CHAPITRE 54: ÉMOTIONS MISES À PART : LA RÉALITÉ DES FAITS.
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 54 : ÉMOTIONS MISES À PART : LA RÉALITÉ DES FAITS.
**ARSÈNE MFOULA**
Elle m’a embrassé sur la bouche avant de me laisser. Elle a demandé aux enfants de venir me faire un câlin avant de s’en aller, ils se sont exécutés, ont dit au revoir aux deux autres et sont sortis avec leur mère en nous laissant tous les trois au salon en train de nous regarder. Je ne m’attendais pas à les voir d’aussitôt, je ne sais pas si je suis prêt à les écouter et du coup je ne sais pas comment réagir.
Paul : (Brisant le silence) Bonjour Mfoula.
Moi : (Silence)
Paul : Je crois que tu sais pourquoi nous sommes là, assieds-toi stp.
Je l’ai regardé pendant un long moment toujours sans rien dire avant de sortir mon téléphone de la poche de mon pantalon, le mettre sous silencieux, le poser sur la tablette écran retourné avant de m’asseoir en face d’eux sans rien dire. Ils ont tous les deux pris les leurs, les ont manipulés avant de les poser sur la tablette où était le mien dans le même sens. À chaque fois que nous avions eu à avoir une discussion sérieuse tous les trois, nous avions toujours posé cet acte, cela signifie qu’on ne veut pas être interrompus et personne ne touchera à son téléphone avant la fin de la discussion.
Paul : Merci. Je tiens premièrement à te présenter mes excuses pour ce qui s’est passé, j’ai conscience de ton ressenti et je comprends que tu aies pu penser qu’Al et moi nous sommes mis d’accord pour te faire du mal, même si c’est ce qui en est dans les faits vu que nous avions une information que tu ignorais mais la vérité c’est que c’est beaucoup plus profond et compliqué que ce qu’il n’y paraît. Jamais nous n’avions pris notre amitié à la légère et toi mieux que quiconque, émotions mises à part, sais ce que tu représentes pour nous et ta famille avec toi. Nous ne doutons pas non plus de la place que nos familles et nous-mêmes avons dans ta vie, c’est pourquoi je te présente une fois de plus nos excuses pour le mal que nous t’avions involontairement infligé.
Il a fait une pause de quelques minutes avant de reprendre la parole.
Paul : Deuxièmement, pour poursuivre mes propos, j’aimerais que nous éclaircissions la situation dans laquelle nous nous trouvons et personne d’autre qu’Alvine n'est mieux placé pour nous expliquer ce qu’il en est. J’aimerais que tu le laisses parler et tu l’écoutes du début jusqu’à la fin sans l’interrompre pour comprendre les raisons qui sont derrière les actions qu’il a posé ces derniers mois et au-delà , depuis notre enfance (j’ai arqué un sourcil en le regardant) oui, tu as bien entendu. Le concerné est lui-même présent et il parlera de lui-même. Al, nous t’écoutons.
J’ai tourné mes yeux vers lui pour le regarder, il avait la tête baissée jusqu’à présent, il l’a relevée pour regarder Paul qui lui a fait un signe de tête avant de se tourner vers moi pour soutenir mon regard. Il l’a fait pendant quelques secondes avant de prendre la parole.
Alvine : Tout d’abord merci à toi de nous recevoir et accepter de nous écouter. Je tiens aussi à m’excuser pour ce qui s’est passé, je suis le principal et le seul à avoir merdé dans cette histoire, Ebouma s’est retrouvé embarquer dans cette affaire à la dernière minute et sans avoir rien demandé. Quand il l’a sue, j’avais déjà rompu le pacte et mis à mal notre amitié, il a essayé de rattraper le coup mais c’était déjà trop tard. Il n’est pour rien et s’il y a quelqu’un contre qui tu as le droit d’être en colère c’est moi et moi seul. Je voulais rétablir ce fait. (Pause pour reprendre son souffle avant de continuer) Lorsque j’avais vu Reine pour la première fois, je ne savais pas que c’était ta sœur et je ne te connaissais pas.
