Chapitre 42

Write by Auby88

 Paroles intro du Chapitre


"Alesha Dixon - Do you know the way it feels


Have you felt the pain of a love so deep You think your heart might break ?

As-tu déjà ressenti la douleur d'un amour si profondément, que tu as pensé que ton coeur pourrait se briser ?

Has someone touched your soul so deep inside ?

Est-ce que quelqu'un a déjà profondément touché ton âme ?

Did you feel your whole world stop

The moment that You looked into "their" eyes

As-tu eu l'impression que tout ton monde s'arrêtait au moment où tu as regardé dans "ses" yeux ?

Oh, do you know what it's like ?

Oh sais-tu comment c'est ?


Do you know the way it feels when you love someone so bad You can't think of nothing else but the touch of "their" hand ?

Sais-tu ce que ça fait quand on aime quelqu'un si fort que tu ne peux penser à rien d'autre à part toucher "ses" mains ?

And you wonder what the way

Et tu te demandes comment le faire.

But no, you know you can't

Mais non, tu sais que tu ne le peux pas.

Do you know the way it feels ?

Sais-tu comment on se sent ?

(…)

Have you had those nights when you can't sleep 'Cause that picture of "their" face is all you see ?

As-tu déjà connu ces nuits où tu ne peux dormir Parce que l'image de "son" visage est la seule chose que tu vois ?

You know you need that love like you need air

Tu as besoin de cet amour comme tu as besoin de l'air

And you find it hard to breathe

Et tu te rends compte que c'est difficile de respirer

Sometimes when you

Just let you see "them" there

Parfois quand tu te permets de le/la voir là.

Oh, you know it's just not fair

Oh, tu sais que ce n'est pas juste.


Do you have a clue what I'm going through ?

As-tu une idée de ce que je traverse ?

Do you know what it's like when you feel like You're just about to lose your mind ?

Sais-tu ce que ça fait quand on a l'impression qu'on est sur le point de perdre la raison ?

(…)"



************

Maëlly FREITAS


Quelques heures plus tard.


Le visage inondé de larmes, je contemple le vide. Je pense à Eliad. Je le revois tenant la main de la bonniche et clamant tout haut qu'il aime une fille aussi sale qu'elle.

Je pense aussi à cet enfant que cette garce attend de lui. Ce devrait être moi, oui moi, qui donnerait un deuxième enfant à Eliad. Moi seule. Personne d'autre. Ma joie aurait été tellement grande, si je portais en mon sein un mini-Eliad. Tellement grande !

Pourquoi Dieu est-il si injuste ?

Comment a-t-il pu permettre à une prostituée de me voler le cœur d'Eliad ? Comment a-t-il pu rendre féconde une impure, une infame, une ordure, une souillée, une pécheresse…comme celle-là ? Elle ne méritait pas de concevoir. Non ! Elle ne le méritait pas.


La porte de ma chambre s'ouvre. C'est mon père qui vient d'entrer. Je le vois tirer une chaise et s'asseoir en face de moi... Il me regarde en soupirant.


- Maëlly ! J'ai beau me creuser la tête, je n'arrive pas à savoir à quel moment tu es devenue si méchante, au point de vouloir en finir avec une vie ? Pourtant, tu n'as jamais su te servir d'un couteau, ne serait-ce pour couper un oignon !

- Je te l'ai déjà dit papa. Je n'avais rien prémédité. J'ai juste agi sous l'effet de la jalousie et de la colère. C'est tout.

- Parce que tu crois que tu te serais sentie mieux en ôtant la vie de Nadia ?

- Peut-être que Oui. Elle est la source de tous mes malheurs, papa. Elle m'a volé Eliad !

- Eliad n'a jamais été à toi, Maëlly !

- Si, Eliad a toujours été à moi. Depuis mon adolescence. Je l'ai vu en premier. Avant Camila. Avant la bonniche. C'est donc à moi qu'il revient de droit. C'est moi qu'il devrait aimer aujourd'hui. Pas cette prostituée ! Oui, moi. Moi qui l'aime tellement, depuis tant d'années !

- C'est de l'obsession, Maëlly !

- Non papa, rétorqué-je, c'est de l'amour !

- Au départ, c'était peut-être de l'amour mais au fil du temps, ce sentiment s'est transformé en une obsession parce que tu n'as jamais pu le concrétiser, parce que tu n'as jamais réussi à te faire aimer par Eliad !

- C'est de l'amour, papa. Je te l'assure. Un amour très fort que même le temps n'a pas réussir à tuer... S'il n'y avait pas eu cette poufiasse entre nous, Eliad aurait vraiment réussi à m'aimer. Il m'aurait même épousée !

