Chapitre 4 : Ma belle inconnue
Write by Max Axel Bounda
À quinze heures, après le TD somnifère de Monsieur Ogoula, je devais regagner ma chambre au campus pour ensuite me reposer un moment et me préparer à rejoindre ma petite-amie au restaurant, aux environs de dix-neuf heures. Notre restaurant mensuel était un rituel qui nous évitait de tomber dans la monotonie de la vie.
Une fois dans le mois, nous allions manger dans un restaurant, regarder un film ou un spectacle quand on ne passait pas tout simplement du temps assis au bord de mer à regarder le coucher de soleil en amoureux. J’avoue qu’au début je trouvais cela ringard, mais avec le temps, ces petits plaisirs mondains avaient fini par me séduire et par la même occasion, renforcer invraisemblablement notre couple.
*
Des minutes plus tard, j’étais au troisième étage du pavillon F, celui qui abritait ma chambre d’étudiant. J’avançais dans les couloirs quand j’y remarquais une ambiance assez étrange. D’abord, l’atmosphère y était glaciale un peu comme si un mauvais vent soufflait dans les couloirs. Cette sensation me donnait inexplicablement la chair de poule. Je continuais cependant mon chemin.
J’avançais toujours à pas très lent quand, je me rendis soudainement compte du désert humain qu’il y avait. Toutes les chambres étaient vides. Ce qui était assez rare. De mémoire, cela ne s’était jamais produit depuis les cinq mois que je résidais au campus. Oui ! Ce pavillon, bien plus vivant que les autres, était toujours animé de jour comme de nuit. C’était à croire que les gens ici ne dormaient jamais. Mais là, il n’y avait aucun son, aucun bruit, aucun cri, aucune parole. Aucune musique ne s’échappait des chambres. Il n’y avait aucune âme qui vive. Tout n’était que silence.
Étrange !
Les lumières dans le couloir commencèrent à clignoter toutes en même temps. Malgré, j’avançais dans cette ambiance moribonde et commençais à prendre peur, car j’avais l’impression que quelque chose m’observait et qu’une chose étrange allait m’arriver.
Un vent glacial envahissait les lieux, mais je continuais toujours d’avancer dans cette atmosphère qui me donnait pourtant des frissons dans le dos. Drôle de sensation. Je sentais machinalement mes cheveux se dresser sur ma tête.
Seigneur, protège-moi !
Au quatrième, où se trouvait ma chambre, j’accélérais alors le pas. C’était quand je levai la tête que, j’aperçus quelqu’un au bout du couloir. Ce fut une bonne chose de n’être pas seul dans cet endroit flippant. J’avançais alors lentement tout en regardant derrière et autour moi. Les lumières clignotaient toujours.
Arrivé à sa hauteur, je remarquais que c’était une jeune femme. Elle se tenait devant la porte en face de la mienne. Que faisait-elle là ?
Depuis cinq mois que j’occupais ma chambre au campus, jamais celle en face de la mienne n’avait eu d’occupants.
J’avançais vers la porte de ma chambre en lançant un bref regard à cette fille. Elle semblait concentrée sur la serrure de sa porte. Je ne pouvais m’empêcher de l’observer discrètement. Était-ce ma nouvelle voisine ? Quand avait-elle emménagé ?
Cette femme était un beau petit canon, svelte au teint clair, avec des formes aguicheuses. Elle portait ce jour-là, une de ces robes moulantes qui semblaient lui faire une seconde peau. La sienne était noire avec des fleurs multicolores. Elle dessinait parfaitement tous les contours de sa belle silhouette. Son dos à découvert me permit de remarquer qu’un papillon était tatoué sur son épaule droite.
Il est mignon.
Sa robe qui s’arrêtait au milieu des cuisses m’offrait la vue plaisante de ses jambes fines et élégantes que chaussait une belle paire de talons aiguille bleu marine. Je remarquais sans effort qu’elles étaient assorties à son sac à main d’un bleu foncé.
