chapitre 42: fin

Write by leilaji

Chapitre 42


***Mickael***


Je n’arrive pas à croire que Gabriel soit parti rencontrer la femme d’Hugues plutôt que Bénédicte. Je n’arrive pas à le croire. Il semblait si décidé à régler cette affaire avec elle. Je lui ai dit qu’il était égoïste. Puis quand je suis allé retrouver Lola, on a fait l’amour et je me suis dit qu’au final j’avais beaucoup de chance de l’avoir. Elle m’a choisi, je ne sais toujours pas pourquoi d’ailleurs. Elle m’a choisi et il est resté seul. Il ne l’a pas abandonnée pour autant et sa boite en a payé le prix. Alors je lui ai envoyé un message pour lui faire comprendre que je regrettais ce que je lui avais dit. Est-ce pour moi qu’il y a renoncé ? Ce serait tellement … fou qu’il ait renoncé à quelque chose qui lui tenait à cœur pour me venir en aide. 


Monsieur Khan revient vers moi avec le directeur de la sécurité de l’aéroport et celui-ci fait signe à ses agents de me relâcher. Ils s’exécutent un peu à contre cœur et détachent les menottes. Je crois que les deux que j’ai mis K.O. n’en reviennent toujours pas qu’un type qui ne paie pas de mine comme moi ait pu leur donner des coups aussi violents.  Ils ont eu de la chance que je sois venu à leur rencontre déjà fatigué par mes insomnies et mes crises. 

Je suis vraiment exténué mais il y a une petite chose que je dois encore faire, pour mon frère, pour Lola et Raphael aussi. 


Le vol est retardé à cause de ce qui se passe ici et les garde du corps regroupent les bagages de leur patron. Raphael quitte les bras de sa mère un moment et va jeter aux pieds de son père le jeu qu’il lui a offert avant de revenir vers sa mère qui le sert encore plus fort que la première fois.  C’est la première que je le vois et que je vois l’enfant qu’il est encore. Jusque là, il m’avait toujours semblé parler à un « homme ». Cette expérience marquante, je crois qu’il ne l’oubliera jamais. Je dirais plus tard à sa mère qu’elle doit lui apporter tout le soutien et l’aide possible pour que cette tentative d’enlèvement ne devienne pas un poids dans son existence. 


Il ne va plus partir Lola. Me dis-je intérieurement, ne le serre pas aussi fort tu vas l’étouffer. 


Madame Khan, appelle Eloïse qui lui remet des papiers avec un stylo qu’elle présente à Hugues. Il lit rapidement, regarde Lola et son fils et signe.   Puis il nous tourne le dos prêt à passer par le portique d’embarquement mais je l’interpelle. Il s’arrête. Je claudique jusqu’à lui supportant difficilement le poids de mon propre corps et avant que ses gardes du corps ne régissent lui donne un mémorable coup de tète dans l’optique de lui casser le nez. 


Putain ça fait du bien ! 


Je n’allais tout de même pas le laisser s’en tirer sans une égratignure alors que nous avons tous failli tout perdre à cause de sa connerie légendaire.  Il attrape son nez qui saigne abondamment tandis que ses sbires hésitent à s’avancer vers moi. Malgré mon visage bouffi par les coups, je souris. Je dois être dans un sale état. J’ai un œil qui ne s’ouvre quasiment plus. Qu’ils tentent le coup, je vais leur mettre avec plaisir une nouvelle dérouillée.  Avant de m’évanouir…


*

*

*


***Leila Khan***


Je joue peut-être les mères poules mais j’ai souhaité que tout le monde dorme chez nous. Je ne sais pas l’envie m’est venu comme ça de nous réunir comme si nous étions tous une famille mais ce ne sera pas possible. Du moins pas pour l’instant. 


Mickael est salement amoché. Je ne sais pas comment fait ce garçon pour prendre des coups et rester debout comme ça. Bien qu’il soit grand de taille, il n’est pas vraiment d’une musculature imposante et pourtant, il tient tête à des hommes deux fois plus forts que lui. Mickael. Ce prénom lui va si bien. Ange guerrier. J’espère qu’il protégera indéfiniment Lola contre ceux qui voudront lui faire du mal. Je ne m’inquiète pas pour ça. Je sais qu’il saura très bien le faire. 


Lola discute un instant avec lui, désireuse de l’accompagner à l’hôpital mais il lui demande de me suivre et de profiter de son fils qui a plus besoin d’elle que lui. Elle le sert fort contre elle et il monte dans la voiture de Xander qui s’occupe de le faire hospitaliser. Il a besoin de soins. 


