et me tourne vers lui. Je n’en peux plus de garder pour moi la question qui me brûle les lèvres.

— Où étais-tu Khan?

Il ne répond pas directement. Et moi je baisse les yeux car j’ai peur de lire la réponse dans son regard. Il me prend par les hanches et me hisse sur le siège, avant de s’installer entre mes jambes. Ses mains posées sur mes hanches me brûlent.  Il empoigne ma chair comme s’il voulait laisser la marque de ses empreintes sur ma peau malgré le tissu. Le front posé dans mon cou, il reste immobile très longtemps avant de lever à nouveau la tête.

— Tu m’as manquée… murmure-t-il tout simplement en avançant ses lèvres vers les miennes.

Je recule instinctivement car j’attends toujours la réponse à ma question et que je ne veux pas qu’il me distrait de mon but.

— Où étais-tu Xander ? Ca fait des jours…

Il ne m’écoute pas, il regarde mes lèvres et s’avance une nouvelle fois vers elles. Je pose ma main sur sa bouche et lui repose la question en le regardant bien droit dans les yeux cette fois-ci. Pour toute réponse, il mord ma paume et dès que j’enlève ma main, Alexander en profite pour m’embrasser. Le combat est sans nul doute perdu d’avance car je sais que je vais céder à l’intrusion de sa langue. Ce n’est qu’une question de …secondes. Un long frisson m’envahit lorsqu’il lèche tout doucement ma lèvre inférieure, la taquine avant de se mettre à la mordiller avec faim. Ses mains descendent vers mes fesses, les empoignent et son baiser en apparence discret se fait insistant puis dévorant. Un gémissement m’échappe parce que mon corps, ce traite me rappelle à quel point mon mari m’a manqué. Je réponds à son baiser et passe une main tendre dans ses cheveux que je tire en arrière pour l’éloigner de moi. Il s’arrête et embrasse mon front. Ses mains toujours aussi possessives sont revenues à leur place initiale, sur mes hanches. J’adore quand il pose ses mains sur mes hanches. J’adore quand il est entre mes jambes et que je peux sentir l’effet que je lui fais.  C’est rassurant. C’est toujours rassurant d’être l’objet du désir de l’homme qu’on aime.

— Je suppose que je n’ai pas besoin de te demander si je t’ai manquée… me fait il remarquer goguenard.

Je marque une pause, agacée que je suis par ma propre faiblesse. Je le repousse et claque la portière. Il ne s’en formalise pas, monte de son coté et démarre. A un feu rouge, il s’éclaircit la voix et baisse la radio qui diffuse une musique douce.  Ses doigts tapotent sur le volant.

—  Je ne veux pas rentrer de voyage et trouver la main d’un putain de mec que je ne connais pas sur toi. Si j’ai des comptes à te rendre ce n’est pas quand un enfoiré tripote ma femme que je vais être tenté de le faire…

Ces menaces, il me les débite d’une voix calme et posée comme s’il me parlait du beau temps. Je lève les yeux au ciel car je sais que ça ne sert à rien de discuter de ça avec lui. Sa jalousie le rend borné.

— Comment as-tu fait pour savoir où j’étais ? je lui demande pour changer de sujet
— Il y a une application de localisation dans ton téléphone, répond-il tranquillement.
— Tu te fous de moi là… Dis moi que tu te fous de moi… je hurle d’une voix hystérique. Tu sais exactement où je suis en permanence alors que tu n’es pas foutu de me dire la vérité sur tes déplacements à toi !

Dès que le feu passe au vert, il redémarre en faisant crisser les pneus.

— Au cas où tu l'aurais  oublié on a déjà fait l'objet d'un braquage. J'ai besoin de te savoir en sécurité quand je ne suis pas là et pour cela je dois pouvoir savoir où tu es!
— J'attends toujours la réponse à ma question.
— J'avais prévu d'aller à Londres mais j'ai eu un empêchement et je n'ai pas voulu t'en parler parce que c’est …délicat. C'était idiot j'aurai du te le dire tout simplement. Mais je ne comprends pas pourquoi tu fais de ça une affaire d’Etat.  
— Continue comme ça Khan et la prochaine fois c’est pas dans mes cheveux que tu retrouveras la main d’un putain de mec que tu ne connais pas !

