Chapitre 5 : Le Dandy

Write by Mayei

...Linda...

S’il arrivait que vous posiez la question à mon entourage, il vous sera exposé le fait que j’abhorrais le retard. Pour moi être en retard à un anniversaire, un rendez-vous, une cérémonie alors qu’on vous avait précisé l’heure était un manque de respect vis-à-vis de la personne qui vous avait pris en considération. Si quelqu’un prenait la peine de préciser une heure, il fallait bien se donner les moyens de respecter ou tout simplement décliner l’invitation si vous vous saviez dans l’incapacité d’arriver à l’heure. 

Je me lançais dans cette réflexion du fait de cette coiffeuse qui prenait tout son temps sur ma tête. Elle était d’une lenteur digne d’un paresseux tout droit venu d’Australie. La soirée de Pat ’Jo était prévue pour dix-neuf heures et il était déjà seize heures. J’avais présentement les cheveux mouillés et devais encore passer sous le casque. 

Elle prenait plus de son temps à bavarder avec ses collègues que de se concerter sur ce qu’elle avait à faire. Je commençais à perdre patience 

Moi : s’il vous plaît, pouvez-vous garder le silence et vous concentrer sur ma coiffure ? Votre collègue sera encore là lorsque je partirai. Vous aurez donc tout le temps de terminer cette discussion. Votre discussion ne fait que vous ralentir et je suis pressée.

La coiffeuse : excusez-moi madame. 

Moi : ce n’est plus la peine de me faire passer sous casque, un brushing fera l’affaire 

La coiffeuse : bien madame 

Je regardais mon reflet dans le miroir, impatiente d’en finir.

La coiffeuse : Nian sran koun ! Sè nan sika ti ô kloa idjô mi sou sa ? Kê ma’a saki i ti ô wa si vié

Son interlocutrice éclata de rire. Elle s’était prise à la mauvaise personne car le baoulé je le comprenais parfaitement. Elle venait de dire « regardez la ! S’il n’était pas question d’argent pourrait-elle s’adresser à moi de la sorte. Que je lui gâte ses cheveux elle comprendra ». Je gardais mon silence et lui répondit à mon tour dans le même dialecte.

Moi : à boukê Anglais yè a sou kan lê ? Yaki mi ti n’sou kô « tu penses peut-être que c’est l’anglais que tu parles ? Laisse ma tête je m’en vais »

Je lu la surprise sur son visage puis la honte. Lorsqu’on décide de dire du mal sur quelqu’un il faut s’assurer que la personne ne comprenne pas. Elle se confondue en excuses mais je restais ferme sur ma décision. Je lui remis tout de même l’argent qu’elle refusa de prendre. Je laissais les billets sur la table et m’en allais les cheveux encore mouillés. 

J’étais toujours dans les temps ! Je pris des raccourcis qui me menaient plus vite chez moi. Je saluais vite fait la dame de ménage et me précipitais sous la douche. Heureusement que j’avais le sèche-cheveux et toute la panoplie pour me faire une tête descente. Je les attachais en queue de cheval et me souvins que Darhan adorait mes queues de cheval. Il me manque terriblement mais je suis une femme indépendante alors moins je le montre, mieux je me porterais. 

J’enfilais cette robe en pagne venant tout droit de chez Pat ‘Jo. Il était mon couturier préféré et je n’hésitais pas à faire des folies dans ses magasins. Nous étions d’ailleurs devenus tes bons amis. 

C’est lorsque les coups de dix-huit heures frappaient que je pris la route pour le plateau où se déroulait la soirée. L’endroit n’était pas caché alors je le trouvais facilement. Je confiais ma voiture aux valets et présentais ma carte d’invitation au portier. Il me laissa passer et je découvris cet endroit parfaitement décoré. Les fauteuils étaient blancs tout comme le reste de la décoration bien sûr. C’était tout pat. Il adorait le blanc, selon lui ça faisait chic. Une hôtesse m’installa à la même table que lui. 

Pat : ma déesse 

Moi : mon roi de la couture 

Il s’en suivit une longue étreinte, il me présenta comme madame Koshi à ces personnes présentes autour. Nous fîmes connaissance sans pour autant rentrer en profondeur. Nous ne nous rêverions sûrement pas après cette soirée. 

Pat devait nous présenter sa nouvelle collection. 
Comme d’habitude des mannequins jusqu’aux modèles tout était purement fantastique. 

