
CHAPITRE 41 : SANS BRUIT
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 41 : SANS BRUIT.
**JANAÏ OLIWINA**
J’ai tourné la tête dans la direction qu’il me montrait et
mon cœur a raté un battement quand j’ai reconnu le visage de cet homme que j’ai
moi aussi vu plusieurs fois dans mon sommeil et qui a toujours voulu abuser de
moi. J’ai serré mes enfants contre moi et je me suis lentement retournée pour
ne pas qu’il voit mon visage. Je me suis mise à prier dans mon cœur. J’avais
tellement peur que je n’osais même pas regarder derrière moi. Quand on a écouté
les informations pour mon vol, je me suis dirigée pour le dernier contrôle,
nous sommes passés sans aucun problème jusqu’à ce que nous nous asseyons dans
l’avion. J’ai continué à prier et j’ai arrêté pour souffler lorsque l’avion a
décollé.
Moi : (Coulant des larmes) Merci mon Dieu. Merci de
m’avoir sortie de là.
Ephraïm : Maman pourquoi tu pleures ?
Moi : (Essuyant mes larmes, esquissant un faible
sourire) Pour rien mon chéri, c’est juste parce que je sais que Dieu est bon.
Ephraïm : D’accord. Papa va venir nous trouver ?
Je vais encore voir mes amis ?
Moi : (Lui caressant la tête) On verra mon chéri.
Il n’a plus rien dit. Nous nous sommes concentrés sur le
vol. Après près de 16h de vol à cause des escales, nous avons atterri à
l’aéroport international de Libreville. J’étais tellement contente que j’avais
du mal à le croire. J’ai récupéré mes affaires. Je n’ai appelé personne et je
n’ai pas de téléphone. Je ne sais même pas où je dois aller. Est-ce que c’est
directement à l’église ? Il est seulement 9h du matin et la réunion de ce
soir c’est à 19h. Aller chez mes parents ? Jamais. Peut-être chez mon frère
mais je ne connais pas sa maison car il a déménagé derrière moi. Pendant que je
suis en train de réfléchir, j’entends quelqu’un appeler mon prénom derrière moi
et je me retourne pour tomber sur Loyd, son frère qui était pédé, la fille de
Mommy, la sœur d’Arsène et sa fille. On s’est regardé.
Loyd : Tu viens de rentrer au pays ?
Moi : Oui. Je reviens des États-Unis.
Loyd : Ah d’accord. (Regardant les enfants) Ce sont tes
enfants ?
Moi : Oui. J’aurais aimé discuter avec vous mais je
suis pressée.
J’ai poussé les enfants et nous les avons dépassés.
Marwane : (Derrière moi) C’est moi seule ou bien ses
enfants ressemblent à ton collègue qui se transforme en serpent là ?
Je me suis figée en écoutant ça.
Lucrèce : Moi aussi j’ai remarqué. Surtout le plus
grand, on dirait Alex.
J’ai poursuivi mon chemin à pas pressés pour m’éloigner le
plus loin possible d’eux. Si ça ce n’est pas la malchance, c’est quoi ? De
toutes les personnes que je pouvais rencontrer en revenant ici, il a fallu que
ce soit eux et apparemment ils savent pour Alex. Je suis arrivée à la sortie et
je me suis retrouvée coincée pour prendre un taxi car j’avais des dollars sur
moi. J’ai essayé de négocier avec les taxis en vain jusqu’à ce qu’une voiture
vienne garer devant moi et les vitres se baissent. C’est la fille et la sœur d’Arsène.
Lucrèce : On peut te laisser quelque part ?
Moi : Non ça va merci.
Lucrèce : Tu as fait un long voyage, tu dois être
extrêmement fatiguée et les enfants aussi. On veut juste te faciliter la tâche.
Moi : (Silence)
Lucrèce : Tu montes ou non ?
Moi : Je monte.
Elles ont déverrouillé les portières et nous sommes montés.
Lucrèce : Où vas-tu ?
Moi : Aucune idée.
Elles se sont retournées pour me regarder.
Moi : Pouvez-vous me passer votre téléphone pour que
j’appelle mon frère qui devait venir me récupérer pour lui demander de
m’indiquer sa maison ?
Lucrèce l’a fait et j’ai composé le numéro de mon frère que
je connais par cœur avant de l’appeler.
« Jaden : (Décrochant) Allô ? »
« Moi : Jaden c’est Janaï. »
« Jaden : (Surpris) Janaï ? Tu es au
Gabon ? »
« Moi : Oui. »
« Jaden : Depuis quand ? »
« Moi : Je vais tout t’expliquer après. Tu
peux m’indiquer le nom de ton quartier et me dire si y a quelqu’un chez toi
pour me récupérer à la route ? »
« Jaden : Je suis à Angondjè au Château. Moi-même
je suis là, je n’ai pas travaillé. »
« Moi : D’accord. J’arrive. »
« Jaden : Tu es au Gabon vrai
vrai ? »
« Moi : Oui. J’arrive. Quand je serai dans la zone, je
vais rappeler. »
« Jaden : Ok. »
Clic !
