Chapitre 5

Write by Kaylee

Épisode 05 : La ville


**** AMIR MOUSTAPHA ****


Depuis cette maudite nouvelle de grossesse que m'a annoncé mon père, je suis tombé instantanément malade. Je fais de la fièvre et je vomis mes tripes. J'imagine à quel point cette nouvelle va chambouler beaucoup de choses dans ma vie. Si seulement je pouvais retourner en arrière ! Oumou était une petite que j'appréciais bien sans plus. Je la connaissais comme étant une ado maigre, chétive et timide. Lorsque j'étais allée au village chez ma belle-mère pour passer quelques jours avec mes demi-frères et sœurs, j'avais été grandement surpris de voir à quel point Oumou avait changé et grandi. Elle s'était épanouie et avait des formes généreuses. Je ne peux dire qu'elle est dotée d'une beauté envoûtante ou quoi que ce soit de ce genre mais j'avais quand même été subjugué. Le chasseur en moi s'était réveillé et je me suis donné pour but de la mettre dans mon lit. J'avais constaté qu'elle avait un faible pour moi donc la tâche fut facile. Ce que je n'avais pas prévu c'était sa virginité mais le mal était déjà fait. Je suis devenu accro et nous avions passé deux semaines de baise intense. Il suffisait que sa tante que soit la deuxième épouse de mon père tourne le dos pour que je la tire dans ma chambre pour un coup rapide. Tout se passait comme je le voulais jusqu'à ce que Oumou se mette à me faire chier avec des crises de jalousie. Je ne lui avais rien promis et ce n'était pas comme si nous étions en couple donc son attitude m'avait paru déplacé et j'ai donc rompu et suis revenue ici. Cette nouvelle de grossesse ne pouvait pas plus mal tomber ! Je ne suis pas prêt pour être père et si je voulais avoir un enfant ce ne serait sûrement pas avec Oumou. Mon téléphone sonne. Je regarde l'appelant et lâche un soupire de désespoir. Encore mon père ! Depuis hier qu'il m'a annoncé la nouvelle il ne fait que me téléphoner, de même que ma mère qui m'a fait passer un sale quart d'heure téléphonique. Apparemment, le fait que j'ai mise en cloque la nièce de sa coépouse ne la ravie pas du tout.


 Moi (soupire) : Allô papa. Bonsoir.


 Papa : Amir tu as déjà pris le billet d'avion ?


Il ne prend même pas la peine de répondre à ma salutation. Tout de suite les balles.


 Moi (mentant): Oui déjà.


 Papa : Bien. Je suis actuellement en ligne sur WhatsApp. Comme par m'envoyer en même temps la photo du billet pendant l'appel.


Oups ! Me voilà dos au mur. Le vieux ci me met déjà trop la pression je trouve.


 Moi : Euh... papa c'est que...


 Papa : Amir ! Tu as pris le billet, Oui ou non ?


 Moi : Non.


Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil.


 Papa : Je m'en doutais bien. Je te l'ai déjà pris en ligne. Ton vol est prévu pour demain soir à 19h. Amir, ne m'énerve pas encore plus. Je garde déjà trop mon calme te concernant. Je veux te voir ici jeudi. À bon entendeur salut.


Il ne me laisse plus en placer une avant de me raccrocher sèchement au nez. Je me laisse tomber lourdement au sol en ruminant. La nausée me prend encore une fois et je cours dans la salle de bain vomir tout mon déjeuner. Fais chier !


*

*

*


   **** Salewa ****


  Les quatre prochains jours suivant ma discussion avec ma cousine, je ne faisais que réfléchir encore et encore. La ville m'a toujours fascinée grâce aux histoires que me racontait Jessica  et j'ai toujours secrètement rêvé d'y vivre un jour.


   J'ai 20 ans, et si je ne m'impose pas à mes parents dès maintenant, jamais ils ne me laisseront vivre mon destin. J'ai déjà été trop mou avec eux. Si je ne me prends pas en main maintenant qu'il est encore temps, quand vais-je le faire ? Lorsqu'ils me trouveront peut-être un mari villageois qui m'enverrait le restant de mes jours aux champs et m'obligerait à lui pondre des enfants comme une poule ? Non ! Je ne suis plus au sein.

  Après avoir longuement et mûrement réfléchi, je décide de faire part de ma décision à mes parents après le dîner.

  Il faut qu'ils sachent en même temps ce qui me tient à cœur.


 Moi : Néné, baba j'aimerais vous parler.


 Papa : Tu as un problème ?


 Moi : Pas vraiment. Je voulais seulement vous annoncer que j'ai pris la décision de suivre Jessica à Cotonou.


 Maman (écarquillant les yeux) : QUOI ?


 Moi (impassible): J'ai proposé à Jessy de la suivre à Cotonou et elle a accepté.


 Maman ( se lève rageusement): Jamais ! Tu ne vas nulle part ! Comment as-tu pu prendre une telle décision sans m'en parler d'abord au préalable ?


 Moi : Je t'en parle quand même maintenant néné. Je veux aller à Cotonou.


 Maman : Mais...


Papa l'interrompt d'un geste de la main et se tourne vers moi.


 Papa : Alors, Saly, tu dis vouloir suivre ta cousine c'est ça ?


 Moi : Oui baba.


 Papa : Et que comptes-tu faire une fois là-bas ?


 Moi : M'inscrire à l'université. On m'a offert une bourse d'étude pour ma première année.


 Papa : Et comment tu vas t'en sortir sans nous ?


