Chapitre 46
Write by WumiRa
- C'était un accident, je viens de vous le dire.
- Dans ce cas où est l'auteur de l'accident ? Comment un homme a t-il pu renverser ma fille et s'en tirer aussi facilement ?
- Il n'y avait rien à faire, sinon je n'aurais certainement pas attendu que vous veniez me le dire.
Le docteur Diaw, présent, décida d'intervenir avant que le ton entre les deux hommes ne monte.
- Chers messieurs, je suis dans l'obligation de vous rappeler que nous sommes dans un hôpital et q'une dispute ne résoudra rien à ce qui se passe.
Malik, lui, sembla se ressaisir, même si au fond, la haine qu'il éprouvait vis-à-vis de son beau père, n'en était que décuplée. Il n'avait pas pu empêcher Sonya d'appeler les parents de sa femme, mais heureusement, la mère n'avait pas été mise au courant. Il ne se sentait pas capable de devoir lui expliquer ce qui était arrivé à sa fille.
- Quand vais-je pouvoir voir ma fille ?
- Ma patiente a été clair, répondit le docteur, elle ne veut voir personne.
- Je suis son père.
Malik jura intérieurement.
- L'état dans lequel elle se trouve ne me permet pas d'aller à l'encontre de son désir d'être seule.
Il se tourna vers Sonya.
- Et vous mademoiselle, vous devriez avoir honte de vous, pour la manière dont vous avez annoncé à une mère qu'elle avait perdu son enfant. Ce genre de situation requiert la plus grande délicatesse et ce n'était pas à vous de le faire.
- Je comprends mon erreur, docteur. Je n'aurais rien dit si j'avais su qu'elle l'ignorait.
- Vous pouvez rentrer chez vous, dit alors Malik. Je vais prendre soin d'elle.
- Tu n'es pas sérieux ?
- Écoute Sonya, il s'agit de ma femme et quelques soient nos problèmes, tu n'as pas à t'en mêler.
- Tu veux qu'on aille poser la question à Maya elle-même ? Tu veux vraiment que je parle de la fois où elle a dû s'enfuir de la maison parce que tu lui rendais la vie impossible ?
Des larmes se mirent à couler sur les joues de la jeune femme.
- Wallah, s'il lui arrivait quelque chose...
- Mademoiselle...
Encore une fois, ce fut au tour de Umar d'intervenir.
- Je m'en occupe, déclara t-il. Viens avec moi Sonya.
Dès qu'ils se furent éloignés, le docteur fit de même et Malik demeura seul avec son beau père. Ce dernier avait l'air vraiment soucieux et il ne se passa pas plus d'une minute avant qu'il ne dise :
- Si je comprends bien, ma fille n'est pas aussi heureuse qu'elle prétend l'être avec toi.
Ce n'était pas une question.
- Elle l'est.
- Qu'est-ce qui me prouve que ce n'est pas tout le contraire et qu'elle n'est pas maltraitée ?
Un soupir d'exaspération échappa à Malik.
- Il s'agit de ma fille, poursuivit Henri. Si je venais à apprendre que tu...
- Si je devais maltraiter quelqu'un ce ne serait certainement pas ma femme. Je sais pourquoi je l'ai épousée.
- Je n'en serai certain qu'une fois que je lui aurai posé la question et qu'elle m'aura donné une réponse satisfaisante. Parce que vois-tu fiston, j'aimerais mieux perdre tout ce que j'ai durement acquis, que de devoir abandonner ma fille aux mains d'un abruti qui la fait souffrir.
Malik encaissa le coup, sans broncher. Rira bien qui rira le dernier, tel était sa devise. S'il avait songé à abandonner son idée de vengeance contre ce vieux renard, à présent plus rien n'allait l'en dissuader. Il avait perdu et sa femme et sa fille ; il n'avait plus rien à perdre. Et même s'il ne comptait pas baisser les bras aussi facilement, concernant Maya...
- Et quant à la conversation que nous avons eu il y'a quelques jours, tu es mal placé pour lui révéler que nous ne sommes pas ses parents biologiques. Abstiens toi de le faire ou c'est la prison qui t'attend.
Carrément. Si les circonstances le lui avaient permis, Malik aurait certainement rit de la nouvelle assurance d'Henri Fall.
- Si les choses étaient à refaire, je ne ferai certainement pas affaire avec toi, poursuivit ce dernier. Mais puisqu'il m'est impossible de revenir en arrière, j'exige que cette soit disant collaboration prenne fin.
Cette fois, Malik rigola intérieurement. Comme s'il allait s'accommoder de telles bêtises.
- Ce n'est pas un endroit fait pour parler affaire, monsieur Fall. Et je ne compte pas me retirer de l'HFL, simplement parce que vous l'avez décidé. Ce n'est pas moi qui suis venu demander votre aide presque à genoux.
Son coup fut porté avec succès, puisque l'expression facial d'Henri changea du tout au tout.
- Je suis l'actionnaire majoritaire. Si vos chiffres d'affaires ont regrimpé en aussi peu de temps, c'est grâce à moi et si je décidais de revendre mes parts à la mauvaise personne, vous et moi savons comment cela se terminerait.
- Tu devrais avoir honte de proférer de telles menaces à mon endroit Sylla.
L'entendre prononcer son nom de famille, ne fit qu'attiser la haine de Malik. Il fallait être complètement taré pour ne pas faire le moindre rapprochement entre ses parents et lui. S'il n'était pas le portrait craché de son père, il n'avait pas moins hérité du visage de sa mère. Soit ce type avait eu de sérieux problèmes de mémoire, soit il jouait la comédie autant que lui.