Moi : Vous pouvez me laisser à Angondjè au
château ?
Lucrèce : Ok.
Elle a démarré et nous sommes partis. Une fois dans la zone,
j’ai rappelé mon frère qui nous a précisément indiqués où on devait descendre
et il est venu nous croiser visiblement choqué de nous voir. Il a salué les
filles et a récupéré nos bagages.
Moi : (À elles) Merci.
Lucrèce : Je t’en prie.
Je me suis éloignée et elles sont parties.
Jaden : je n’arrive pas à croire que tu es rentrée.
Moi : (Esquissant un faible sourire) Je sais.
Jaden : Allons à la maison, nous allons bien discuter.
Nous l’avons suivi et pendant ce temps il prenait les
nouvelles d’Ephraïm de qui il est resté proche. C’est d’ailleurs le seul membre
de ma famille direct dont il est proche, il préfère ma grand-mère et mes
cousines de Mindoubé. On arrive devant son portail et il l’ouvre pour nous
laisser entrer. Nous nous trouvons dans une cour ayant 3 maisons à l’intérieur puis
il nous conduit vers la sienne. Nous entrons et il nous fait le tour du
propriétaire. C’est une maison de 2 chambres un peu comme celle où je vivais à
Kanté avec Jada. Il y vit avec sa copine qui est enceinte de 5 mois. Je sais
d’ors et déjà que je ne vais pas pouvoir rester ici longtemps. Juste le temps
de trouver un endroit où vivre et je partirai. Il nous offre à boire et il
prend place.
Jaden : C’est comment tu rentres comme une voleuse sans
rien dire à qui que ce soit ? D’ailleurs ton mari est au courant ?
Moi : (Soupirant) C’est une longue histoire. Pardon
laisse nous d’abord nous rafraîchir car on est fatigués et on ne s’est pas
douchés depuis hier.
Il nous a conduits dans la deuxième chambre et j’ai envoyé
Ephraïm à la douche pendant que je déshabillais son petit frère puis nous
l’avons remplacé et sommes allés prendre une douche. Une fois propre et
changés, nous sommes allés au salon où Jaden nous a présentés à manger et les
enfants n’ont pas tardé à s’endormir. Nous sommes tous les deux allés nous
installer à la terrasse et il s’est mis à me regarder.
Moi : (Soupirant) C’est vraiment compliqué Ja (Lire Jé)
c’est tellement compliqué que je ne sais même pas par où commencer pour
t’expliquer mes problèmes.
Jaden : Eh bien, commence par le début pour que
j’essaie de comprendre.
Je soupire.
Moi : La raison pour laquelle je n’ai rien dit en
venant et que je n’ai même pas de bagages c’est parce que j’ai fui mon mari.
Il fronce les sourcils.
Jaden : Alex te violentait ?
Moi : Non.
Jaden : Il le faisait aux enfants ?
Moi : Non. Il ne nous a rien fait. En fait pas
directement.
Jaden : (Fronçant les sourcils) Que veux-tu dire
exactement ?
Moi : En fait, Alex appartient à une confrérie.
Jaden : (Arquant un sourcil) Une confrérie ? Genre
les histoires de loges là ?
Je bouge affirmativement la tête en essuyant une larme qui a
coulé de mes yeux.
Jaden : (Écarquillant les yeux) Seigneur, Janaï !
Tu es sérieuse ?
J’ai bougé affirmativement la tête avant de lui raconter
toute l’histoire de comment j’ai rencontré Alex quand j’étais encore avec Loyd
jusqu’à ce que je m’en fuis de la maison avant-hier dans la nuit. Je pleure
tout le long de mon récit et il me regarde visiblement choqué.
Jaden : (Après plusieurs minutes de silence) Tu savais
toutes ces choses et tu as choisi de rester avec lui Janaï ?
Moi : (Pleurant en silence)
Jaden : (Se levant et mettant ses mains sur sa tête en
arpentant la terrasse) Mais tu as même quel genre de cœur ? On dit qu’il
faut avoir peur de la femme, c’est aujourd’hui que je viens de comprendre ça. Quelqu’un
te dit ouvertement qui il est et ce qu’il fait, tu ne te dis pas que tu vas
prendre tes jambes à ton cou pour fuir, non. Tu restes là sagement jusqu’à lui
faire un deuxième enfant ? Mais qu’est-ce qui ne va pas dans ta
tête ?
Moi : (Silence)
Il me crie dessus pendant plusieurs minutes comme si j’étais
son enfant avant de s’en prendre aux parents qu’il rend en partie responsable
de cette situation à cause de leur façon de faire. Il bavarde tout seul
vraiment énervé puis il s’arrête et me regarde.
Jaden : maintenant que tu es rentrée tu comptes faire
quoi ?
Moi : Je vais aller voir mon pasteur pour lui expliquer
tout ça.
Jaden : Et tu crois qu’il peut trouver une solution à
ce problème ?
Moi : Oui.
Jaden : Tu en es sûre ?
Moi : Oui.
Jaden : Ok. On s’en va.