Moi : Qu’est-ce que tu me racontes ? Comment ça tu ne savais pas que c’était ma sœur ? Tu venais à la maison et tu la voyais.
Paul : Arsène laisse le parler stp, ne l’interrompt pas.
Moi : Hum.
Paul : Poursuit Abess.
Alvine : Je l’avais vu assise à l’arrière dans la voiture de tes parents quelques minutes avant que je ne rentre dans le lycée, c’était l’année de notre cinquième, le premier jour de la rentrée des classes. Nos regards s’étaient croisés et je m’étais figé, incapable de faire quoique ce soit, jusqu’à aujourd’hui je ne saurais expliquer ce qui s’était passé ce jour en moi.
Je le regarde et je me mets à penser que ce gars doit avoir un problème au cerveau, quand on était en 5e on avait 12 ans tous les trois et Reine était en maternelle, elle avait tout juste 5 ans et c’était une gamine de rien du tout qui buvait son eau dans une gourde qui avait la forme d’un biberon et n’avait pas encore perdu ses dents de lait, qu’est-ce qu’il me raconte ? Ce qu’il dit par la suite me laisse avec les yeux ronds.
Alvine : C’est quand je l’avais vu ce jour dans votre cuisine que j’avais compris que ma Reine et la tienne était la même personne. J’avais ressenti exactement la même chose que ce premier et la nuit même, j’avais commencé à rêver d’elle et c’était pour ça qu’à chaque fois qu’on revenait des cours je m’arrêtais chez toi, je voulais la voir et c’était plus fort que moi. J’avais commencé à développer une attirance physique pour elle et ça m’avait fait peur, c’était durant la période où Ebouma et moi avions voulu expérimenter les plaisirs sexuels, elle n’avait que 7 ans à l’époque et bien qu’étant attiré par elle, je ne pouvais pas lui faire ça alors je m’étais tourné vers d’autres filles pour non seulement la laisser grandir mais aussi pour essayer de voir si ce que je ressentais pour elle était quelque chose qui allait me passer. Puis il avait été question du pacte. Lorsqu’Ebouma avait émis l’idée et énoncé les points, j’avais bien entendu celui sur les sœurs et c’était un point sur lequel j’avais buté mais je m’étais dit qu’étant enfant unique si je m’y opposais vous auriez peut-être pensé que j’aurais voulu m’amuser avec Reine ou Pamela et que je n’étais pas légitime pour contester ça alors je l’avais laissé comme ça. Pour me consoler je m’étais dit que ce n’était pas très grave, ce que je ressentais à ce moment là pour elle disparaîtrait certainement avec le temps et que tout irait bien. Le temps était passé et pendant les vacances que nous avions passé en Afrique du Sud avec toi, Ebouma avait dit en blaguant que les filles auxquelles je m’intéressais ressemblaient à Reine et nous avions tourné cela à la dérision sauf que moi j’avais été interpellé et j’avais compris que même de façon inconsciente, je me dirigeais toujours vers elle parce qu’elle était le modèle imprimé dans mon subconscient. C’était ainsi que j’avais décédé de me tourner vers des filles qui n'avaient rien à voir avec elle et étaient tout son opposées, d’où j’avais commencé à sortir avec ces filles pour lesquelles tout le monde et vous y compris me disait qu’on avait rien en commun. Je le savais pertinemment mais à ce moment je pensais que c’était la seule alternative à suivre si je ne voulais pas rompre le pacte et mettre à mal notre amitié. J’avais continué à m’enfoncer dans cette voie durant des années et je pensais le faire jusqu’à la fin de ma vie, j’avais déjà choisi de vivre dans le déni et tout le monde pensait que je ne voulais pas me poser et fonder une famille alors ce n’était pas plus mal. Ebouma s’était marié et il avait commencé à nous parler de nous poser aussi, j’écoutais sans trop y penser parce que quelque part tu étais dans le même cas que moi, on vivait tous les deux cette vie du dehors et donc je pouvais continuer à entretenir cette bulle dans laquelle je m’étais réfugié toute ces années. Puis l’année dernière, tu as revu Leslie