Chapitre 45 : Surmonter la perte d’un être cher.
Write by Les Histoires de Laya
***Deux semaines plus tard
***Liyanah***
Trois semaines à présent que Papito et Mamita sont partis et ce n’est vraiment pas facile.
L’ambiance à la maison est triste. Tata Solène est très triste, elle pleure tout le temps.
Mais ce qui est bien c’est qu’elle me parle, elle me dit tout ce qu’elle ressent, et elle dit que c’est sa thérapie à elle. Moi je me contente d’être là et je l’écoute se vider de sa peine.
Celle qui m’inquiète beaucoup c’est maman !
Elle ne parle pas, ne vit presque plus, ne fait aucun effort.
Elle se lève juste pour faire à manger et le reste du temps, elle est assise soit dans sa chambre soit dans la cour et elle reste là, pendant des heures et des heures.
Elle s’est déjà évanouie à plusieurs reprises car elle ne se nourrit pas si on ne la force pas.
Ça m’inquiète, elle se laisse mourir alors que nous avons besoin d’elle.
J’ai besoin de ma maman, Alia a besoin de sa maman, on a tous besoin d’elle alors pourquoi elle se laisse mourir ?
Je rentre des cours et je trouve tata Solène.
Moi : Bonsoir tata ! (Câlin)
Tata So (sourire triste) : Bonsoir ma Rose
Moi : Je monte juste voir maman et je redescends pour qu’on mange.
Elle : D’accord, j’y étais déjà, mais elle s’est endormie.
Moi : Elle a mangé ?
Elle (triste) : Non !
Il est 15h et je suis sûre qu’elle n’a rien avalé depuis le matin.
Je vais rapidement me changer et je vais dans sa chambre.
Moi (entrant) : Maman ? Maman, je suis rentrée.
Je retire mes babouches et je rentre dans ses draps. Elle pleure et elle tremble énormément, ça me fait mal. Comment on réconforte sa maman ? Je ne sais pas réellement ! Mais il faut qu’elle arrête de se laisser mourir, j’ai besoin d’elle !
Moi(pleurant) : Je sais que tu es triste maman, mais je ne veux plus que tu te laisses mourir, ça me fait mal maman snif, nous avons besoin de toi. Alia te réclame, ça fait près d’un mois qu’elle est chez tata Lina snif. Maman, tu me manques, ton sourire me manque, tes câlins me manquent. Maman tu veux mourir et me laisser ? Tu sais que tu es l’amour de ma vie, ma mère, mon réconfort alors te voir ainsi me brise le cœur maman snif. Je sais que tu as mal et que c’est dur mais parle moi alors, ou parle à papa de ce que tu ressens, sinon comment tu vas te libérer ? Deux semaines que tu ne nous parles pas maman, que tu te nourris peu, tu as bébé dans le ventre, mais tu l’oublies maman, snif je ne veux pas que tu restes ainsi, ça me fait mal.
J’éclate en sanglots et elle me prend dans ses bras en me serrant fort.
Je sais qu’elle a mal mais il faut qu’elle se relève.
***AJ***
Aïe ça fait mal.
Je la serre très fort et je l’entends pleurer et continuer à me parler.
Elle a raison, j’ai commencé à me laisser mourir, j’ai commencé à être l’ombre de moi-même mais je ne fais pas exprès snif.
Je ressens une douleur dans mon cœur qui est insoutenable, je n’ai pas la force pour me relever de ça.
J’ai essayé de me dire que je devais remonter la pente pour les enfants, pour Solène, mais la minute d’après, j’étais assise dans le dressing avec un album en main, tremblant et pleurant toutes les larmes de mon corps.
Comment surmontez-vous la perte d’un être cher ? Dites-moi car moi je n’y arrive pas.
J’ai préféré me murer dans un silence mais apparemment ça fait souffrir les miens snif.
Je reste avec ma fille dans les bras et Solène vient nous retrouver.
Elle me parle en me disant qu’elle a aussi besoin que j’évacue, qu’elle ne veut pas que je me laisse mourir et qu’elle a besoin de moi.
