Chapitre 5 : Embrumés

Write by Moktar91

Chapitre 5 : Embrumés



Ouidah, 41,5 km de Cotonou


Ville culturelle du Bénin 


Quartier Adjido


Kaossarath revenait des cours cet après-midi. La maisonnée semblait vide comme d'habitude en ces jeudis soirs. Fatima devrait sûrement être au supermarché pour les emplettes comme chaque jeudi d'ailleurs. Son père, sûrement dans ses affaires et ses boutiques avec ses partenaires. La petite Kaossarath se laissa aller dans sa chambre. Sa mère, chef d'agence d'une banque de la place devrait sûrement être au bureau. Il sonnait 17h22. 


Elle est rentrée tôt pour réviser ses leçons et ensuite rattraper ses prières avant de manger et dormir. D'ailleurs, elle se verrait bien prendre une tronche de brochettes. Elle devrait avant tout se déshabiller. 


La petite retira son uniforme. Elle retira son bustier avant de se mettre complètement nue. Elle attrapa une de ses serviettes et se la noua avant de se glisser dans la salle de bain. Alors que l'eau chaude lui tamponnait la peau, elle sentit comme une présence qui l'espionnait.  Ce regard, elle le connaissait un peu trop bien. C'était la quatrième fois en moins de trois semaines qu'elle ressentait la même sensation. Elle arrêta le robinet et se dirigea vers la sortie. De lourds pas se deplacerent rapidement sur le sol en carreaux et la porte de sa chambre qui se ferme avec fracas.... Un meuble qui tombe dans l'allée. Sûrement l'un des pots de fleurs de sa mère. Kaossarath vint verrouiller sa porte. Elle savait bien qui ça pouvait être. Elle le devinait aisément. Elle en avait parlé à sa mère un soir alors qu'elle venait lui souhaiter une bonne nuit. Elle le rassura à l'idée de régler la situation. Des jours sont passés que maintenant revoilà le même scénario. Elle frissona en elle et se promit de ne pas sortir tant que sa mère ne rentrerait pas du boulot. Même la venue de Fatima ne lui fera pas changer d'avis. C'est d'ailleurs ce que lui avait conseillé sa mère quand elle l'informa de la situation. 


Elle se plongea dans ses livres mais ne put s'empêcher de sombrer dans les bras de Morphée quelques instants après...


Elle fut réveillée par les coups à sa porte. C'était sa mère. Elle ouvrit la porte et la referma aussitôt.


Kaossarath se jeta dans les bras de sa mère. La petite se laissa baisser par l'odeur maternelle quelques minutes durant avant de se retirer. 


Elle conta toute la scène à sa mère. Au fur et à mesure, le visage de Hadja Mariama virait de la surprise à la colère.


-<<Comme ça, il a franchi le rubicond en pénétrant dans ta chambre ?>>


La petite voix de Kaossarath lui répondit par un oui timide. 


À son âge, la petite savait très bien ce qu'était les garçons. Sa mère avait pris le soin de l'avertir à plusieurs reprises des dangers auxquels elle pouvait en être exposée.


-<<Dès demain, j'installe des caméras dans toute la maison. Je pourrai avoir des preuves pour foutre cet ignoble individu derrière les barreaux une bonne fois pour toutes. Un El Hadj qui se comporte ainsi. C'est pathétique...>>


Alors qu'elle voulut s'en aller, Kaossarath l'interpella de nouveau. Elle voulut lui faire part de ce rêve incessant. Ce rêve qu'elle n'avait cessé d'avoir depuis trois mois déjà... Elle regarda le bleu profond des yeux de sa mère et se ravisa.


-<<Non, rien maman...>> finit-elle par dire.


Sa mère s'en alla la laissant seule à ses pensées...



Cotonou



Stade de l'amitié.


Terrain de basket ball


Le quatrième quart-temps egrenait ses dernieres minutes. 

Encore 96 secondes et cette rencontre sera conjuguée au passé. C'était le quart de finale allée du tournoi national des universités. Haraël réceptionna la balle. Alors qu'il essaya de placer un panier à deux points à travers un shutdown, une vague lumière lui obscurci le visage et l'aveugla le temps de quelques minutes. Il se laissa tomber sur le parquet et se foula par la même occasion la cheville gauche. 


C'était le pivot de son équipe et le meilleur. Alors qu'il était transporté vers la sortie, Imela descendit les gradins et vint le voir. Son cousin allait au plus mal et pour la première fois, elle le vit couler des larmes. Il pleurait de rage et de douleurs mais surtout de déceptions. Il savait que tout était de sa faute et que si en ces instants, il était aveugle, c'était surtout parce qu'il avait négligé les appels... Plusieurs fois, il fut interpellé de secourir cette jeune fille dont le visage ne cessait de lui revenir. Il s'obstinait à refuser. Cette jeune fille, qui devrait à peine avoir son âge portait un voile blanc qui lentement devenait rouge sang... C'était le signe qu'elle était en danger ou courait un probable danger malgré son sourire radieux. Et ce soir, juste avant qu'il ne perde la vue, le même visage lui revint, cette fois plus triste et plus terne.


Il ne savait rien d'elle, il ne la connaissait pas. Mais il se fera le devoir de la retrouver si jamais il voyait à nouveau...


Alors que son père et sa mère le tenait par la main et que Imela portait son sac, Haraël put entendre le cri de victoire de son équipe suite au coup de sifflet final... Il pouvait repartir avec le sentiment d'être tout de même le meilleur marqueur ce soir...

Dieu n'est pas ici