et tu as décidé de te poser et te mettre en couple avec elle, c’est à ce moment que tout m’a rattrapé. (Essuyant une larme qui avait coulé de ses yeux) De part et d’autre, vous étiez en train de construire vos vies de famille et j’étais là en train de vous regarder, je vous regardais et moi aussi je voulais le faire. Je voulais avoir une femme et des enfants qui m’attendraient chez moi en rentrant du travail ou d’une sortie avec vous mais le problème était que la femme avec qui je voulais faire toutes ces choses c’était Reine, parce que c’est la seule femme que j’ai jamais aimé. J’ai été bloqué car je me suis retrouvé dans une situation où j’étais dos au mur. Je me suis retrouvé avec ce dilemme où je t’avais toi et notre amitié d’un côté et elle de l’autre. Te choisir signifiait renoncer à elle et à la possibilité de fonder une famille avec la femme que j’aimais, la choisir c’était prendre le risque de perdre notre amitié et créer la division de votre famille. Je t’ai choisi et j’ai décidé de continuer à mener ma vie comme je le faisais avant. Je pensais pouvoir le faire, continuer à me voiler la face. Puis tu nous as invité ici le 30 décembre pour la rencontre officielle avec Leslie, après m’être séparé de vous, j’ai rejoint Sosthène et Terrence pour faire un tour en boite. Nous sommes partis et durant la soirée nous avons croisé Reine et ses amies, nous avons passé le reste de la soirée ensemble avant que je n’aille la déposer chez elle parce qu’elle était ivre. C’est là-bas que j’avais dormi à cause de la fatigue et le lendemain nous avons passé toute la journée ensemble sans qu’il ne se passe rien comme toutes les années antérieures où j’avais été à ses côtés juste pour le plaisir de l’avoir à mes côtés pendant un moment, même si je la savais inaccessible. Nous nous étions séparés lorsqu’elle était partie au 11 pour le repas qui était prévu et j’étais rentré à la maison. Vous aviez tous les deux décidé de rester en famille pour cette dernière soirée et être avec les femmes que vous aimiez, c’est ainsi que j’avais décidé de faire comme vous et aller chez celle avec qui je voulais être à ce moment. J'avais donc grimpé dans ma voiture et je m’étais rendu chez Reine autour de minuit, je n’avais aucune mauvaise intention, tout ce que je voulais c’était être à ses côtés, Dieu m’en est témoin. J’étais arrivé et elle m’avait ouvert avant de me faire rentrer. Nous avions passé un moment à parler et rire avant de faire un tour tous les deux en boite parce qu’elle voulait danser. Une fois sur la piste tous les deux en piste je, je (baissant la tête et essayant de maîtriser sa voix qui était prise par l’émotion et ses larmes qui n’arrêtaient pas de couler) je.
Paul : (Lui passant un mouchoir, tout aussi ému que lui) Prend ton temps Al.
Il a pris le mouchoir et a essuyé ses yeux avant de se moucher. Il a pris quelques minutes de silence avant de poursuivre.
Alvine : (Voix plus ou moins normale) Sur la piste, j’avais été submergé et je n’avais pas pu me retenir. J’avais commencé à la toucher puis je l’avais embrassé, on s’était arrêté quelques minutes après et elle s’était enfouie parce que tout comme moi elle avait été troublée. J’aurais sans doute dû la laisser tranquille à ce moment et rentrer à la maison mais j’avais fini par la suivre chez elle , elle m’avait demandé de m’en aller mais je n'avais pas écouté, je lui avais pris ses clés, j’avais ouvert la porte (mettant sa main valide sur son visage en fermant les yeux, coulant des larmes) nous étions rentrés tous les deux et, et j’ai commis l’irréparable.
Il s’est tu pendant un long moment et malgré toute ma bonne volonté, je n’ai pas pu empêcher mes larmes de sortir de mes yeux. Ebouma assis en face de moi pleurait aussi. J’ai essuyé les miennes et j’ai levé mes yeux vers le haut pour éviter qu’elles ne coulent à nouveau. Il a repris la parole avec la voix totalement enrouée.