Lola revient vers moi avec son fils et monte dans la voiture de Denis qui nous ramène chez moi. Eloise quand à elle nous laisse pour aller s’occuper de l’entreprise de son frère. 

Nous allons tous passer la nuit à la maison. Ca me fait plaisir de prendre soin d’eux encore un peu avant  qu’ils s’en aillent vivre leur vie.  


J’envoie un message à Gabriel :


Moi : « Well done ! Tout est réglé, rentre maintenant ! »

Lui : « Tout commence pour moi. Je suis dans un avion en partance pour Johannesburg. Une petite urgence à régler là-bas. »

Moi : « Ok. Dis-moi qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ? Quand je t’ai appelé pour te demander d’aller à Londres parler à la femme d’Hugues, tu m’as dit non. »

Lui : « J’ai reçu un message de Mickael dans lequel, il me demandait pardon, m’expliquait qu’il était à cran. Il m’a demandé d’aller retrouver Bénédicte. Il a dit que nous étions une famille maintenant, et qu’en tant que frère, il ne pouvait vouloir que mon bonheur parce qu’après tout ce qu’on avait enduré, il estimait que je le méritais. J’ai compris que ce message valait aussi pour moi et qu’en tant que frère, je ne pouvais souhaiter que son bonheur. Il ne m’avait encore jamais rien demandé, c’était la première fois qu’il souhaitait ma présence et  mon aide. Ca m’a chamboulé qu’il reconnaisse pour une fois qu’il n’est pas le plus fort et qu’il a aussi besoin de son frère. Voilà pourquoi j’ai changé d’avis et j’y suis allé »

Moi : « Donc ce n’est pas pour Lola ? Tu n’es plus amoureux d’elle ? Je voulais vraiment que tu sois avec elle, je vous trouvais formidable ensemble mais les sentiments que je lis en eux quand ils sont en présence l’un de l’autre me démontrent que j’ai eu tort. Ils s’aiment. 

Lui : « J’ai tourné la page. Il la voulait plus fort que moi. Il l’aime plus fort que moi. Je vais tenter ma chance avec Bénédicte. Elle et moi c’est une vieille histoire » 

Moi : « Ok. Tu fais bien de tourner la page. Fais-moi signe dès que tu rentres.  »

Lui : « Ok. » 


- Comment avez-vous su, comment avez-vous fait ? J’ai beau réfléchir je ne comprends pas ! 


Lola me regarde, les larmes plein les yeux. Elle doit encore trembler de peur à l’idée que son fils a failli partir pour ne plus jamais revenir. 


- J’ai toujours un plan B que je ne dévoile jamais à personne, ma chérie. Dis-je en repensant à ma propre expérience et au fait que j’avais dupliqué la clef qui a permis à Xander et moi de récupérer les papiers de son héritage sans lui en avoir parlé au préalable.


Elle sert toujours son fils dans ses bras. Il signe quelque chose et je la regarde pour qu’elle me traduise ce qu’il a dit. 


- Il dit que vous êtes drôlement intelligente. 

- Oh, merci. Dis lui qu’apparemment lui et moi on boxe dans la même catégorie et qu’il a été très futé aussi. 


Il sourit fier de lui.