Moi : pat je veux absolument ce modèle 

Pat : c’est justement à toi que je pensais lorsque je le dessinais. Ça t’ira à merveille 

Le défilé prit fin sous les applaudissements du publique et pat fit un discours de remerciement puis déclara que le buffet était ouvert. Les hôtesses s’occuperont de notre table, c’était tout de même le carré vip ! les autres devaient eux même rejoindre la table du buffet et faire eux-mêmes leurs assiettes.

« Linda ? »

Je me retournais et tombais sur cette jeune fille dont le visage me paraissait connu. 

Elle : vous êtes Linda n’est-ce pas 

Moi : oui...nous nous connaissons ?

Elle : je suis Salomé, vous m’avez laissée au bas de mon immeuble un soir 

Je me rappelais automatiquement de cette soirée puis de cette fille. Je me levais et lui fit la bise, l’invitant à prendre place à notre table. 

Salomé : j’aurais bien aimé mais je ne suis malheureusement pas seule. Passez une bonne soirée, j’espère que nous nous rêverons. 

Moi : je l’espère aussi 

La nourriture et l’ambiance étaient super bonne mais toutes les bonnes choses avaient une fin. Il était temps de rentrer à la maison. Les rues étant désertes, j’appuyais à fond sur l’accélérateur de ma Mercedes. J’adorais la vitesse, ça me mettait de bonne humeur. J’arrivais chez moi avec le sourire aux lèvres. Je fis rentrer ma voiture et gara près de cette autre voiture. Mon cœur se mit à battre de façon désordonnée. C’était la voiture de Darhan. Était-il de retour ? Le chauffeur avait-il déposé la voiture ? Rentrerait-il dans les jours qui suivront ?

Je n’osais pas poser la question au gardien de peur que mes espoirs ne volent en éclat. Je coinçais mon sac contre ma poitrine pour essayer de maintenir mon cœur qui s’affolait. 

Je mis les pieds au salon et la lumière éclaira la pièce sans que je n’eusse touché l’interrupteur. Cette vision qui s’imposa à moi était tout droit tirée d’un conte de fée. J’avais tellement désiré voir ce tableau aussi parfaitement dressé devant moi. Il était là mon Darhan, adossé la contre le mur les pieds croisés, me fixant droit dans les yeux et me souriant de ses dents blanches. 

Darhan : bonsoir Rana ta (mon soleil) !

Moi : bonsoir ma moitié !

Je m’avançais vers lui, jetant mon sac dans le divan au passage. Je me retrouvais juste près lui. Il me dépassait de deux têtes. Ce bas de jogging lui allait à merveille. 

Moi : tu m’as manqué, je ne pensais pas te voir maintenant… 

Darhan : tu m’as manquée aussi ma petite femme 

Moi : est-ce vrai ce mensonge ?

Dharan : veux-tu que je te le prouve ?

Moi : je ne souhaite que ça !

Darhan : que vos souhaits soient exaucés alors ma reine. 

Il m’attira à lui en passant son bras dans mon dos et m’embrassa avec fougue. La minute qui suivait, mes pieds quittait le sol et mon dos se retrouvait plaqué contre ce mur froid. Je croisais mes pieds autour de sa taille l’emprisonnant. Nous nous embrassions encore et encore. Il déchira ma robe d’un coup et fit sortir mon sein dont il happa la pointe déjà toute dure.

Je fermais les yeux et poussais un gémissement lui montrant à quel point j’appréciais sa caresse. Nos vêtements se retrouvèrent rapidement au sol, ma robe en lambeaux. Il me garda entièrement nue dans ses bras et marcha tout doucement jusqu’à rejoindre la table de repas. Il me coucha là et m’écarta les jambes.

Darhan s’enfonça en moi tout doucement décuplant le plaisir. Nos corps se touchèrent, nos sens s’envolèrent et nos esprits ne faisaient plus qu’un. C’est ensemble que nous atteignions le septième ciel mais Darhan ne s’arrêta pas là. Il me trimbala jusque dans la chambre et m’en fit voir de toutes les couleurs. Je me réveillerais sûrement avec des courbatures demain. 

...Salomé...

Voilà deux jours que je vivais chez Rachidi pour échapper à mon propriétaire. Il se trouve que le vieux que je devais racketter soit présentement en déplacement, il ne rentrera qu’à la fin de cette semaine. 