Il freine brusquement, provoquant des klaxons énervés derrière nous.

— Redis ça pour voir !

On s’affronte longuement du regard.

— J’ai dit, redis ça pour voir… répète –il d’un ton menaçant.

Je tourne la tête vers la vitre de ma portière et croise les bras sur ma poitrine. Je n'ai plus envie de lui parler.

— Je préfère ça, prend-il le temps de me dire malgré les coups de klaxons de plus en plus furieux des automobilistes derrière nous.

Il redémarre, conduit de la main gauche et pose la droite sur ma cuisse.  Je la remets à sa place initiale, sur le volant. Il me regarde l'air de dire : « quoi même ma main tu ne veux plus la sentir ? ».

L’atmosphère est tendue quand nous rentrons chez nous. J'essaie de me dominer mais j'ai du mal à y arriver. Deux trolleys traînent dans le hall d'entrée. Les employés sont déjà chez eux. Je suppose qu'il est rentré juste poser ses affaires avant de venir me chercher. Je fonce vers la cuisine tandis qu’il monte ses affaires.   Il est plus de 23 heures et je commence à être fatiguée.

Lorsque je finis de réchauffer l'ensemble des plats laissés par le cuisinier, je les mets sur un plateau et pars le retrouver dans la salle à manger. Ce que j’aime avec Alexander c’est que niveau bouffe, il n’est pas compliqué. Il sait que je ne serai jamais un chef étoilé alors même quand c’est moi qui lui prépare
du riz avec différentes viandes sautées, il ne s’en plains pas. Il mange comme si c’était la meilleure chose de la terre, que ce soit fade ou trop salé. Le plateau en main, je me rends compte qu’il n’est pas dans la salle à manger.
Je remarque sa silhouette sur la terrasse arrière et déjà je sais qu’il est en train de s’en griller une. Il est de dos, il ne me voit pas. C’est une habitude qui me tape sur le système désormais. Il avait promis d’arrêter à l’arrivée du bébé. Mais à chaque fois que je le vois fumer, ca me rappelle qu’il n’a pas d’effort à fournir, puisqu’il n y a pas de bébé.

Je pose le plateau sur la table du salon extérieur en fer forgé blanc.  Une légère brise fraîche soulève les voilages des rideaux de couleur gris pierre. Alexander tire une nouvelle bouffée de sa cigarette. Les yeux fermés, une main dans la poche latérale de son pantalon, il exhale doucement la fumée vers le haut… Il semble préoccupé, à mille lieux de moi, à mille lieux de nous. Je lui verse un peu d’eau dans un verre ce qui le fait se tourner vers moi.
    
— Restes manger, demande-t-il en s’attablant
— J'ai déjà mangé, dis- je en m’apprêtant à le laisser manger seul.
— Lei, on n'a pas besoin de se disputer encore. Je n’ai pas besoin de ça en ce moment.

Il se lève pour aller se servir un verre de whisky puis revient s’asseoir.

— Alors dis-moi de quoi tu as besoin. Pour rester...
— De quoi tu parles ?
— Je ne sais plus quoi faire. C'est la première fois que tu te fous complètement de ce que je ressens et je commence à me poser des questions. Te rends tu seulement compte que tu m'as laissée toute seule ici alors que tu savais que les résultats allaient tomber… je ne te demande pas de me tenir la main en permanence non, mais … tu me donnes l'impression d’être désormais seule à désirer cet enfant. Si tu en as assez  d'essayer, dis le moi clairement plutôt que de fuir la maison. Parce que je sais que c'est moi le problème et pas toi. 
— Il ne s’agit pas de déterminer qui porte cette responsabilité. Pourquoi faut-il toujours que …

Il s’arrête en plein milieu de sa phrase et vide son verre d’un trait.