- Expliquez-moi…

- Mickael avait récupéré des documents dans une voiture envoyée par Hugues à notre poursuite. Peut-être pensait-il me faire peur mais Mickael nous a parfaitement protégé. Dans ses documents, il y avait des  exemplaires  de brochures d’une nouvelle église nommée « Raphael », avec pour révérend, la femme d’Hugues. Elle y faisait de la publicité pour des prières qui exauçaient les femmes stériles et guérissaient les malades. Des prières qui lui avaient été données par Dieu lui-même dans un rêve et papati et patata. Les documents étaient accompagnés d’une clef USB cryptée que j’ai fait décrypter par Mickael. Dans la clef, il y avait une copie de deux certificats médicaux signés du même médecin, l’un établissant la stérilité de la femme d’Hugues et l’autre sa fécondité. Les deux certificats dataient du même jour. En fait, il y en a un qui était faux mais je ne savais pas lequel.  Puis Denis m’a expliquée qu’il la connaissait car elle sortait à l’époque avec un de ses amis avant de se mettre avec son neveu et de l’épouser. Il m’a confirmé qu’elle n’avait jamais été stérile mais qu’elle le faisait croire à tous ses amants pour ne pas faire d’enfants. Dans son Eglise, ceux qui travaillaient avec elle, la trouvaient trop ambitieuse pour une femme de Dieu et pensait qu’elle ne se consacrait pas assez à la famille.  J’en ai déduit qu’en réalité,  elle voulait qu’Hugues récupère son fils pour se donner un air plus maternel et dire qu’elle était assez mère pour accepter l’enfant d’une autre femme et améliorer son image auprès de ses fidèles. Et surtout j’ai compris que le but de la manœuvre était de se faire passer pour stérile pendant quelques années encore puis tomber enceinte « miraculeusement » grâce à la fameuse prière envoyée par Dieu. Le rêve de sa femme était de construire une église moderne et Hugues a injecté tout son argent dans cette église. Mais la personnalité de sa femme empêchait leur expansion alors elle a trouvé ce stratagème pour gagner en gloire et popularité.  Je ne sais pas s’il le sait lui. Denis m’a dit qu’il est fou amoureux d’elle et que la meilleure manière de l’atteindre était en s’attaquant au rêve de la femme pour laquelle il est prêt à tout sacrifier. J’ai donc demandé à Xander de contacter ses amis du milieu des médias à Londres. Tu sais qu’avec Denis ils y ont fait leurs études. J’ai demandé à Gabriel de se rendre sur place avec tous les éléments que j’avais en ma possession et une horde de journalistes, puis d’expliquer à la femme d’Hugues qu’en un seul claquement de doigt je pouvais moi aussi détruire ce pour quoi elle s’est battue toute sa vie comme elle, elle tentait de détruire par l’intermédiaire de son mari, ce pour quoi, toi Lola, tu t’es battue toute ta vie. Elle a compris et je suppose que Gabriel le lui a bien expliqué, et elle a demandé à son mari de rentrer. 

- Seigneur ! Je n’arrive pas à croire que l’on puisse faire preuve d’autant d’hypocrisie et de duplicité. Mais tu vas la dénoncer n’est-ce pas ? 

- Non !

- Mais pourquoi ? Des gens vont se faire arnaquer. 

- C’est une monnaie d’échange pour que ni elle, ni son mari ne t’embête plus jamais. C’est ce qu’on appelle du chantage. Je suis désolée pour les fidèles qu’elle trompe mais je ne suis pas une justicière, ce n’est pas à moi de m’occuper d’eux. Moi c’est sur toi que je veille. 

- Oh. Je comprends. On garde le secret et ils ne nous approchent plus jamais. 

- Plus jamais Lola. 


Raphael signe quelque chose à sa mère qui me le répète. 


- Raphael dit que plus tard il aimerait travailler pour vous. Qu’il aura son bac à 15 ans et son diplôme d’avocat à 22 ans et vous demande de lui garder une place. 


Je souris doucement. 


- On verra si le droit t’intéresse, de toute manière tu as un oncle qui possède autant de sociétés que de chemises, tu n’auras que l’embarras du choix plus tard. 

- Qui ? Votre mari. demande Lola complètement perdue. 

- Je suis ravie que tu me considères comme une tante et que tu voies Xander comme un oncle mais je parle d’un vrai oncle ? Denis. Si Hugues est son frère, alors ton fils a un oncle. Dis-je en regardant Denis qui conduit sans se manifester. 

- Oh. Fait-elle tout simplement. 


Elle n’a pas l’air vraiment ravi par cette déduction. 

Sur tout le reste du chemin, nous restons silencieux, chacun perdu dans ses pensées. 


***Denis***


Nous sommes tous attablés dans l’énorme salon des Khan. Je savoure un whisky tandis que Leila se tue à faire un chocolat chaud à Raphael qui semble plus intéressé par l’énorme télévision du salon que par la tasse de chocolat de la maitresse de maison.   


- Bon Raphael, va à la cuisine, tu te sers dans le frigo et tu t’assois devant la télé. J’abandonne.


Il file sans demander son reste et revient s’assoir devant la télé tandis que nous restons en retrait dans la salle à manger attenante. 


Lola me regarde de temps à autre. J’ai l’impression de lui faire peur. 


- Est-ce que vous avez des enfants monsieur Denis ? 

- Non. Je réponds en regardant Leila tout aussi étonnée que moi par cette entrée en matière. 

- Je ne vous donnerai pas mon fils. Il va rester avec moi. 


Je pose mon verre. Elle a besoin d’être rassurée. 


