Chapitre 49

Write by Auby88


Nadia Page AKLE


Je raccroche l'appel et dépose mon mobile sur la table de nuit.

- Je suppose que c'était mon père, débute Eliad qui vient d'entrer par la porte ouverte, avec un bouquin en main.

- Oui, c'était lui.

Sur mon lit, il vient s'asseoir. Nous sommes séparés par Camilo.

- Tu ne vois pas d'un bon oeil la complicité grandissante entre Camilo et moi, pourtant entre mon père et toi, c'est pareil !

- Non, ce n'est pas pareil et tu le sais bien.

- J'imagine que c'est parce que j'ai rejeté Camilo auparavant.

En parlant, il fait des grimaces au bébé qui semble lui sourire.

- Disons que oui, Eliad.

Vers moi, il lève la tête.
- J'en suis conscient, PAGE... Je n'aurais jamais pensé qu'il s'attacherait autant à moi ! (Soupir) Il n'y a pas un jour qui passe sans que je ne regrette mes actes passés… C'est pour cela que je m'évertue à être un meilleur papa pour lui et Milena.

- Je l'ai remarqué et je t'en remercie.

Il m'offre un large sourire. Je fais semblant de ne pas l'avoir vu.


- Le grand garçon à son papa ne veut pas dormir, c'est ça ?

- Tu sais bien que tant que TU ne le dorlotes pas, ce petit capricieux ne s'endort pas.

- PAGE ! Arrête de faire cette mine, ce n'est qu'un bébé. Ça va changer.

- Je l'espère.

Il caresse doucement Camilo puis entonne une berceuse. Camilo s'endort rien qu'en écoutant la voix de son père. Moi j'aurais fait un concert entier pendant deux heures au moins que ce serait Zéro but ! Hmm ! Tel père, tel fils, oui !

- Il dort déjà, murmure Eliad.

- Comme d'habitude.

Il s'adosse contre la tête du lit.

- Je vais en profiter pour lire un chapitre de ce gros livre et dormir un peu avant la veillée.

Je hausse un sourcil.

- Attends, tu ne comptes quand même pas encore dormir ici ?

- Bien sûr que oui, PAGE. Je te l'ai déjà dit. Plus je suis près de Camilo et toi, plus il m'est facile d'apporter mon aide en cas de besoin.

- Je te rappelle que je vais beaucoup mieux.

Il ajuste ses lunettes et ouvre son bouquin.

- Fais comme si je n'étais pas là.

- Tu le fais exprès, n'est-ce pas ?

- Pas du tout...Sois relaxe PAGE, je ne tenterai rien.

Il plonge ses yeux dans les miens. Je ne baisse pas mon regard.

- T'as intérêt, Eliad ! De toutes façons, je n'ai pas peur de toi.

- Alors, c'est parfait ! A présent, repose-toi.

Il affiche un large sourire tandis que je garde une mine sérieuse.

Je continue de rouspéter, mais suis contrainte de me taire quand il me rappelle :

- Camilo risque de se réveiller. Il vaut mieux qu'on se taise.

- Ok, murmuré-je.

Je le regarde reprendre son gros livre sur l'architecture. Un silence s'installe dans la chambre. Un silence que je trouve ennuyeux, d'autant plus que je peine à dormir. Eliad, quant à lui, semble être absorbé par ce qu'il lit.

Par moments, je le guigne de l'œil.

- PAGE, je te vois.

Je lui tourne aussitôt le dos.

- Bonne nuit, PAGE !

- Bonne nuit Eliad, marmonné-je.

Je ne le vois pas, mais je parie qu'il rit dans mon dos.



***********


Maëlly FREITAS


Je viens d'apprendre que le fils d'Eliad est né, il y a près d'un mois. On dit aussi qu'il est un père comblé et qu'il adore son fils. Camilo, je crois.