Moi : (Surprise) Tout de suite ?
Jaden : Oui tout de suite. Je ne sais pas si tu te
rends compte de la gravité de la situation. Si tu dis que depuis le Ghana, Alex
est parti jusqu’à Gamba quand tu étais enceinte, tu crois qu’il ne pourra pas
le faire des USA jusqu’ici ?
Moi : (Silence)
Jaden : J’ai l’enfant d’autrui enceinte dans cette
maison et je ne veux prendre aucun risque. On s’en va tout de suite chez ton
pasteur qui nous dira la conduite à tenir avant que vos choses-là n’arrivent
ici.
Je le regarde.
Jaden : Lève-toi, on s’en va.
Moi : À l’heure-là il n’est pas encore à l’église et il
ne viendra que le soir pour la réunion.
Jaden : Ce n’est pas grave, au moins il nous trouvera
déjà sur place, on va attendre.
Je me suis levée et je suis rentrée dans la maison pour
aller réveiller mes enfants, enfin Ephraïm pour lui dire qu’on devait partir.
J’ai soulevé Jireh et j’ai pris son sac à langer. Ephraïm a pris son sac à dos
et la valise puis nous avons rejoint mon frère qui nous attendait au salon déjà
changé.
Jaden : C’est bon ?
Moi : Oui.
Il est venu prendre la valise des mains d’Ephraïm puis nous
sommes partis. Il a arrêté un taxi et a fait une proposition pour le Beauséjour,
le chauffeur a accepté et nous nous sommes engouffrés dans le véhicule. Durant
tout le trajet, personne ne parlait jusqu’à ce qu’à quelques mètres du portail
Ephraïm prenne la parole.
Ephraïm : Papa est là.
Moi : (Le regardant) Hein ?
Ephraïm : Papa est là et il nous attend.
Moi : (Silence)
Jaden : (Qui est assis devant nous regarde) Il dit
quoi ?
Moi : (Inquiète) Alex est ici.
Jaden : Comment ça ?
Moi : Je ne sais pas.
Jaden : (À Ephraïm) Mon grand, tu dis que ton père est
ici ?
Ephraïm : Oui.
Jaden : Il est où exactement ?
Ephraïm : (Le regardant) Devant l’église.
Mon cœur commence à battre vite dans ma poitrine et je
regarde Jaden déjà effrayée. En même temps le taxi gare devant le portail. On
continue de se regarder. Il finit par payer et nous descendons en regardant
autour mais il n’y est pas. Le chauffeur est parti après avoir rendu la
monnaie.
Jaden : (À Ephraïm) Tu as dit que ton père était là
non ?
Ephraïm : Oui.
Jaden : Maintenant il est où ?
Ephraïm : (Montrant un endroit du doigt) Il est là-bas.
Nous avons regardé dans cette direction mais n’avons rien vu.
Jaden m’a regardée l’air de me dire que mon enfant est toujours sur la lune
mais je sais trop bien que ce n’est pas le cas et que s’il dit que son père est
là, c’est que c’est le cas.
Moi : (Attrapant la main d’Ephraïm) Allons rapidement.
Jaden s’il te plait soulève le sac.
J’ai commencé à m’avancer vers le portail.
Ephraïm : Mais papa maman.
Moi : On verra ton père après et
Voix : (Derrière moi) Janaï ?
Je me suis arrêtée net lorsque je l’ai entendue et je me
suis retournée pour tomber sur Alex qui avait plusieurs hématomes sur le visage
et se tenait difficilement debout en prenant appui sur un poteau électrique qui
était juste à côté. Mon cœur a raté un battement avant de se serrer dans ma
poitrine. Mes larmes n’ont pas tardé à me monter aux yeux. Il était visiblement
mal en point et je me suis demandée si c’est à cause de mon départ.
Jaden : (Me sortant de mes pensées, à Alex) Tu ne
t’approcheras plus d’elle espèce de sorcier. (Me poussant) On s’en va Janaï.
Mes larmes ont coulé le long de mes joues.
Jaden : (Me poussant davantage) Avance là-bas, tu
attends quoi ?
J’ai fait quelques
pas en regardant toujours derrière moi quand j’ai buté sur quelqu’un.
Moi : (Regardant devant moi) Excusez-moi, je
Je n’ai pas pu finir ma phrase et j’ai écarquillé les yeux en
voyant qui se trouvait devant moi.
Le monsieur de l’aéroport : (Me tenant par les épaules,
souriant) Enfin je te rencontre, la femme de mon fils.
Je me suis figée.
Lui : (Me regardant dans les yeux le regard sombre)
Nous allons tranquillement retourner ensemble sans attirer l’attention de qui
que ce soit. Si tu essaies de crier, toi, ton frère et même ton cher époux
mourrez sur le champ.
Jaden : (Se plaignant subitement de douleur derrière
moi) Mon bras, aïe, mon bras. Qu’est-ce qui m’arrive ?
Lui : (Me fixant toujours) J’espère que tu comprends ce
que je suis en train de dire.
Moi : (Coulant des larmes, silence)
FIN DU VOLUME 1 !