- Hé Lola. Je sais que notre famille te fait désormais peur. Mais, je ne laisserai personne t’arracher Raphael, Ok ? 

- Ok. 

- N’empêche que notre sang coule dans ses veines et tu ne peux gommer ça. 


Elle lève un regard assassin vers moi. 


- Je paierai son opération, vous pourrez partir quand il sera prêt. Je paierai aussi ses études à l’étranger comme je l’ai fait pour Hugues. Quand tu auras besoin d’aide tu pourras m’appeler. Mais je ne te prendrai jamais ton fils. Ne t’inquiète pas pour ça. 

- S’il essaie et ne tient pas parole, tu viens me voir… coupe Leila pour me taquiner. A moi, il ne refuse jamais rien. Continue-t-elle en rigolant. 


Et moi, je ris jaune. C’est vrai que je ne lui refuse jamais rien. J’ai trahi mon propre sang, pour elle. Pas pour Lola ou Raphael. Pour elle. Je suis un cynique et je ne l’ai jamais caché, le sort des autres m’importe peu. J’aime l’argent et le pouvoir qu’il procure, ça aussi je ne l’ai jamais caché mais plus que tout j’aime Leila mais ça, je dois le cacher  à tout instant au risque de la perdre et de perdre en même temps Alexander.  


Le problème c’est que plus le temps passe et plus je découvre la femme forte et merveilleuse qu’elle est. C’est d’une femme comme elle dont j’ai besoin dans ma vie. C’est avec une femme comme elle que j’ai envie d’avoir des enfants. Une femme qui si je ne suis pas là, ou plus là, saura protéger mes intérêts et notre famille. Une femme qui sait ce battre bec et ongle pour ce en quoi elle croit. 


Si je pouvais seulement … caresser son visage, même quelques secondes pour apaiser mon cœur. Je donnerai tout… absolument tout pour une nuit avec elle.  Elle … je … 


Je deviens fou ! Je divague complètement. 


- Leila ? Je suis là. Crie une voix depuis le vestibule.


Xander est rentré. 

Il est temps que je me retire. Je vide mon verre d’un trait et quitte enfin Leila des yeux. Il faut que je m’éloigne un peu, le temps de reprendre mes esprits. 


- Lola, je vais en Angleterre dans trois jours. Si tu le veux, nous pouvons y aller ensemble et en finir avec cette histoire d’opération. Qu’en dis-tu ? 

- J’en dis que je serai idiote de dire non. Puisque tout est clair entre nous. 


Hé bien, voici une Leila en herbe ! 


- Bon ma petite princesse togolaise, j’y vais. Ton mari est là, je te laisse à ses bons soins. 

- Heureusement, dit Xander en entrant dans la salle. 


Leila va se réfugier dans ses bras et dépose un léger baiser sur ses lèvres. Je les quitte après avoir salué mon ami. 


***Alexander Devdas Khan***


Je n’ai pas très envie d’inquiéter Lorelei après ce qu’elle vient de traverser mais il faut que je lui dise que Mickael ne va pas bien. Le médecin a dit qu’un homme de moins bonne constitution ne pourrait tenir debout après les coups qu’il a reçu surtout dans l’état d’extrême fatigue dans lequel il se trouvait. 


Le souci c’est qu’il n’a pas voulu que j’inquiète son amie. Il a dit qu’il était important qu’elle s’occupe d’abord de son fils et qu’il pouvait attendre. Je vais respecter son souhait à demi. 


- Alors monsieur Khan, Mickael n’est pas avec vous ? 

- Ils vont le garder un peu en observation…

- Mais pourquoi ? demande-t-elle soudainement inquiète.

- Lola, il a reçu des coups, c’est la procédure habituelle. Ils vont juste vérifier que tout va bien et le laisser se reposer un peu. Tu n’auras qu’à aller le voir demain, avec Raphael. 

- Ok.  Madame Khan peut-être devrions nous attendre que Mickael aille mieux avant de voyager ? 

- Lola, demain tu iras le voir mais je te déconseille d’annuler le voyage. Répond Leila en quittant mes bras. Denis est quelqu’un d’extrêmement occupé. Si tu rates cette chance, il n’est pas sûr que tu en aies une autre. En plus si lui-même est là pendant le voyage, tu peux être sure que Raphael obtiendra les meilleurs soins avec les meilleurs spécialistes.

- Ok. Vous avez raison. 


Elle va se rassoir auprès de son fils puis sort son téléphone pour appeler ses parents et les rassurer. 