Rachidi était plutôt facile à vivre, très rangé. Je lui préparais à manger pour le remercier de son geste. Aujourd’hui ce pendant mon plat n’était pas pour lui. J’allais me rendre chez Linda pour lui dire merci pour la fois passée mais surtout en profiter pour plaider mon cas. J’ai vu à la soirée qu’elle était très proche de Pat, celui pour qui je rêvais de défiler. Peut-être qu’elle pourrait faire quelque chose pour moi. 

Je mis la soupière dans un panier et sortis de la maison. Sur le chemin, mon téléphone sonna à plusieurs reprises affichant le prénom de Maude. Je n’avais pas envie de trop parler donc ignorais les appels. Maude était une pipelette et lorsqu’elle commençait personne ne pouvait l’arrêter. 

Le taxi me déposa devant cette grande maison dont le portail était de couleur grise. Je savais que les maisons de Bietry étaient belles mais celle-là était juste somptueuse rien qu’à voir l’extérieur. Je me demandais comment serait l’intérieur. Je me présentais au gardien qui me laissa rentrer.

« Madame a laissé des instructions » m’avait-il dit. 

Je ne fus pas déçue par cet intérieur. Tout dans cette maison respirait la classe et les nombreuses voitures stationnées m’impressionnaient vraiment. Je m’assis dans ce jardin magnifiquement décoré avec des fleurs multicolores qui dégageaient un doux parfum. Cette grande piscine m’attirait tellement par cette chaleur qu’il faisait. La Linda en question devrait avoir assez d’argent pour se permettre de vivre dans un endroit pareil. 

Linda : comment vas-tu Salomé ?

Moi : très bien et toi ?

Linda : je me porte à merveille. Tu n’as pas eu trop de soucis à retrouver la maison j’espère. 

Moi : pas du tout ! L’adresse était précise 

Linda : ok, je t’apporte quelque chose à boire ? Que ceux Tu il y’a un peu de tout…

Moi : je prendrais juste de l’eau 

Linda : en es-tu sûre ?

Moi : oui 

Même la bouteille d’eau était classe. Ce n’était pas les bouteilles en plastique que je remplissais d’eau dans ma petite maison. C’était en verre avec le couvercle que je ne saurais décrire. Je n’en avais jamais vu en tout cas.

Moi : j’ai cuisiné quelque chose pour te remercier de m’avoir sauvée de cet agresseur et de m’avoir déposée chez moi. 

Linda : c’est vraiment gentil mais ce serait injuste face aux autres tu ne trouves pas ? Elles ont toutes participé. 

Moi : ah oui ! 

Linda : tu sais ce qu’on va faire ? Je vais me remplir l’estomac avec ce plat et je contacterai les autres pour que nous nous retrouvions dans ce même bar pour échanger un peu. 

Moi : pourquoi pas ? Ce serait une parfaite idée 

Elle s’excusa et parti avec le panier. Elle renversa sûrement le tout dans ses couvertes à elles, me rendant ma soupière vide et propre. Il fallait que j’aborde le sujet avec elle de façon subtile. Elle portait une robe en tissus pagne alors j’allais passer par là pour installer le sens de la discussion. 

Moi : est-ce une robe de pat sur tu portes ?

Linda : mon pas celle-là mais celle que j’avais à la soirée oui 

Moi : ah ok ! Vous me sembliez assez proches tous les deux. As-tu déjà défilé pour lui ?

Elle se mit à dire franchement. 

Linda : mais non ! Je n’ai ni la taille ni ne corps qui ça avec contrairement à toi. Je suis juste une cliente. Toi tu devrais essayer d’être mannequin.

Moi : j’ai vraiment essayé et une fois il y a même eu un casting pour pat mais le recruter a voulu me forcer à avoir des rapports intimes avec lui pour faire passer mon dossier à pat alors j’ai décliné l’offre. 

Linda : ça ne peut pas être vrai, pat ne travaillerait surement pas avec un énergumène pareil 

Moi : c’est pourtant vrai

Linda : tu sais quoi ? Je vais essayer d’en parler avec pat et je te ferai signe. Tu ne passeras pas à côté de ta chance comme ça même s’il faille que je me porte garant pour toi. 

Je souriais. C’était là mon but premier en venant ici. Il fallait savoir saisir les opportunités lorsqu’elles se présentaient à toi. Si le seigneur a mis Linda sur ma route ce n’était pas le fruit du hasard. Voilà qu’elle parlerait de moi à pat. Qui l’aurait cru ? Elle dépêcha son chauffeur pour qu’il m’accompagne chez moi. Maude quant à elle n’arrêtait pas de me joindre si bien que je fini par décrocher. 

Moi : allô Maude ?

