Chapitre 5
Write by QUEENEMMA
Trois jours
plus tard
Alexandra AMAN fit signe au
serveur.
·
Une autre s’il vous plait, lui lança-t-elle
·
Ok Ma’am, répondit celui-ci avec enthousiasme.
La jeune femme sourit devant
l’énergie quasi épuisable du serveur. Depuis deux heures qu’elle était dans
endroit, il travaillait avec la même ardeur. Elle lui glissa un pourboire. Il
lui lança un énorme sourire. Elle aimait les gens travailleurs. Elle prit son
verre et retourna à sa table.
Elle s’engouffra dans le
fauteuil et trempa ses lèvres dans le breuvage sucré. Elle ne se souvenait plus
du nom du cocktail mais c’était tellement bon !
Elle sentit son téléphone
vibrer dans sa pochette. C’était Serena qui lui envoyait un message. Elle y
répondit rapidement. Elle allait bien. En tout cas avec ce troisième verre,
elle se sentait super légère. Elle n’avait pas envie de pensées mornes ce soir.
Surtout pas après ces trois jours de dépression.
Elle avait littéralement tout
plaqué pour se réfugier ici.
Après être sortie du bureau de
Wenceslas, elle avait foncé expliquer son désarroi à Serena. Puis après avoir
négocié un congé in extremis avec son patron, elle avait envoyé son fils chez
sa mère. Elle avait ensuite fait ses bagages et était venue ici. Sans son amie,
qui l’avait cependant suppliée de pouvoir l’accompagner dans sa retraite
improvisée. Elle avait besoin d’être seule. Pour chercher la paix.
« Quelle paix trouver
après cette bombe qui lui était tomber dessus ?». Malgré elle, elle éclata
d’un rire nerveux.
Jamais elle n’aurait imaginé
que Wenceslas oserait lui rapporter un enfant de ses sauteries sordides. Mais
il l’avait fait. Il le lui avait enfoncé bien profond même cette fois ci !
Et elle ne sentait plus la force d’endurer tout ça. Bien sûr il l’avait inondé
d’appels et de message pour lui assurer qu’il n’était pas l’auteur de cette
grossesse. Comme si ça changeait quelque chose !
Il avait couché avec cette … !
elle devait reconnaitre qu’elle avait sous-estimé cette fille. Jamais Wenceslas
(Et pour enfoncer le clou, elle l’appelait AMAN ! LA GARCE !!!), n’avait
été une relation aussi longtemps avec l’une de ses conquêtes. Elle devait
reconnaitre qu’il y avait plus qu’une simple relation charnelle entre eux. Elle
avait passé toutes ces années à faire l’autruche sur les vices de son mari
maintenant elle le payait cash.
Quant à savoir quoi faire,
elle pensait le savoir. Elle ne voulait pas vivre une minute de plus avec ce
porc. Elle voulait divorcer. Cette simple pensée lui donna un mal de ventre.
Son fils !!! comment allait-il vivre tout ça ? pouvait-elle lui
imposer tout ça ? il était si jeune. Et ce n’était nullement ce qu’elle
avait prévue pour lui, une garde partagée entre deux parents qui allaient
surement se détester.
Mais il ne serait pas le
premier enfant à vivre avec des parents divorcés non, conclut-elle en
soupirant. Mon Dieu !!! quelle galère !
Une chanson qu’elle aimait
bien passa dans les baffles. Elle leva un bras en signe d’assentiment et se mit
à bouger la tête au rythme de la musique. C’était une chanson de Mary J Blige,
Be Without You (https://www.youtube.com/watch?v=8XNaPX6MKlU). Une Master
class de RnB, selon Elle en tout cas !!! Et elle mettait quiconque au défi
de lui trouver une chanson RnB plus profonde. Serena elle, ne jurait que par
Tony Braxton avec sa voix de velours. Une querelle qui ne se règlerait de sitôt,
pensa-t-elle en souriant.
Le DJ enchaina avec un autre
classique du RnB. Du R KELLY ! Oui ce type était un porc mais Dieu, il
chantait fichtrement bien !!! Envoutée, elle se leva et se mit à bouger
son corps !!! Lentement, les yeux fermés. Il y avait si longtemps qu’elle
n’avait pas dansé. Elle se laissa porter par la musique. Sans retenue. Elle
pouvait se le permettre. Elle était dans une box privée, seule. Donc très peu
exposée ! Enfin elle l’espérait. Danser lui faisait du bien,
reconnut-elle. Comme si le disc-jockey lisait dans ses pensées, il passa tout
une série de chanson RnB. Elle se déchaina
donc, l’alcool aidant, déversant sa douleur, sa colère et sa frustration dans
chaque mouvement qu’elle faisait. Elle ne sut pas combien de temps elle resta
ainsi. A laisser son corps évacuer toutes ses émotions négatives.