Comment je l'ai su ? Cela n'a pas d'importance. En plus, j'ai fauté en m'intéressant de nouveau à Eliad. Mais je ne ferai plus une sottise pareille. Je veux changer. J'en ai besoin.


Je me lève du fauteuil et essaye de penser à autre chose qu'à lui, mais je n'y parviens pas...


S'il est un père aimant, c'est qu'il est aussi est un compagnon dévoué pour…

Oh mon Dieu ! Je me suis promis de ne plus traiter cette femme de "pute", de l'appeler Nadia. Mais je n'arrive pas.


 Je crie "Sale pute" puis fonds en larmes.


Arrête Maëlly ! Arrête de penser à eux !   Arrête de te morfondre pendant qu'eux vivent heureux. Ils n'ont rien à foutre de toi, de ton chagrin, de ta peine… de ton mal de vivre. Essuie tes larmes. Ne les verse plus pour ceux qui ne le méritent pas !


Du revers de ma main, j'essuie mon visage et vais prendre le roman à mon chevet. Celui d'Edric. Je ne me lasse pas de le lire et de le relire. Les mots à l'intérieur m'apaisent. C'est impressionnant le pouvoir que peuvent avoir des mots couchés sur du papier, surtout quand c'est de soi que ça parle...


Un appel interne. Je décroche le combiné fixe au mur...

- Edric est là ! m'étonné-je. Oui, tu peux le faire entrer. Je descendrai tout à l'heure.


Je raccroche le téléphone en souriant. Je n'espérais pas la visite d'Edric. Vite, je me précipite dans la salle de bain pour rafraîchir mon visage. On ne remarque même pas que j'ai pleuré, c'est bien. Avec enthousiasme, je quitte ma chambre.


- Edric !

- Bonjour Maëlly !

- Bonjour Edric !

Nous restons distants l'un de l'autre comme si chacun attendait que l'autre avance vers lui pour une accolade amicale. Finalement, rien ne se passe.

- Je n'ai pas eu de tes nouvelles après ta visite de la dernière fois, alors comme je passais devant ta maison, j'en ai profité pour m'arrêter.

- Merci, Edric, c'est gentil. Assieds-toi.

- Navré, Maëlly. Je ne pourrai pas attendre.

- J'insiste.

- Une autre fois, peut-être, Maëlly. Tout à l'heure, j'animerai un café littéraire dans la zone de Cadjèhoun et je dois y être à l'heure.

- Ok, fais-je un peu déçue.

- On remettra cela à une autre fois. Bien sûr, si tu le souhaites.

- Oui, agréé-je en mimant un sourire.

Je le raccompagne jusqu'à la porte d'entrée puis reviens m'asseoir dans le canapé en soupirant.


Un quart d'heure plus tard.

Mon téléphone sonne. Un message d'Edric. J'esquisse un léger sourire et me hâte de l'ouvrir.


"Bonsoir Maëlly. Je t'ai trouvée bien triste tout à l'heure. Je passerai te voir dans l'après-midi. Bien sûr, si tu le souhaites."

Avec empressement, j'appuie les touches de mon clavier.

"Oui"

Ces jours-ci, je me sens tellement seule, tellement triste, tellement délaissée qu'un peu de compagnie me fera beaucoup de bien.



**********


Edric Edric MARIANO


-  J'avoue que je ne suis pas une fan de roman policier, mais cette histoire-ci me plaît beaucoup. En plus, elle est pleine de suspens, ce qui attire davantage. J'ai bien hâte de savoir comment tout ça finit. Ou tu peux déjà donner un petit spoiler à ton amie ici présente.


"Mon amie", ça me fait tellement bizarre quand elle le dit. Je ne sais pas si Maëlly et moi sommes réellement redevenus amis, mais ce qui est sûr c'est que nous nous entendons mieux et nous nous fréquentons de plus en plus.


- Un spoiler ! Oh non. Même pas pour toi ! Tu attendras comme tout le monde !

- C'est pas gentil, Edric !

J'éclate de rire et me lève du canapé.

