CHAPITRE 42 : Paris

VANESSA

J’avais été présentée de manière officielle comme étant désormais la compagne de Stanley. Pourtant en quittant la réception, j’étais d’humeur à faire la gueule.
Pendant tout le trajet du retour, je restais silencieuse. Je me demandais pourquoi Stanley ne m’avais pas mise au courant de l’arrivée de ses filles et de son ex…Avait-il quelque chose à me cacher ?
Quand nous arrivions à la maison, pris une douche rapide et me mis au lit. « Je crois qu’il faut que je dorme ça m’aidera à avoir les idées plus claires. Et parler sur le coup de l’émotion ne jouera pas en ma faveur ».
Quand Stanley me demanda si tout allait bien je prétextais une migraine. Le fait qu’Estelle et ses filles arrivent la veille de mon voyage me déstabilisait beaucoup…Soit….On verra bien… 

« PNC aux portes, armement des toboggans, vérification de la porte opposée »
J’étais à bord du vol Air France au départ de Libreville pour Paris. J’écoutais les consignes de sécurité d’une oreille distraite. Et essuyais une larme qui avait réussi à échapper à mon contrôle malgré mes efforts. Si on m’avait dit que me séparer de Stanley juste pour dix jours me ferait pleurer je ne l’aurais pas cru. Etait-ce la séparation qui me faisait me mettre dans cet état ou était-ce la peur de ce qui pourrait se passer durant mon absence qui mettait mes nerfs à fleur de peau ? « Il m’a demandé de lui faire confiance. Je dois lui faire confiance car notre relation pris un tournant beaucoup plus sérieux ». Mais comment rester sereine avec l’arrivée son ex à Libreville en mon absence…Comment pouvais-je partir zen, sans me laisser ronger par la jalousie et les pensées parasites ?
« Fais confiance à ton homme Vanessa ! »
Ma première nuit à Paris commençait mal. Quelques temps après mon installation à l’hôtel je fus en proie à de terribles maux d’estomac, mal de tête, vertige et même vomissements. « Je pense que tout cela est du à la fatigue du voyage. Mais j’irai quand même voir un médecin dès demain matin car avec tout ce que j’ai à faire pendant mon séjour pour JVP & Co il est hors de question que je reste clouée au lit. » 
***************************************************************************
-Docteur je ne comprends pas je me sens mal depuis le début de mon séjour. Je n’arrive à rien manger et puis je vomis sans arrêt. Je pense que je couve quelque chose… Peut-être une grippe ou une gastro….
Le médecin me regardait par-dessus ses lunettes sans rien dire, il s’adossait confortablement contre son fauteuil et m’écoutait lui parler de mes maux. 
-Pensez-vous que tout ceci est dû à la fatigue ? Au voyage ? Au changement de climat ? Parce que nous sommes en automne et il y a quand même vingt degré de différence avec la température de Libreville…..
-Quelle est la dernière date de vos règles ?
-Pardon ?!
« La dernière date de mes règles ? Mais qu’est-ce que ça vient chercher là dedans ?! »
-Vous pensez que je suis enceinte ? 
« Une grossesse là maintenant ? Non ce n’est pas possible Stanley et moi on se protège tout le temps » 
Je me mis à rire nerveusement tout en essayant de me rappeler à quand remontaient mes dernières menstrues. J’étais incapable de le dire. Mince ! « Je l’ai peut être noté dans mon agenda, j’ai souvent pris l’habitude de noter ce genre de chose » Je n’avais rien noté dans mon organizer. Aucune date soulignée en rouge. Pas de zone rouge de mentionnée, nulle part ! Je n’avais pas eu mes règles et je ne m’en étais pas rendue compte ? « Non ce n’est pas du tout mon genre ». Et si mon cycle était déréglé ? Oui c’est une possibilité ….Après tout avec la pression au travail c’était une éventualité. Le stress ça a agit sur l’organisme, c’est connu. Mon cycle était certainement perturbé voilà pourquoi je n’avais rien noté. Mes règles ne sont pas encore arrivées…. «Elles arriveront il n’y a pas de raison que je ne les aie pas ! »
-Avez-vous habituellement un cycle régulier ? 
Le médecin n’avait pas répondu à ma question, mais repartait déjà sur une autre.
-Oui mon cycle est très régulier….
Il se redressa, retira ses lunettes comme pour mieux me voir.
-Vous allez faire une prise de sang et comme ça on sera définitivement fixé. Vous pourrez revenir me voir pour l’interprétation de résultats. 
Il remit ses lunettes et griffonna dans une calligraphie illisible une prescription pour la prise de sang.
-C’est tout ? Vous ne m’auscultez pas ? 
-Je peux vous prendre les constantes pour vous faire plaisir…
« Pour me faire plaisir comment ?! Le gars là est sérieux ? »
-Venez ! Je vais vérifier votre tension….
Je me levai m’installai sur la table d’examen tout en réfléchissant pendant que le médecin vérifiait ma tension.
« Moi enceinte ? »….Je me repassais tous les films de mes derniers moi avec mon amoureux, quand soudain j’eus un flash. Il y avait eu cette fameuse fois où le préservatif s’était rompu…Et merde ! Les vomissements et la nausée seraient alors justifiés.
-Votre tension est un peu au dessus de la normal…Mais je ne pense pas que ce soit grave….Faites la prise de sang et ramenez la moi, comme ça nous serons fixés, sur ce qui vous arrive….