- C'est de l'obsession, Maëlly ! De l'obsession ! je te le répète... Le spécialiste que nous avons consulté à l'étranger te l'a aussi confirmé. Ce n'est pas normal que tu passes tout ton temps à penser à Eliad au point de négliger ton entreprise, au point d'abandonner la fabrication de bijoux qui a toujours été ta passion.…. Ce n'est pas normal que tu continues à éprouver des sentiments pour lui alors qu'il ne t'a jamais aimée et te l'a démontré des milliers de fois... Ce n'est pas normal que tu l'idéalises autant, que tu le vois comme un être parfait alors qu'il est plein de défauts… Ce n'est pas normal que tu le voies comme ta propriété… Ce n'est pas normal que tu sois si jalouse au point de vouloir faire du mal à toute femme trop proche de lui...  


Papa prend une pause et baisse la tête quelques secondes, avant de la relever pour continuer :


- … Ce n'est pas normal que ma petite Maëlly, ma fille chérie, mon enfant unique, celle que j'ai bercé dans ces mains-ci, celle à qui j'ai inculqué beaucoup de valeurs ... Ce n'est pas normal que ma fille, celle qui avait le plus beau sourire, celle qui était forte, brillante, courageuse, travailleuse, élégante… ressemble à ça aujourd'hui.


Mon père fond en larmes. C'est la première fois que je le vois pleurer. Je réalise toute la souffrance que je lui cause. Et ça me fend le cœur. Je suis sincère. Vraiment sincère.


- Papa, pardonne-moi, dis-je la voix entrecoupée de sanglots.

- Tu me dis toujours la même chose Maëlly, mais tu ne changes pas !

- Parce que ce n'est pas facile d'extirper de son coeur celui qui y est depuis des années.

- Mais tu ne fais aucun effort dans ce sens, Maëlly. Le psy t'a recommandé de te débarrasser de tout ce qui te rappelle Eliad et de t'éloigner de lui. Pourtant, il y a encore plein de photos de lui en ta possession. Et à la moindre occasion, tu cours vers lui.

- J'ai besoin de temps, papa !

- De combien de temps encore Maëlly ? De toute une vie, c'est ça ?

- Non papa. J'essaie vraiment, mais je n'y arrive pas. C'est plus fort que moi.

- Je ne t'ai jamais dit que tu étais seule Maëlly. Je suis là. Et ta mère aussi. Mais tu ne t'en rends même pas compte.

- Je suis désolée, papa ! Tellement désolée de te faire subir tout ça !

- Si tu veux vraiment mettre un terme à ma souffrance, me revoir sourire comme avant, alors reprends ta vie en main Maëlly, reprends les rennes de ton entreprise et surtout oublie Eliad et Nadia. Laisse-les tranquille. Laisse-les vivre en paix pour pouvoir toi-même vivre en paix et enfin être heureuse. Je t'en supplie, ma fille. Je t'en supplie !

- D'accord, Papa ! D'accord ! agréé-je en me jetant à son cou.


C'est si agréable de se sentir aimée, protégée et soutenue !


*************


Des semaines plus tard.

Maëlly FREITAS


"Maëlly est dans la place. Poussez-vous !"

Telle est la phrase que je me répète en avançant dans le couloir qui mène à mon bureau.

Aujourd'hui, j'ai opté pour un pantalon taille haute en imprimé wax sur des stilletos jaune moutarde avec brides, assortis à la chemise que je porte.


- Bonjour miss Maëlly !

Je ne réponds ni aux uns, ni aux autres. J'avance fièrement. Comme d'habitude. Je ne fais pas attention aux regards discrets qu'on me jette par ci, par là...

Tout va bien, je gère…jusqu'à ce que je remarque deux employées qui discutent en riant aux éclats.

Elles ne semblent pas m'avoir vue. Je n'entends pas leur conversation, mais je suis certaine qu'elles se moquent de moi et de mon mariage raté. Je sens un stress, mêlé de colère envahir mon être. J'essaie de rester calme. En vain. Finalement, je pète les plombs.

- Toi et toi, hurlé-je en les montrant du doigt, vous êtes virées !

- Mais madame, nous…, balbutie l'une.

- C'est un ordre qui ne se discute pas. Vous quittez mon entreprise sur le champ !

- Mais… s'étonne l'autre.

- Vous étiez en train de vous moquer ouvertement de moi, la grande Maëlly FREITAS ? Pourtant vous ne m'arrivez même pas à la cheville, vous de simples employées de bureau ! Aujourd'hui, vous apprendrez à vos dépens qu'on ne se moque jamais de la main qui nourrit !

- Mais madame, nous ne parlions pas de vous !

- Sortez d'ici, sortez d'ici !

