Chapitre 5
Write by EdnaYamba
Chapitre
5
Isabelle
MOUKAMA
Jonathan m’a proposée un petit travail, le temps que
durera leur caravane. Ils sont au nombre de 3 médecins avec 3 infirmières.
C’est insuffisant et épuisant, se plaignent-ils. Comme ils n’ont pas le temps
de préparer, ils m’ont proposée de leur faire à manger tous les jours en
échange d’une rémunération voilà qui va nous aider mamie et moi, en attendant
les sous que mes frères enverront. Les radios de mamie n’ont rien montré de
particulier selon Jonathan, ces douleurs sont dues à son âge très avancé. Il
nous a juste donné des antalgiques. Ma pauvre petite mamie. Il est presque midi
quand je finis de concocter le plat qu’ils ont demandé. Je prends le chemin de
la caravane quand sur la route, je croise Mélanie BOMO. Elle me fixe. C’est la
3e fois depuis cette semaine qu’on se croise et qu’elle me regarde
étrangement. Je me demande ce qu’elle me veut, elle.
-
Bonjour Isabelle ! me lance-t-elle
Je la regarde me demandant si c’est vraiment à moi
qu’elle s’adresse. Je ne la connais pas vraiment, ce n’est pas une fille du
village, elle ne vient que pendant les grandes vacances. La seule chose que je
sais d’elle, c’est que c’est la cousine de Gnomba. C’est tout ! On s’est
croisés parfois avant, sans plus. Elle ne m’a jamais embêtée, ni adressée le
moindre mot. Aujourd’hui, je me demande bien ce qui se passe. Comme je veux
éviter les problèmes, je m’abstiens de répondre et poursuis mon chemin.
Là je la vois me suivre, je me retourne pour lui faire
face sans rien lui dire, espérant que par mon regard qu’elle comprenne que je
ne veux pas les problèmes. Ma petite sœur est partie depuis quelques jours et
franchement en ce moment, n’eut été l’amitié de Jonathan et l’amour de BOUMI,
on me ramasserait à la petite cuillère, je suis épuisée psychologiquement et
Dieu merci ces derniers jours, je n’ai pas eu à riposter avec quelqu’un alors
qu’elle ne vienne pas reprendre le cycle.
-
Excuse-moi, je sais que tu dois être sur la
défensive après tout ce qu’on vous fait subir ici, mais je ne te cherche pas du
mal au contraire je veux être ton amie !
Mélanie BOMO veut être mon amie ! C’est toute
incrédule que je la regarde. Cette fille qui marche toujours la tête haute,
fière et en plus elle a de quoi être fière. Elle est belle, toujours mieux
vêtue que n’importe quelle fille du village, intelligente, issue d’une bonne
famille. Justement qu’est-ce qu’elle cherche à vouloir être mon amie. Depuis
qu’elle vient en vacances, elle n’a jamais manifesté la moindre sympathie
envers moi et ce n’est pas que j’en attendais. D’ailleurs, à part sa cousine,
elle ne s’est jamais mêlée à aucune fille du village. C’est certainement ce qui
justifie la conversation que j’avais surprise à la rivière une fois entre deux
filles…c’est juste que pourquoi aujourd’hui ?
-
Ecoute, je trouve ça idiot qu’on s’acharne
sur vous, vous êtes des orphelines c’est vous qu’on doit protéger. il n’y a
qu’au village qu’on note ce genre de comportement pff. franchement les
villageois hein !
Hautaine ! C’est bien le mot qu’elles ont employé
pour la décrire. « Elle prend
les gens de haut, parce que quoi elle revient de la ville ? »
-
Excuse-moi, c’est que je ne supporte pas la
bêtise ! tu ne dis rien ?
-
Merci
Elle me regarde et esquisse un sourire.
-
Tu n’as pas l’air trop bavarde, alors tu vas
où ?