— Tu ne parles que de ca... murmure-t-il en jetant au loin le mégot de sa cigarette.
— Pardon ?
— A longueur de journée je te vois dépérir pour ce bébé comme si tu avais besoin de me prouver à quel point tu te bats pour mériter mon amour... A chaque fois que je pose mon regard sur toi j’ai l’impression que tu ne vois que mes attentes à moi. Je me rends compte que je t’en demande beaucoup. J’essaie de ne pas être tout le temps sur ton dos, j’essaie de te laisser respirer. J’essaie de ne pas surveiller ton ventre, tes moindres fatigues parce que je sais qu’à chaque fois que je le fais et que ce n’est pas ce que nous attendions, je te fais du mal aussi. Ma présence te fait du mal et mon absence tout autant, que veux tu que je fasse ?

J'ai froid alors je me frotte doucement les avants bras pour me réchauffer un peu. Est ce que c'est ça la vie de couple ? S'aimer au début, construire quelque chose de beau puis petit à petit l'enlaidir de nos doutes et de nos déceptions ? C’est dur. Je l'admets. Je baisse la tête. Alexander marche vers moi et de l'index lève mon menton. Il ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose puis se retient à la dernière minute pour me serrer très fort dans ses bras.

— Parfois... j'ai juste l'impression que ca ne marche plus.

 A peine ces mots traversent-ils mes lèvres que je les regrette immédiatement. J’aimerai pouvoir les reprendre, ne les avoir jamais prononcés. Mais je ne peux pas. Je me noie dans ses bras, oublie tous mes problèmes, ma colère et me rappelle tout simplement que l’homme que j’aime est là avec moi et que je suis à ma place. Dans ses bras. Son odeur si sensuelle me rassure. Je ferme les yeux, laisse les battements de son cœur me bercer. Et mon regret se transforme en lente torture lorsque j'entends Alexander habituellement si prompte à me contredire, dire à son tour :

— Je le sais.
Son corps se raidit. Les mots lui ont échappés, il ne voulait pas l’avouer.  Je me décolle de lui et le regarde. Ses pupilles se dilatent lorsqu’il lit le choc sur mon visage.

— Attends, Lei ce n’est pas ce que je voulais dire…
— Mais tu l’as dit.

Les larmes me montent aux yeux.
Oui. Il l’a dit.
Je quitte la terrasse alors qu’il me crie de rester.

*
**

Je me réveille en sursaut. Je me suis endormie comme une souche tout à l’heure. Je jette un coup d’œil sur l’écran de mon téléphone qui clignote dans le noir de notre chambre à coucher. Il est 5 heures du matin et le lit est vide à coté de moi, sans aucune trace de son passage. Je déverrouille l’écran et vois le nom d’Alexander comme expéditeur du message. Je ferme les yeux, me frotte le front un moment avant d’avoir le courage de le lire.

« Je n’ai pas peur d’affronter la tempête.
Tant que tu es à mes cotés.
Ne me quitte plus jamais sur une dispute.
Je ne le supporte pas et toi non plus.
Je te l’écris parce que de vive voix tu ne m’aurais jamais laissé le temps de te le dire
Il n’y a rien que je ne ferai pour toi ».

Je sors immédiatement de la chambre et pars à sa recherche. Il n’est nulle part dans la maison alors je sais où le trouver. Le bruit régulier des balles qu’on jette dans un panier attire mon attention. Je ferme la porte centrale et marche vers l’espèce de petit hangar où il a fait installer un panier de basket et des équipements de sport. C’est l’un des seuls moyens qu’il a trouvé pour se canaliser lorsqu’il ressent un trop plein de colère. 

Je le trouve concentré à faire des paniers depuis le centre du terrain. Il les rate tous systématiquement. Sans que je ne le lui demande, il se met à tout m’expliquer.