Maude : mais Salomé ! Depuis j’essaie de te joindre tu ne vois pas mes appels, mes messages. 

Moi : mon téléphone était resté à la maison je viens juste de rentrer qu’est-ce qui se passe ?

Il fallait bien sûr je trouve une excuse 

Maude : il faut que tu viennes vite au quartier. Le propriétaire a fait ouvrir ta porte et ils ont mis toutes tes affaires dehors. 

Moi : quoi ? Arrête de plaisanter Maude ce n’est pas du tout drôle

Maude : Quelqu’une de tes affaires sont chez moi, pour ce que j’ai pu récupérer.

Moi : d’accord j’arrive tout de suite.

Je raccrochais en me tenant la tête. Il fallait toujours que ce soit à moi qu’il arrive pareille situation. J’avais le chic pour cela. 

...violette...

Richard n’a pas cessé de fredonner des chansons depuis qu’il est rentré du boulot. Il m’avait l’air particulièrement enjoué. Je le regardais passer plusieurs fois devant le miroir, vérifiant que sa barbe était parfaite ou sa coupe bien brossée. Il enfila un pantalon tissu et un polo de couleur blanche. Il s’enduit de parfum à tel point que je me mis à éternuer. 

Moi : tu pars où comme ça richard ?

Richard : violette ça ne se voit pas que je sors ?

Moi : tu sors pour aller où ? En plein mardi ?

Richard : parce que madame a établi des jours où je peux sortir ou non ? Je dois retrouver Dimitri et Bertrand pour prendre un pot, ne me mets pas en retard. 

Moi : comment se fait-il que tu sois toujours celui qui part chez ses amis. Cela fait une éternité que je n’ai pas vu tes soi-disant amis ici. 

Richard : je ne sais même pas pourquoi je prends la peine de te répondre. Ne gâche pas mon humeur, je n’ai aucunement besoin de ça. 

Je n’ajoutais plus rien et le regardais terminer sa toilette. Il sourit au miroir et s’en alla. Quelle femme allait-il encore voir ? Je connaissais mon mari mais surtout l’instinct de la femme reconnaissait certains signaux. Sortir un mardi, prendre autant de temps pour se faire beau rien que pour passer une soirée avec des amis ? Il avait même ouvert une nouvelle boîte de parfum. Cela faisait aucun doute, il allait en rendez-vous galant. Mon cœur se serra, rien qu’en l’imaginant roucouler avec une autre peut-être plus jeune et plus attirante que moi.

Je passais dans la chambre des enfants leur faire des bisous puis me couchais à mon tour. La sonnerie de mon téléphone me fit sursauter. Avec peu de conviction, j’espérais que ce soit mon mari. Hélas, c’était un numéro non enregistré 

Moi : allo ?

« Bonsoir, pourrais-je parler à violette s’il vous plaît ? »

Moi : c’est elle même ! A qui ai-je l’honneur ?

« C’est linga, nous nous sommes rencontrées un soir dans un bar. J’espère que vous vous souvenez »

Moi : oh oui ! Parfaitement 

Linda : j’appelais pour savoir si vous étiez disponible demain aux environs de dix-huit heures pour prendre un pot à ce même endroit

Moi : d’abord nous allons cesser de nous vouvoyer et oui je serai plus qu’heureuse d’être là. J’ai besoin de souffler un moment. 

Linda : super on se dit à demain alors...vous

Moi : Linda

Linda : très bien, tu passeras une agréable nuit 

Moi : toi aussi ! 

Voilà une sortie qui m’aidera à me changer les idées. Je m’endormis juste après ma prière. Richard n’allait certainement pas rentrer. 

...Nancy...

J-p : tu comptes rentrer tard ?

Moi : je ne saurais le dire, tu sais c’est juste prendre un pot avec ces dames que j’avais rencontrées. 

J-p : je vois ! Veux-tu que je te dépose ?

Moi : non ça ne sera pas nécessaire, je m’en sortirai toute seule comme une grande. 

J-p : c’est compris madame Api 

Il me mordit légèrement dans le cou, laissant un frisson courir à travers tout mon corps. 

J-p : je vous aime à la folie madame Api 

Moi : je vous aime tellement fort monsieur Api 

Il me laissa finir de m’apprêter et avant de m’en aller je lui fis un gros câlin suivi d’un baiser prolongé. J’aimais ça chez mon mari, il ne me mettait pas de barrières, il ne m’empêchait pas de faire ce qui me tenait à cœur . Il m’encourageait même à aller plus loin. Je remercie chaque jour qui passe le ciel d’avoir mis un homme pareil sur ma route. 