- Et vous autres, bandes d'incapables, qu'avez-vous à me regarder ? Oui y a quoi ?


Personne n'ose me répondre. Tant mieux.

- Que cela serve de leçon à tous, bande de médisants. Vous vous permettez de me juger. De quel droit ?

Je ne peux plus rester ici. Je ne peux pas. Je quitte précipitamment les lieux en direction de ma voiture. Une fois à l'intérieur, je pose la tête sur mon volant et éclate en sanglots.

Je pensais pouvoir redevenir la Maëlly FREITAS d'avant, celle que tout le monde admirait, respectait et craignait. Mais ça semble impossible. Je suis devenue la risée des gens, même de tous ceux que je considérais inférieurs à moi. Pauvre de moi !



*************


Un mois plus tard

Nadia PAGE AKLE


Annie et moi sommes dans une boutique spécialisée dans la vente de vêtements pour bébés. Depuis une demi-heure, nous nous promenons dans les rayons...

- Annie, regarde-ceci ! dis-je en lui montrant une grenouillère unisexe. Tu imagines ton/ta filleul(e) à l'intérieur ?

- Ça lui ira à merveille. On le prend.

- Oui, confirmé-je en l'ajoutant aux autres vêtements présents dans le caddie.

- Et ceci, dis-je en lui montrant un ensemble de barboteuse unisexe ?

- Joli !

- Je pense pareil. Donc on le prend aussi.

- Oui... Tu ne veux rien prendre de précis, genre uniquement pour fille ou pour garçon ?

- Je te vois venir. Tu peux toujours courir. Je ne te dirai rien sur son sexe.

- Nadia !

- Bouche cousue. Tu connaîtras son sexe uniquement à la naissance. Pas avant ! Idem pour son prénom que j'ai déjà choisi.

- Petite cachotière !

- Grande curieuse ! répliqué-je en avançant.

- Nadia ! Tu ...

Je ne l'écoute plus. Je continue à me promener dans la boutique, avec elle près de moi.

- Nadia, regarde ça, Nadia. Ça te plaît ?

Elle tient en main un body rose.

- Oui, c'est beau. Mais j'opte plutôt pour le body beige.

- Nadia !

- Tu perds ton temps en essayant de me faire cracher le morceau !

- Nadia !

- Patience !

Je l'entends soupirer longuement. Intérieurement, je souris.

- Bon, je pense que c'est suffisant.

- T'en es sûre ?

- Oui, j'avais déjà pris quelques vêtements de bébé à Missebo !

- Nadia ! s'insurge-t-elle. De la friperie pour bébé. Attention, leur peau est bien sensible !

- T'inquiète, dis-je souriant. T'as oublié que Nadia connait tous les bons coins de Missebo ? Je n'ai pris que des premiers choix, jamais portés puis je les ai envoyés dans un pressing. Tu les verrais que tu ne remarquerais même pas la différence avec ceux qui sont ici.

- Hmm ! Nadia, toi et tes topos !

Je continue de rire.

- On va faire comment, ma chère ? Même si on se perd en chemin, on sait toujours d'où l'on vient !

- C'est vrai... Euh, sans paraître indiscrète, Eliad a-t-il enfin changé de position par rapport au bébé ?

- Non, Annie. Il ne demande rien concernant le bébé pourtant je suis à la fin du deuxième trimestre ! Ces temps-ci, il fuit carrément la maison et dort presque au boulot... Le pire c'est qu'il continue à penser qu'il n'est pas le sien. Je me suis promise de ne pas laisser cette situation m'affecter, parce que je suis en mesure de bien m'occuper de mon bébé. Mais quand je vois comment d'autres papas sont si enthousiastes à l'idée d'avoir un enfant, quand je pense à la relation chaotique que j'avais avec mon père et celle que Milena avait avec le sien, je ne voudrais vraiment pas qu'il arrive pareil à mon enfant. Parce que ça fait vraiment mal, tu sais, de ne pas se sentir aimé par l'un de ses parents.

- PAGE ! Je suis sûre qu'il finira par changer d'avis.

- J'en doute fort, tu sais !

- Garde la foi, ma jolie. Et change-moi cette mine. Une maman se doit de rester sereine et de toujours garder le sourire.

- Oui, tu as raison. Je dois transmettre uniquement des ondes positives à mon enfant.

- C'est ça même ! s'exclame-t-elle.


Je la laisse un instant pour payer à la caisse, puis nous sortons de la boutique pour prendre une pause bien méritée sur le banc public à proximité.


- …Au fait, comment la grande sœur vit l'arrivée d'un nouveau membre ?