Nous restons un peu avec nos invités puis Leila les installe dans une chambre d’ami pour la nuit. Ca la rassure des les savoir si près. 


Nous rejoignons notre chambre un peu plus tard. 

Je me déshabille puis me rends dans la salle de bain pour prendre une douche mais avant, je m’arrête devant le lavabo pour me brosser les dents. 


- Tout est bien qui finit bien n’est-ce pas ? Karisma rentre quand de chez sa copine ?


Elle ne me répond pas. Peut-être n’entend-elle pas ? Je rebouche le tube de dentifrice et pose ma brosse à dent électrique sur le rebord du lavabo. 


- Leila, il reste combien de temps tes protégés ? 


Elle ne répond toujours pas. Inquiet, je sors de la salle de bain pour la trouver assise, immobile sur le lit, la tête baissée. 


- Lei ? 

- Attends, Xander accorde moi une minute. Accorde-moi, une … minute. 


Je me précipite à son chevet pour la trouver en larmes. Sans même savoir ce qui la chagrine, je la serre très fort dans mes bras. 


- Quand j’ai vu la brochure… j’ai cru que la solution à mon problème était enfin là, devant mes yeux. Je te jure que pendant quelques secondes je me suis vue enceinte grâce à une prière et je me disais que tu seras tellement heureux d’avoir un autre enfant… pendant quelques secondes j’ai cru que ma souffrance allait enfin prendre fin. Je lui aurais tout donné à cette … s***pe pour cette putain de prière miraculeuse. Comment peut-on jouer avec les rêves des gens ainsi ? Elle peut faire des enfants mais elle n’en veut pas et promet à celles qui ne le peuvent pas des guérisons miraculeuses. C’est monstrueux de profiter ainsi de la détresse des gens pour leur extorquer de l’argent. C’est criminel bébé. Pendant quelques secondes, j’ai cru que mon calvaire était terminé. Je veux aussi mon bébé. Je … Même Lola a un enfant. Pourquoi pas moi ? Je croise mes anciennes condisciples et collègues, elles sont toutes mamans et heureuses de l’être… Mais moi … Dit-elle en hoquetant à chaque phrase. 

- Chut Lei. Notre tour viendra. Il faut juste être patient. On a décidé de tenter notre chance aux Etats Unis cette années, aie la foi. Notre tour viendra.


C’est tout ce que je trouve à lui dire pendant qu’elle continue de pleurer dans mes bras. Je me sens impuissant et inutile face à sa peine. C’est un déchirement de chaque instant que nous vivons. Elle peut être joyeuse jusqu’au moment où elle voit passer une femme avec une poussette. Elle peut être joyeuse jusqu’au moment où un enfant crie « maman » à sa mère …

A force de toujours la voir forte, j’en oublie parfois qu’elle a ses propres blessures à guérir.  


*** Une semaine plus tard***


***Lorelei***


Ca fait des heures que l’opération dure. Je ne pensais pas que ce serait aussi long. Une infirmière passe devant moi, je l’apostrophe pour lui demander ce qui se passe dans la salle d’opération. 


- Il y a une complication Mademoiselle. Le pronostic vital est engagé… Répond-elle avec un fort accent anglais. 

- Mais le médecin m’avait pourtant rassurée. Il a dit… je commence à bégayer trop apeurée par ce que j’entends.

- C’est le meilleur chirurgien de l’hôpital qui opère votre fils, c’est tout ce que je peux vous dire. Excusez-moi, j’ai des patients dont je dois m’occuper. 


Et elle s’en va suivie par d’autres infirmières aussi affairées qu’elle. 

Le destin ne peut pas être aussi mesquin avec moi. Je ne peux pas perdre ainsi Raphael alors que depuis le début nous avons tant bataillé et remporté toutes les victoires ensemble.  Je cherche Monsieur Denis des yeux un bref instant avant de me rappeler qu’il est allé m’acheter quelque chose à manger. J’ai l’estomac tellement noué que je n’arrive à rien avaler depuis la veille de l’opération. 


***Gabriel***


En sortant de l’aéroport, j’ai appelé Bénédicte en montant dans le premier taxi venu pour lui présenter mes excuses et savoir si elle voulait toujours me rencontrer pour qu’on puisse parler puisqu’elle m’a envoyé un bref message ou elle me dit qu’elle a reporté le mariage. J’ai eu assez de temps pour réfléchir et me dire qu’on méritait une nouvelle chance tous les deux. Peut-être que si je n’avais pas été aussi buté sur le passé, nous serions ensemble en ce moment. Je prépare dans ma tête le discours que je répète depuis que je suis monté dans l’avion. 