Je gardais juste devant l’entrée, c’était une sacrée aubaine d’avoir une place de parking libre à cette heure. 

En rentrant je m’aperçus que j’étais là dernière à arriver. Elles étaient toutes déjà là. 

Moi : je suis désolée d’être en retard 

Violette : nous venons tout juste d’arriver 

Je fis la bise à tout le monde et pris place. J’avais remarqué au passage la belle tenue de Linda. J’aimais les personnes qui avaient le sens de la mode. Elle était tout simplement magnifique même si elle donnait l’impression d’être un peu trop coincée. Mes yeux descendirent sur ce solitaire qu’elle portait à l’annulaire gauche.

Moi : oh là, ce n’est pas une petite bague que tu as au doigt. Tu n’as pas peur qu’on te coupe le doigt dans la rue ? 

Violette : ah oui, c’est vrai qu’elle est belle 

Salomé : ça en jette je t’assure 

Linda : bague spéciale pour une personne spéciale. Je lui avais pourtant dit que ça faisait trop mais monsieur n’en fait qu’à sa tête. 

Violette : s’il te donne tu prends oh ! 

Linda : je ne vois pas de bague à ton doigt, j’espère ne pas te froisser 

Violette : mais pas du tout. Avec mon mari nous avons juste fait le mariage coutumier.

Linda : ok je vois 

Moi : mais depuis le temps ? Vous avez trois enfants qu’attendez-vous ? 

Selon moi le mariage coutumier ne garantissait rien. Le mariage civil non plus mais au moins il donnait de quoi peser lourd au niveau juridique et avoir peut-être gain de cause pour tes enfants « au cas où il se passerait quelque chose de fâcheux ». On ne se marie pas pour divorcer mais la confiance n’exclut pas la prudence. J’en profitais pour demander une tournée au barman qui nous rapportait nos verres. 

Violette : si je pouvais passer toutes mes soirées avec vous, cela me changerait de cette foutue ambiance qui règne chez moi. Mon mari me donne du fil à retordre entre ses sorties à n’en point finir et son manque d’intérêt. 

Linda : oh ! 

Sans qu’on ne s’y attende, elle éclata en sanglots. Dans un premier instant, nous restions interdites à nous regarder les unes et les autres. Je me levais et la prise dans mes bras, Linda en fit de même et Salomé aussi. Malgré les regards appuyés des autres clients, nous continuons notre gros câlin jusqu’à ce qu’elle se calme. 

Violette : excusez-moi, vous savez ce que ça fait lorsque vous accumulez, lorsque vous n’avez personne à qui vous confier ?

Linda : je sais parfaitement de quoi tu parles. Je n’ai pratiquement pas de copines. Ma vie se résume à mon travail, ma maison ma mère st mon mari. Il m’arrive de passer un mois sans voir ni profiter de mon mari car étant en déplacement. Et lorsqu’il voyage pour le boulot impossible de le joindre, c’est lui qui m’appelle et non moi. C’est la règle imposée. Alors je souffre en prenant mon mal en patience. J’aurais dû m’affirmer dès le début mais il en est ainsi.

Moi : je suis vraiment désolée Linda ! Nous avons toutes nos problèmes, ma belle-famille me rend la vie infernale sous prétexte que je sois incapable de donner un enfant à leur fils. La dernière fois ma belle-mère a même fait venir une machine à bébé chez nous.

Salomé : machine à bébé ?

Moi : j’entends par là une fille du village qui était censée faire des enfants à mon mari. J’ai droit à tous les sobriquets, ventre vide, cimetière sur pied et j’en passe 

Les filles me regardaient avec désolations. Je sentais qu’elles avaient mal pour moi. 

Salomé : alors là ! Vous ne me donnez pas du tout l’envie de me marier si c’est pour vivre tout ça ! 

Linda : chacune a son expérience et rien ne garantit que tu passeras par ce que nous traversons, 

Salomé : je n’ai peut-être pas de problèmes de couples mais ma vie mal sur tous les plans. Je dois encore décrocher un contrat alors que mon âge ne recule pas. Je me retrouve à vivre chez un ami malgré moi car n’ayant pas les moyens.

Linda : cette histoire de contrat je vais régler ça avec pat tu verras ! 