— Rien ne va à Mumbai. Je ne sais pas si c’est parce que je passe trop de temps sur les affaires de Denis ou si c’est parce que je n’ai pas mis les bonnes personnes à la tête de mes entreprises. Ce serait tellement plus simple qu’on déménage là-bas. Mais je sais que ta vie est ici et si ta vie est ici, la mienne aussi. La dernière fois, sans toi j’aurai tout perdu. Tout ce que ma famille a mis des décennies à bâtir. Il m’a été très difficile de l’accepter même si je n’en ai rien montré Lei. Ma vie tourne autour de toi, il manquerait plus que mes affaires fassent la même chose alors que toi ton cabinet est florissant. Je ne voulais pas t’en parler, par orgueil peut-être par honte surement. Je ne voulais pas t’inquiéter. Je suis en train de tout risquer pour toi… Et je ne veux pas que ce soit une nouvelle charge sur tes épaules.

Il parle sans me regarder, ramasse une balle qui traine à ses pied, shoote et manque encore une fois le panier.

—  J’ai menti. J’ai déconné, je le reconnais.

Puis il se tourne vers moi.

— Alors quand tu as dit que ça ne marchait plus, j’étais loin dans mes pensées, je pensais à Mumbai pas à nous.

Il ramasse une seconde balle et s’avance vers moi.

— C’est à toi maintenant…

Pour le moment,  ce que je sais c’est que son pantalon de pyjama est très très bas sur ses hanches.
Je lui prends la balle des mains, la lance un peu n’importe comment mais avec la chance du débutant, elle se glisse dans le panier.

— Je ne parlais pas de lancer la balle. Tu as dit…
— Je sais ce que j’ai dit, je coupe aussitôt, peu désireuse de me rappeler de ces paroles regrettables. Je ne le pensais pas…
— Pourquoi l’as –tu dit alors?
— Je n’en sais rien…
— Tu n’en sais rien ? 
— Oui je n’en sais rien. Je ne sais plus rien depuis que mon mari passe trois semaines sur quatre hors du pays. Depuis qu’il me cache des choses sous prétexte de me protéger. C’est du grand n’importe quoi… C’est trop facile Alexander. Je n’ai pas la force morale en ce moment pour supporter tout ça… dis-je en lui tournant le dos.
— Où vas-tu ?
— Me coucher. Je suis fatiguée et j’ai du travail à rattraper. J’ai besoin de me … reposer.

Je tourne les talons mais ne fais même pas plus d’un pas avant qu’il ne me rattrape. Il me prend dans ses bras et me serre tellement fort que j’étouffe. J’essaie de me dégager de son étreinte en vain…

— Je n’ai pas signé pour ça Xander. Je n’ai pas signé pour cette maison, je n’ai pas signé pour les clients que tu me ramènes ou des conneries du genre. Je n’ai pas signé pour qui réussit le mieux entre nous deux, j’énumère sans pouvoir cacher la douleur dans ma voix.
— Je le sais, mera dil.
— J’ai signé pour toi… pour être avec toi.
— Je le sais… je t’aime.
— Alors montre le moi… je t’en supplie montre le moi. Sinon j’abandonne…
— Je te le défends …