Soso(poursuivant) : En plus tu as promis snif, tu as promis que tu serais avec moi alors pourquoi tu me délaisses pour t’enfermer ? snif, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de parler de ma peine avec toi qui ressent surement la même chose que moi.
Ça m’a brisé le cœur car je me rends compte qu’elle s’est sentie délaissée.
Une fois de plus, j’ai failli à ma mission. Je n’ai pas su jouer mon rôle et je me suis trop focalisée sur ma douleur.
Moi (les regardant) : Pardonnez-moi mes bébés, pardonnez-moi d’avoir été égoïste sur ma douleur, c’est juste que j’ai tellement mal snif, je n’arrive pas à m’enlever cette douleur du cœur. Mais je vous promets d’essayer snif, je ne vais plus vous laisser pour compte. Je vais me relever, je vous promets snif.
Après, cette promesse, je vous l’avoue, ce n’était pas facile.
J’étais forte devant les filles et je mettais toute mon énergie à accompagner Solène dans sa guérison.
On a été jusqu'à voir un psychologue car elle voulait se libérer.
Sauf que moi, je gardais tout en moi et une fois la nuit tombée, quand elles étaient couchées, je pleurais dans les bras de mon mari. Ce qui fait que ses nuits étaient courtes et il était de plus en plus épuisé.
Ça a été ainsi jusqu’à mars, je faisais semblant d’aller bien pour mes filles, mais mon mari sentait que ce n’était que façade.
***Liam***
Moi (épuisé) : Elle ne va pas bien maman. Bientôt six mois mais je sais qu’elle ne va pas bien !
Maman : Tu crois qu’elle a déjà le courage de parler de sa peine ?
Moi : Il le faut. Elle pleure tous les soirs maman, elle ne dort quasiment pas. Mais en journée, elle fait la forte pour les filles. Si elle continue ainsi, elle ne va jamais guérir.
Maman : Wow, tu as raison. Et Solène ?
Moi : Je discute beaucoup avec elle, elle me dit qu’elle s’est sentie assez libérée surtout depuis les séances chez le psychologue. Il lui arrive de pleurer mais ça peut aller. Elle est à nouveau concentrée dans ses cours et elle souhaite avoir son baccalauréat avec mention pour honorer la mémoire de ses parents.
Maman (me touchant le visage) : Je te sens fatigué mais il faut que tu joues toujours ton rôle d’homme Liam. Tu te dois de les soutenir, de leur tenir la main. Concernant AJ, tu connais ta femme mieux que quiconque alors trouve le moyen de la faire parler. Il ne faut pas qu’elle reste avec tout dans son cœur, ce n’est pas bon.
Après cette discussion je suis rentré chez moi. J’ai d’abord discuté une bonne trentaine de minutes avec mes filles et Soso avant qu’elle ne se mette dans ses cahiers. Puis je suis monté avec un seul objectif : Permettre à ma femme d’entrer dans son processus de guérison.
Moi (au-dessus d’elle) : Je veux qu’on sorte bébé.
AJ (triste) : Je suis fatiguée Liam
Moi : Je t’emmène juste quelque part bébé, je m’occupe de tout, tu n’auras pas à t’épuiser.
AJ (après réflexion) : D’accord !
Je l’entraine jusqu’à la douche, je la lave, enfile ses sous-vêtements puis je lui mets une robe longue et simple.
On sort de la maison et je mets le cap pour la plage.
Si y’a bien une chose que j’ai compris avec ma femme, c’est que son endroit préféré pour évacuer sa peine, c’est la plage.
Quand je gare, je la sens paniquée parce que là elle sait bien qu’elle n’aura plus de choix.
Moi (tenant sa main) : Calme toi bébé (rassurant) je veux juste que tu te sentes mieux.
AJ : Je n’ai pas envie de parler Liam snif
Moi : Et moi j’ai besoin que tu le fasses car il est temps que tu te libères de ce poids.
On descend de la voiture, je tiens sa main et je la conduis vers une place assez isolée de la plage.
Assis sur un gros bois face à la mer, elle s’effondre complètement.