- Tes parents auraient eu honte de t'avoir comme fils.
Instantanément, Malik releva la tête.
- Pour un orphelin, tu as certes réussi, mais si pour toi l'orgueil va de paire avec la gloire, tu n'iras pas bien loin. Tu apprendras à tes dépends que le respect vis-à-vis des aînés est sacré.
Balivernes, songea Malik.
Umar réapparut l'instant d'après et heureusement, Sony n'était plus avec lui. À peine fut-il à leur niveau que son ami l'entraîna à l'écart.
- Dans quoi m'as-tu mis ? Qu'est-ce qui t'a pris de parler à Sonya de la situation ?
- Tu ne peux pas gérer "la situation" tout seul, Mal. Tu as besoin d'aide et ce n'est certainement pas en te conduisant comme tu le fais avec les membres de cette famille que tout rentrera dans l'ordre.
- Je te demande pardon ? Tu crois vraiment que j'ai besoin de l'aide de ces gens là ?
- Il fallait y penser avant de t'enticher de l'une des leur, répliqua Umar.
Malik arqua les sourcils.
- C'est flagrant frère. Il y'a quelques heures, tu tremblais littéralement et c'est bien la preuve que es amoureux de ta femme. Tu m'as d'ailleurs fait comprendre que tu comptais lui dire la vérité et c'est une preuve suffisante. Pourquoi ne pas laisser tomber toute cette histoire ?
- Si je ne te connaissais pas aussi bien, je dirais que tu me cache des choses. Mais puisque ce n'est certainement pas le cas...
- Soit. J'ai le journal intime de ta mère.
***
- Quoi ?
- Je ne suis pas un étranger pour toi, fit Umar. Si je te dis qu'on doit tout arrêter, c'est parce que j'ai de bonnes raisons de penser que tout ceci est une erreur. Non... Laisse moi terminer. Je ne dis pas que cette canaille de Fall est un saint, mais si tu savais ce que je sais, ta vision des choses ne serais plus la même.
Un ange passa. Puis comme Malik ne dit rien, son ami continua en disant :
- Pour l'instant tout ce que tu dois savoir c'est que la vérité n'est pas vraiment ce qu'elle paraît et désolé de te dire ça, mais tes parents n'étaient pas non plus des saints... En tout cas d'après ce que j'ai lu.
- Tu t'es permis de lire le journal de ma mère ?
- Tout dépend de si tu aurais plutôt préféré que je laisse tout ce que cela contient aux mains d'Inaya Sacko.
Sur le coup, Malik blêmit.
- Qu'est-ce...
- Elle a dû fouiller dans les affaires de sœur Léa. Dieu sait jusqu'où cette femme irait pour pouvoir attirer ton attention. Quoi qu'il en soit, après que tu l'ai mise à la porte, j'ai voulu m'assurer que ce qu'elle avait «entendu» n'était rien de compromettant.
- Si j'ai mis autant de temps à aller rejoindre Maya, c'est en partie à cause d'elle !
Il s'adossa au mur et se passa une main sur le visage.
- Où es... Donne moi le journal.
Son ami le toisa.
- Tu crois vraiment que c'est le plus important, alors même que tu viens de perdre ta fille ?
- Je sais ce que je fais et figure toi que tu n'avais vraiment pas besoin de te donner autant de mal pour moi.
- Tu n'as pas les idée clairs, ça se voit. Tu devrais peut-être rentrer chez toi et prendre une douche, parce que bien sûr, je te remettrai ce journal, mais ce que tu risques d'y lire, bouleversera ta vie à jamais.
Sans rien ajouter, Umar s'éloigna.
- Où est-ce que tu vas ?
- Rentre chez toi, Malik. Ce n'est pas pour moi qu'il faut s'inquiéter.
***
(Pendant ce temps)
- Tout s'est passé si vite. Ils n'ont rien vu venir.
- Je t'avais bien dit que ça aurait l'air d'un accident. Cette fille est tellement idiote qu'elle n'a pas dû se rendre compte que tu la suivais depuis des jours.
- Bon et maintenant ? C'est une chance que le type, son mari m'ait laissé partir.
- Si les choses se sont exactement passées comme tu me l'as décrit, oui c'était un coup du hasard ou de la chance, qu'en sais-je ? S'il lui courait vraiment après, à l'heure qu'il est, Malik est sans doute pris de remords, parce que n'importe qui ayant assisté à la scène, dirait que c'est de sa faute. Il aurait dû laisser cette...pimbêche s'en aller.
- Hum.
Elle sortit de son sac une enveloppe et la lui tendit.
- Tu as fait du bon boulot, Joker. Tu m'as plus qu'épatée et je te le revaudrai. Mais à partir de maintenant, il ne faut plus que tu me contactes ni ne cherche à me voir. Quand j'aurai besoin de toi, je viendrai te trouver moi même, c'est clair ?
- Limpide, répondit le surnommé Joker, en reluquant son postérieur, tandis qu'elle commençait à s'habiller.
Dès qu'elle eût terminé, elle remit de l'ordre dans ses cheveux à l'aide de ses mains, puis pris son sac.
- Tiens, fit-il, c'est quoi ton nom déjà ?
- Ah parce que tu t'es envoyé en l'air avec moi, sans même connaître mon nom ?
Il haussa les épaules et sourit.
- J'ai pris l'habitude de t'appeler «joli cul», tu sais. Alors si tu ne trouves aucun inconvénient à me dire comment tu t'appelles...
- Non. Tu peux continuer à m'appeler comme ça. C'est même mieux.