Lorsque le Disc-jockey shifta
du RnB au coupé décalé national, elle s’effondra sur son siège, satisfaite, mais
épuisée de s’être déchainée autant. Elle prit son cocktail qu’elle porta à ses lèvres,
les yeux fermés et soupirant d’aise.
Quelle ne fut sa surprise
quand elle entendit applaudissements tout près d’elle. Elle sursauta. Devant
elle se trouvait un homme dont le visage souriant lui semblait familier. Elle
n’était pas physionomiste pourtant. Mais ce sourire, ce regard, elle s’en
souvenait bien.
·
Ehhhh….. !!!!!Vous ???.... Mais… qu’est-ce que vous faites
ici ?
·
Beh vous avez mis du temps, fit l’homme, toujours avec ce sourire placardé
à son visage.
·
Vous faites quoi devant mon box ? c’est privé vous savez !
·
Pas si privé que ça si je vous vois de chez moi. Un box privé, c’est celui
que j’ai, juste en face de vous, fit l’homme avec un sourire moqueur.
Alexandra sentit la moutarde
lui monter au nez. Pour qui il se prenait ce type ? Elle loucha vers
l’endroit que ce dernier lui indiquait. Un voile couvrait son salon. Et on y
voyait juste une lueur rougeâtre qui en émergeait, qui laissait juste deviner
les ombres. Le coût du salon privé qu’on lui avait communiqué étant exorbitant,
elle avait opté pour celui qu’elle occupait. Elle reconnut que son salon à lui
avait plus d’intimité. Plus de classe aussi.
·
Je venais vous inviter à profiter de la discrétion de mon box et
accessoirement me tenir compagnie, lui proposa l’homme en face d’elle le plus
simplement possible.
D’abord surprise par l’audace
de ce dernier, elle leva la tête et lui lança :
·
Pourquoi j’accepterais de vous suivre dans un endroit pareil ? je
ne vous connais pas !
·
Si vous savez qui je suis. Je ne suis pas un total inconnu pour vous. On a
un peu discuté ensemble au vernissage, souvenez-vous. N’eut été votre belle
amie métisse, nous aurions surement fait mieux connaissance.
·
(Souriant à l’évocation de Serena), vous aussi vous avez été hypnotisé par mon
amie métisse ?
·
J’ai juste dit qu’elle était belle. Ce qui est un fait. Et je n’ai jamais
dit que j’étais hypnotisé par elle. Elle n’est pas mon type.
·
(Étonnée) Serena ? pas votre type ? vous rigolez peut-être ?
qui dans ce monde serait indifférent aux charmes d’une femme avec une beauté
pareille ? une femme métisse à la peau claire, avec un beau visage et un
corps plantureux ? qui … ?
·
Tout le monde n’est pas friand de femmes plantureuses et tape à l’œil comme
votre amie vous savez. Certains d’entre nous ont des gouts prononcés en matière
féminine.
·
Hum, j’aimerais bien savoir quels sont ces gouts, fit la jeune
femme en toute insouciance.
Pour toute réponse, il se mit
à la détailler entièrement, de la tête aux pieds. Alexandra frémît sous cet
examen, quasi indécent.
·
Prenez vos affaires et venez, on en discutera plus calmement si vous voulez
bien !
Puis il lui tendit la main.
Son être entier lui criait de refuser et de fuir. Pourtant elle fit ce qu’il
lui proposa et le suivit.
Assise dans le salon feutré,
elle devait reconnaitre qu’il était beaucoup plus confortable que son box moins
onéreux. L’intimité y était de mise. Elle aurait pu danser à volonté comme elle
l’avait fait tout à l’heure mais elle ne pouvait plus. L’homme en face d’elle entravait
sa liberté. Elle se demandait toujours pourquoi elle avait suivi un quasi
inconnu. Il lui proposa du champagne, qu’elle refusa. Elle préféra un jus de
fruit plutôt. Il sourit devant sa réserve et lui demanda de prendre ses aises.
·
Je ne connais toujours pas votre nom, vous savez, lui lança-t-elle
·
C’est parce que vous ne l’avez jamais demandé, ou même jamais chercher à
savoir qui j’étais, Madame AMAN Alexandra Miezan, répondit-il joueur.
·
Pourquoi faudrait-il… ? Ehhhhhh !!!comment vous connaissez mon
nom ? s’écria la jeune femme surprise.