Il me tourne dans ses bras, passe une main dans mes cheveux et s’empare de ma bouche comme si c’était la chose la plus délicieuse sur cette maudite terre. Il a faim. De moi, de nous et me le montre par chacun de ses gestes et chacune des réactions de son corps. Il n’y a aucune douceur dans son baiser, juste une faim dévorante. Il nous fait reculer sans jamais me lâcher jusqu’à ce que je me retrouve tout contre le mur et que je ne puisse plus aller nulle part. Je cherche à me dégager et lui à me retenir. C’est un affrontement. Il s’impose à moi et m’empêche de m’échapper. Je résiste puis cède, vaincue par son corps et le manque qu’il a fait naitre en moi. Je ne porte qu’une nuisette légère. C’est sans surprise que les pointes de mes seins se dressent au contact de son torse. Son érection frotte contre moi et je plante mes ongles dans son dos.  Haletante, je baisse son pantalon pour libérer son sexe tandis qu’en silence, il me tourne et pose mes mains contre le mur. Puis d’un geste ni tendre ni doux, il me tire vers lui et colle mes fesses contre son bassin. Ses lèvres sème de doux baiser dans mon cou, sur mes épaules. Je m’enflamme. L’urgence grandit en moi. Je sais ce qu’il fait … il sait où me mène ses gestes. Il me tourne la tête sur le coté de manière à pouvoir m’embrasser. J’adore la sensation de sa langue dans ma bouche, de son souffle mêlé au mien. Je laisse échapper un doux gémissement et il m’étreint encore un peu plus. Sa paume se pause très bas sur mon dos, tandis que ses hanches s’approchent délicieusement de mes fesses.

— Alexander…
— Chuuuut… murmure-t-il en enfonçant ses hanches.

Je gémis. Tout doucement, comme une complainte, un murmure qui l’excite. Il taquine mon intimité du bout de son sexe.  Je remue des hanches pour l’enjoindre à s’avancer mais il ne fait rien et se contente de m’embrasser le dos et de me caresser les seins. Puis au moment où je ne m’y attends plus, il m’immobilise puis entre en moi, millimètre par millimètre. Il m’emplit de toute sa longueur. Et la sensation est incroyable.

—  Putain Lei tu es toujours aussi serrée…

Il me mordille le coup tandis qu’il ne cesse d’aller et venir en moi. Je retiens mes gémissements mais c’est de plus en plus difficile à mesure que le rythme s’accélère. Alexander se met à me murmurer à l’oreille. Il sait que j’aime quand il me parle quand on fait l’amour car ca me permet de m’ancrer à lui, de ne pas couler toute seule, emportée par mes doutes. Tant que je m’ancre à lui, rien ne peut me submerger, rien. Si ce n’est le plaisir.

— Donne-moi ce qui m’appartient mera dil.

Des frissons incontrôlables font fleurir la chair de poule sur ma peau. Nous transpirons tous les deux et sa voix emplit ma tête, son souffle siffle à mon oreille et sa peau réchauffe la mienne. Le bruit érotique de nos corps qui s’entrechoquent me rend dingue. Les doigts de sa main gauche agrippent ma hanche tandis que ceux de sa main droite se faufilent vers l’avant. J’essaie de l’empêcher d’atteindre son but mais abandonne aussitôt. Ses doigts entre mes cuisses cherchent le point du plaisir, le trouvent et comme lui seul sait le faire, le caressent. La caresse devient de plus en plus appuyée et les coups de reins moins retenus.

Une sensation familière nait dans mon ventre et se répand tout doucement dans mon corps. Je suis en apnée et je ne peux plus me retenir d’exprimer le plaisir qui me bouleverse. Je gémis de plus en plus fort à la recherche de la délivrance. Plus je gémis et plus il va loin.
C’est irrésistible.
C’est violent.
C’est parfait.

Ses lèvres se pressent une nouvelle dois sur ma tempe :

— Jouis pour moi, murmure-t-il.

Cette simple phrase m’ouvre le champ de l’infini.  Mes orteils se recroquevillent, je vois mille lumières éclater sous mes paupières, le sang bat vigoureusement à mes tempes. L’orgasme me coupe le souffle. Mes jambes se mettent à trembler violemment et je m’effondre dans ses bras, incapable de supporter le poids de mon propre corps.

*
**

Lorsque je reprends enfin mes esprits, je me sens vide de toute tension. J’ai l’impression d’être au paradis, je plane surement. Je suis toujours dans ses bras mais on est quasiment assis par terre. J’ai du mal à croire qu’on vient de s’envoyer en l’air dans son espèce de mini gymnase.

— Je déteste quand tu fais ça… je lui dis en me tournant vers lui pour déposer un baiser sur ses lèvres.
— Moi j’adore quand ton corps réagit ainsi, dit-il en faisant remonter son pantalon. Quand je peux te déconnecter de tout ce qui te fait mal.