Alvine : Quand je me suis réveillé quelques heures plus tard avec elle dans mes bras, j’ai paniqué et je n’ai pas su quoi faire alors je me suis rapidement levé pour m’habiller et je suis parti de là sans rien lui dire pour me rendre chez Ebouma à qui j’ai tout expliqué sans réfléchir que j’étais également en train de le mettre dans les problèmes en me confiant à lui. Il m’avait dit de retourner chez Reine pour lui parler afin qu’elle ne puisse pas croire que je voulais simplement m’amuser avec elle comme avec toutes les autres et il m’avait également dit de tout te dire mais je ne l’avais pas écouté. J’ai suivi le chemin de la lâcheté en fermant la bouche. Au-delà du fait que je savais que tu allais te mettre en colère et essayer de me tuer, je ne voulais pas non plus perdre notre amitié alors je ne l’ai pas fait, je ne t’ai rien dit. Je n’ai pas non plus voulu m’expliquer avec Reine parce que je savais que si je retournais vers elle, je serais tombé une nouvelle fois, je l’ai laissée se faire une opinion de moi en l’ignorant durant le mois qui a suivi. Elle m’avait fait un message pour me dire qu’elle allait passer à la maison et pour essayer de lui faire plus de mal que je lui avais déjà fait, j’ai fait intervenir Anita pour qu’elle nous voie tous les deux ensemble dans une position inconfortable, j’ai obtenu l’effet recherché et elle s’est enfouie en courant avant de me bloquer de partout. La suite, tu la connais. Une fois de plus je te demande pardon Mfoula, je n’ai jamais voulu que les choses se passent comme cela. Je t’aime et je tiens à mon amitié avec toi. Ebouma et toi vous êtes les frères que je n’ai jamais eu sur le plan naturel et vous êtes deux des personnes qui comptent le plus pour moi sur cette terre. Je sais que je n’ai pas été totalement franc avec vous durant toutes ces années et je m’en excuse mais cela n’enlève en rien l’amour que je vous porte à tous les deux. J’ai rompu le pacte en couchant avec Reine, c’est vrai. Mais si je l’ai fait ce n’était pas parce qu’il ne comptait pas assez à mes yeux ou simplement parce que je voulais satisfaire une curiosité en couchant avec Reine. (Me regardant à nouveau droit dans les yeux) Si j’ai couché avec ta petite sœur c’est parce que je l’aime, je l’aime de toutes mes forces et Dieu seul sait que je ne l’ai pas fait exprès, j’ai essayé de résister mais ça été plus fort que moi et ça finit par sortir au grand jour. Si tu décides de mettre fin à notre amitié parce que j’ai rompu le pacte, je comprendrais et une fois de plus je suis désolé. Maintenant que tu es au courant de ce qu’il en est et ce que je ressens concrètement pour ta sœur je vais répondre à la question que tu m’avais posé cette nuit où nous étions tous les deux au salon après avoir aidé les enfants avec leurs devoirs. Tu m’avais demandé si je ne pensais pas à me poser avec une fille et fonder ma famille, ma réponse est oui, je pense à me poser, je veux le faire avec ta sœur. Je veux aller voir mes parents et les tiens pour leur dire que c’est elle que j’aime et que je veux à mes côtés, que c’est avec elle que je veux faire des enfants et aux côtés de qui je veux passer le reste de mes jours. Je veux faire toutes ces choses mais seulement avec ta permission.
Paul : Abessolo.
Alvine : (Poursuivant dans sa lancée) Je n’ai aucun doute sur l’amour que Reine me porte et je sais que malgré ce que je lui ai fait avec un tout petit peu de patience et de persévérance, j’arriverai à me faire pardonner par elle, mais si tu ne veux pas me voir avec ta sœur et si tu estimes que je ne suis pas celui qu’il lui faut, je respecterai ta décision et je m’en irai d’ici en la laissant tranquille parce que je sais que l’amour que je lui porte n’arrivera pas à surmonter la tristesse qui sera la sienne si jamais tu lui tournes le dos si nous nous mettons ensemble contre ton gré. Je l’ai dit, mon intention n’a jamais été de briser votre famille et cela n’a toujours pas changé bien que tu saches désormais mes sentiments pour elle. C’est pourquoi je te le redis, prenant Ebouma à témoin entre nous deux ce matin. Si tu ne veux pas de moi auprès de ta sœur, je ne m’approcherai pas d’elle et je sortirai de vos vies. Voici ce que je tenais à te dire aujourd’hui.