- Tu veux encore du jus d'orange ?

- Volontiers.

- Bien, je te l'apporte.

Je la laisse au salon pour revenir peu de temps après avec une bouteille de jus d'orange.


Maëlly est debout près du buffet. En main, elle tient la photographie où tous deux figurons avec Eliad. Je remarque qu'elle passe ses doigts sur le visage d'Eliad. Je me rapproche d'elle et regarde son visage humide sans dire mot.

- On dit qu'Eliad et sa pute…

- Nadia, rectifié-je.

- Oui, je peine à garder son prénom... On dit qu'elle et lui sont très heureux avec leur bébé.


Je ne dis mot. Je la laisse parler. Je ne lui dis pas non plus qu'actuellement, il n'y a rien entre Eliad et Nadia. C'est leur vie privée après tout.

- Ça aurait dû être moi, Edric... Si la cérémonie de mariage avait eu lieu, si Eliad ne s'était pas désisté au dernier moment, je serais sa femme aujourd'hui et la mère de ses enfants.

- C'est possible. Mais aurais-tu été heureuse près de lui, tout en sachant qu'il ne t'aimait pas ?

Elle lève les yeux vers moi, puis les baisse.

- Juste le fait d'être près de lui, de me réveiller dans ses bras m'aurait suffi.

Je ne sais quoi lui répondre, alors je reste muet.

Elle dépose le cadre photo.

- Je ne sais même pas pourquoi je te dérange avec mes peines de coeur ! Toi tu ne sais même pas ce que c'est d'aimer intensément quelqu'un.


Je détourne brièvement la tête pour ensuite répliquer le plus calmement possible :

- Oui, tu as raison. Je ne sais pas ce que c'est. Mais cela ne m'empêche pas de te réconforter dans le besoin.

Elle garde ses yeux sur moi.

- Merci, Edric… Je t'envie, beaucoup, tu sais. Parce que tu ne ressentiras pas cette douleur, ce nœud-là au niveau de la poitrine, qui t'empêche de respirer, quand tu ne peux pas être avec la personne que tu aimes, quand elle ne t'aime pas en retour...


Intérieurement, je soupire. Si seulement, elle connaissait la vérité à mon sujet !


- Tu te fais du mal, Maëlly. Et ce n'est pas bien. Tu as dit que tu voulais aller de l'avant. Ce n'est pas le moment de revenir en arrière. Tu…


Elle ne semble pas m'écouter.

- Je te le redis, Edric. Je t'envie. Tu vis ta vie sentimentale sans te poser de questions sur le lendemain. Tu n'as que des conquêtes d'un soir. Tu ne t'attaches à personne. Tu es libre. Libre comme le vent. Et ton cœur reste intact… En revanche, le mien est complètement en lambeaux… Ça fait mal, ça fait vraiment mal une déception amoureuse.


Je lui tends un papier mouchoir pour sécher ses larmes.

- Tiens !

- Une fois encore, je tiens à te dire que je suis désolée de t'ennuyer avec mes problèmes.

- Tu ne m'ennuies pas Maëlly… Les amis sont faits pour s'entraider. Alors, ne te sens pas gênée.

- Je me suis vraiment trompé sur ton compte, Edric. Tu es quelqu'un de bien. Merci.

J'acquiesce de la tête et la regarde intensément tandis qu'elle nettoie son visage...


- Tu te sens mieux à présent ? m'enquiers-je, assis dans le canapé en face d'elle.

- Un peu, oui.

- Ça te dit qu'on aille marcher un peu dehors pour t'aérer l'esprit ?

- Merci, mais non. Je préfère rentrer et me reposer.

Je ne la dissuade pas.

- D'accord.

- Tu ne le prends pas mal, j'espère.

- Non, Maëlly.

- Cela me rassure.

Je la raccompagne puis referme la porte. Je reste quelques secondes contre la porte, pensif, puis reviens "me noyer" dans mes écrits.




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