- Au début, Milena n'était pas contente. Elle avait peur que le bébé lui vole toute mon affection parce qu'il allait naître de moi. Mais j'ai su la rassurer, lui montrer, lui prouver jour après jour qu'elle compte autant que lui dans mon cœur et que je ne ferai pas de distinction entre eux deux. A présent, elle est pressée de le voir... C'est peut-être difficile à croire mais l'affection que j'ai pour cette petite est tellement grande et profonde que je ne saurais te la décrire. Il m'arrive même parfois d'avoir peur de ne pas pouvoir aimer mon bébé autant que j'aime Milena. Mais je me dis que l'amour d'une maman est si incommensurable qu'il peut être équitablement distribué à tous ses enfants !


Annie me fixe depuis en souriant.

- Tu es vraiment une personne formidable, exceptionnelle, rare !

- Assez de flatteries !

- Je suis sincère, Nadia… Dommage que tu ne sois pas tombée sur un homme qui connaisse ta vraie valeur !

- Oui… Mais que veux-tu ? Tout le monde n'est pas appelé à vivre une belle histoire d'amour comme la tienne !

Elle pose une main sur la mienne. Je souris timidement.


- Au fait, Annie… tu me disais au téléphone que tu avais une bonne nouvelle à m'annoncer.

- En effet. Devine

- Ça concerne… Ivan et toi ?

- Oui.

- Tu attends aussi un bébé, c'est ça ?

- Hmm. C'est en projet, mais pas encore réalisé.

- Alors… tu as enfin emménagé chez lui ?

- Non, pas encore, mais très bientôt oui.

- Tu te maries, c'est ça ?

- Ouiiiiii.

En parlant, elle me montre la bague à son doigt.

- Je ne l'avais même pas remarquée… Félicitations, Annie.

 

On se donne une accolade chaleureuse.

- Je suis heureuse pour toi… Mais en même temps un peu jalouse, je l'avoue.


Elle met une main sur la mienne.

- Je suis sûre que toi aussi, tu finiras par trouver l'homme de ta vie et qu'il te rendra très heureuse.


Je souris juste, ne sachant quoi dire. Car l'homme que j'aime, c'est Eliad MONTEIRO. Et il est tellement ancré dans mon cœur que je ne sais pas si je pourrai aimer à nouveau. En plus, quel homme voudrait d'une femme avec un passé comme le mien et en phase de de devenir maman ?


- Nadia, je tiens à ajouter que tu seras parmi les demoiselles d'honneur…

- Mais…

- Cela ne se discute pas, Nadia.

- Tu me vois m'avancer derrière toi avec mon gros bidon et l'attelle à ma main ? Façon les gens m'ont regardé là, je risque de te voler la vedette hein…

- Et alors, ça fait quoi ? Tu es comme ma sœur, après tout !

- Annie, mais… !

- Sujet clos !

- Ok, je serai là. Mais tu l'auras voulu.

- Hahaha.


Nous continuons à papoter jusqu'à aborder le sujet "Maëlly FREITAS".

- … A-t-elle encore osé s'en prendre à toi ?

- Non, mais je doute qu'elle essaie encore !

- Tu devrais quand même faire attention à toi !

- Ne t'inquiète pas pour moi... En plus, Eliad a fait renforcer la sécurité de la maison.

- Ça ne suffit pas, Nadia. Il devrait aussi demander une ordonnance d'éloignement contre elle.

- Il l'a suggéré mais je lui ai dit que ce n'était pas la peine !

- Nadia !

- A quoi cela servirait puisque les parents d'Eliad et de Maëlly sont amis depuis des années ? Il est évident qu'on croisera Maëlly à tous les évènements qui impliqueront leurs deux familles !

- Nadia, cette femme est une folle furieuse qui mériterait une place dans un centre psychiatrique. Elle n'aura de répit que lorsqu'elle aura Eliad pour elle toute seule !

- Si c'est Eliad qu'elle veut, qu'elle le prenne. Je lui en fais cadeau ! Sans aucun regret !


Elle me regarde avec étonnement.

- Tu es aussi folle qu'elle, Nadia... Je parle d'un sujet sérieux et toi tu t'en moques !

- Bah quoi ! Tu m'as dit à l'instant qu'une femme enceinte doit toujours rester sereine et garder le sourire ?

- Oui, je l'ai dit.

- Alors pourquoi me priverais-je de parler ou d'agir librement, pourquoi me priverais-je d'être heureuse quand j'en ai envie ? Pourquoi devrais-je me préoccuper d'une femme qui n'a rien d'autre à faire de ses journées à part penser à un homme qui ne l'aime même pas ?

- Vu sous cet angle, je dirais que tu as raison.

- Parfait ! Alors, tape ici, dis-je en levant ma paume vers elle.


Nous éclatons de rire et continuons notre conversation dans la bonne humeur.








 



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