-
A la caravane médicale, je dois déposer ça,
lui dis-je en lui montrant les plats que je transporte, je suis d’ailleurs très
pressée.
-
D’accord, j’espère qu’on aura l’occasion de
se revoir, ça me ferait plaisir !
-
D’accord !
J’arrive à la caravane où je trouve Jonathan et ses
confrères médecins. Je livre la nourriture qu’ils dégustent avec appétit comme
toujours.
-
On devrait t’embaucher comme notre cuisinière
officielle Isabelle, comme ça on t’emmènera partout avec nous. C’est fou comme
tu prépares bien ! dit Jonathan rassasié. Viens allons discuter un
peu !
Jonathan est vraiment très empathique et sociable. Je me
sens de moins en moins seule, je discute avec lui de tout et de rien. il passe
son temps à chercher à me faire rigoler
parce qu’il a dit : son traitement à lui pour moi serait d’effacer toute
cette tristesse qu’on lit sur mon visage. Il s’en sort plutôt pas mal au grand
dam d’Antoine. Antoine semble de plus en plus agacé par la proximité avec Jonathan.
D’ailleurs il m’a déjà reproché le fait de l’appeler par son prénom et non par
Docteur.
« Il
ne voit pas qu’il est trop vieux pour être ton ami ! »
Et quand je lui ai dit que Jonathan avait à peine 28 ans,
il n’en a pas pour le moins démordu à me dire : Isabelle méfie-toi !
Me méfier mais de quoi ? Jamais il n’a eu de gestes
déplacés, ni de propos déplacés. C’est de la jalousie et je peux comprendre
Antoine, Jonathan est un bel homme, une plastique qui ferait tomber n’importe
quelle fille, d’ailleurs elles sont pleins dans le village à lui faire des
numéros de charme maintenant et on en rigole quand il me parle de ses
consultations, mais moi c’est BOUMI que j’aime et pour moi, il est le plus bel
homme qu’il soit !
-
Il parait que y a la finale de la coupe
inter-village aujourd’hui et que le soir dans votre village il y a également
une cérémonie.
-
Oui, c’est vrai !, confirmé-je.
-
Alors ça te dit d’y aller avec moi ?
-
D’habitude je ne vais à aucune fête…
-
Tu es jeune, c’est de ton âge ! donc ce
soir quand j’aurais fini, tu m’accompagneras au stade, et ensuite le soir nous
irons à la fête. C’est décidé !
-
Non, je préférerais rester à la maison avec
mamie !
-
Mamie se débrouillera bien sans toi ! je
ne te laisse pas le choix ! me sourit-il
-
Sache que je n’ai pas une tenue correcte, tu
pourrais avoir honte de moi !
-
Oh ça ce n’est pas un problème, je ne doute
pas qu’une des infirmières qui t’aiment bien te donne quelque chose à porter.
Il me semble bien que je vais devoir aller à cette fête.
Ce n’est pas pour me déplaire mais je crains qu’Antoine le prenne mal.
Antoine
BOUMI
Ça fait plus de 2o minutes que le match est lancé et que
nous courons de part et d’autres sur le terrain, la partie est difficile, des
deux côtés nous sommes motivés à gagner cette coupe. Au moment où je réussis à
arracher un ballon des pieds d’un attaquant adversaire, avec lequel je cours
sur le terrain, je suis distrait par l’arrivée d’Isabelle et du jeune Docteur
tous souriants, que je n’entends pas la voix de Ghislain qui me demande la passe
de l’autre côté et je me fais voler le ballon. C’est l’euphorie du côté des
supporters adversaires, parce que l’autre joueur qui m’a pris le ballon court
jusqu’à nos buts. Dieu merci, notre gardien alerté, se penche du bon côté pour
stopper le ballon. On l’a échappé belle.
-
Type c’est comment ! me lance Ghislain
alors que je regarde une dernière fois en direction du couple.