 Moi : Je vais effectuer de petits boulots pour ne pas beaucoup compter sur Jessica. Je veux vraiment aller en ville baba. Je ne vous décevrai pas. Donnez-moi une chance de faire quelque chose qui me tient vraiment à cœur.


 Maman : Salewa je ne...


 Papa : N'essaie pas de la dissuader Rose. Donne-lui plutôt ta bénédiction si elle souhaite vraiment y aller. C'est certes notre enfant mais elle grandit chaque jour un peu plus et nous devons lui faire confiance et la laisser suivre son propre chemin.


 Moi (sourire): Merci baba.


 Maman (les larmes aux yeux): Es-tu vraiment sûr de vouloir partir, ma chérie ?


 Moi : Oui néné et compte sur moi. Je vous rendrai fière de moi.


 Maman : Hummm.


 Les jours suivants, c'est le remue-ménage à la maison. Ma mère m'aidait à faire mes valises. 


   Khalil et Kader étaient très triste, de même que Oumou dont le ventre pointait déjà le nez. Malgré la grossesse elle allait toujours à l'école et ramenait de bonnes notes. Cela au moins compensait notre déception. Par contre, ma grande sœur Kadidja n'avait pas été du tout ravie en apprenant mon départ pour la ville et j'ai dû me rendre chez elle pour qu'on en discute.


 Khadidja : Je ne fais pas confiance en Jessica Salewa. Et je ne veux pas que tu la suive en ville. D'ailleurs je ne comprends pas cette obsession que tu as pour la ville. Tu es encore jeune. Rien n'est encore tard. Tu peux toujours aller en ville plus tard si tu le désires. Tu n'as pas besoin de forcément suivre Jessica maintenant.


 Moi : Je te comprends dada (grande-sœur). Mais c'est maintenant que j'ai envie d'y aller. Je n'y vais pas pour m'amuser mais plutôt pour mes études et chercher de l'argent.


J'ai dû chercher des arguments convaincant avant qu'elle ne me donne également son aval.


 Khadidja : Je veux que tu me promettes néanmoins une chose.


 Moi : Tout ce que tu veux.


 Khadidja : Promets-moi de revenir au village si tu rencontres trop de difficulté là-bas. Ne rentre pas dans des choses qui vont te dépasser après et surtout ne nous déshonore pas.


 Moi : Promis dada.


*

*

  Et voilà enfin le jour J.

À la gare, les émotions étaient au rendez-vous. Maman ne me lâchait pas avec les recommandations. Nous nous sommes câlinés avec effusion et j'ai pris chacun de mes frères dans mes bras avant de rentrer dans le bus aux côtés de Jessica.


  Ma famille va beaucoup me manquer. Ça c'est garanti !


*


  Waouh !!!


 Cotonou est trop top .

Jamais je n'ai vu autant d'animations. Il faisait déjà nuit quand nous n'arrivons à destination. Des milliers de lampadaires scintillaient sur chaque voie. Motos et voitures se confondaient dans la circulation tandis que les maisons et boutiques s'alignaient à chaque côté des chaussées.

  Le bus s'arrêta dans un quartier où était marqué sur une plaque "Kouhounnou" . 

  Oh là là. Ce quartier aussi était bien.

Jessy m'explique alors que c'était dans ce quartier que se trouvait le stade de l'amitié Mathieu Kérékou et cerise sur gâteau, elle habitait non loin du stade et me promet que le lendemain elle allait m'emmener faire une petite visite des alentours.


 Je n'arrêtais pas d'émettre des exclamations surprises et joyeuses en posant des questions sur tout ce que mes yeux voyait pour la première fois en parfaite villageoise que j'étais. 

Jessica prenait le plaisir de tout m'expliquer. Elle habitait dans une petite maison moderne appartenant à sa mère, ma tante qui a emménagé en Côte d'Ivoire deux années plutôt avec son nouveau mari, laissant donc la maison à sa fille unique.


 Moi : C'est magnifique Jessy.


 Elle : Merci ma chérie. La deuxième chambre est libre, donc à ta disposition.


 Moi(ravie): Merci beaucoup


   J'ai emmené ma valise dans ladite chambre émerveiller et après une bonne douche rapide, je tombe dans un profond sommeil.

  Le lendemain matin, c'est une bonne odeur de nourriture qui me réveille. Après m'être débarbouillé, je rejoins ma cousine dans la cuisine.


 Moi : Humm. Ça sent vachement bon par ici. Qu'est-ce qui veut me casser les narines comme ça ?


 Jessy : Des omelettes. Tu en veux ?


 Moi ( tout sourire): Je ne dirai pas non.


    Elle me retourne mon sourire et me servit ma part que je mange avec entrain.


 Moi : Hummm Jessica, ta chose-là ne m'a pas rassasié ooh. C'est comme si ça m'a encore provoqué la faim.


 Jessy : Gourmande va. Désolée pour toi mais c'est le petit déjeuner et ça doit être bien léger.


 Moi : Léger là c'est quoi ? Vraiment ! Si j'étais à la maison j'allais manger une bonne dose de wô ( pâte de maïs) avec une bonne sauce.


 Jessica (rire) : Tu mangeais mal .


 Moi : Tsuiiip. Tu ne connais pas alors l'adage ?


 Jessica : Non non. Dis-moi.


 Moi : Bien manger pour vivre longtemps.


 Jessica ( pleurant de rire): Tu as même modifié à ta manière hein la fille ci. Longtemps là sort même d'où ?


  Nous rions ensemble. Des moments de pure bonheur avant l'enfer.




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