1/ Lui faire comprendre que j’ai eu une urgence de dernière minute.

2 / Lui faire comprendre que si ce qu’elle dit dans la chanson est vraiment ce qu’elle ressent au fond d’elle, elle ne doit pas se marier.

3/ Lui faire comprendre qu’on mérite une nouvelle chance.  


Mais la femme qui décroche le téléphone n’est pas Bénédicte. Semble –t-il une amie proche.  Je me fais passer pour un ami qui désire prendre de ses nouvelles. Elle me répond que Bénédicte a fait un malaise la veille du mariage ce qui les a obligé à le reporter… à aujourd’hui et que la cérémonie a déjà débuté car l’ambassadrice a entamé son discours de bienvenue. Elle me dit qu’elle ne peut pas rester longtemps au téléphone car elle est sortie de la salle de célébration pour répondre. 


Mon Dieu si elle parle d’ambassadrice c’est qu’ils sont à Pretoria.

Je n’ai aucune chance d’être sur les lieux avant … qu’elle ne dise oui. 


- Qui êtes vous ? 


Mon cœur se serre.

Tout est fichu. 


- Dites lui que j’ai aimé la chanson qu’elle a écrite et que … je suis désolée d’avoir tout gâché entre nous. Dites lui que je … ne l’oublierai pas et que je lui souhaite d’être heureuse…

- Gabriel ? Vous êtes Gabriel ?

- Oui. Je réponds étonné qu’elle connaisse mon nom. 

- Oh mon Dieu, elle vous a attendu à l’aéroport pendant des heures… Mais pourquoi n’êtes vous pas venu ?

- J’ai eu une urgence familiale de dernières minutes et dans le feu de l’action j’ai complètement oublié de l’appeler. Ce n’est pas parce que je ne tenais pas à elle. Expliquez-lui. C’est juste qu’on a joué de malchance. 

- Oh mon Dieu, elle était tellement malheureuse. Vous me mettez dans une situation inextricable.  Steven l’aime tellement, il la rendra heureuse si elle le laisse faire mais le souci c’est elle, elle est désespérément amoureuse de vous et je lui ai dit qu’elle faisait une erreur mais elle a dit que vous n’êtes pas venu à l’aéroport et qu’il fallait tourner la page. 

- Ecoutez mademoiselle, si elle n’a pas encore dit oui c’est que j’ai une chance, je vous en prie donnez lui le téléphone…

- Je … ne peux pas faire ça. Je…

- Je vous en supplie donnez lui le téléphone. Je … nous méritons notre chance. Je voudrais au moins le lui dire … qu’elle prenne sa décision en sachant que je voulais vraiment venir à l’aéroport et si elle décide toujours de se marier je respecterai son choix. 

- Mais la cérémonie a débuté.

- Je vous en prie … 


Apres quelques secondes, elle soupire. 


- Ok, je vais le faire. 

- Merci. 


Quelque chose teinte à mon oreille. Merde, c’est mon téléphone, je n’ai presque plus de batterie. 

Pourvu qu’elle se dépêche. 


 ***Lorelei***


Je serre Raphael dans mes bras tandis qu’on monte dans un taxi en direction du studio de Mickael qui est enfin sorti de l’hôpital. 

Je suis tellement heureuse de pouvoir encore le tenir dans mes bras. J’ai eu la peur de ma vie lors de son opération qui ne s’est pas déroulée comme nous l’espérions. Mais il est en vie et c’est le principal. En fin de compte, il ne pourra jamais entendre par lui-même mais ils lui ont placé un implant. Un petit appareil derrière ses oreilles qui lui permet d’entendre. 


Il a pleuré la première fois qu’il a entendu ma voix et moi avec lui. Une vraie fontaine !

Je suis heureuse car il ne sera plus jamais mis à l’écart à cause de son handicap tant qu’il porte ses implants. 


Et maintenant, je vais retrouver mon homme après avoir déposé Raphael chez papa et maman. J’ai décidé de louer un studio plus grand pour qu’il puisse emménager chez moi mais pour le moment, je ne peux que le laisser chez ses grands parents. 

 

Ah quand on pense au loup … il appelle. Je décroche en souriant:


- Allo ?

- Ca va ? 

- Oui, je dépose Raphael chez mes parents et je te retrouve chez toi. Dis-je ne regardant les rues de Libreville défiler sous mes yeux. 