·
J’ai cherché… lâcha l’homme, sirotant son verre de champagne, affalé dans
le canapé en cuir blanc du club.
·
Mais vous ne m’avez vu qu’une fois auparavant ? comment avez-vous pu
savoir mon nom après tout ce temps ? mais putain vous êtes qui ?
s’exclama-t-elle, debout sur son séant.
·
ALAIN-YVES AFAKAN, pour vous servir !!!! lui tendant la main.
·
(Lui tapant la main tendu et hurlant) Comment vous connaissez ma putain de
nom ?
Il sourit et la considéra calmement.
Alexandra était toute furie. Elle avait l’impression d’être …piégée !!!
·
Vous m’avez suivie ? si jamais vous m’avez suivie je vous jure…
·
Asseyez-vous !!! ordonna-l ’homme.
·
Pardon ???
·
J’ai dit …A-sse-yez vous !
Bien que surprise par le ton
tranchant de l’homme, elle s’exécuta. Il lui tendit une bouteille d’eau. Elle
la refusa en boudant. Il l’ouvrit et la posa devant elle et
dit : « Buvez ! ».
Elle prit la bouteille et la
but entièrement. Elle sentit sa colère et son trouble baisser drastiquement.
Elle osa un regard vers l’homme. Il la regardait toujours avec ce petit sourire
suffisant qui l’énervait tant.
·
Vous allez arrêter avec ça ? fit-elle boudeuse
·
Quoi ? demanda-l ’homme.
·
Arrêtez avec ce sourire suffisant. Ça m’énerve.
L’homme s’esclaffa. Cette
femme était plus drôle qu’il ne l’avait espéré.
·
Promis. Je n’aurai plus ce sourire suffisant. Lequel des sourires vous
irait ? que dites-vous de celui-ci ?
Il lui proposa alors une série
de sourire ou plus précisément de mimiques qui causèrent à Alexandra une série
de fou rire. La dernière la fit se plier en deux. Cet homme était fou. Mais
rire lui avait fait du bien. Elle reprit son calme et l’observa plus
attentivement.
Elle avait
en face d’elle un homme de la quarantaine passée, à la barbe drue, à la carrure
imposante et au corps ferme, tout en muscles. On voyait un homme qui prenait
soin de son corps. Il était vêtu simplement mais on y sentait le soin d’un
homme aisé qui portait des vêtements de marque, tout en semblant négligé. La
chevalière en onyx et argent pur à son auriculaire augurait d’une certaine
distinction du spécimen. Il était bel homme,
très bel homme même. Surement un homme aisé, une élite de ce pays, dont elle
ignorait le nom.
C’est dans
ces moments-là qu’elle regrettait l’absence de Serena. Cette go métisse aurait
pu lui dire qui elle avait en face d’elle. Ce qui était particulier chez lui,
c’était ses yeux. Il avait des yeux perçants, qui semblait lire votre âme. Des
yeux magnifiques soit dit en passant.
·
« Alexandra, qu’est-ce que tu fais ? tu es mariée ! »
s’entendit-elle penser.
·
Tu ne fais rien de mal, Ali ! Tu apprécies juste, tu peux même faire plus.
Que ferais -tu, que Wens n’a jamais fait, lui susurra une voix.
Elle chassa vite cette pensée
de son esprit. Elle n’était pas là pour ça. Juste pour oublier et faire le
point.
·
Plus sérieusement, comment vous avez su mon identité ? je veux dire,
au vernissage, nous avons eu peu de temps pour discuter. Et je ne me rappelle
pas vous avoir donné mon prénom.
·
Vous vous souvenez que je vous avais demandé si vous vouliez le tableau ?
·
Oui, oui et je me rappelle avoir refusé.
·
Oui je sais, mais j’avais voulu vous le livrer quand même comme cadeau.
Alors j’ai cherché. C’est grâce à Votre amie que je vous ai connue. Elle passe
pas inaperçue et est connu de la directrice de la galerie. Après ça a été
facile.
·
Mais vous n’avez plus livrer le tableau ? pourquoi ?
·
On m’a conseillé de ne pas livrer un tableau de ce « calibre » à
une femme mariée, de surcroit mère d’un petit garçon. Ça aurait fait jaser. Il
parait…
·
Ah … fit simplement Alexandra, même si elle n’avait pas vraiment compris.
Un ange
passa…
·
Vous m’avez suivie ? je veux dire pour ce soir ? comment
avez-vous su que j’étais ici, demanda Alexandra.