Il me caresse le flanc. Nos regards se croisent.

— Décris-moi ce que tu ressens…
— Non, dis-je en enfouissant mon visage dans son cou…
— Allez… insiste –t-il gentiment.

Son regard est trouble et il a l’air alangui et tout aussi détendu que moi. Je déplace quelques mèches mouillées de son front et passe le pouce sur ses lèvres. Je l’embrasse amoureusement, le remercie pour les instants magiques partagés ensemble puis me décide à répondre.

— Je ne sais pas. C’est juste que … quand tu es en moi et que ta main me caresse en même temps… Le plaisir est si intense que c’est presque douloureux. Mon corps court-circuite, l’orgasme devient comme un black out. C’est trop intense … je m’effondre littéralement.
— Je fais dérailler la machine, dit-il en passant la main dans ma chevelure complètement mouillée de sueur. Ca me plait…
— Quoi ?
— Tu es tellement cérébrale Lei. Tout se passe dans ta petite tête là… ca fait du bien à mon ego de savoir que je peux arrêter la petite machine dans ta tête…
— Je te signale que là, je ne peux pas marcher non plus. C’est trop me demander.

Il me garde dans ses bras et se lève. La nuisette me colle à la peau. Je passe mes bras autours de son cou. Il nous ramène dans la maison.

— Ce sera toujours Xander et Lei n’est-ce pas mera dil ? Quoiqu’il se passe… tu ne me quitteras jamais n’est-ce pas ? me demande-t-il sans oser me regarder comme s’il avait un doute sur l’issu de notre relation.

Je ferme les yeux et hoche la tête avec la douloureuse sensation que le pire est à venir.

*
**

Les lundis matins sont les pires jours de la semaine quand Alexander est là. Je hais les lundis matins.

— Et si on restait tranquillement à la maison.
— Non. Après tu vas m’en vouloir. Tu m’as dit que tu avais du boulot à rattraper.
— Et si je disais à madame Mireille que je suis malade. Une grippe.
— Leila, descends de la voiture.
— T’es rabat-joie.

Je sors mon téléphone de mon sac et l’allume. Dès qu’il est opérationnel, des dizaines de messages reçus s’affichent ainsi que des mails professionnels. Je soupire. Il me faut des vacances. J’ouvre la portière et Alexander m’attrape la main avant que je ne descende.

— Hé c’est comme ça que tu quittes ton mari le matin.
— Tu ne mérites pas de bisou tu as refusé de sécher le boulot avec moi ce matin.

Je pose tout de même un baiser sur sa main et descends avant d’en être parfaitement incapable. Ce week-end a été l’un des plus merveilleux de ma vie.
Peut-être parce qu’aucun de nous deux n’a parlé de bébé.

Lorsque j’arrive à l’étage de mon cabinet, je trouve quatre hommes entièrement habillés de noir debout devant  la porte d’entrée. Je ne me rappelais pas avoir un rendez-vous aussi important. Puis rare sont mes clients qui se déplacent avec tout cet armada. J’entre, salue madame Mireille qui me fait de gros yeux.

— Qu’est-ce qui se passe ?
— Madame Khan, il y a un homme d’un certain âge qui s’est présenté aujourd’hui, chuchote –t-elle. Je lui ai expliqué que vous ne receviez que sur rendez-vous mais … c’est le genre de Monsieur à qui on ne dit pas non.
— Quoi c’est à lui tous ces gardes du corps ?
— Oui.
— Il vous a donné son nom au moins ? Vous le connaissez ?
— Non. Il est en salle d’attente. J’ai du l’y installer comme il marche avec une canne.
— Ok. Je vais le voir là-bas.

A bientôt

Leilaji.

On aime (pour me faire plaisir), on commente (pour débattre avec les autres et donner son point de vue), on partage (pour faire découvrir l’histoire).

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