- Ok. Quand tu seras à la maison, met en marche la stéréo… Je suis aussi en route. Khan m’a libéré plus tôt aujourd’hui. 

- C’est quoi cette histoire de stéréo ? 

- C’est trop long à expliquer…

- Non, explique maintenant. Toi t’es toujours en train d’éviter les longues discussions. Je veux que tu apprennes à me parler. 


Il laisse passer de longues secondes silencieuses…


- Notre dernière nuit ensemble…

- Oui. Dis-je pour l’encourager à me parler. 

- J’ai écrit des mots sur un bout de papier…

- Oui. 

- Gabriel les a mis en musique… 

- Quoi ? Gabriel les a quoi ? dis-je en rigolant.

- Il chante. Rarement,  mais il chante très bien… Il m’a … aidé à exprimer … ce que je n’arrive pas à te dire depuis le début… Il a transformé…  mes mots en chanson et je crois que … ça te plaira plus que les bouts de phrases que j’ai gribouillées... 


Et ben dis donc, cette phrase a eu du mal à sortir hein. 


- Lola ?

- Oui… 

- J’ai hâte d’être avec toi. 

- Je t’aime Mickael. Dis-je tout simplement. J’aime l’homme que tu es et j’aime ta manière de m’aimer. J’ai hâte aussi. 

- A tout à l’heure. 


Je suis tellement surprise que je n’arrive plus à quitter mon sourire. Je trouve ça fantastique que Gabriel ait aidé Mickael à m’exprimer ce qu’il ressent. 


Après tout ce sont des frères. Des frères jumeaux… C’est normal que maintenant que la haine et la dispute sont derrière eux, ils soient si complémentaires. 


En raccrochant, Raphael me regarde d’une drôle de manière. 


En LSF


- Vous allez vous marier ? 

- Je ne sais pas. 

- S’il ne te demande pas ta main, je lui casse la gueule hein. C’est pas son judo là qui va m’en empêcher …


J’éclate de rire et il retourne à son jeu de poche. 


***Quarante minutes après***


Je suis étonnée de trouver le studio fermé. Il devrait déjà être là. J’ouvre avec la clef qu’il m’a donnée et cours vers l’appareil. Il y a un cd à l’intérieur. 


Je le mets en marche. 


Je reconnais immédiatement la voix de Gabriel. 


- Mon idiot de frère est trop timide pour faire ce que je vais faire en son nom. 


Il rigole longuement et me fait rire aussi par la même occasion. J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure… 

La voix de Gabriel s’élève dans le salon … 


{All Of Me} John Legend


What would I do without your smart mouth/Drawing me in, and you kicking me out

Got my head spinning, no kidding, I can't pin you down

What's going on in that beautiful mind/I'm on your magical mystery ride

And I'm so dizzy, don't know what hit me, but I'll be alright


My head's underwater/But I'm breathing fine

You're crazy and I'm out of my mind


Cause all of me/Loves all of you

Love your curves and all your edges/ All your perfect imperfections

Give your all to me/ I'll give my all to you

You're my end and my beginning/ Even when I lose I'm winning

Cause I give you all of me/ And you give me all of you, oh


How many times do I have to tell you/ Even when you're crying you're beautiful too

The world is beating you down, I'm around through every mood

You're my downfall, you're my muse/ My worst distraction, my rhythm and blues

I can't stop singing, it's ringing in my head for you


My head's underwater/ But I'm breathing fine

You're crazy and I'm out of my mind


Cause all of me/ Loves all of you

Love your curves and all your edges/ All your perfect imperfections

Give your all to me/ I'll give my all to you

You're my end and my beginning/ Even when I lose I'm winning

Cause I give you all of me/ And you give me all of you,oh

Give me all of you


Cards on the table, we're both showing hearts/ Risking it all, though it's hard


Cause all of me/ Loves all of you

Love your curves and all your edges/ All your perfect imperfections

Give your all to me/ I'll give my all to you

You're my end and my beginning/ Even when I lose I'm winning

Cause I give you all of me/ And you give me all of you


I give you all of me/ And you give me all of you, ohh

{Mon Être entier}


Que ferais-je sans ta charmante bouche/ Qui m'aspire, et m'expulse

J'ai la tête qui tourne, sans blague, je ne peux pas te cerner

Que ce passe-t-il dans cette jolie tête/ Je suis dans ta course magique et mystérieuse