·
Ah ça !!! c’est une pure coïncidence. J’avais un séminaire à Assinie qui
finit aujourd’hui. J’ai juste décidé rester plus longtemps ici avant de rentrer
chez moi. Puis je vous ai aperçue vous déhancher sensuellement dans votre box…
·
Je ne me déhanchais pas, se justifia-t-elle.
·
Oh si … insista l’homme. Tellement bien que les autres hommes aux alentours
étaient prêts à venir vous mettre le grappin dessus.
·
Et laissez-moi deviner… vous êtes venus comme un chevalier servant à mon
secours… ?
·
Noooon…du tout… je suis venue juste parce que je ne voulais pas louper
l’occasion de vous voir à nouveau.
·
Ahahah… vous êtes drôle vous.
·
Je suis sérieux. J’ai dû littéralement lutter pour ne pas vous faire
parvenir le tableau à votre domicile ou votre bureau.
·
Parce qu’en plus vous connaissez mon bureau ? vous êtes quoi un
psychopathe ? s’écria la jeune femme
·
Vous êtes toujours aussi exothermique ? demanda l’homme devant la
réaction de la jeune femme
·
C’est pas une question de chaleur, je veux comprendre pourquoi tout cet
intérêt à mon égard.
L’homme soupira et regarda profondément
Alexandra. Comment lui dire en des termes simples, sans la faire fuir, que
depuis la dernière fois à la galerie, il n’avait pas pu arrêter de penser à
elle ?
·
J’ai aimé votre rapport à l’art. vous êtes une artiste dans l’âme. J’ai
voulu offrir un cadeau à une artiste qui ne s’était pas encore révélée. Vous
m’avez fait une forte impression vous savez !
·
Ah, fit la femme, passablement convaincue ;
Elle décida cependant de ne
pas renchérir.
·
Alors, vu que la providence nous a fait nous revoir, je peux vous l’offrir
ce tableau ?
·
Merci mais, non merci. Je ne saurai où l’exposer chez moi. J’imagine déjà
mon fils en train de me demander la signification d’un tel tableau. Et je me
vois en train de répondre à des questions de ce genre. Par contre, c’est plus
le style de Serena. Si vous le rendez plus abordable, je suis sûre qu’elle vous
trouverait un acheteur. Vous saviez qu’elle était dans le design et
l’ameublement de luxe ?
·
Et votre mari ? demanda l’homme.
·
Quoi mon mari ? fit la dame, surprise de la question de son hote.
·
Il aurait pensé quoi si je vous avais livré ce tableau chez vous ?
·
Pourquoi…pourquoi vous me posez cette question ?
L’homme se cala dans le canapé
et observa longuement la femme en face de lui puis répondit calmement :
·
La première des raisons qu’une femme mariée aurait donnée pour refuser un
cadeau venant d’un autre homme, ce serait « mon mari n’apprécierait
pas. ». Vous, vous avez parlé de votre fils, de votre amie. Nullement de
votre mari. Alors soit vous avez Alzheimer, soit vous n’avez aucune envie de
rappeler son existence à votre mémoire ce soir.
·
Comment vous pouvez dire une telle chose après juste quoi… une heure en ma
présence, fit la jeune femme après un long silence.
·
Je n’ai pas besoin de vous connaitre longtemps pour savoir qu’il y a de
l’eau dans le gaz dans votre couple.
·
Taisez-vous, lui lança-t-elle en colère.
·
Je suppose que votre présence ici ce soir est pour le fuir n’est-ce
pas ?
·
(Se levant brusquement) J’ai dit taisez-vous. Vous ne me connaissez pas.
Vous ne pouvez pas … comment osez-vous ?
Lentement l’homme se leva et
la regarda avec intensité. Et compassion aussi. La jeune femme se sentit
troublée. Puis dans un mouvement de colère, prenant sa pochette, elle se leva
et fit mine de sortir. Aussitôt l’homme la retint par le bras.
·
Laissez-moi tranquille, cria-t-elle en se dégageant
·
Alexandra s’il vous plait … fit-il
·
Noon, laissez-moi ! laissez-moi partir. Comment vous osez ? vous
pensez tout savoir sur les gens …
·
S’il vous plait, ne partez pas. Je
m’excuse de l’intrusion. Mais je vous en supplie ne partez pas.
Alexandra était au bord des
larmes sans savoir pourquoi. Enfin ! si. Elle savait pourquoi. Un quasi
inconnu avait deviné le drame de sa vie en un coup d’œil. Et cela la gênait
énormément. Elle éclata soudain en sanglots. Elle sentit l’homme l’envelopper tendrement
de ses bras et la faire asseoir. Elle ne résista pas.