Chapitre 5

Write by Spice light

— Elsa MABEKA —


Constantine, la cousine de Victor, est venue ce matin nous rendre visite. Je prépare déjà mon cœur, sachant qu’elle n’a jamais sa langue dans sa poche. C’est toujours elle qui me parle des multiples maîtresses de mon mari.


— Alors, vous allez bien ?

— Oui tata, nous allons bien, sauf ta future nièce qui ne me laisse pas me reposer. Mais que faire ? Je m’efforce…

— Ah je comprends ! Si c’était moi hein, j’allais bien faire les caprices qu’il te prenne une bonne.

— Ah non merci, je préfère faire cela seule. Light m’aide beaucoup, et Mine aussi se prête au jeu.

— Je n’ai jamais compris cette idée que toi et ton mari avez eue de donner des noms bizarres à vos enfants.


(Je soupire simplement. Cette fille ne changera jamais.)


— Je suis sûre que c’est Victor qui t’a mis ça dans la tête. Déjà, il donne à son fils un nom comme pour une voiture.

— Ahah… Constant, pardon… j’éclate de rire. (Je n’ai jamais compris son problème avec Rolls.)

— Je te dis ! Et écoute les autres noms : Light, Mine… comme la manne du désert, seulement hein. (Elle roule des yeux.)


Je pleure littéralement de rire. Cette femme n’est pas seule dans sa tête.


— Ah, c’est son choix. Ce sont ses enfants après tout.

— Oui tu as raison. N’est-ce pas que le pauvre bébé s’appelait King ? Sûrement que le nouveau s’appellera Kong !


— Hein ? De quel bébé tu parles ? (Je demande, incrédule.)

— Oyoooo… ma bouche va me tuer. (dit-elle en se frappant la bouche)

— Dis-moi, Constant. (Je demande, le cœur battant.)

— Bon, de toutes façons… mouillé c’est mouillé. Victor a eu un fils, il y a à peu près deux ans. Mais le bébé est mort. Et dernièrement, cette même fille est encore enceinte…


Je reste bouche bée. Qu’ai-je fait à cet homme ? Aimer est-il un fardeau ?

Je me sens trahie. Pas seulement par lui, mais par toute sa famille. Cela veut dire qu’ils savent tous… mais ne disent rien ? Je ne peux même pas leur en vouloir. Victor lui-même fait comme si de rien n’était. Il a eu un enfant. L’enfant est mort. Et il continue sa vie ?


Je ressens soudainement une violente douleur au ventre. Je pleure. Constantine m’amène à l’hôpital, où je donne naissance à ma fille Ivy. 1,5 kg à 7 mois de grossesse.

Après quelques semaines en couveuse, nous rentrons enfin à la maison.


Les tantes de Victor sont venues nous rendre visite.


— En tout cas, regarde-moi cette merveille ! C’est la seule qui te ressemble hein, me dit tante Marthe.

— Oui, tu as raison maman. Au moins celle-ci a compris ma souffrance.

— Parle-nous. Qu’y a-t-il avec ton mari ? En plus, il est rarement là, demande tante Thérèse.

— Ah… que vous dire ? Victor se comporte n’importe comment, et ne veut pas changer. Il a même fait un enfant dehors.

— Hein ? Cet enfant est bête ou il fait exprès ? demande une autre tante.

— Et l’enfant, il est où ?

— L’enfant est mort. Il y a presque deux ans. Je n’étais au courant de rien. Je l’ai su le jour de mon accouchement. Constantine me l’a dit. Et apparemment, cette même femme est encore enceinte de lui. Si ça continue, enfant ou pas, je partirai d’ici. J’ai assez supporté en quinze ans.


— Ne dis pas ça, ma fille. Tout va s’arranger. Dès qu’on retourne à la capitale, on lui parlera. Il doit s’expliquer.


Les parents de Victor sont morts. Ils ont été élevés, ses frères et lui, dans les terrains familiaux. C’est-à-dire que chaque oncle ou tante peut éduquer n’importe quel enfant. C’est ainsi qu’il a beaucoup de respect pour eux.




Un mois plus tard


Depuis que Victor est revenu de chez ses tantes, il ne sort plus comme avant. Je sais que ce n’est que temporaire, mais ça me fait peur. Parfois, je le vois rejeter les appels d’une certaine Marguerite, que je soupçonne être la mère de l’enfant à naître.

Je fais semblant de ne rien voir, même si ça me blesse.


Une femme enceinte a besoin d’attention.


— Victor ?

— Hum ?

— La femme qui t’appelle dernièrement, c’est qui ?

— Personne. En tout cas, pas au point que tu te sentes en danger.

— Hein ?

— Elsa, pardon. Laisse-moi tranquille. Déjà, cette ville m’étouffe. N’en rajoute pas. Je crois que je dois demander une mutation. C’est mieux, dit-il en se rendant dans la chambre.


C’est quand même louche tout ça. Est-ce que Constantine m’aurait menti ? Je n’y crois pas. Ou sinon… il n’y a jamais eu de bébé ?

Plein de questions dans ma tête, mais aucune réponse. En attendant, je profite du fait qu’il s’est attendri. Avec lui, on ne sait jamais sur quel pied danser.




— Victor FOKE —


Depuis quelque temps, j’ai ce sentiment en moi, ce besoin d’être loin de Marguerite. Même si je l’aime de tout mon cœur… c’est compliqué.


J’étais chez mes tantes. Elles m’ont reproché le fait que ma femme ait accouché prématurément alors que je n’étais presque jamais là. Une chose qu’elles auraient pu me dire lors de leur séjour, ou même au téléphone. Mais non, il fallait que je me déplace. Mais bon… ce sont mes mères.


Je pense à Maguy et à notre enfant à naître. On ne connaît pas encore le sexe. L’échographie était pour hier. Je suis sûr qu’elle le connaît déjà, mais je n’arrive pas à la contacter.

Je crois que je dois la laisser faire sa vie. J’ai déjà la quarantaine, je suis marié, j’ai des enfants… Je dois lui permettre de vivre la sienne.


Je l’aime énormément, mais ce qui m’arrive est inexplicable.

Si j’avais eu le choix, je l’aurais fait. Mais même le choix ne semble pas m’avoir été donné.

Je dois me concentrer sur ma famille maintenant.


Je sors, direction la boutique, histoire de me vider la tête.


— Ça fera 120 000 francs, monsieur.

— D’accord, emballez.


J’ai acheté quelques vêtements pour mes enfants. Même pour Rolls. Je ne sais pas qui pourra les lui remettre, mais je les garde. Ça fera un beau paquet à expédier.


Je me rends ensuite dans une agence de transfert pour retirer l’argent envoyé par mon neveu. Sa musique commence à percer. Je suis sûr qu’il réussira.


Je prends quelques goûters pour les enfants et je rentre à la maison, retrouver mon petit monde.

Surtout Sun, qui joue au parfait grand frère avec Ivy.


POUR QUELLES RAISONS...