Il s’est tu et un silence s’est imposé au milieu de nous.
Moi : Vous avez fini ?
Eux : (En chœur) Oui.
Moi : (Me levant et récupérant mon téléphone sur la table) Bien, n’oubliez pas de fermer la porte à clé en partant d’ici .
Je me suis dirigé vers le meuble sur lequel je laisse mes clés et je les ai récupérées avant de sortir de la maison et aller grimper dans ma voiture. J’ai démarré et je suis parti de là en les laissant tous les deux chez moi, j’ai besoin de partir d’ici pour respirer convenablement. J’ai conduit sans destination fixe avant d’aller me poser en face de la place de l’indépendance , j’ai garé, je suis descendu et je suis allé m’asseoir sur la corniche face à la mer. J’ai fixé le néant, mon esprit est retourné dans mes souvenirs et j’ai revisité mon enfance avec les gars. Une scène qui s’était passé alors qu’on était en 3e était revenue dans mon esprit, on finissait les cours et on cherchait à savoir chez qui on irait pour faire nos exercices de maison avant de passer le reste de la soirée.
Paul : Al on va chez toi non ?
Alvine : Non, chez Arsène.
Moi : Mais on était déjà chez moi hier et en plus à la maison, cette petite peste de Reine là sera encore dans nos pattes comme la veille. Chez toi c’est mieux en plus après on pourra jouer avec tes nouveaux jeux vidéos.
Paul : Je suis d’accord avec Arsène.
Alvine : (Fouillant son sac et sortant un sachet) J’ai apporté les appareils pour qu’on puisse les utiliser chez Mfoula et j’ai dit à mes parents que je devais passer la journée chez lui après les cours. Je ne comprends pas pourquoi vous dîtes que Reine est une peste, elle est toute mignonne et ne dérange jamais.
Paul/ Moi : On ne vit pas dans la même planète.
Alvine : (Me regardant) On va chez toi.
Moi : D’accord. Allons y.
Alvine : Attendez moi, je prends vite du popcorn.
Moi : Mais le gars là est comment ? Tu veux prendre ça alors que tu sais que c’est la drogue de Reine ? Si tu ramènes ça, elle sera encore plus agitée et sera constamment sur notre dos.
Alvine : Même pas, elle ne va pas nous déranger.
Paul : En tout cas, achète aussi pour moi.
Moi : Et tu l’encourages ?
Paul : C’est aujourd’hui que tu as su qu’Abessolo est têtu ? Mieux tu commandes seulement ce que tu veux dans ce qu’il va acheter pour Reine sinon tu n’auras rien.
Moi : Hum. Abess, prend moi aussi un sachet là-bas et une bouteille de coca, merci.
Paul : Je veux le djino pamplemousse.
Il était parti et avait ramené le popcorn de 1000f, trois petits jus en bouteille pour nous et un litre de jus en carton, le préféré de Reine, ainsi que des crêpes et des bonbons. Nous étions partis à la maison ensemble. Après nous avoir donné un sachet de popcorn chacun à Paul et à moi, il avait donné le reste à Reine qui souriait de toute ses dents.
Reine : (Lui faisant un câlin) Merci Alvine, c’est toi le meilleur.
Alvine : (Content) De rien.
Moi : Et il est même sérieux hein.
Paul : C’est pour ça qu’elle est constamment dans nos pattes, c’est à cause de tout ce qu’il lui emmène là.
Moi : Je te dis. (À Reine) Laisse nous tranquille, on a des devoirs à faire.
Reine : Moi aussi j’ai des devoirs, je veux que tu m’aides.
Moi : Va chez maman elle va t’aider.
Reine : Toi tu es trop mauvais. Alvine après tu vas venir m’aider avec mes devoirs ?
Alvine : Oui, laisse moi finir avec les miens et je viendrai t’aider. Va, j’arrive te trouver.