Il suit mon regard et cherche dans la foule pour voir qui
je regarde.
-
Qui te distrait ?
-
Personne, dis-je en allant me replacer
stratégiquement
Je dois rester concentré,
même si c’est assez difficile. Cette proximité entre les deux me dérange. Il
est trop gentil le docteur et je n’aime pas ça ! Je ne le sens pas cette amitié. Je joue non pas
sans lancer de temps en temps des regards dans leur discussion, je les vois
parfois en train de rire. Elle semble heureuse. La seule personne qui doit la
rendre heureuse c’est moi !
Coup de sifflet. C’est un
avertissement me donne l’arbitre ! Je viens de marcher involontairement ou
volontairement qu’en sais-je, sur les pieds d’un autre joueur. Je suis
tellement ailleurs.
-
BOUMI c’est quoi ton problème ! me dit
MATASSA alors que nous allons aux vestiaires à la mi-temps ! tu veux nous
faire perdre c’est ça !
-
Lâche-moi les baskets ! dis-je en allant
m’asseoir
Mais MATASSA continue
tellement de parler, ce qui a le don de m’énerver que bientôt nous arrivons à
hauteur l’un de l’autre nous défiant du regard. C’est Ghislain qui vient calmer
le jeu en m’entrainant sur le côté.
-
Je ne sais pas ce qui t’énerve, me dit-il,
mais dis-toi que tu pourras régler ça une fois le match terminé !
ressaisis-toi !
Il a raison. Je me calme et m’excuse auprès de MATASSA et
de toute l’équipe avant de retourner sur le terrain.
***
-
BOUMI, pourquoi ne vas-tu pas avec Mélanie à
la fête de ce soir ? me propose maman
-
Parce que je n’ai pas envie ! lui
dis-je, j’irais seul !
-
Tu n’iras pas seul, qu’est-ce qui ne marche
pas avec toi, tous les garçons de ton âge seront accompagnés, tu es un
moine ? j’ai dit à Mélanie que tu iras la chercher, tu as intérêt à
partir ! ne me tente pas !
C’est tout mécontent que je vais que je vais chercher
Mélanie qui soit dite en passant est très jolie ce soir.
-
BOUMI, tu sais j’ai compris ! me
dit-elle, on ne force pas l’amour !
Je tique.
-
Je ne vais plus chercher à te séduire, je
préfère qu’on soit amis. C’est bien mieux !
-
Tu es sur ? demandé-je suspicieux.
-
Oui, sourit-elle. Je sais que tu l’aimes
vraiment cette fille dont tu es amoureux, je t’ai vu sur le terrain tout à
l’heure et j’ai compris !
-
Tu as compris quoi ? lui demandé-je
-
C’est Isabelle que tu aimes n’est-ce
pas ?
Elle me prend de court. Je ne m’y attendais pas du tout.
Je ne dis mot.
Je n’acquiesce ni ne réfute.
-
Bref j’ai compris ! tu n’as pas à t’inquiéter, je ne vous
trahirais pas. Je sais que les gens du village lui font déjà assez des
misères !
-
Je ne sais pas ce qui te fait croire tout ça
mais Isabelle et moi, on n’est pas ensemble. Maintenant allons plutôt à la
fête !
Quand nous arrivons, les festivités ont déjà commencé,
les différents groupes de danse se préparent, les conversations s’animent çà et
là. Avec les amis, nous discutons avec émotion de notre victoire et du relais à
passer aux plus jeunes.
-
Tiens ce jeune Médecin doit en pincer pour
Isabelle, évoque Ghislain alors qu’on la voit arriver avec le docteur suivis
des autres membres du corps médical.
Encore.
Cette fois-ci, j’essaie d’avoir la maitrise de soi, parce
que je vois bien que Mélanie m’observe, je ne vais pas non plus confirmer ses
propos parce que bien qu’elle me semble conciliante, Il ne faut jamais avoir
totalement confiance en une femme amoureuse.