La jeune femme se retourna et me regarda. Sa poitrine, mise en valeur par la coupe décolletée de la robe, était sauvagement attirante. Je lui fis un sourire timide. Quand, je croisai son regard, un frisson me traversa l’échine. Je n’arrivais pas à l’expliquer. Mais quelque chose n’allait pas.
Ma belle inconnue me rendit mon sourire, m’offrant la vue de sa denture d’une blancheur immaculée derrière ses lèvres roses et pulpeuses. J’en eus immédiatement l’envie inexplicable de l’embrasser. Cette pensée malsaine me fit détourner le regard. Ce genre de beauté avait toujours su m’intimider.
Je me tournai alors vers la porte de ma chambre. Je farfouillai les poches de mon pantalon jean. Très vite, je trouvai mes clefs et introduisis celle indiquée dans la serrure. Je la tournai une première fois, le sentiment de malaise était toujours présent. Mon cœur frissonnait. Ce couloir avait un truc que je n’arrivais pas à décrire, un peu comme une présence malsaine.
— S’il te plait, dit derrière moi une voix fluette. En plus d’être belle, elle avait aussi une voix magnifique.
S’adresse-t-elle à moi ?
Qu’est-ce qu’une fille pareille peut bien me vouloir ?
— Oui, lui dis-je en me retournant. Elle me sourit, elle avait un air gentil, mais je ne sais pas si c’était ma timidité ou autre chose, mais à ce moment-là, je commençais à avoir encore plus froid. J’avais la nette impression que les lumières autour de nous clignotaient plus vite aussi. Pourtant, ma belle inconnue ne semblait pas le ressentir.
— Peux-tu me donner un coup de pouce, s’il te plait ? me dit-elle. Je n’arrive pas à ouvrir la porte de ma chambre.
— Bien sûr ! Répondis-je en me retournant.
Je te donnerai tout ce que tu veux, même ce que tu ne veux pas.
— Je crois que mes clefs ne passent plus. Je ne sais pas pourquoi !
Je traversais alors le couloir pour me retrouver face à cette jeune femme, l’une des plus belles créatures qu’il m’avait été donné de rencontrer.
Il y avait un parfum dans l’air, un effluve agréable, comme un parfum à la lavande. Ma petite amie étant une passionnée de senteur, je parvins à reconnaître cette senteur sans problème.
La fille me remit ses clefs. Je les inspectai, et je me rendis tout de suite compte que les clefs ne correspondaient pas aux serrures. Si ces clefs ouvraient bien une porte, ce n’était pas celle-ci.
— Tes clefs ne sont pas les bonnes, n’en as-tu pas d’autres ? Elle me regarda abasourdie et sembla réfléchir. Tes clefs sont d’une autre marque que la serrure, précisai-je.
— Euh d’accord, je crois que les bonnes clefs sont celles que j’ai laissées dans la voiture, finit-elle par dire.
Elle a une voiture, alors qu’elle n’est qu’étudiante ?
Ah ça ! Est-ce qu’on a les mêmes problèmes ?
— Dis-moi, peux-tu tenir mon sac un instant, le temps que je descende chercher les clefs ? Je remonte dans deux minutes, me propose-t-elle en souriant.
Comment dire non à une beauté pareille ?
— Euh d’accord, rends je.
— Merci, me dit-elle. Tu es un ange, ajouta ma belle inconnue qui s’approcha de moi et me fit un baiser sur la joue. Le contact de ses lèvres humides sur ma peau hérissa tous les poils de mon corps. Un frisson me parcourut l’échine. Cette jeune femme était toute froide. Comme si elle faisait une hypothermie !
Bizarre !
Ma belle inconnue tourna les talons et s’en alla en souriant, de belles fossettes enjolivèrent le spectacle. Je ne pus m’empêcher de reluquer sa silhouette vénusienne s’éloigner et de disparaitre au bout du couloir. Et soudain, les lumières arrêtèrent de clignoter. L’air redevint chaud.
Très bizarre ça !
J’entrai sans plus tarder dans ma chambre et attendis que ma belle inconnue revienne. Mais une heure plus tard, elle ne fut toujours pas de retour