Reine : D’accord. Je vais t’attendre pour manger les crêpes et boire le jus.
Alvine : D’accord .
Moi : (La mettant hors de la pièce où il y avait le tableau) Allez sors.
Paul s’était mis à rire et Alvine m’avait regardé de travers. Nous avions ôté nos chemises avant de nous mettre à travailler. Dès qu’on avait fini et que nous étions passés dans la salle où était la télévision pour aller jouer aux jeux vidéos, Al était parti retrouver Reine et n’était revenu vers nous que lorsqu’il était question pour eux de partir chez eux. Ce genre de scènes étaient légions dans mes souvenirs. Une autre scène qui était également légion dans mon esprit était celle d’Alvine ramenant Reine à la maison après l’avoir récupérée d’un endroit où on lui avait interdit de mettre les pieds.
Reine : (En colère) Laisse moi tranquille Abessolo tu m’entends non ? Je t’ai déjà dit d’arrêter de me surveiller comme tu le fais, tu n’es pas mon grand frère.
Alvine : (En colère aussi) Si tu remets encore tes pieds là-bas, je vais bien te frapper Reine, tu ne sais pas que les gars là sont dangereux et quand ils fument leur chanvre ils peuvent te faire du mal, maintenant si tu te fais violer là-bas, tu vas dire quoi ?
Reine : Ça ne te regarde pas parce que je ne suis pas ta petite sœur .
Alvine : Tu es ma sœur et ça me regarde.
Reine : (Hurlant) Tu m’énerves.
Alvine : Je m’en fouts.
Reine : (À bout) Arsène parle déjà à ton ami, dit lui bien que je ne suis pas sa sœur et il doit me laisser tranquille.
Moi : Tu es sa petite sœur, Alvine tu as bien fait et si tu la revois, tu me la frappes bien.
Reine : Tes amis et toi je vous déteste tous (À Alvine) et toi je te dis déjà que jamais tu ne seras mon frère donc il faut me laisser.
Elle était partie dans sa chambre en courant et pleurant avant d claquer la porte pour nous montrer sa frustration. Alvine et moi posions au calme pour raconter nos histoires et au bout d’une ou deux heures, elle sortait de sa chambre avec ses cahiers et venait le voir pour qu’il lui explique ce qu’elle ne comprenait pas. Lorsqu’il rentrait chez lui le soir et que nous le raccompagnions au portail ou à la grande route pour prendre un taxi, il avait une main sur son épaule et lui caressait le sommet de la tête comme s’ils ne s’étaient jamais disputés avant.
Une autre scène d’Alvine repoussant son retour en Europe pour ses études d’un mois parce que Reine était malade est venue dans mon esprit. Deux jours avant, nous avions tous accompagné Paul à l’aéroport car il retournait aux USA où il faisait ses études, en rentrant, Reine avait dit qu’elle se sentait mal et qu’elle avait froid. Comme on s’était légèrement mouillé sous la pluie qu’il y avait ce jour, nous avions pensé que ce n’était pas grand-chose , sauf que deux jours plus tard, elle avait fait une crise qui l’avait conduit à l’hôpital et c’était le jour du départ d’Abess. Je l’avais donc appelé pour m’excuser de ne pas pouvoir aller l’accompagner car Reine était hospitalisée, je lui avais souhaité un bon voyage. Sauf que dans l’après midi il était venu nous rejoindre à l’hôpital avec des fruits et des ballons gonflables.
Moi : (Surpris) Qu’est-ce que tu fiches ici ? Tu n’étais pas censé être dans un avion toi ?
Alvine : Si, mais j’ai repoussé mon départ car je voulais savoir comment elle va.
Moi : (Incrédule) Tu es sérieux ?
Alvine : Oui, les médecins ont dit que c’est quoi ?
Moi : Une crise de palu. Elle va rester ici pour quelques jours.
Alvine : Je vois. Où sont les parents ?
Moi : Ils ont fait un tour au boulot, je suis resté pour la surveiller.
Alvine : (Attachant les ballons sur son lit) Je vais rester avec toi pour la veiller.
Moi : Tu as vraiment repousser ton voyage Al ?