La discussion allait bon train, l’alcool faisant nous nous libérions de plus en plus, parlant ouvertement. Le rire était présent parmi nous. Nous nous découvrions des points communs comme le fait que Linda et moi aimions les mêmes marques ou que Salomé soit originaire de la même ville où violette avait grandi avant de venir sur Abidjan. Bien que ce moment soit jouissif il fit bientôt temps de rentrer. Cette soirée, sans pouvoir me l’expliquer nous avait quand même rapprochées l’une des autres. Je me sentais bien avec ces femmes. Leur présence me procurait un bien être fou. 

Comme la dernière fois, je fis le trajet avec violette jusqu’à chez elle, 

Moi : voilà madame, vous êtes à bon port 

Violette : merci Nancy ! 

Moi : j’attends que tu rentres et je démarre 

Violette : ok 

Je la regardais s’avancer vers la porte et glisser sa clé dans la serrure. Elle avait du mal à ouvrir la porte. Elle se retourna vers moi et sourit avant d’appuyer sur la sonnerie. 

...violette...

Je fus surprise du fait que ma clé n’ouvre plus la porte. Les serrures avaient-elles été changées ? Je ne comprenais rien. Je souris de façon gênée à Nancy et appuyais sur la sonnerie plusieurs fois avant que je me Richard ne s’approche et me parle tout en gardant la porte fermée. 

Richard : quel est ton problème ? Pourquoi sonnes-tu comme ça ? Est-ce toi qui paie la facture ici ?

Moi : richard ouvre moi la porte s’il te plaît, il se fait tard 

Richard : il se fait tard ? Ah bon ! Mais tu étais dehors, une mère de famille ! C’est la servante qui était censée s’occuper des enfants à ta place ou encore moi, le chef de famille ? 

Moi : richard...

Richard : retourne d’où tu viens ! Tu ne dormiras pas dans ma maison aujourd’hui 

Moi : rich...

J’entendis ses pas, réalisant qu’il s’éloignait de la porte. Il n’allait pas me laisser rentrer. Il était sérieux. Pourquoi agissait-il de la sorte ? Où devrais-je passe la nuit ? Mes larmes menaçaient de couler car je me sentais vraiment incapable face à cette situation surtout que je n’avais rien fait qui méritait une pareille réaction. Traite-t-on donc une personne de la sorte, de surcroît la mère de ses enfants ?

Je sentis les pas de Nancy venir vers moi 

Nancy : qu’est-ce qui se passe violette ? C’était ton mari tout de suite ?

Moi : oui 

Nancy : pourquoi te laisse t’il dehors ? Ce n’est pas possible laisse-moi sonner et que je lui dise deux mots 

Moi : non, ne te donne pas cette peine. Je le connais, cette histoire va sûrement empirer si je te laisse faire. Va ! Va rejoindre ton mari je dormirais chez la voisine. 

Nancy : non ! Tu rentres avec moi 

Moi : je ne veux pas déranger 

Nancy : tu ne dérangeras pas, allez viens on s’en va 

Elle prit ma main et ensemble nous rejoignions sa voiture. J’avais mal au cœur mais surtout honte qu’elle ait pu assister à une scène pareille. Que pourrait-elle penser ? Richard me causait tellement de peines. Je me demandais, j’essayais de trouver la cause de son changement si soudain. Pourquoi avait-il autant changé ? On dit souvent qu’il faut attendre qu’une personne goûte à la richesse pour voir son vrai visage. Richard me montrait le sien parfaitement. Je suis à bout mentalement et physiquement mais pour mes enfants je tiens le coup. 

Nancy gara dans une belle maison et m’invita à descendre de la voiture. Un homme se tenait debout à l’entrée de la maison. Il enlaça Nancy et l’embrassa langoureusement. J’en fus même un peu gênée, n’étant pas habituée à ce genre de démonstration en public. Cette dernière se défit de son étreinte et se retourna vers moi toute gênée. 

Nancy : excuse-moi violette, je te présente mon mari Jean-Philippe. Chérie je te présente mon amie violette.

J-p : enchantée madame. 

Moi : de même monsieur 

Nancy : elle a eu un problème avec la serrure de sa maison et à cette heure de la nuit il n’y a pas de ferronnier hein. Elle passera donc la nuit avec nous. 

Jean-Philippe : il n’y a pas de problèmes, vous êtes la bienvenue chez nous. 

Je suivis Nancy qui m’installa dans une grande chambre et me fila un t-shirt assez grand et long que je mis après m’être rincée à l’eau froide. Je m’endormis en pensant à cette situation que je traversais avec richard.

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