L’air frais automnal caressait mon visage. Il faisait un soleil magnifique et la teinte orange feu qu’arborait le feuillage des arbres pendant cette saison et que j’aimais tant contempler, me laissait indifférente cette fois-ci. A quelques mètres du cabinet de mon généraliste se trouvait un laboratoire d’analyses médicales, je décidais d’y faire ma prise de sang. « Gagnons du temps ! »
Le ding dong retentit pour annoncer mon entrée dans le laboratoire. La secrétaire médicale une blonde décolorée releva son visage quand elle me vit entrer et m’invita à m’assoir en face d’elle. Je lui donnai mon ordonnance sans rien lui dire, de toutes les façons tout y était mentionné. 
-Votre carte vitale s’il vous plait…
« Ah la carte Vitale heureusement que je l’ai toujours celle là… »
Je la lui tendis en restant taciturne. Je tournais tout dans ma tête. En fait je ne saurais dire ce qui me dérangeait tant. Enfin si je sais, c’est l’idée de ne pas avoir de contrôle sur la situation….Et Stanley comment va-t-il le prendre ? 
La fausse blonde venait de me dire quelque chose et comme je ne l’avais pas écoutée je me contentais de lui sourire. Elle m’avais sans doute invitée à récupérer ma carte vitale, ce que je fis avant d’aller m’assoir en salle d’attente.
Je feuilletais l’un des nombreux magazines posés sur la table basse ne face de moi quand l’infirmière chargée de faire ma prise de sang fit son apparition dans le couloir en m’appelant « Mademoiselle Pambou » avec une accentuation particulière sur le « ou ».
Elle me posait toutes les questions qui lui passaient par la tête pour m’aider à me détendre. Si j’étais tendue à ce moment ce n’était pas à cause de la crainte de la piqûre, je m’inquiétais plus pour la suite des événements.
La prise de sang faite il ne me restait plus qu’à attendre quelques heures pour avoir les résultats. Pour tuer le temps, je décidais de flâner sur les champs. Marcher dans Paris sans but précis et faire quelques achats compulsifs me feraient penser à autre chose pendant un bon moment.
Après avoir trainé dans trois magasins, je n’arrivais toujours pas à me vider l’esprit
« Je ne pourrais jamais tenir jusqu’à ce soir ...Il faut que j’en ai le cœur net maintenant ! »
Je me dirigeai comme un robot vers la pharmacie la plus proche puis demandais un test de grossesse. 
-Vous savez comment ça fonctionne ?
-Oui, oui !
Sur la boite, je pouvais lire fiabilité 99,99%. « Je crois que ce sera beaucoup mieux que de me torturer davantage avec des hypothèses en tout genre. Un jet d’urine, quelques secondes d’attente et je serai définitivement fixée.
Je déambulais encore quelques instants dans Paris avant de rentrer à mon hôtel les bras chargés de courses. Je balançai négligemment les poches plastiques contenants mes achats sur le sol avant de m’affaler sur le lit. Je sortis le test de grossesse de mon sac à main, ouvris la boite et commençais à lire la notice. Même si je savais déjà comment ça marchait je n’avais pas envie de me louper. Partagée entre l’envie de savoir et celle de ne pas savoir. Le bip de mon téléphone portable me sortit de ma réflexion. « Sauvée par le gong ». C’était Stanley qui m’envoyait un bbm. 
« Tu me manques à Lbv…. » Je m’empressai de lui répondre : « Tu me manques à Paris…. »
« Il me manque vraiment beaucoup surtout en ce moment… »
Assise sur la cuvette des toilettes je positionnai le test pile comme il fallait. Quelques gouttes d’urine suffiraient à me donner le résultat que j’attendais. Je remis le capuchon protecteur en prenant soin de bien déposer le test sur une surface plane. « Voilà c’est fait ! Il ne reste plus qu’à attendre quelques secondes pour savoir si je suis enceinte ou pas. »
Je vivais les minutes les plus longues de ma vie. Je regardais fixement le test de grossesse en attendant que le résultat final s’affiche. J’avais l’impression que le simple fait de détourner mon regard de cet objet violet et blanc même pour une seconde allait faire ralentir le processus ou me faire rater le plus important.
« Positif ! Le test est positif ! Je suis enceinte ! » Je ne saurais dire si j’étais entrain de rire ou pleurer mais tout ce que je sais c’est que j’étais heureuse de voir les deux traits violets qui s’étaient affichés et n’étaient pas prêts de s’effacer. Le rendez vous chez le médecin pour l’interprétation de la prise de sang ne sera plus qu’une simple formalité.
« Il faut que je le dise à Stan au plus vite ! Non…. Je le lui dirai quand je serai rentrée à Libreville, je crois que c’est mieux….»



© PLUME 241
Textes protégés (Copyright France Référence du dépôt DC7G1F4)