Alvine : Oui, je vais rester encore deux semaines ici.
Moi : Et tes parents disent quoi ?
Alvine : Je leur ai dit que je n’étais pas obligé d’aller maintenant car mes cours ne débutaient qu’à la fin du mois, je devais glander entre temps et je préfèrerais rester ici encore un peu avant de partir.
Moi : Je vois.
C’était ainsi qu’il était resté avec nous, Reine qui s’était réveillée quelques minutes plus tard avait été très heureuse de le voir là. Il lui avait caressé le sommet de la tête avant de lui dire qu’il avait pris quelques jours pour prendre soin de la seule petite folle de la ville qu’il aimait. Reine avait fait trois jours à l’hôpital avant de sortir et il était à ses côtés tous les jours. J’étais parti pour l’Afrique du Sud 5 jours avant qu’il ne prenne l’avion et parte à son tour après s’être assuré qu’elle allait bien et c'était elle qui l’avait accompagné à l’aéroport avec ses trois copines. Au lieu de deux semaines, il avait fait un mois finalement. Les souvenirs de lui me disant qu’il faisait un tour en Italie pour aller voir si Reine n’avait aucun problème là-bas me revenaient également à l’esprit et toutes les choses qu’il avait faites pour elle une fois que nous étions tous revenus au Gabon. Les faits étaient parlant et ils remontaient à très loin dans notre enfance. La réalité était qu’Abessolo s’était toujours comporté de la même façon avec elle depuis que nous étions tout jeune jusqu’à maintenant. Il la gâtait plus que tout le monde, s’inquiétait pour elle autant que moi et parfois même plus que moi, recherchait et appréciait énormément sa compagnie, refusait des choses à tout le monde sauf à elle et se mettait à son service même quand il était fatigué, il suffisait qu’elle lui demande.
J’ai revu dans mon esprit les sourires, les rires, les regards, les blagues, les câlins et tous les moments que nous avions passé ensemble et l’évidence m’a frappé au visage. Il était véritablement amoureux de ma petite sœur depuis des années. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Reine, elle a décroché à la deuxième tonalité.
«Reine : Allô papa ? »
« Moi : Bonsoir pupuce, comment vas-tu ? »
« Reine : Bonsoir, je vais bien et toi ? Avec Leslie, on a essayé de t’appeler tout à l’heure mais tu n’as pas pris, elle est inquiète. »
«Moi : Je vais la rappeler tout à l’heure. Donc tu es aussi au 11 ? »
«Reine : Oui, Leslie m’a dit qu’elle devait y être alors je suis venue lui tenir compagnie. Mais je n’irai pas en brousse demain hein, vous m’avez déjà fatigué en Ntoum. »
« Moi : (Souriant) Encore toi-même. Mais tu es la première à sauter sur les légumes et tous les autres produits qui viennent du sol, tu n’as même pas honte. »
«Reine : (Riant) Tant pis, mon mari ne fera pas les plantations non plus. »
Sa réplique m’a immédiatement fait penser à Alvine, il supporte et met la main à la tâche s’il le faut mais n’affectionne pas particulièrement ça.
« Moi : Dis moi pupuce, la dernière fois tu m’avais dit que si tu avais laissé Al te toucher c’était parce que tu l’aimais , c’est ça ? »
« Reine : (Petite voix) Oui. Mais ne t’inquiètes pas, ce n’est plus le cas aujourd’hui, je l’ai sorti de ma vie. »
« Moi : (Esquissant un faible sourire, dans ma tête) Avec son enfant dans ton ventre ? (À haute voix) Je sais. J’aimerais savoir une chose, en dehors de lui, as-tu aimé quelqu’un d’autre ? »
« Reine : La famille et les amies , ça compte ? »
« Moi : Non. »
« Reine : (Silence) »
« Moi : Que dis-tu ? »
«Reine : Pourquoi tu me demandes ça ? »
« Moi : Je veux juste le savoir. As-tu aimé quelqu’un d’autre oui ou non ? »
« Reine : (Silence) »
«Moi : Pupuce ? »
« Reine : Non. »
« Moi : Je vois. »…..