Et je suis tellement étourdi, je ne sais pas ce qui m'a frappé, mais ça va aller


Ma tête est sous l'eau/ Mais je respire bien

Tu es folle et je ne m'en préoccupe pas


Parce que mon être entier/ Aime tout de toi

Aime tes courbes et tout tes bords/ Toutes tes parfaites imperfections

Donne-moi tout de toi/ Je te donnerai tout de moi

Tu es ma fin et mon commencement/ Même quand je perds je gagne

Parce que je te donne tout de moi/ Et tu me donnes tout de toi, oh


Combien de fois devrais-je te dire/ Que même lorsque tu pleures tu es magnifique aussi

Le monde t'enfonce, je suis là à chaque humeurs/Tu es ma chute de pluie, tu es ma muse

Ma pire distraction, mon rythme et blues/ Je ne peux arrêter de chanter, ça résonne dans ma tête pour toi


Ma tête est sous l'eau/ Mais je respire bien

Tu es folle et je ne m'en préoccupe pas


Parce que mon être entier/ Aime tout de toi

Aime tes courbes et tout tes bords/ Toutes tes parfaites imperfections

Donne-moi tout de toi/ Je te donnerai tout de moi

Tu es ma fin et mon commencement/ Même quand je perds je gagne

Parce que je te donne tout de moi/ Et tu me donnes tout de toi, oh

Donne tout de toi


Cartes sur table, nous montrons tous deux des cœurs/ Risquant tout, bien que ce soit difficile


Parce que mon être entier/ Aime tout de toi

Aime tes courbes et tout tes bords/ Toutes tes parfaites imperfections

Donne-moi tout de toi/ Je te donnerai tout de moi

Tu es ma fin et mon commencement/  Et tu me donnes tout de toi, oh


Je te donne tout de moi/ Et tu me donnes tout de toi, ohh

Je suis restée sans voix… 

Longtemps… 


Parce que chaque parole éveille un écho en moi. Notre dernière nuit ensemble. 

Il m’a demandé de lui donner tout de moi, il a dit que j’étais belle même en pleures, il a dit qu’il aimait ma bouche, les courbes de mon corps… 

J’ai le souffle coupé… 


Son numéro s’affiche une nouvelle fois. 


- Mickael, je t’attends… 

- Madame, est-ce que vous pouvez venir sur les lieux ? Il y a eu un accident mortel… Le propriétaire de ce numéro a été violement percuté par un taxi qui venait en sens inverse. 


Seigneur !


***un inconnu***


- Alors ? Les choses se sont-elles bien déroulées ?

- Oui Monsieur. 

- Ok. 


Je raccroche et sourit seul, assis dans mon fauteuil, mon verre à la main. 


Je suis peut-être vieux maintenant mais j’ai encore tellement à faire. J’ai perdu mon fils en qui j’avais placé tous mes espoirs. Je me suis cru un moment fini. Puis ma femme m’a révélé qu’avant son départ, il avait enceinté la bonne togolaise qui travaillait pour elle à l’époque. 

Mon cœur de patriarche s’est relevé. J’ai une descendance moi qui croyais ma lignée terminée ! Puis apprendre que ma petite fille s’est mariée avec cet espèce de libanais ou indien ou je ne sais quoi… qu’importe.  Ca m’est intolérable ! Je ne peux laisser les choses ainsi. Alors j’ai agi. 

Premièrement, je me suis débarrassé du jeune homme qui protège Khan. J’avais pensé m’en débarrasser avec l’espèce de braquage que j’ai fait organiser et le faire tuer dans la foulée mais ça n’a pas marché… apparemment à cause du jeune homme dont je viens à peine de me débarrasser… Au moins maintenant, il ne sera plus une gêne. Un ancien élément formé par Saint Cyr… c’était trop dangereux de le laisser dans les parages.   


Notre famille a toujours été un soutien indéfectible des Ondimba et je pense qu’il est temps qu’une alliance soit scellée… avant que je m’en aille rejoindre mes ancêtres.

Selon mes  renseignements … Denis est assez proche d’eux… 

C’est une bonne chose. Il saura la consoler quand elle se retrouvera seule. 


Je l’ai vu se débrouiller avec Hugues. Et je suis convaincu d’une chose. Elle est belle et bien ma petite fille. 


On ne devient pas une panthère… on nait ainsi. 

Leila est ma digne héritière et il est temps qu’elle le sache. 


FIN DE LA PREMIERE SAISON DE LOVE SONG


likez ohhhhh et surtout commentez



L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

LOVE SONG