Je reste silencieux, en lui caressant juste le dos en attendant qu’elle ait envie de parler.
On passe presque trente minutes ainsi, mais vous savez, pour ma femme, le temps m’importe peu.
Je veux qu’elle se libère alors j’ai tout mon temps.
Elle finit par se lancer.
Elle me parle, elle vide tout son sac. À un moment donné, elle dit quelque chose qui me touche particulièrement.
AJ : Liam, toute ma vie j’ai l’impression que je dois être éternellement forte parce que les autres ont besoin de moi, j’ai l’impression de devoir dissimuler ma peine parce qu’il faut que je sois forte pour bien garder les autres snif. Mais je suis un humain Liam, j’ai mes douleurs, j’ai mes peines et parfois j’aimerai avoir la liberté d’être faible, d’être mal, de me laisser mourir, d’être au fond du trou, sans être forcée d’accélérer ma remontée à la surface juste parce que les autres ont besoin de moi.
Aïe, je me rends bien compte que je ne me trompais pas. Depuis tous ces mois, elle s’est forcée sans cesse, elle a accumulé beaucoup de choses.
Je l’ai laissée poursuivre. On a passé tout l’après-midi là, elle parlait avec des pauses et je l’écoutais.
AJ : Je crois que je t’ai tout dit !
Elle vient se blottir dans mes bras.
Moi (après une forte inspiration) : Je veux que tu saches que toute ma vie, je te serai dévoué, toute ma vie tourne autour de toi, mon but est que tu ailles bien. Mon but est de te tenir la main sur le chemin, mon but est de t’aider à te relever quand tu chutes. Mais tout ceci est possible uniquement si tu acceptes la main que je te tends, si tu acceptes de me donner tes fardeaux afin que je t’aide à les porter. Et aussi, nous avons DIEU avec nous. Je sais que tu lui en as voulu et que tu as cru qu’il te détestait mais il faut que tu saches, que DIEU t’aime, DIEU ne peut jamais vouloir ton mal, tu es son enfant.
Alors, là tu viens de me parler car tu me fais confiance, je veux aussi que tu parles à DIEU, que tu lui transmettes toute la douleur de ton cœur et tu lui demandes de t’apaiser. Il est temps que tu fléchisses à nouveau les genoux pour que ce début de guérison continue de la meilleure des façons. Depuis que tu as 19 ans, tu as vraiment mis ta vie entre ses mains, suite à la peine que je t’ai causé, il t’a apaisé alors pourquoi ne pas lui refaire confiance à nouveau ? (Elle pleure)
Après tout ça, nous sommes rentrés à la maison et j’ai demandé aux filles de lui laisser du temps.
Moi-même, je n’ai pas voulu l’étouffer, elle a besoin d’être seule pour remettre certaines choses en place à l’intérieur d’elle.
Quelques jours après, elle m’a dit qu’elle a compris et qu’elle a besoin de prier.
Je suis alors sorti toute la journée avec les filles en les emmenant partout où elles désiraient, elles m’ont bien plumé.
Le soir, j’ai trouvé ma femme assise en peignoir sur le lit. Ça faisait longtemps je vous assure.
Moi (l’embrassant) : Bonsoir bébé
Elle : Bonsoir mon amour. C’était bien ?
Moi : Oui oui, les filles veulent te voir mais je suis d’abord venu voir si tu te sentais bien.
Elle s’est levée pour aller retrouver les filles dans leurs chambres mais les demoiselles l’attendaient de pied ferme devant la porte. (Rire)
Liyanah : Donc tout ça c’est pour toi, plein de cadeaux offerts par papa & nous (souriante).
AJ (souriante) : Merci mes bébés.
Elle leur fait un câlin collectif.
AJ : J’ai fait à manger, mettez juste la table, on arrive !
Elle ferme la porte, elle dépose ses cadeaux et elle vient vers moi.
AJ (m’embrassant) Merci bébé (émue) merci pour tout !
Moi (la serrant) : Je t’en prie ma femme.
Ça fait du bien, ça fait du bien de la voir ainsi, d’apercevoir une petite lumière au bout du tunnel.