Tout le monde les regarde. Je parie que certains doivent
penser que ce médecin est fou pour fréquenter ou alors qu’elle l’a jeté un de
ses sorts dont elles seules ont le secret.
Je commence à me demander si elle ne prend pas plaisir à
passer du temps avec lui.
Ça me fait plaisir qu’elle semble épanouie mais je n’en
demeure pas moins jaloux. C’est pourquoi quand on invite les jeunes sur la
piste de danse, j’entraine Mélanie avec moi tandis que le docteur Jonathan
l’emmène sur la piste.
Elle danse heureuse à son bras.
Heureuse dans les bras d’un autre que moi. J’arrête de
penser à elle pour me concentrer sur Mélanie qui sourit de ses plus belles
dents. Puis la danse est stoppée. Tout le monde est silencieux.
BOUTSOUROU le sorcier du village vient d’arriver.
Qu’est-ce qu’il fait là, il était pourtant parti dans le
village voisin. Ya longtemps qu’on n’avait pas entendu parler de lui.
-
Qui est-ce ? me demande Mélanie.
C’est vrai que pour elle qui est de la ville, elle ne
peut pas connaitre l’histoire de cet homme qu’on fuit comme de la peste. On dit
qu’il est capable de tous les sorts. Personne ne l’approche et personne n’ose
l’affronter publiquement. Ceux qui s’y sont risqués on mal fini ; il
parait que certaines personnes vont le voir en cachette quand ils ont besoin de
ses services. Il n’a pas de scrupules il suffit que tu aies un peu d’argent.
Quand il dépasse la cour. Les festivités peuvent
reprendre enfin.
Je laisse Mélanie que sa cousine vient de tirer, pour mon
plus grand bien, pour aller rejoindre les garçons. Il vaut mieux que je discute
avec eux à un angle qui m’empêche de me pourrir la soirée à regarder Isabelle.
Mais c’est peine perdue, je ne peux pas m’empêcher de jeter de temps en temps
des regards dans sa direction. Et quand je la vois s’éclipser, je profite de la
foule pour la suivre.
-
Ça te plait bien de danser avec lui !
Elle se sursaute et se retourne.
-
On pourrait nous voir, me chuchote-t-elle
-
Tu as peur que ton médecin te découvre ?
-
Tu es bête BOUMI ! tu sais bien que je
t’aime.
Elle m’embrasse rapidement. Et ça suffit pour m’apaiser.
-
Il est juste gentil. Maintenant va rejoindre
tes amis. On se voit tout à l’heure.
Je me faufile pour la laisser tranquille.
Mélanie
BOMO
J’ai dormi toute la nuit avec cette idée en tête. Je
réveille Gnomba qui boude. Avec la fête d’hier, elle est rentrée au petit matin
quand moi, dépitée après avoir vu Antoine et Isabelle que j’ai surveillé toute
la soirée sortir l’un après l’autre des bois, je suis rentrée à la maison
quelques minutes plus tard. J’avais perdu le goût de la fête. C’est donc
vraiment elle , qu’il aime.
-
C’est quoi Mélanie ? il est 06h du
matin.
-
Je n’ai pas bien dormi Gnomba. Cet homme
d’hier m’a vraiment fait peur, le sorcier !
-
Tu n’as rien à craindre, il ne sort pas très
souvent de son temple.
-
Sur ? d’ailleurs son temple est
où ? comme ça jamais je ne m’approcherais de cet endroit !
-
Après les bois, le chemin tout droit y a une
case, la seule même !me dit-elle ensommeillée, mais vraiment tu n’as rien
à craindre.
-
Il est vraiment si puissant qu’on le
dit !
-
Oui, allez Mélanie aie pitié j’ai vraiment
sommeil…..
-
Ok rendors-toi !
Après les bois, le chemin tout droit, une case. J’y ferais
un tour !